Les femmes chercheurs africaines transforment le continent tout en jouant le r么le d'organisatrices communautaires et d'entrepreneuses. Pourtant, les femmes africaines se heurtent 脿 des obstacles importants dans le paysage de la recherche et de l'enseignement sur le continent.听
脌 Nairobi, le Dr Nzambi Matee a cr茅茅 une solution pour les d茅chets plastiques en utilisant des pav茅s 茅cologiques. Au Kenya, Veronica Okello recherche des proc茅d茅s durables pour 茅liminer les m茅taux lourds de l'environnement. Au Nigeria, Francisca Okeke 茅tudie les effets de l'activit茅 solaire dans l'ionosph猫re sur le champ magn茅tique terrestre afin de trouver des solutions au probl猫me du climat, et Amina Ahmed El-Imam dirige des 茅quipes de recherche travaillant sur les carburants renouvelables.听
Il s'agit l脿 de quelques contributions scientifiques r茅centes de femmes africaines. Avant elles, la regrett茅e biologiste Wangari Maathai, qui a re莽u le prix Nobel pour son militantisme en faveur du climat, a ouvert la voie.听
Les chercheuses africaines transforment le continent tout en jouant le r么le d'organisatrices communautaires et d'entrepreneuses. Pourtant, les femmes africaines se heurtent 脿 des obstacles importants dans le paysage de la recherche et de l'enseignement sur le continent.听
Un document de l'Institut national de la sant茅 des 脡tats-Unis indique qu'en Guin茅e, 脿 peine 6 % des chercheurs sont des femmes. Les institutions africaines disposent de syst猫mes m茅diocres pour examiner et garantir la repr茅sentation des femmes et manquent de strat茅gies pour favoriser l'茅quilibre entre la vie professionnelle et la vie priv茅e des femmes. En outre, les processus d'emploi existants favorisent les hommes. Par rapport aux femmes d'autres r茅gions, les normes culturelles et de genre ainsi que l'in茅galit茅 de l'茅ducation limitent encore davantage les femmes africaines, qui assument une plus grande part des t芒ches domestiques.
Sans les femmes africaines, la recherche exclut les questions pertinentes pour les femmes du monde entier et entra卯ne des pr茅jug茅s dans les conclusions de la recherche. Les chercheuses peuvent apporter des perspectives uniques et de nouvelles m茅thodes de r茅solution des probl猫mes, ce qui permet d'obtenir des r茅ponses plus compl猫tes et plus inventives. Le changement climatique, qui touche l'Afrique de mani猫re disproportionn茅e, accentue encore la disparit茅 v茅cue par les femmes scientifiques africaines, qui sont plus actives que les hommes dans les secteurs de l'agriculture, de la sant茅 et de l'environnement - des domaines qui sont fortement touch茅s par le changement climatique. 听听
Dans son avant-propos 脿 芦 Women Researching in Africa : The Impact of Gender 禄, Tirsit Woldeyohanes 茅voque son enfance en 脡thiopie : 芦 Les femmes qui s'efforcent d'锚tre ind茅pendantes et de sortir 脿 l'ext茅rieur sont tourn茅es en d茅rision et trait茅es de noms critiques et d茅courageants. Ces obstacles sociaux ont le pouvoir de compromettre la capacit茅 des filles 脿 apprendre et 脿 faire des 茅tudes sup茅rieures.听
En Afrique, les chercheurs masculins sont mieux repr茅sent茅s, produisent plus de travaux de recherche, publient plus d'articles et acc猫dent 脿 des postes plus 茅lev茅s, plus rapidement que les femmes.听
Les hommes sont 茅galement mieux pay茅s. Un rapport du Forum 茅conomique mondial de 2020 a r茅v茅l茅 que les femmes d'Afrique subsaharienne gagnaient 68 % de ce que gagnaient leurs homologues masculins. Selon les Nations Unies, les femmes gagnent 21 % de moins que les hommes en Afrique de l'Est et du Sud. Au Nigeria, l'茅cart de r茅mun茅ration entre les femmes et les hommes atteindrait 77 %.听
Sans publications scientifiques 脿 jour et sans ma卯trise des techniques et technologies actuelles, les chercheuses africaines resteront 脿 la tra卯ne par rapport 脿 leurs homologues des pays plus riches.
Financement insuffisant
Les Nations Unies soutiennent qu'il est essentiel de combler les 茅carts entre les hommes et les femmes pour parvenir 脿 des soci茅t茅s prosp猫res et durables. Pour progresser en mati猫re d'茅galit茅 des sexes, nous devons comprendre pourquoi le nombre de chercheuses en Afrique est insuffisant.
La revue Nature souligne que le manque de financement est particuli猫rement pertinent pour expliquer pourquoi les femmes scientifiques africaines ont plus de difficult茅s 脿 poursuivre une carri猫re dans les sciences, la technologie, l'ing茅nierie et les math茅matiques (STEM) que les femmes des pays 脿 revenu 茅lev茅. Au c艙ur de cette disparit茅 se trouve l'insuffisance du financement public, que Fadhel Kaboub, pr茅sident de l'Institut mondial pour une prosp茅rit茅 durable, attribue 脿 la suppression continue des 茅conomies africaines par le colonialisme.
Les pays africains sont appauvris par la dette ext茅rieure. Ils sont la principale source de mati猫res premi猫res 脿 bas prix pour les pays plus riches, mais doivent consommer les r茅sultats industriels co没teux de ces pays.听
Ces pays sont des destinations pour les technologies et les produits mis au rebut, ce qui aggrave les probl猫mes de d茅gradation de l'environnement. Dans ce contexte, les femmes africaines doivent surmonter d'茅normes obstacles pour poursuivre leur carri猫re dans la recherche, mais il y a de l'espoir.
Un exemple d'espoir peut 锚tre trouv茅 au Nigeria, la nation la plus peupl茅e d'Afrique. En 2012, le Nigeria a mis en 艙uvre une politique en mati猫re de science, de technologie et d'innovation (STI) dont l'un des objectifs est d'int茅grer, d'accro卯tre et d'encourager les femmes dans le domaine de la STI. L'茅largissement des possibilit茅s de mentorat 茅tait une strat茅gie de cette politique.听
芦 Dans certaines parties de la r茅gion orientale [du Nigeria], on ne croit pas qu'une femme puisse prendre des d茅cisions, et encore moins qu'elle puisse aider la nation. Heureusement, mon p猫re 茅tait enseignant et son orientation m'a beaucoup aid茅e... Je suis reconnaissante d'avoir eu l'occasion d'encadrer un grand nombre de femmes scientifiques 禄, note le Dr Okeke dans un article de presse.
Le Nigeria doit pleinement mettre en 艙uvre son plan visant 脿 augmenter le nombre de femmes scientifiques. D'autres pays africains doivent suivre, en exploitant les possibilit茅s de mise en r茅seau et de d茅veloppement de carri猫re, en luttant contre les barri猫res socioculturelles et en apportant un soutien financier.听
Le r么le de la jeunesse
L'avenir de l'Afrique - de sa jeunesse - est en jeu. Le Sommet du Futur 2024 arrive 脿 point nomm茅. Les Nations Unies affirment que 芦 les jeunes sont la force motrice de l'innovation, du progr猫s et du changement positif dans notre monde. Leur 茅nergie, leur cr茅ativit茅 et leurs nouvelles perspectives sont essentielles pour fa莽onner un avenir durable et inclusif pour tous 禄.听
Les programmes de chercheurs en d茅but de carri猫re (ECR) qui ciblent et encadrent les jeunes sont n茅cessaires pour les quelque 600 millions de femmes et de jeunes filles d'Afrique.
Dans l'茅cosyst猫me de la recherche, les 茅diteurs universitaires peuvent 茅galement contribuer 脿 l'茅panouissement des carri猫res des chercheuses africaines en mettant en place des programmes ECR pour les femmes et les jeunes filles qui s'appuient sur les politiques de libre acc猫s (OA) pour 茅largir la disponibilit茅 des documents scientifiques et en proposant des formations. Les publications en libre acc猫s peuvent 锚tre lues gratuitement, sont r茅f茅renc茅es plus fr茅quemment et facilitent la collaboration transfrontali猫re entre les chercheurs.听
Sans publications scientifiques 脿 jour et sans ma卯trise des techniques et technologies actuelles, les chercheuses africaines resteront 脿 la tra卯ne par rapport 脿 leurs homologues des pays plus riches.听
Les 茅diteurs peuvent contribuer 脿 mettre en relation les institutions universitaires et les bailleurs de fonds afin d'aider les chercheurs 脿 combler les d茅ficits financiers. En outre, les 茅diteurs peuvent favoriser la mise en r茅seau des institutions sur le continent, en encourageant les collaborations entre institutions afin d'assurer la coh茅sion de la recherche. Cela permettra d'approfondir la clart茅 sur des questions d'envergure continentale telles que le changement climatique.
En r茅sum茅, la lutte contre les disparit茅s entre les hommes et les femmes dans la recherche africaine n茅cessite des strat茅gies globales qui incluent la prise en compte de la dette nationale et des pr茅jug茅s culturels, la mise en place de l'acc猫s libre et des mesures cibl茅es pour soutenir les filles et les femmes dans le domaine de la recherche et de l'enseignement.听
Eseohe Arhebamen-Yamasaki est responsable de la communication aux 脡tats-Unis pour Springer Nature. Elle dirige le programme mondial des chercheurs en d茅but de carri猫re de son organisation et est membre de la Global Black Researcher Taskforce.
