51吃瓜

Une classe de science 脿 Nairobi (Kenya) : les gouvernements africains se sont engag茅s 脿 favoriser l鈥櫭﹖ude de la science et de la technologie.

Photo: Peter Arnold Inc. / Sean Sprague

Les dirigeants africains se sont engag茅s 脿 consacrer davantage de ressources au d茅veloppement de la science et de la technologie, domaine vital pour le d茅veloppement 茅conomique, pourtant longuement n茅glig茅 et mal financ茅 dans de nombreux pays. En janvier 2007, lors d鈥檜n sommet de l鈥橴nion africaine (UA), les chefs d鈥橢tat ont 鈥渋nstamment demand茅鈥� 脿 tous les pays de l鈥橴A de consacrer, d鈥檌ci 脿 2020, au moins 1 % de leur produit int茅rieur brut 脿 la recherche et au d茅veloppement. Ils se sont aussi engag茅s 脿 revitaliser les universit茅s africaines 鈥� dont un grand nombre ont p茅riclit茅 suite au tarissement, au cours des derni猫res d茅cennies, du soutien dont elles jouissaient 鈥� et 脿 promouvoir l鈥櫭﹖ude de la science et de la technologie chez les jeunes.

Les dirigeants, r茅unis 脿 Addis-Abeba (Ethiopie), ont proclam茅 2007 Ann茅e de la science et de la technologie en Afrique et se sont mis d鈥檃ccord sur une s茅rie d鈥檃utres initiatives dont, la cr茅ation d鈥檜ne organisation africaine de la propri茅t茅 intellectuelle pour aider 脿 prot茅ger les innovations locales et le lancement d鈥檜ne strat茅gie planifi茅e sur 20 ans pour promouvoir la coop茅ration mutuelle dans la recherche en biotechnologie. Ces programmes seront g茅r茅s par les diverses organisations 茅conomiques r茅gionales du continent.

Ces d茅cisions se basent sur le Plan d鈥檃ction consolid茅 de l鈥橝frique dans le domaine de la science et de la technologie. Ce plan a 茅t茅 lanc茅 en 2005 par l鈥橴A et le secr茅tariat du Nouveau partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD). Il a pour objet de d茅velopper un syst猫me africain de recherche et d鈥檌nnovation technologiques afin de soutenir les programmes de l鈥橴A et du NEPAD dans des domaines comme l鈥檃griculture, l鈥檈nvironnement, les infrastructures, l鈥檌ndustrie et l鈥櫭ヾucation. Il envisage la mise sur pied d鈥檜n secteur scientifique et technologique qui s鈥檃ppuierait sur les connaissances et les id茅es des habitants des r茅gions rurales (d茅positaires des connaissances indig猫nes) comme sur celles des 茅tudiants, des chercheurs universitaires et des repr茅sentants de l鈥檌ndustrie et du gouvernement.

Atelier de confection au Botswana : les processus technologiques modernes sont la cl茅 de l鈥檃m茅lioration de la productivit茅 industrielle.

Photo: africanpictures.net / Karin Duthie

Le plan pr茅voit 12 ensembles de projets de recherche, dont chacun a un objectif sp茅cifique, notamment l鈥檜tilisation de la biodiversit茅, le d茅veloppement de la biotechnologie, la protection et l鈥檜tilisation des connaissances africaines traditionnelles, le d茅veloppement de ressources hydrauliques et 茅nerg茅tiques durables, la lutte contre la s茅cheresse et la d茅sertification et la cr茅ation d鈥檈ntreprises capables de fabriquer et d鈥檃dapter des 茅quipements pour les nouvelles technologies. Les dirigeants africains r茅unis 脿 Addis-Abeba ne sont cependant pas parvenus 脿 un consensus sur la mani猫re de financer le plan, estim茅 initialement par l鈥橴A 脿 158 millions de dollars sur cinq ans.

Le plan 鈥渆nvisage la possibilit茅 d鈥檜ne Afrique lib茅r茅e de la pauvret茅 et bien int茅gr茅e dans l鈥櫭ヽonomie mondiale鈥� d茅clare Mosibudi Mangena, Ministre sud-africain de la science et de la technologie. 鈥淚l aspire notamment 脿 faire face aux besoins internes de l鈥橝frique, 脿 exploiter les comp茅tences africaines, 脿 mettre en place un cadre politique favorisant l鈥檌nitiative et 脿 pr茅server et mettre en valeur la diversit茅 r茅gionale."

Il ressort de ce plan que l鈥橝frique ressent de plus en plus la n茅cessit茅 de faire rapidement appel 脿 la science et 脿 la technologie pour dynamiser la productivit茅 industrielle et agricole, garantir la s茅curit茅 alimentaire, enrayer les maladies, assurer l鈥檃limentation en eau potable et prot茅ger l鈥檈nvironnement.

D茅veloppement impuls茅 par la science

Cependant, la plupart des pays africains n鈥檕nt toujours pas traduit leurs engagements politiques en programmes susceptibles d鈥檌mpulser le d茅veloppement par la science. L鈥橝frique subsaharienne contribue pour environ 2,3 % au produit int茅rieur brut au niveau mondial, mais ne d茅pense que 0,4 % des sommes consacr茅es 脿 la recherche et au d茅veloppement. Le continent abrite 13,4 % de la population mondiale mais ne fournit que 1,1 % des chercheurs scientifiques de la plan猫te. Il compte environ un scientifique ou un ing茅nieur pour 10 000 habitants, alors que les pays industrialis茅s en comptent de 20 脿 50.

Le foss茅 scientifique et technologique entre l鈥橝frique et le reste du monde n鈥檃 fait que s鈥檃ccro卯tre au fil des ans. Selon certains 茅conomistes, ce foss茅 grandissant est en partie responsable du sous-d茅veloppement du continent.

Etudiants 脿 l鈥橴niversit茅 de Zambie : Pour d茅velopper leurs capacit茅s de recherche scientifique, les pays africains ont besoin d鈥檌nvestir plus de ressources dans l鈥檈nseignement sup茅rieur.

Photo: Peter Arnold Inc. / Ron Giling

Parmi les plus s茅rieux obstacles aux progr猫s de la science et de la technologie en Afrique, on compte la diminution continue de leur financement, la fuite des cerveaux (le d茅part des personnels qualifi茅s pour d鈥檃utres pays), des niveaux d鈥檃lphab茅tisation trop faibles et le manque de femmes suivant une formation scientifique. Par ailleurs, les r茅sultats des recherches men茅es sont trarement exploit茅s par les industries locales.

鈥淒茅clarer une ann茅e de l鈥檌nnovation scientifique est un point de d茅part important, mais il faudra appuyer les travaux de recherche pratiques pour appeler l鈥檃ttention du public鈥� d茅clare M. Stephen Agong, Directeur de l鈥橝cad茅mie africaine des sciences bas茅e 脿 Nairobi. Et, ajoute-t-il, il faudra du temps 鈥渁ux gouvernements pour pr茅voir, mobiliser et attribuer les fonds n茅cessaires au soutien de cette cause."

Pendant ce temps, la population africaine continue 脿 innover pour r茅pondre 脿 ses besoins. C鈥檈st ainsi qu鈥檃u Mali, des villageois ont mis au point un appareil manuel pour d茅cortiquer les arachides. Fait de b茅ton, de bois et de ferraille, il co没te l鈥櫭﹒uivalent de 10 dollars des Etats-Unis. A la diff茅rence d鈥檃ppareils plus chers, une seule personne suffit 脿 le faire fonctionner et il a une dur茅e d鈥檜sage estim茅e 脿 environ 25 ans. Une seule machine suffit aux besoins d鈥檜n village de 2 000 habitants.

Des d茅fis 脿 relever

M. Abdoulaye Janneh, Secr茅taire ex茅cutif de la Commission 茅conomique pour l鈥橝frique (CEA) bas茅e 脿 Addis-Abeba, note que dans de nombreux pays, les politiques nationales de promotion de la science et de la technologie sont p茅rim茅es. La qualit茅 de l鈥檈nseignement dans les domaines de la science et de l鈥檌ng茅nierie est 茅galement en baisse, en partie 脿 cause du manque d鈥檃rgent et d鈥檌nfrastructures telles que laboratoires et centres technologiques modernes. Le Plan d鈥檃ction de Lagos, adopt茅 par les dirigeants africains en 1980, demandait aux pays du continent de consacrer 1 % au moins de leur produit int茅rieur brut 脿 la recherche et au d茅veloppement. Mais pr猫s de 30 ans apr猫s, 鈥渦n grand nombre de nos pays y consacrent des sommes tr猫s inf茅rieures 鈥�, note M. Janneh.

L鈥橴A reconna卯t que ce retard n鈥檈st pas essentiellement d没 脿 un financement limit茅, mais plut么t 脿 un manque d鈥檃ppr茅ciation de la valeur de tels investissements. Ni les responsables politiques, ni m锚me l鈥檌ndustrie africaine 鈥渘鈥檃ppr茅cient 脿 sa juste valeur le rendement des capitaux investis dans le domaine de la science et de la technologie,鈥� indique l鈥橴A.

Les dirigeants africains qui se sont r茅unis en janvier 脿 Addis-Abeba 茅taient nombreux 脿 n鈥檃voir toujours pas compris tous les probl猫mes, admet le Pr茅sident mozambicain Armando Guebuza. 鈥淎u cours m锚me de ce sommet, nous avons d没 demander 脿 des experts de souligner l鈥檌mportance de la science et de la technologie pour que, ceux d鈥檈ntre nous qui n鈥檃vaient pas encore compris combien il est imp茅ratif de d茅velopper la science sur notre continent, puissent accepter la n茅cessit茅 de cette t芒che,鈥� commente-t-il. 鈥淚l faut qu鈥檌l soit clair que sans engagement des dirigeants, il ne peut y avoir de d茅veloppement scientifique et technologique sur notre continent.鈥�

Une nouvelle dynamique

Ces derni猫res ann茅es, on a pu constater une 茅volution, aussi bien au niveau mondial que r茅gional, dans le sens de l鈥櫭﹖ude du potentiel de la science et de la technologie au service du d茅veloppement. En 2003, le document final du Sommet mondial pour le d茅veloppement durable, tenu 脿 Johannesburg (Afrique du Sud), a mis en lumi猫re l鈥檌mportance de la science et de la technologie pour atteindre les objectifs de d茅veloppement que se sont fix茅s les pays pauvres. La science, souligne le rapport, peut aider les pays pauvres 脿 r茅soudre des probl猫mes comme le d茅ficit 茅nerg茅tique, l鈥檌ns茅curit茅 alimentaire, la d茅gradation de l鈥檈nvironnement, les 茅pid茅mies et le manque d鈥檈au. La science et la technologie peuvent aussi accro卯tre la productivit茅 industrielle. En Asie de l鈥橢st, note le document, l鈥檌ndustrialisation de plusieurs pays s鈥檈xplique, en partie du moins, par un transfert de technologie 脿 partir des pays industrialis茅s, par l鈥檃fflux d鈥檌nvestissement 茅trangers et des d茅penses importantes consacr茅es 脿 l鈥櫭ヾucation.

Selon l鈥橭rganisation des Nations Unies pour l鈥櫭ヾucation, la science et la culture (UNESCO), dans des pays comme l鈥橝frique du Sud, la C么te d鈥橧voire, le Kenya et le Zimbabwe, qui poss猫dent d茅j脿 une base scientifique et technologique relativement d茅velopp茅e, il serait possible, avec un investissement suppl茅mentaire relativement r茅duit, de mettre sur pied des 茅tablissements technologiques et scientifiques de haut niveau qui profiteraient 脿 l鈥檈nsemble de la r茅gion. A Ta茂wan et en Cor茅e du Sud, les investissements dans les instituts de recherche locaux ont permis de d茅velopper les infrastructures, d鈥檃ider les entreprises locales 脿 d茅velopper leurs propres technologies et de former un grand nombre de chercheurs exp茅riment茅s qui ont ensuite jou茅 des r么les cl茅s dans les activit茅s de recherche et de d茅veloppement.

Bien que ces d茅fis puissent sembler difficiles 脿 surmonter, le continent ne peut plus se permettre de perdre du temps. Il doit lancer une offensive majeure pour former et employer un grand nombre de scientifiques, d鈥檌ng茅nieurs et de techniciens, affirme M. Janneh, le Secr茅taire ex茅cutif de la CEA.

Des d茅fis surmontables

Aujourd鈥檋ui, la situation varie 茅norm茅ment 脿 travers le continent, certains pays ayant une avance consid茅rable sur d鈥檃utres en termes de programmes scientifiques et technologiques. Le Nig茅ria est l鈥檜n de ces pays en pointe. Depuis son retour 脿 un gouvernement civil en 1999, le pays a fait de lourds investissements dans ce domaine. En 2003, il a lanc茅 un microsatellite afin d鈥檕bserver l鈥檈nvironnement et de recueillir des informations en vue de d茅velopper les infrastructures. L鈥檃nn茅e suivante, le gouvernement a demand茅 脿 l鈥橴NESCO de l鈥檃ider 脿 mettre au point un plan national pour la science et la technologie. Ce projet a consist茅 脿 analyser les politiques et les investissements du gouvernement dans ce secteur et 脿 examiner les programmes et les capacit茅s d鈥檈nseignement et de formation des 75 instituts, 55 universit茅s et 44 instituts universitaires de technologie que compte le pays. En 2006, le pays a approuv茅 la mise en place d鈥檜n fonds de dotation de 5 milliards de dollars pour le d茅veloppement de la science et de la technologie. Ce fonds aliment茅 par les revenus des exportations p茅troli猫res a 茅t茅 compl茅t茅 par des dons de particuliers et d鈥檈ntreprises priv茅es.

Le Rapport sur la science (2005) de l鈥橴NESCO note que l鈥櫭塯ypte et l鈥橝frique du Sud ont aussi obtenu des succ猫s importants. L鈥橝frique du Sud, qui a d茅pens茅 3,1 milliards de dollars en 2002 pour la recherche et le d茅veloppement (soit 0,7 % de son PIB), dispose de capacit茅s de recherche avanc茅es dans les domaines de l鈥檃茅ronautique, du g茅nie nucl茅aire, de la chimie, de la m茅tallurgie, de l鈥檃griculture et de la m茅decine. L鈥櫭塯ypte est le pays d鈥橝frique du Nord le plus avanc茅 dans le domaine de la chimie et de l鈥檌ng茅nierie. En 2000, elle a investi 400 millions de dollars dans la recherche et le d茅veloppement.

Le besoin de r茅ponses scientifiques aux nombreux probl猫mes du continent se fait sentir 脿 travers toute l鈥橝frique. L鈥橴NESCO rapporte qu鈥檈n Afrique subsaharienne, pr猫s de 92 % de la population rurale et 48 % de la population urbaine ne disposent pas de services d鈥櫭﹏ergie modernes. Relier ces populations au r茅seau national d鈥櫭﹍ectricit茅 est extr锚mement co没teux pour de nombreux pays. Depuis des ann茅es, les planificateurs du d茅veloppement vantent les avantages de la technologie solaire comme source d鈥櫭﹏ergie alternative, mais de nombreux pays ne l鈥檕nt pas encore adopt茅e. On pr茅voit qu鈥檃u cours des 20 prochaines ann茅es le continent perdra la moiti茅 de la capacit茅 de ses r茅servoirs hydrauliques sous l鈥檈ffet de l鈥檈nvasement et de mauvaises pratiques d鈥檃m茅nagement des terres. De nombreux pays devront donc investir dans des m茅thodes rentables pour recueillir et distribuer les eaux de la nappe phr茅atique. Une conf茅rence de scientifiques et de responsables africains r茅unie en juin 2006 en Tunisie a recommand茅 que la r茅gion axe ses recherches sur ce domaine critique.

Afin d鈥檃ider les pays africains les moins industrialis茅s, le D茅partement des affaires 茅conomiques et sociales de l鈥橭NU dirige actuellement un programme de promotion des technologies 茅mergentes : technologies de l鈥檌nformation et des communications, biotechnologies, nanotechnologies et technologies des carburants. En 2003, dans le cadre de ce programme, l鈥橭NU et un certain nombre de gouvernements, d鈥檈ntreprises priv茅es et d鈥檜niversitaires ont recommand茅 l鈥檕uverture de parcs scientifiques et technologiques. Le Ghana et le S茅n茅gal ont 茅t茅 choisis parmi un groupe initial de huit pays pour commencer 脿 travailler sur ce projet 鈥� 茅tablir des parcs offrant aux entreprises de technologie des installations de pointe comportant des 茅quipements de production, d鈥檃ssemblage, de recherche, de d茅veloppement technique ainsi que des bureaux.

Une fois termin茅, le parc du S茅n茅gal accueillera des entreprises de mat茅riel et de logiciel informatique, des centres de traitement de donn茅es et des industries multim茅dia (maisons de production musicales et vid茅o). Il comprendra aussi des laboratoires pharmaceutiques et de biotechnologie. M. Abdou Salam Sall de l鈥橴niversit茅 Cheikh Anta Diop de Dakar explique que le parc regroupera des entreprises ax茅es sur l鈥檜tilisation des techniques de pointe. Le gouvernement a pour objectif de cr茅er 20 000 emplois au cours des cinq premi猫res ann茅es de fonctionnement de ce parc, ajoute-t-il.

鈥淒e nombreuses 茅conomies 茅mergentes n鈥檕nt actuellement pas la capacit茅 de satisfaire leurs besoins en transferts de technologie pour soutenir un d茅veloppement durable,鈥� note M. Sall. Mais l鈥橧nde d茅montre que cette situation peut changer : elle a r茅ussi 脿 cr茅er des secteurs scientifiques et technologiques gr芒ce 脿 des parcs semblables o霉 les chercheurs, experts en technologie, inventeurs et entrepreneurs se retrouvent.

Un argument en faveur de l鈥檈nseignement sup茅rieur

Il peut para卯tre 茅vident que les pays qui n茅gligent l鈥檈nseignement sup茅rieur ne peuvent pas progresser en science et en technologie, mais c鈥檈st pr茅cis茅ment ce que font de nombreux pays africains. Dans les ann茅es 80, la plupart des pays africains ont adopt茅 des programmes d鈥檃justement structurel qui ont mis l鈥檃ccent sur la r茅duction des d茅penses publiques. Ils ont ainsi r茅duit les budgets de l鈥櫭ヾucation, 茅limin茅 les aides aux 茅tudiants et d茅valu茅 leurs monnaies, ce qui a eu pour effet d鈥檃ugmenter le co没t du mat茅riel p茅dagogique import茅. 鈥淧arce qu鈥檈lle estimait que les enseignements primaire et secondaire sont plus importants que l鈥檈nseignement sup茅rieur si l鈥檕n veut r茅duire la pauvret茅, la communaut茅 internationale des organismes au service du d茅veloppement a encourag茅 le d茅sint茅r锚t relatif des gouvernements africains face 脿 l鈥檈nseignement sup茅rieur鈥� a reconnu la Banque mondiale dans une 茅tude publi茅e en 2006.

De 1985 脿 1989, la Banque n鈥檃 consacr茅 que 17 % de ses d茅penses mondiales 脿 l鈥檈nseignement sup茅rieur. Ce pourcentage est tomb茅 脿 7 % entre 1995 et 1999, note l鈥櫭﹖ude consacr茅e 脿 l鈥櫭ヾucation sup茅rieure et au d茅veloppement 茅conomique en Afrique. Dans les ann茅es 60, quand la plupart des pays africains sont devenus ind茅pendants, le nombre d鈥檌nstituts d鈥檈nseignement sup茅rieur et celui de leurs 茅tudiants s鈥檈st multipli茅 pour r茅pondre 脿 la demande de personnel qualifi茅 qu鈥檈xigeait la mise en place des nouveaux Etats. Alors qu鈥檌l n鈥檡 avait que 13 universit茅s en Afrique subsaharienne en 1960, en 2002 elles 茅taient environ 300. Aujourd鈥檋ui, un grand nombre d鈥檜niversit茅s et d鈥櫭﹖ablissements d鈥檈nseignement sup茅rieur africains manquent de personnel et de mat茅riel. La qualit茅 de leur enseignement a baiss茅 et de nombreux pays ont du mal 脿 maintenir leurs niveaux, pourtant bas, d鈥檌nscription.

Ce n鈥檈st que r茅cemment que les pays africains et leurs bailleurs de fonds ont commenc茅 脿 r茅茅valuer le r么le de l鈥檈nseignement sup茅rieur. Jee-Peng Tan, Conseiller en 茅ducation pour l鈥橝frique 脿 la Banque mondiale, note que 鈥渓a concurrence bas茅e sur le savoir dans une 茅conomie mondialis茅e incite 脿 reconsid茅rer le r么le de l鈥檈nseignement sup茅rieur dans le d茅veloppement et la croissance. Auparavant, on le consid茅rait souvent comme un service public co没teux et inefficace profitant surtout aux riches et aux privil茅gi茅s."

L鈥檈nseignement sup茅rieur pourrait renforcer le d茅veloppement 茅conomique en permettant de br没ler les 茅tapes du d茅veloppement technologique pour atteindre les niveaux plus 茅lev茅s auxquels d鈥檃utres ont d茅j脿 acc茅d茅. 鈥淒ans une 茅conomie bas茅e sur le savoir, l鈥檈nseignement sup茅rieur peut aider les 茅conomies 脿 rattraper d鈥檃utres soci茅t茅s plus avanc茅es technologiquement. Les dipl么m茅s de l鈥檈nseignement sup茅rieur sont plus susceptibles de conna卯tre les nouvelles technologies et de savoir les utiliser,鈥� note l鈥櫭﹖ude de la Banque mondiale sur l鈥檈nseignement sup茅rieur en Afrique.

Aller de l鈥檃vant

Le Pr茅sident du Rwanda, Paul Kagam茅, pose ainsi la question 脿 laquelle font face aujourd鈥檋ui de nombreux pays africains : 鈥淨ue faut-il faire pour donner 脿 la science et 脿 la technologie l鈥檌mportance qui leur est due dans nos processus de d茅veloppement?"

Dans un rapport de 2005, la Commission pour l鈥橝frique, un groupe de 17 experts r茅unis par Tony Blair, Premier Ministre britannique de l鈥櫭﹑oque, a recommand茅 que l鈥橝frique fasse progresser la science et la technologie en s鈥檃ssociant avec d鈥檃utres pays en voie de d茅veloppement comme le Br茅sil et l鈥橧nde, des organisations internationales comme la Banque mondiale et les pays bailleurs de fonds. La commission a pr茅conis茅 l鈥櫭﹖ablissement de centres et de r茅seaux d鈥檈xcellence, en collaboration avec des 茅tablissements d鈥檈nseignement sup茅rieur d鈥檃utres pays. Elle a aussi recommand茅 que la communaut茅 internationale fournisse 3 milliards de dollars sur 10 ans pour 茅tablir ces centres d鈥檈xcellence. Dix pays d鈥橝frique subsaharienne ont d茅j脿 une acad茅mie des sciences 鈥� l鈥橝frique du Sud, le Cameroun, l鈥櫭塯ypte, le Ghana, le Kenya, Madagascar, le Nig茅ria, l鈥橭uganda, le S茅n茅gal et le Zimbabwe.

Selon M. John Mugabe, conseiller pour la science et la technologie du NEPAD, 鈥渋l existe certains domaines scientifiques pour lesquels nous devrons cr茅er de nouveaux instituts, et d鈥檃utres pour lesquels nous pouvons enrichir ceux qui existent. Dans le domaine de la biotechnologie, par exemple, les dirigeants africains ont d茅cid茅 d鈥檜tiliser les 茅tablissements nationaux, r茅gionaux et internationaux existants. Dans leur cas, on a d茅sign茅 des centres et des n艙uds de r茅seaux et les activit茅s de recherche et de formation ont lieu dans ces instituts.鈥� Il cite deux exemples : l鈥橝frique du Nord avec la puissance relative de sa biotechnologie pharmaceutique se chargera de ce domaine. L鈥橝frique de l鈥橢st, o霉 est bas茅 l鈥橧nstitut international de recherche sur le b茅tail, s鈥檕ccupera de la recherche biotechnologique sur l鈥櫭﹍evage et l鈥檃limentation du b茅tail.

Le projet Objectifs du Mill茅naire de l鈥橭NU recommande que la communaut茅 internationale soutienne les domaines de recherche qui sont sous-financ茅s en Afrique ou subventionne des 茅quipes internationales pour conduire des recherches de pointe dans les domaines concern茅s. Les bailleurs de fonds pourraient aussi soutenir les r茅seaux de recherche internationaux qui travaillent en 茅troite collaboration avec les pays en d茅veloppement comme le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale. Fond茅 en 1972, ce groupe est renomm茅 pour les contributions des instituts qui lui sont rattach茅s et qui ont mis au point de nouvelles vari茅t茅s de culture pour les pays en d茅veloppement, en collaboration avec des chercheurs locaux.

鈥淟a production agricole est un domaine dans lequel les efforts de recherche au niveau mondial ont 茅norm茅ment de sens, rapporte le projet Objectifs du Mill茅naire. La recherche sur les cultures vivri猫res destin茅es 脿 la consommation nationale a 茅t茅 longtemps n茅glig茅e dans les pays en d茅veloppement o霉 les puissance coloniales avaient mis l鈥檃ccent sur les exportations.鈥� Dans ce domaine, les recherches effectu茅es dans un pays peuvent souvent profiter 脿 d鈥檃utres pays, surtout si leur promotion est assur茅e par un groupe de recherche multinational comme l鈥橝ssociation pour le d茅veloppement de la riziculture en Afrique de l鈥橭uest, centre de recherche intergouvernemental sur le riz qui r茅unit 11 pays.

Les gouvernements africains ont eux-m锚mes besoin d鈥櫭﹍aborer des politiques efficaces. Selon la CEA, les politiques adopt茅es r茅ussissent quand elles sont mises au point en consultation avec tous les agents 茅conomiques et toutes les parties prenantes. Elles doivent 茅galement 锚tre incorpor茅es dans les l茅gislations nationales et encourager les investisseurs. Si les gouvernements restent passifs ou favorisent des technologies qui ont peu de pertinence pour les partenaires priv茅s, l鈥櫭ヽhec est presque certain.

De nombreuses bonnes intentions ont 茅t茅 exprim茅es en Afrique, rappelle le Pr茅sident Kagam茅, 鈥渆lles ne suffisent toutefois pas pour faire de la science et de la technologie une ressource pour le d茅veloppement. C鈥檈st l鈥檃ction sur le terrain qui fera la diff茅rence.鈥�