Le Sommet africain sur le climat se tient du 4 au 6 septembre 脿 Nairobi, au Kenya, dans un contexte de d茅fis et d'opportunit茅s climatiques. La confluence des chocs climatiques, de la perte de la nature, des impacts de la pand茅mie COVID-19 et de la guerre en Ukraine a 茅rod茅 une grande partie des gains de d茅veloppement de l'Afrique. Cependant, ces d茅fis repr茅sentent 茅galement une opportunit茅 pour les gouvernements africains de collaborer 脿 la recherche de solutions. 听
Progr猫s et dynamique
L'adoption du cadre mondial pour la diversit茅 de Kunming-Montr茅al l'ann茅e derni猫re a ouvert la voie 脿 l'茅laboration par les pays de nouvelles strat茅gies et de nouveaux plans d'action nationaux en mati猫re de biodiversit茅. Lors de la dix-neuvi猫me session ordinaire de la Conf茅rence minist茅rielle africaine (AEC) sur l'environnement, qui s'est tenue 脿 Addis-Abeba, les pays africains se sont engag茅s 脿 continuer 脿 travailler sur des solutions permettant de relever les d茅fis environnementaux auxquels le continent est confront茅.
Le SAC vise 脿 souligner le potentiel inexploit茅 de l'Afrique pour stimuler la croissance verte 脿 la fois sur le continent et 脿 l'茅chelle mondiale. Il est strat茅giquement positionn茅 pour synchroniser, cultiver et exploiter l'茅lan croissant autour des th猫mes des combustibles fossiles, de la nature, de la finance et de l'alimentation, car il pr茅c猫de plusieurs 茅v茅nements cl茅s tels que la Semaine africaine du climat (SAC), le Sommet international sur le climat et l'茅nergie 脿 Madrid, l'Assembl茅e annuelle de la Banque mondiale 脿 Marrakech et la conf茅rence de reconstitution du Fonds vert pour le climat qui se tiendra 脿 Bonn en octobre.
Les r茅sultats du sommet serviront 脿 alimenter les n茅gociations de la CdP28 pr茅vues en d茅cembre.
Voici quatre fa莽ons dont le SCA peut influencer l'agenda climatique mondial :
- 脡liminer progressivement les combustibles fossiles et passer aux 茅nergies renouvelables d'une mani猫re juste et inclusive
L'Afrique pourrait tirer parti de son vaste potentiel en mati猫re d'茅nergies renouvelables et passer du charbon, du p茅trole et du gaz 脿 100 % d'茅nergies renouvelables, ce qui permettrait d'atteindre les objectifs en mati猫re de climat et de d茅veloppement durable.
L'茅nergie solaire est en passe de d茅passer les investissements dans la production de p茅trole. Le rapport de l'AIE sur les investissements 茅nerg茅tiques dans le monde montre que pour chaque dollar investi dans les combustibles fossiles, environ 1,7 dollar ne sera pas investi dans les 茅nergies propres. L'Afrique doit de toute urgence obtenir une part de cet investissement mondial pour parvenir 脿 un acc猫s universel 脿 l'茅lectricit茅. Elle devrait s'efforcer d'augmenter la part des investissements mondiaux dans ses sources d'茅nergie renouvelables de 1 % par an 脿 10 % d'ici 脿 2028, avec une nouvelle augmentation d'ici 脿 2035.
- Renforcer l'alignement entre la biodiversit茅 et le climat
Avec 25 % de la biodiversit茅 mondiale, 10 % de l'eau douce renouvelable, les plus grandes r茅serves de cobalt, de diamants, de platine et d'uranium, et le deuxi猫me plus grand puits de carbone, la biodiversit茅 et les ressources naturelles de l'Afrique sont ses meilleurs alli茅s dans la lutte contre le changement climatique. L'Afrique est 脿 l'avant-garde des solutions fond茅es sur la nature gr芒ce 脿 des initiatives telles que l'Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains, la Grande Muraille verte et la Grande Muraille bleue.
Une autre opportunit茅 r茅side dans la r茅vision et la mise 脿 jour des strat茅gies et plans d'action nationaux en mati猫re de biodiversit茅 (SPANB) et dans l'int茅gration du changement climatique dans les SPANB. La majorit茅 des pays africains ont soumis des contributions d茅termin茅es au niveau national (CDN) r茅vis茅es qui limitent l'augmentation de la temp茅rature mondiale 脿 1,5 degr茅. Le renforcement de la mise en 艙uvre de ces CDN n茅cessite une feuille de route clairement d茅finie pour une ex茅cution efficace.
- Plaider en faveur de financements nouveaux et accrus pour le climat et la nature et s'acquitter des contributions non satisfaites
Un rapport de la Climate Policy Initiative montre que l'Afrique a besoin de 2 800 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pour mettre en 艙uvre ses CDN dans le cadre de l'Accord de Paris. C'est le co没t de la contribution du continent 脿 la limitation du r茅chauffement 脿 1,5 掳C et 脿 la prise en charge des impacts les plus importants du changement climatique.
Cependant, les flux financiers annuels pour le climat en Afrique ne s'茅l猫vent qu'脿 30 milliards de dollars. De nombreux pays africains sont confront茅s 脿 une marge de man艙uvre mon茅taire et fiscale limit茅e, ce qui aggrave la dette dans un contexte de priorit茅s de d茅veloppement concurrentes. La cr茅ation du Fonds-cadre mondial pour la biodiversit茅 lors de l'assembl茅e du Fonds pour l'environnement mondial 脿 Vancouver pourrait permettre de r茅soudre la crise de la biodiversit茅. Il ne fonctionnera que s'il est transparent, pr茅visible et opportun, et s'il b茅n茅ficie aux peuples autochtones et aux communaut茅s locales.
L'ann茅e derni猫re, lors de la CdP27, les parties ont convenu d'augmenter le financement afin de faciliter les transformations mondiales vers une 茅conomie 脿 faible 茅mission de carbone. Cela n茅cessite au moins 4 000 脿 6 000 milliards de dollars par an. Malheureusement, les pays d茅velopp茅s n'ont toujours pas rempli leur promesse de 100 milliards de dollars par an. Les estimations montrent que l'Afrique a besoin d'au moins 2,8 billions de dollars entre 2020 et 2030 pour tenir les promesses formul茅es dans les CDN. L'AEC et l'APA pourraient jouer un r么le crucial dans le plaidoyer en faveur des engagements financiers et de la mise en 艙uvre effective du Fonds des pertes et dommages en pr茅paration de la CdP28.
- Aligner l'adaptation au climat sur la transformation des syst猫mes alimentaires听
Avec les plus grandes terres arables de la plan猫te, l'Afrique a le potentiel de nourrir le monde et de se nourrir elle-m锚me. Toutefois, la hausse des temp茅ratures, l'impr茅visibilit茅 des pr茅cipitations et les ph茅nom猫nes m茅t茅orologiques extr锚mes font des ravages sur la productivit茅 agricole.
Apr猫s trois ann茅es de s茅cheresse, plus de 27 millions de personnes sont confront茅es 脿 une ins茅curit茅 alimentaire aigu毛 en 脡thiopie, en Somalie, au Kenya et en Ouganda. Cette situation a entra卯n茅 la mort de 9,5 millions de t锚tes de b茅tail. La situation s'aggravera lorsque les temp茅ratures d茅passeront 1,5 掳C. Si l'on ne s'attaque pas aux 茅missions des syst猫mes alimentaires et 脿 la d茅carbonisation, il est impossible de maintenir le seuil de 1,5 掳C 脿 port茅e de main.
Les gouvernements africains doivent se concentrer sur les actions climatiques dans les syst猫mes alimentaires. De nombreuses 茅tudes ont r茅v茅l茅 un d茅ficit de 60 milliards de dollars en financement climatique pour l'adaptation des syst猫mes alimentaires africains. Il est imp茅ratif d'aligner la mise en 艙uvre des voies de transformation des syst猫mes alimentaires nationaux sur les mises 脿 jour des CDN et des PAN. Cela devrait inclure la s茅curisation des sources d'alimentation les plus touch茅es et la r茅duction de la vuln茅rabilit茅 des producteurs alimentaires ruraux qui d茅pendent des ressources naturelles pour leurs moyens de subsistance, en particulier les agricultrices et les peuples autochtones.
Les nations africaines ne contribuent que marginalement 脿 la crise climatique (moins de 4 %), mais elles en subissent un impact disproportionn茅. Les pays largement responsables du changement climatique doivent doter l'Afrique des outils et des technologies n茅cessaires pour se pr茅parer 脿 ses effets et y faire face.
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Alice Ruhweza est directrice principale de l'influence politique et de l'engagement au Fonds mondial pour la nature (WWF).
