Que font les Nations Unies pour les Soudanais ?" C'est une question que l'on me pose souvent lorsque je rencontre des personnes 脿 l'int茅rieur et 脿 l'ext茅rieur du Soudan. Et c'est une question importante.
Il y a quelques ann茅es, en 2019, l'euphorie r茅gnait alors que le Soudan s'engageait sur la voie de la transition vers un r茅gime civil, la d茅mocratie et le d茅veloppement 茅conomique pour tous, l'espoir pour l'avenir 茅tant plac茅 dans un gouvernement dirig茅 par des civils. Toutefois, des signes inqui茅tants sont apparus tout au long de la p茅riode de transition, notamment les 茅v茅nements du 3 juin 2019, une date douloureuse pour beaucoup, lorsque des centaines de manifestants pacifiques ont 茅t茅 tu茅s ou bless茅s. L'espoir, qui s'est estomp茅 avec le coup d'脡tat militaire d'octobre 2021, s'est depuis dissip茅, alors que les combats qui ont commenc茅 en avril 2023 se poursuivent et que les besoins humanitaires ne cessent de cro卯tre.
Le 15 avril 2023, les choses ont empir茅 au Soudan - un pays d茅j脿 en proie 脿 des ann茅es de crise prolong茅e et 脿 des niveaux record de besoins humanitaires - lorsque des combats ont 茅clat茅 entre les Forces arm茅es soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) 脿 Khartoum. Le conflit s'est rapidement 茅tendu 脿 d'autres parties du Soudan, notamment aux r茅gions du Darfour et du Kordofan. Il a plong茅 le pays dans une mis猫re humaine encore plus profonde, la moiti茅 de la population, soit pr猫s de 25 millions de personnes, ayant d茅sormais besoin d'aide. Il est difficile de comprendre qu'une personne sur deux au Soudan a besoin d'aide. Comme toujours en temps de guerre, ce sont les civils qui souffrent.
脌 l'heure o霉 nous 茅crivons ces lignes, plus de 12 000 personnes ont 茅t茅 tu茅es et les affrontements ne semblent pas s'att茅nuer. Plus de 7,3 millions de personnes ont 茅t茅 d茅plac茅es 脿 l'int茅rieur du Soudan et dans les pays voisins. Alors que de plus en plus de personnes fuient 脿 travers les fronti猫res, les communaut茅s d'accueil dans les pays voisins sont en difficult茅. La poursuite du conflit au Soudan pourrait faire basculer toute la r茅gion dans une catastrophe humanitaire.
Les hostilit茅s ont 茅galement caus茅 des dommages consid茅rables aux infrastructures et aux installations essentielles, affectant l'approvisionnement en eau et provoquant l'effondrement des services bancaires et financiers, ainsi que des interruptions fr茅quentes de l'approvisionnement en 茅lectricit茅 et des services de t茅l茅communication. Les combats ont 茅galement des r茅percussions sur l'脡tat de droit, le pillage g茅n茅ralis茅 venant s'ajouter aux pertes subies par la population. Plus de 70 % des 茅tablissements de sant茅 dans les zones de conflit sont hors service et, dans l'ensemble du pays, deux tiers de la population n'ont pas acc猫s aux soins de sant茅. Nous ne devons pas non plus oublier que les habitants du Darfour ont subi 20 ans de conflits et de d茅placements. Certains ont 茅t茅 d茅plac茅s jusqu'脿 trois fois, et les perspectives de retour dans leurs foyers, ou ce qu'il en reste, sont peu encourageantes. Les Soudanais sont connus pour leur r茅silience et leur capacit茅 脿 relever divers d茅fis, mais ils ont leurs limites et il n'y a pas de limite 脿 ce que l'on peut supporter.
Clementine Nkweta-Salami est coordinatrice r茅sidente et humanitaire des Nations Unies pour le Soudan.
Cette Tribune libre a 茅t茅 initialement publi茅e dans la Chronique des Nations Unies.
TDLR
