51吃瓜

C鈥檈st d茅sormais avec un sentiment d鈥檜rgence que les dirigeants africains s鈥檈mploient 脿 combattre le ch么mage des jeunes sur le continent et 脿 mettre en place des programmes de cr茅ation d鈥檈mplois. 鈥淓n Afrique, le probl猫me du ch么mage des jeunes est plus complexe que dans d鈥檃utres r茅gions du monde, explique le Pr茅sident du Kenya, Mwai Kibaki. Les 茅conomies dont la croissance est lente ne peuvent cr茅er suffisamment d鈥檈mplois pour absorber le grand nombre de jeunes dipl么m茅s qui arrivent sur le march茅 chaque ann茅e鈥�, a-t-il d茅clar茅 脿 Nairobi (Kenya) en septembre lors d鈥檜n sommet sur l鈥檈mploi des jeunes.

Une jeune femme ayant suivi une formation de m茅canicienne au Kenya : la cr茅ation d鈥檈mplois pour les femmes pr茅sente des d茅fis particuliers.

Photo: Panos / Sven Torfinn

鈥淟e r茅sultat saute aux yeux dans les rues de nos grandes villes鈥�, ajoute Mme Ngozi Okonjo-Iweala, qui a 茅t茅 jusqu鈥檌l y a peu Ministre des finances du Nig茅ria. 鈥淒es jeunes hommes et des jeunes femmes tra卯nent dans les rues sans avoir grand chose 脿 faire, conduisent des taxis-motos ... et dans certains cas se livrent 脿 des activit茅s criminelles."

D鈥檃pr猫s l鈥橭rganisation internationale du Travail (OIT), si l鈥檕n r茅duisait de moiti茅 le taux de ch么mage des jeunes dans le monde, l鈥櫭ヽonomie mondiale pourrait s鈥檃ccro卯tre de 2 200 脿 3 500 milliards de dollars. Environ 20 % de cette croissance aurait lieu en Afrique subsaharienne.

Le sommet de Nairobi a 茅t茅 organis茅 par la Campagne YES, un r茅seau d鈥檕rganisations 脿 but non lucratif oeuvrant dans 60 pays de par le monde. 脌 cette occasion, environ 2 000 jeunes, ainsi que des dirigeants de plus de 120 pays et des repr茅sentants d鈥檕rganismes donateurs se sont r茅unis pour trouver des solutions.

De l鈥檃vis du Pr茅sident Kibaki, les pays africains doivent imp茅rativement adopter des programmes sp茅cifiques en faveur des jeunes. La plupart des politiques de l鈥檈mploi ne tiennent pas compte des besoins particuliers des jeunes ni du fait que la cr茅ation d鈥檈mplois pour les femmes pr茅sente souvent des difficult茅s sp茅cifiques.

Les gouvernements africains ont besoin de capacit茅 et de bonnes politiques pour stimuler la cr茅ation de travail.

Photo: ILO / J. Maillard

Le moment est venu d鈥檃gir

En 2003, les jeunes (de 15 脿 24 ans) repr茅sentaient 63 % des ch么meurs en Afrique subsaharienne, alors qu鈥檌ls ne constituaient que 33 % de la population active. Le taux de ch么mage d茅clar茅 est en moyenne de 10 % en Afrique, mais les chiffres sont en r茅alit茅 beaucoup plus 茅lev茅s, certains pays ayant des taux de ch么mage de plus de 40 %. Au Botswana, 43 % des jeunes 茅taient officiellement au ch么mage en 1998, contre 13 % des adultes. En Zambie, d鈥檃pr猫s les estimations r茅centes, le taux de ch么mage est de 30 % chez les adultes, contre 60 % chez les jeunes. Selon la d茅finition de l鈥橭NU, les 鈥渏eunes鈥� sont ceux qui ont entre 15 脿 24 ans, mais dans certains pays, cette tranche d鈥櫭�ge va parfois jusqu鈥櫭� 35 ans.

Le ch么mage en Afrique s鈥檈xplique par un ensemble complexe de facteurs, notamment la stagnation ou la morosit茅 d鈥櫭ヽonomies qui ne croissent pas assez rapidement pour produire suffisamment d鈥檈mplois pour une population en hausse. D鈥檃pr猫s des sp茅cialistes du d茅veloppement, il faudrait que l鈥櫭ヽonomie africaine croisse de 7 % par an pour que l鈥檕n puisse r茅duire de moiti茅 d鈥檌ci 脿 2015 le pourcentage de personnes vivant dans la pauvret茅, objectif adopt茅 par la communaut茅 internationale. De nombreux pays ayant des industries pr茅caires, le secteur manufacturier ne peut absorber 脿 lui seul le grand nombre de ch么meurs. Les faibles taux d鈥檃lphab茅tisation et les syst猫mes 茅ducatifs qui ne dotent pas les jeunes des comp茅tences n茅cessaires alimentent 茅galement le ch么mage.

Diverses politiques nationales de lutte 脿 long terme contre le ch么mage ont 茅t茅 propos茅es, avec cependant des r茅sultats limit茅s. En septembre 2004, les dirigeants africains ont d茅cid茅 d鈥檃dopter une strat茅gie 脿 l鈥櫭ヽhelle du continent, le Plan d鈥檃ction de Ouagadougou. Dans le cadre de ce plan adopt茅 lors d鈥檜n sommet de l鈥橴nion africaine sur l鈥檈mploi organis茅 au Burkina Faso, les pays doivent diversifier leurs 茅conomies de fa莽on 脿 d茅velopper des industries 脿 forte intensit茅 de main-d鈥櫯搖vre, adopter des lois qui attirent les investisseurs et cr茅er des perspectives d鈥檈mploi pour les femmes et les jeunes.

鈥淟e Plan d鈥檃ction est un beau projet鈥�, d茅clare le Secr茅taire ex茅cutif de la Commission 茅conomique pour l鈥橝frique de l鈥橭NU, Abdoulie Janneh. 鈥淢ais nous devons d茅passer le stade de la planification鈥�, a-t-il dit lors de la conf茅rence annuelle des ministres africains des finances, de la planification 茅conomique et du d茅veloppement, tenue au Burkina Faso en mai 2006.

D鈥檃pr猫s l鈥橴A, des progr猫s ont 茅t茅 r茅alis茅s depuis 2004 dans certains pays. 鈥淟e sommet de Ouagadougou a permis de lancer un certain nombre d鈥檃ctivit茅s dans divers pays鈥�, explique le Commissaire aux affaires 茅conomiques de l鈥橴A, Maxwell Mkwezalamba. Par exemple, le Pr茅sident du Mali, Amadou Toumani Tour茅, a d茅clar茅 que le ch么mage des jeunes 茅tait sa premi猫re priorit茅 nationale ; le Ghana a inscrit 脿 son budget de l鈥檃nn茅e 2006 110 millions de dollars destin茅s 脿 un Programme national d鈥檈mploi des jeunes ; et, avec l鈥檃ssistance de la Banque mondiale, l鈥櫭塼hiopie 茅labore des politiques privil茅giant la cr茅ation d鈥檈mplois. M. Mkwezalamba signale que, entre autres pays, le Tchad et Madagascar ont 茅tabli des politiques nationales de l鈥檈mploi, tandis que le Pr茅sident de la Tanzanie, Jakaya Kikwete, a charg茅 le Minist猫re de l鈥檈mploi de recenser les secteurs susceptibles d鈥檃cc茅l茅rer la cr茅ation de plus d鈥檜n million d鈥檈mplois par an.

Plans pour l鈥檈mploi

La plupart des pays n鈥檕nt toutefois pas int茅gr茅 de programmes de cr茅ation d鈥檈mplois 脿 leurs cadres nationaux de d茅veloppement. Les strat茅gies nationales comprennent des programmes de lutte contre la pauvret茅, qui se fondent souvent sur les documents strat茅giques de r茅duction de la pauvret茅 mis au point avec l鈥檃ide de la Banque mondiale et du Fonds mon茅taire international.

鈥淓tant donn茅 leur importance pour le d茅veloppement des pays 脿 faible revenu, les documents strat茅giques de r茅duction de la pauvret茅 pourraient constituer un bon outil de promotion de l鈥檈mploi des jeunes鈥�, commente M. Makha Dado Sarr, ancien Secr茅taire ex茅cutif adjoint de la CEA. Ces documents ont donn茅 lieu dans les pays concern茅s 脿 de grands programmes de d茅veloppement.

La CEA et l鈥橴A s鈥檈mploient 脿 encourager les pays africains 脿 int茅grer les programmes en faveur de l鈥檈mploi aux documents strat茅giques. La CEA a ainsi organis茅 en Egypte en mars 2006 une conf茅rence d鈥檈xamen des documents strat茅giques. Les participants ont examin茅 21 strat茅gies de r茅duction de la pauvret茅 et ont constat茅 que les deux tiers d鈥檈ntre elles comprennent maintenant des mesures 茅l茅mentaires de cr茅ation d鈥檈mplois, ce qui repr茅sente une nette am茅lioration par rapport aux premiers documents strat茅giques. Certaines de ces mesures visent 脿 g茅n茅raliser l鈥檃cc猫s 脿 l鈥櫭ヾucation, 脿 la formation et aux pr锚ts, 脿 construire une infrastructure et attirer les investisseurs. Mais, d鈥檃pr猫s la CEA, aucun de ces 21 documents strat茅giques 鈥渘e s鈥檃ttaquait explicitement et directement aux questions et probl猫mes d鈥檈mploi鈥�.

Elargir les consultations

Lors de l鈥檈xamen des documents strat茅giques effectu茅 au Caire, le programme de lutte contre la pauvret茅 de la Tanzanie a 茅t茅 cit茅 en exemple parce qu鈥檌l est assorti d鈥檕bjectifs quantifiables, de cibles pr茅cises et d鈥櫭ヽh茅ances. La Banque mondiale a approuv茅 le premier document strat茅gique de la Tanzanie en 2000. Bien que les documents strat茅giques doivent 锚tre 茅labor茅s avec la participation des partenaires nationaux, les employeurs et travailleurs n鈥檃vaient gu猫re eu droit au chapitre. Dans la deuxi猫me strat茅gie d茅finie en 2005, le Minist猫re du travail de la Tanzanie a, avec l鈥檃ide de l鈥橭IT, tenu compte des recommandations de l鈥檃ssociation nationale du patronat et des syndicats.

鈥淟e peu d鈥檌mportance accord茅 aux politiques de l鈥檈mploi dans les documents strat茅giques t茅moigne probablement de la relative non-participation des minist猫res de l鈥檈mploi et de leurs partenaires sociaux aux consultations visant 脿 茅laborer les premiers documents strat茅giques鈥�, a not茅 l鈥橭IT. Il reste 脿 int茅grer aux strat茅gies de r茅duction de la pauvret茅 des questions plus g茅n茅rales 鈥� par exemple, comment faire en sorte que la croissance 茅conomique se traduise par des emplois. Mais 鈥渃ela changera probablement 脿 mesure que les documents strat茅giques 茅volueront鈥�.

Selon le document strat茅gique actuel de la Tanzanie, le Gouvernement doit promouvoir des politiques favorables aux entreprises, proposer des pr锚ts aux conditions avantageuses aux femmes pauvres qui cr茅ent leur activit茅 professionnelle et encourager les petites et micro-entreprises. Mais 脿 l鈥檌nstar des autres documents strat茅giques 脿 l鈥檈xamen, la strat茅gie de la Tanzanie ne consid猫re pas le ch么mage des jeunes comme un probl猫me sp茅cifique appelant une attention particuli猫re.

鈥淢auvaise politique鈥�

Depuis le milieu des ann茅es 1990, l鈥櫭ヽonomie de nombreux pays africains s鈥檈st consid茅rablement am茅lior茅e, le taux de croissance annuelle moyenne du produit int茅rieur brut (PIB) n鈥檃yant cess茅 d鈥檃ugmenter, passant de moins de 3 % en 1998 脿 5 % en 2005. En th茅orie, d鈥檃pr猫s de nombreux 茅conomistes, l鈥檈mploi aurait d没 augmenter en cons茅quence.

Cependant, 鈥渄ans la plupart de nos pays, note Mme Okonjo-Iweala, ancienne Ministre des finances du Nig茅ria, la croissance 茅conomique ne se traduit pas par d鈥檌mportantes cr茅ations d鈥檈mploi ni par la r茅duction de la pauvret茅鈥�.

Ce manque d鈥檈mplois contribue 脿 de nombreux probl猫mes sociaux. En l鈥檃bsence d鈥檃utres perspectives, de nombreuses femmes et filles sont contraintes de se prostituer. Des 茅tudes ont fait appara卯tre que les jeunes ch么meurs vivant dans la rue risquent davantage que les jeunes qui ont un emploi de consommer des substances illicites ou de se joindre 脿 des groupes arm茅s.

鈥淯ne croissance sans emploi rel猫ve d鈥檜ne mauvaise politique, non seulement sur le plan social, mais 茅galement sur le plan 茅conomique, affirme le Directeur g茅n茅ral de l鈥橭IT, Juan Somavia. Car cela affaiblit la consommation, intensifie les migrations et le travail des enfants et r茅duit la demande globale.鈥� Ces probl猫mes entra卯nent la baisse des investissements, du financement des retraites, des recettes fiscales et d鈥檃utres ressources servant aux politiques sociales, et, 脿 terme, une augmentation de la pauvret茅.

Diversification

Le R茅seau pour l鈥檈mploi des jeunes, un groupement de pays mis en place par le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU, Kofi Annan, en collaboration avec les chefs de secr茅tariat de l鈥橭IT et de la Banque mondiale, pr茅conise que les gouvernements diversifient leurs 茅conomies et privil茅gient les secteurs qui emploient une main-d鈥櫯搖vre importante. L鈥櫭ヽonomie de nombre de pays africains d茅pend encore de la production d鈥檜ne ou deux marchandises de base. Ils pourraient diversifier leurs activit茅s, en transformant ces marchandises ou en d茅veloppant l鈥檌ndustrie manufacturi猫re l茅g猫re, comme l鈥檃 fait Maurice avec succ猫s.

Au cours des vingt derni猫res ann茅es, Maurice a enregistr茅 un taux de croissance 茅conomique annuelle de 6 % en moyenne, ce qui a permis de multiplier par quatre le revenu par habitant et de quasiment 茅liminer le ch么mage. Le Gouvernement a attir茅 des investisseurs dans les principaux secteurs d鈥檈xportation du pays, le sucre et l鈥檌ndustrie vestimentaire. Il a 茅galement accentu茅 la diversification en facilitant la cr茅ation de zones franches industrielles, qui offrent des avantages aux investisseurs tout en permettant 茅galement aux travailleurs de former des syndicats (contrairement aux zones franches d鈥檃utres pays).

Entre 1983 et 1986, le nombre d鈥檈mplois a tripl茅 dans les zones franches de Maurice, qui sont devenues en 1985 la premi猫re source d鈥檈xportations, de devises 茅trang猫res et d鈥檈mplois, devan莽ant le secteur de la production sucri猫re. Aujourd鈥檋ui, Maurice a du mal 脿 soutenir la concurrence d鈥檃utres pays producteurs de textiles comme la Chine. L鈥櫭甽e restructure donc son 茅conomie, en privil茅giant d鈥檃utres secteurs comme les services financiers, l鈥檌ng茅nierie l茅g猫re, les plastiques de pr茅cision et les produits informatiques.

Education et formation

鈥淚l est 茅vident que pour sortir de la pauvret茅, la population de notre continent a besoin d鈥檈mplois et d鈥櫭ヾucation, d茅clare le Secr茅taire ex茅cutif de la CEA, M. Janneh. Pas n鈥檌mporte quels emplois, mais des emplois qui procurent un salaire et des conditions de travail d茅cents.鈥� D鈥檃pr猫s la CEA, dont le si猫ge se trouve 脿 Addis-Abeba, il est essentiel que les pays d茅veloppent la formation, l鈥櫭ヾucation continue et l鈥檈nseignement, ainsi que d鈥檃utres moyens d鈥檃m茅liorer les comp茅tences, en accordant une attention particuli猫re aux jeunes.

D鈥檃pr猫s un rapport de l鈥橭IT 茅tabli sous la direction de Francis Chigunta, ma卯tre de conf茅rence 脿 l鈥檜niversit茅 de la Zambie, bon nombre de pays doivent dans un premier temps remettre en 茅tat un syst猫me 茅ducatif qui s鈥檈st rapidement d茅grad茅 depuis plusieurs dizaines d鈥檃nn茅es, sous l鈥檈ffet des r茅ductions budg茅taires effectu茅es 脿 la demande de la Banque mondiale et du FMI. Ces politiques d鈥檃ust茅rit茅, baptis茅es 鈥渁justements structurels鈥�, ont entra卯n茅 de fortes r茅ductions des d茅penses publiques, notamment en mati猫re d鈥檃limentation, de sant茅 et d鈥櫭ヾucation. De nombreuses 茅coles ont d没 imposer des frais de scolarit茅, ce qui a contribu茅 脿 la baisse de la fr茅quentation scolaire des enfants issus de milieux d茅favoris茅s.

De nombreux pays s鈥檈mploient actuellement, avec succ猫s, 脿 augmenter le taux de scolarisation. Les efforts visant sp茅cifiquement 脿 inscrire un plus grand nombre de filles 脿 l鈥櫭ヽole devraient 脿 terme am茅liorer les perspectives d鈥檈mploi des jeunes Africaines. D鈥檃utres 茅tudes mettent l鈥檃ccent sur l鈥檌nad茅quation de nombreux syst猫mes 茅ducatifs africains, qui cherchent avant tout 脿 former des 茅tudiants 脿 des emplois de 鈥渃ol blanc鈥� souvent inexistants.

Pour accro卯tre les perspectives d鈥檈mploi du million de jeunes sortant chaque ann茅e du syst猫me scolaire et arrivant sur le march茅 du travail sans comp茅tences ad茅quates, le Gouvernement 茅gyptien a commenc茅 en 1991 脿 fournir une formation technique et professionnelle aux 茅l猫ves du secondaire qui, pendant trois ans, passent deux jours par semaine 脿 l鈥櫭ヽole et quatre jours en formation dans une entreprise.

Entreprenariat

Une autre approche consiste 脿 former 脿 la cr茅ation d鈥檈ntreprise en dehors du syst猫me scolaire. Des programmes ont 茅t茅 mis en place 脿 cette fin dans divers pays, dont la Gambie, le Kenya, le Malawi, le Nig茅ria, le Swaziland et le Zimbabwe. Les dirigeants estiment que la promotion de petites entreprises et du secteur informel permet d鈥檃pporter des solutions rapides au ch么mage.

Au Nig茅ria, qui comprend plus de 10 millions de petites entreprises, le Gouvernement apporte son soutien aux nouveaux entrepreneurs dans le cadre d鈥檜n r茅seau d鈥檈nviron 20 centres de d茅veloppement industriel qui forment les jeunes, les aident 脿 convertir leurs id茅es en projets viables et leurs fournissent des pr锚ts.

Mais beaucoup de ces programmes ne sont pas facilement accessibles aux femmes, fait observer Mme Christiana Okojie de l鈥橴niversit茅 du B茅nin (Nig茅ria) : 鈥淒es 茅tudes ont montr茅 que les femmes ont tendance 脿 moins en b茅n茅ficier.鈥� Dans la file des ch么meurs, les femmes arrivent en derni猫re place, car elles sont g茅n茅ralement moins instruites. Mme Okojie estime que les gouvernements devraient mettre en place des mesures de 鈥渄iscrimination positive鈥� en faveur des pauvres et des femmes des r茅gions rurales et 茅tablir des programmes de formation dans des secteurs o霉 les femmes sont nombreuses 脿 travailler.

Pour rem茅dier 脿 la situation, des femmes juristes, banqui猫res, entrepreneurs et formatrices ont cr茅茅 en 1981 le Kenya Women Finance Trust. C鈥檈st la seule institution de microfinancement du pays r茅serv茅e aux femmes et elle compte plus de 100 000 membres. Elle accorde des pr锚ts 脿 des conditions avantageuses 脿 des femmes 脿 faible revenu qui peuvent ainsi cr茅er leur propre activit茅 professionnelle.

Travaux publics

Dans de nombreux pays, des solutions imm茅diates et 脿 court terme s鈥檌mposent pour rem茅dier au probl猫me du ch么mage. Les projets de travaux publics constituent une solution souvent retenue. L鈥橝frique du Sud, qui affecte plus de 800 millions de dollars 脿 des projets de ce type, a, d鈥檃pr猫s l鈥橭IT, l鈥檜n des meilleurs programmes du continent.

Le Programme de travaux publics 脿 base communautaire, con莽u pour apporter une aide rapide et visible aux plus d茅favoris茅s, a permis de cr茅er 130 000 emplois entre 1998 et 2004. Cette ann茅e-l脿, le Gouvernement a lanc茅 le Programme renforc茅 de travaux publics, dans le but de cr茅er un million d鈥檈mplois sur cinq ans. Ce programme emploie des travailleurs non qualifi茅s et semi-qualifi茅s pour construire des 茅coles, des h么pitaux et des routes et leur fournir un revenu 脿 court terme et, esp猫re-t-on, des comp茅tences 脿 long terme.

鈥淟es travaux publics sont appr茅ci茅s des politiciens car ils permettent 脿 un gouvernement de dire qu鈥檌l 鈥榗r茅e des emplois鈥� de fa莽on plus directe et observable que par le biais opaque d鈥檈fforts de longue dur茅e qui aboutissent 脿 une croissance 茅conomique et des emplois v茅ritables鈥�, commente l鈥櫭ヽonomiste sud-africaine Anna McCord.

Mais dans un contexte de pauvret茅 chronique, qui n鈥檈st ni cyclique ni temporaire, les projets de travaux publics n鈥檃uront pas d鈥檈ffet important ou durable, ajoute-t-elle. Car les emplois ainsi cr茅茅s sont de courte dur茅e 鈥� 4 mois environ 鈥� et les salaires sont bas. M锚me si le programme de l鈥橝frique du Sud cr茅e comme pr茅vu 200 000 emplois par an, cela ne b茅n茅ficiera qu鈥櫭� une infime partie de tous les pauvres et les ch么meurs que compte le pays. Sur 45 millions d鈥檋abitants, 24 millions vivent au-dessous du seuil de la pauvret茅.

搁茅蹿辞谤尘别蝉

鈥淧our v茅ritablement r茅duire la pauvret茅, il faut que ce soient les pays africains qui d茅cident de la marche 脿 suivre鈥�, explique le Vice-Pr茅sident de la Banque mondiale pour la r茅gion Afrique, Gobind Nankani. 鈥淟es Africains savent mieux que quiconque o霉 le b芒t blesse. Ils devraient d茅finir leurs propres strat茅gies de r茅duction de la pauvret茅 en fonction des r茅alit茅s nationales."

Mais bon nombre de pays africains se heurtent 脿 l鈥檌ncapacit茅 de l鈥橢tat 脿 fournir des services sociaux. Les politiques de d茅veloppement qu鈥檕nt suivies de nombreux pays africains pendant les ann茅es 1980 privil茅giaient la prudence macro茅conomique, ce qui a conduit 脿 une r茅duction de la taille et du r么le du secteur public. Au Zimbabwe par exemple, le gouvernement a ordonn茅 en 1995 脿 tous les minist猫res de r茅duire leurs effectifs de 40 %, pour satisfaire aux conditions d鈥檜n pr锚t de la Banque mondiale.

Il est aujourd鈥檋ui de plus en plus admis parmi les dirigeants africains et leurs partenaires de d茅veloppement ext茅rieurs que l鈥橢tat doit 锚tre renforc茅 de fa莽on 脿 pouvoir participer activement au d茅veloppement.

M. Nankani note qu鈥檌l serait dans l鈥檌nt茅r锚t des gouvernements africains de favoriser les investissements dans les zones rurales. Les deux tiers des Africains vivent en milieu rural et la pauvret茅 est majoritairement un ph茅nom猫ne rural. La plupart des habitants pauvres des campagnes pratiquent l鈥檃griculture de subsistance 脿 petite 茅chelle et travaillent dans l鈥檃gro-alimentaire. Les gouvernements pourraient donc promouvoir des politiques visant 脿 augmenter la productivit茅 agricole et la croissance.

Pour les entreprises

A court terme, les pays doivent supprimer les politiques qui font obstacle aux investissements, note la Banque mondiale dans le rapport intitul茅 Doing Business in 2006: Creating Jobs. D鈥檃pr猫s la Banque, les pays africains imposent aux entrepreneurs les r茅glementations les plus contraignantes. Au Mozambique, un investisseur doit effectuer 14 d茅marches distinctes pendant 153 jours en moyenne pour d茅clarer une entreprise, tandis qu鈥檈n Sierra Leone, une soci茅t茅 peut avoir 脿 payer en taxes professionnelles une somme 茅quivalente 脿 164 % de ses b茅n茅fices bruts.

Le rapport classe les r茅formes effectu茅es par 155 pays en vue d鈥檃ttirer les investisseurs. Parmi les pays cit茅s en exemple figure le Rwanda, qui a r茅form茅 ses tribunaux et ses proc茅dures douani猫res. Le Mozambique est 茅galement 脿 l鈥檋onneur pour avoir r茅duit les droits de mutation de 10 脿 2,4 % de la valeur des biens, la plus grande r茅duction de ce type dans le monde.

Les pays africains doivent faire le m茅nage chez eux, affirme M. Nankani. Il ne pourra y avoir de croissance 茅conomique ni de cr茅ation d鈥檈mplois dans les pays o霉 les politiques des pouvoirs publics 鈥溍﹖ranglent les entreprises priv茅es et d茅couragent les entrepreneurs鈥�.