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L’égalité des sexes à portée de main

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L’égalité des sexes à portée de main

Des progrès ont été accomplis mais il reste encore des défis.
Zipporah Musau
Afrique Renouveau: 
Students from the Midwifery School of El Fasher, North Darfur, commemorate International Women’s Day. Photo: UN Photo/Albert González Farran
Photo: UN Photo/Albert González Farran
Des élèves d’une école de sages-femmes à El Fasher, au Nord Darfour, à la célébration de la Journée internationale de la femme. Photo: UN Photo/Albert González Farran
Des progrès ont été accomplis et des leçons ont été tirées, vingt ans après la déclaration de Beijing, considérée le plan le plus exhaustif de promotion et de l’égalité des femmes. Pourtant, la bataille pour l’égalité des sexes est loin d’être gagnée.

Lorsqu’une délégation rwandaise se rendit à Pékin (Chine) en 1995 pour la conférence mondiale sur les femmes, un an seulement après la fin du génocide, ce pays d’Afrique de l’Est comptait parmi les pires auteurs de violations des droits des femmes. Aujourd’hui, le Rwanda, où 64% des députés sont des femmes, est en avance sur bien d’autres pays.

Comme l’a dit le président rwandais Paul Kagame, « Personne n’y gagne si l’on empêche les femmes de progresser. Nous devons changer les mentalités, pas seulement les lois. »

L’année 2015 marque le début d’une nouvelle ère pour les femmes et les filles dans le monde entier. En plus d’être l’année des 20 ans de la conférence de Beijing, c’est aussi l’année où les Objectifs du millénaire pour le développement doivent être atteints et où seront lancés les Objectifs de développement durable, un nouveau programme mondial pour le développement. Il s’agit aussi des 15 ans de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, une résolution innovante qui reconnaît la nécessité d’accroître le rôle des femmes dans la promotion de la paix et de la sécurité, en particulier dans les pays sortant de conflits. Cette année, lors de leur sommet annuel, les dirigeants de l’Union africaine ont déclaré l’année 2015 Année de l’autonomisation des femmes. Après 20 ans d’une intense mobilisation en faveur des droits des femmes, la désillusion est toutefois palpable du fait de la lenteur des progrès. Certains des obstacles auxquels font face les femmes demeurent les mêmes.

Phumzile Mlambo-Ngcuka, directrice exécutive d’ONU-Femmes, l’organisme international dédié à la lutte pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme, estime que les progrès dans la mise en œuvre des engagements pris à Pékin ont été très lents et inégaux. “À ce rythme, il nous faudra encore plus de 80 ans pour obtenir l’égalité entre hommes et femmes… Nous avons des raisons d’être inquiets,” a-t-elle indiqué à Afrique Renouveau.

Bien que le nombre de femmes siégeant dans des parlements ait doublé dans le monde au cours des 20 dernières années, seul un cinquième des députés en Afrique sont des femmes, soit en dessous du seuil de représentation minimum de 30% pour aussi bien les femmes que les hommes. Dans l’agriculture, près de 70% des récoltes sont réalisées par des femmes, néanmoins celles-ci ne possèdent que 2%des terres, indique Mme Mlambo-Ngcuka. De plus, les femmes touchent une rétribution de 30% inférieure à celle des hommes pour le même travail.

La violence à l’égard des femmes a atteint un niveau inquiétant, une femme sur trois en Afrique subissant une forme quelconque de violence au cours de sa vie. De nombreuses filles subissent encore des mutilations génitales, sont contraintes au mariage, parfois à un âge précoce, et à des grossesses non désirées. L’extrémisme religieux menace également les quelques gains fragiles obtenus par les femmes. En dépit de ces difficultés, d’importants progrès ont été accomplis, comme la réduction de l’écart entre garçons et filles dans l’enseignement primaire, l’amélioration de la santé maternelle, la lutte contre le VIH/sida et l’adoption de nouvelles lois visant à lutter contre la discrimination et les pratiques culturelles néfastes. Au-delà de 2015, réduire les inégalités par des réformes économiques ne suffira pas ; il faudra aussi que chaque pays accélère la mise en œuvre des engagements qu’il a pris il y a 20 ans.

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