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L’Éthiopie prévoit le plus grand barrage d’Afrique
Pavithra Rao
Afrique Renouveau: 
AP/Elias Asmare
L’Ethiopie a commencé à détourner le Nil Bleu dans le cadre d’un projet de barrage géant. AP/Elias Asmare

Lambitieux projet de l’Éthiopie visant à construire un barrage de 4,2 milliards de dollars à 40 km de sa frontière avec le Soudan devrait fournir 6 000 mégawatts d’électricité, l’excédent étant destiné à la vente aux pays voisins. Baptisé « Renaissance » ce grand barrage sera le plus grand d’Afrique et dépendra des eaux du Nil, le plus long fleuve du monde.

Mais l’Ethiopie doit d’abord gérer les tensions avec l’Egypte et le Soudan qui, selon l’accord de 1929, ont un droit de veto sur le fleuve. Cet accord exclut les autres pays qui se trouvent le long du Nil. L’Egypte craint que ce barrage réduise le débit de l’eau qui s’écoule dans le pays et affecte gravement sa consommation intérieure.

Pour justifier son projet, l’Ethiopie fait valoir qu’environ 86 % de l’eau du Nil provient d’Ethiopie. Des experts indépendants, affirme-t-elle, estiment que le barrage ne pourra pas affecter le volume d’eau vers l’Egypte. « Il n’y a donc pas lieu de craindre une diminution du débit », a déclaré Alemayehu Tegenu, Ministre éthiopien de l’eau et de l’énergie, à l’agence Associated Press.

Ces propos n’ont pas rassuré l’Egypte et, début juin, Mohammed Morsi, alors président, a demandé à ses Ministres des affaires étrangères et de l’irrigation d’obtenir plus d’informations sur l’impact du barrage.

De nombreux observateurs estiment toutefois que les pays trouveront un compromis qui permettra à l’Éthiopie d’achever le projet en juillet 2017.

Récemment, l’Égypte a mis en place une voie de transport maritime qui permettra la liaison avec neuf autres pays d’Afrique de l’Est : la République démocratique du Congo, le Burundi, l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, le Soudan du Sud, le Soudan, la Tanzanie et l’Ouganda.

La gestion des ressources en eau transfrontalières n’est pas toujours une affaire compliquée. C’est ainsi que depuis 1994, l’Angola, le Botswana et la Namibie gèrent avec succès les ressources en eau du fleuve Okavango, long de 1 100 km, qui traverse les trois pays. Ceux-ci ont signé un accord pour coordonner le partage et l’utilisation durable de l’eau, et ont même mis en place la Commission permanente du bassin du fleuve Okavango pour contrôler le respect de l’accord.

La question de l’eau constitue un problème majeur en Afrique où 300 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable. En 2010, l’ONU a déclaré que l’accès à l’eau potable était un droit fondamental. Selon le Système d’alerte rapide aux risques de famine financé par les États-Unis, la sécheresse dans la Corne de l’Afrique a causé la mort de 260 000 personnes entre 2010 et 2012 rien qu’en Somalie.

Les pays africains progressent de manière inégale vers la réalisation de l’objectif du Millénaire pour le développement relatif à l’eau potable, qui est de réduire de moitié le nombre de personnes privées d’accès à l’eau potable d’ici à 2015. Alors qu’en Afrique du Nord le taux d’accès à l’eau potable est de92 %, il n’est que de 63 % en Afrique subsaharienne, selon le rapport 2013 sur les objectifs du Millénaire pour le développement. Le rapport ajoute qu’en Afrique subsaharienne, c’est surtout dans les zones urbaines que des améliorations ont été réalisées, alors que dans les zones rurales environ 40 % des ménages n’ont toujours pas accès à l’eau potable.

L’ONU ayant déclaré 2013 l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau, les gouvernements africains, les organismes de développement et les citoyens devront formuler et mettre en pratique des politiques assurant une gestion efficace de l’eau.

Les États-Unis pilotent un plan d’électricité en Afrique

Par Jocelyne Sambira

Dici à cinq ans, l’Afrique pourrait bénéficier d’améliorations considérables en matière d’énergie, grâce à une initiative américaine baptisée « Power Africa ». Désormais, les étudiants pourront étudier la nuit tombée, les cliniques pourront garder leurs vaccins au froid et les entreprises pourront travailler le nombre d’heures normales.

Aidé de quelques entreprises américaines et d’organisations comme la Banque africaine de développement, le Gouvernement des Etats-Unis mène la charge en ce qui concerne l’électrification de l’Afrique.

Selon l’agence Associated Press, l’initiative fait partie d’une nouvelle politique américaine visant à renforcer la capacité du continent à maintenir son indépendance économique, politique et militaire. Les observateurs affirment qu’elle s’écarte des précédentes promesses « d’assistance » en ce qu’elle vise à encourager les entreprises américaines à investir. Mais ces entreprises devront rivaliser avec la Chine, le Japon et l’Allemagne qui entretiennent déjà des liens commerciaux étroits avec l’Afrique.

Les États-Unis ont promis un investissement de 7 milliards de dollars sur les cinq prochaines années, et un autre de 9 milliards de dollars qui devraient provenir du secteur privé. Initialement, six pays sont ciblés : l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Libéria, le Nigéria et la Tanzanie.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, il faudra à l’Afrique subsaharienne plus de 300 milliards de dollars pour réaliser l’accès universel à l’électricité d’ici à 2030. Pour de nombreux analystes, l’initiative actuelle des États-Unis constitue donc un pas modeste mais important.

Bien que l’Afrique soit riche en pétrole, gaz, charbon et énergies renouvelables, l’accès à l’électricité reste faible. Selon la Banque mondiale, seulement 29 % de la population de l’Afrique subsaharienne a accès à l’électricité. En outre, les entreprises industrielles africaines subissent des coupures de courant 56 jours en moyenne par an, souligne la Banque.

L’initiative Power Africa fera aussi appel à de petits projets comme le « projet Soccket » qui consiste à se servir de ballons de football équipés de générateurs. Ces ballons résistants à l’eau captent et stockent l’énergie cinétique, énergie d’un objet en mouvement, pour alimenter des lampes LED, des lampes de poche ou des téléphones portables. Cette invention, que l’on doit à deux femmes diplômées de Harvard, peut aussi diminuer le recours à des lampes à pétrole.

L’industrie agroalimentaire africaine pourrait valoir un milliard de dollars d’ici à 2030

Par Aissata Haidara

Les agriculteurs et le secteur agroalimentaire africains pourraient générer un marché alimentaire d’une valeur d’un milliard de dollars d’ici à 2030 s’ils ont accès à davantage de fonds, à de meilleures technologies et à des terres irriguées, affirme un rapport de la Banque mondiale publié en mars 2013. Pour atteindre cet objectif, les gouvernements et les chefs d’entreprise d’Afrique subsaharienne doivent faire de l’agriculture et de l’agroalimentaire une priorité, indique le rapport.

Le Fonds international de développement agricole (FIDA), organisme de l’ONU qui oeuvre en vue de l’éradication de la pauvreté dans les pays en développement, a recommandé en 2011 la mise en place de politiques novatrices et un accroissement des investissements dans l’agriculture et l’agroalimentaire. Makhtar Diop, le vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique, estime que « le moment est venu de faire de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire en Afrique un catalyseur pour mettre fin à la pauvreté ».

L’Afrique possède plus de la moitié des terres fertiles non exploitées de la planète, constate la Banque mondiale. En 2011, l’Institut d’Oakland, un centre de réflexion basé aux Etats-Unis, a révélé l’existence de transactions foncières inéquitables au Sud-Soudan, qui avaient permis à des entreprises étrangères d’acquérir des terres fertiles et en friche pour la plupart.

La Banque mondiale note par ailleurs que l’Afrique dépense 3,5 milliards de dollars par an pour l’importation de riz. Avec des subventions adéquates, de nombreux pays pourraient produire assez de riz pour satisfaire la consommation domestique. Les fermiers sénégalais, par exemple, pourraient produire davantage de riz s’ils avaient un meilleur accès aux terres, aux capitaux et aux financements.

Il y a dix ans, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a créé le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) afin « d’éradiquer la faim et de réduire la pauvreté grâce à l’agriculture » en encourageant les pays africains à investir au moins 10 % de leur budget national dans l’agriculture. Les secteurs, tant public que privé, devront faire preuve de détermination et d’engagement pour que la production agricole augmente, estiment de nombreux analystes. « Transformer l’agriculture en Afrique n’est pas seulement un moyen d’aider l’Afrique ; c’est une démarche indispensable si l’on veut garantir la sécurité alimentaire mondiale », soutient la Banque mondiale.