Notre marche vers la libert¨¦ est irr¨¦versible.
Nous ne devons pas laisser la peur nous barrer la route. - Nelson Mandela

La vie de Nelson Mandela

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Sur la lutte pour la libert¨¦ et la protection des droits de l¡¯homme

On ne saurait attendre de ceux qui n¡¯ont pas le droit de vote qu¡¯ils continuent ¨¤ payer des imp?ts ¨¤ un gouvernement qui ne leur rend aucun compte. On ne saurait attendre des pauvres et des affam¨¦s qu¡¯ils versent des loyers exorbitants au gouvernement et aux autorit¨¦s locales. Nous fournissons l¡¯argent n¨¦cessaire ¨¤ l¡¯agriculture et ¨¤ l¡¯industrie. Nous produisons le travail dans les mines d¡¯or, de diamant et de charbon, nous travaillons dans les fermes et les usines en ¨¦change de salaires de mis¨¨re. Pourquoi devrions-nous continuer ¨¤ enrichir ceux qui volent le produit de notre sueur et de notre sang ? Ceux qui nous exploitent et nous refusent le droit de nous organiser en syndicats ?...

J¡¯ai ¨¦t¨¦ inform¨¦ que je fais l¡¯objet d¡¯un mandat d¡¯arr¨ºt, que je suis recherch¨¦ par la police...Tout politicien s¨¦rieux sait bien que dans les circonstances actuelles qui r¨¨gnent dans ce pays, il serait na?f et criminel de ma part de rechercher un martyre "facile" en me rendant ¨¤ la police. Nous avons un programme important ¨¤ ex¨¦cuter s¨¦rieusement et sans plus attendre.

C¡¯est la voie que j¡¯ai choisie; elle est plus difficile et comporte plus de dangers et d¡¯¨¦preuves que la prison. J¡¯ai d? me s¨¦parer de ma femme et de mes enfants que j¡¯aime tant, de ma m¨¨re et de mes s?urs, et vivre comme un hors-la-loi dans mon propre pays. J¡¯ai d? cesser mes affaires, renoncer ¨¤ ma profession, et vivre dans la pauvret¨¦ et la mis¨¨re, comme nombre de mes compatriotes... Je m¨¨nerai ¨¤ vos c?t¨¦s une lutte incessante jusqu¡¯¨¤ la victoire contre le Gouvernement. Qu¡¯est-ce que vous allez faire ? Vous joindrez-vous ¨¤ notre combat ou allez-vous coop¨¦rer avec un Gouvernement qui cherche ¨¤ r¨¦primer vos revendications et ¨¤ ¨¦touffer vos aspirations ? Ou allez-vous garder le silence et rester neutres alors que pour mon peuple, pour notre peuple, c'est une question de vie ou de mort ? En ce qui me concerne, j¡¯ai fait mon choix. Je ne quitterai pas l¡¯Afrique du Sud. Je ne me rendrai pas. La libert¨¦ se gagne au prix des ¨¦preuves, du sacrifice et de l'action militante. Le combat est ma vie. Je continuerai ¨¤ me battre pour la libert¨¦ jusqu'¨¤ la fin de mes jours.


A proprement dire, l¡¯¨¦galit¨¦ devant la loi, c¡¯est le droit de participer ¨¤ l¡¯¨¦laboration des lois qui nous gouvernent, d¡¯une constitution qui garantit les droits d¨¦mocratiques de tous les segments de la population, le droit de saisir la cour pour r¨¦clamer aide ou protection dans les cas de violation des droits garantis par la Constitution, et le droit de participer ¨¤ l¡¯administration de la justice en tant que juges, magistrats, procureurs, conseillers en droit, et autres positions similaires.

En l¡¯absence de ces garanties, l¡¯expression "¨¦galit¨¦ devant la loi ", si elle est cens¨¦e s¡¯appliquer ¨¤ nous, n¡¯a aucun sens et est trompeuse. Tous les droits et privil¨¨ges que j¡¯ai ¨¦voqu¨¦s sont monopolis¨¦s par les blancs, et nous n¡¯en avons aucun...

...Je ne me consid¨¨re ni moralement ni l¨¦galement tenu d'ob¨¦ir ¨¤ ces lois promulgu¨¦es par un Parlement o¨´ je ne suis pas repr¨¦sent¨¦.

La volont¨¦ du peuple est la base de l'autorit¨¦ du gouvernement : c¡¯est un principe universellement reconnu et sacr¨¦ dans l¡¯ensemble du monde civilis¨¦ et qui constitue les fondations m¨ºmes de la libert¨¦ et de la justice. C¡¯est pourquoi on peut bien comprendre que les citoyens qui ont le droit de vote et le droit ¨¤ une repr¨¦sentation directe dans les organes gouvernementaux de leur pays sont tenus moralement et l¨¦galement de respecter les lois qui r¨¦gissent le pays.

Et c¡¯est pourquoi on peut tout aussi bien comprendre que nous, en tant qu¡¯Africains, ne devons nous sentir tenus ni moralement ni l¨¦galement oblig¨¦s d¡¯ob¨¦ir ¨¤ des lois que nous n¡¯avons pas promulgu¨¦es, et comprendre aussi qu'on ne peut pas s¡¯attendre ¨¤ ce que nous fassions confiance aux tribunaux qui appliquent ces lois.

Je hais la pratique de discrimination raciale, et ce qui me soutient dans ma haine, c¡¯est que la tr¨¨s grande majorit¨¦ de l¡¯humanit¨¦ la hait tout autant que moi. Je hais le fait qu¡¯on inculque syst¨¦matiquement aux enfants des pr¨¦jug¨¦s sur la couleur de la peau, et ce qui me soutient dans cette haine, c¡¯est que la tr¨¨s grande majorit¨¦ de l¡¯humanit¨¦, ici et ailleurs, est de mon avis. Je hais l¡¯arrogance raciale qui d¨¦cr¨¨te que les bonnes choses de la vie rel¨¨veront du droit exclusif d¡¯une minorit¨¦ de la population, et qui r¨¦duit la majorit¨¦ de la population ¨¤ une position de servilit¨¦ et d¡¯inf¨¦riorit¨¦, et ¨¤ l¡¯¨¦tat de b¨¦tail sans droit de vote et contraint de travailler l¨¤ o¨´ la minorit¨¦ dirigeante lui dit de travailler. Ce qui me soutient dans cette haine, c¡¯est que la tr¨¨s grande majorit¨¦ de l¡¯humanit¨¦, ici et ailleurs, est de mon avis.

Aucune des d¨¦cisions que ce tribunal prendra ¨¤ mon ¨¦gard ne pourra changer cette haine, qui ne dispara?tra qu¡¯avec la disparition de l¡¯injustice et de l¡¯inhumanit¨¦ que j¡¯ai cherch¨¦ ¨¤ ¨¦liminer de la vie politique et sociale de ce pays...

Ce dont les Africains se plaignent...ce n¡¯est pas seulement qu¡¯ils sont pauvres et que les blancs sont riches, mais que les lois faites par les blancs sont con?ues pour perp¨¦tuer cette situation. Il existe deux fa?ons de sortir de la pauvret¨¦. La premi¨¨re, c¡¯est par l¡¯¨¦ducation, et la deuxi¨¨me, c¡¯est par l¡¯acquisition par le travailleur de meilleures qualifications professionnelles qui lui permettront d¡¯obtenir un salaire plus ¨¦lev¨¦. Mais en ce qui concerne les Africains, ces deux moyens d¡¯avancer sont limit¨¦s ¨¤ dessein par la l¨¦gislation...

Ce que nous voulons avant tout, ce sont des droits politiques, car sans cela, nos handicaps seront permanents. Je sais que pour les blancs de ce pays, cette id¨¦e est r¨¦volutionnaire, car la majorit¨¦ des ¨¦lecteurs seront africains. C¡¯est pourquoi le blanc a peur de la d¨¦mocratie.

Mais on ne peut pas laisser cette peur emp¨ºcher la seule solution qui garantira l¡¯harmonie raciale et la libert¨¦ de tous. Il n¡¯est pas vrai que l¡¯octroi du suffrage universel entra?nera une domination raciale. Une division politique fond¨¦e sur la couleur de la peau est enti¨¨rement artificielle, et lorsqu¡¯elle dispara?tra, il en ira de m¨ºme de la domination d¡¯un groupe racial par un autre. L¡¯ANC lutte depuis 50 ans contre le racisme. Lorsqu¡¯il remportera la victoire, il ne changera pas cette politique.

Voil¨¤ donc ce contre quoi lutte l¡¯ANC. Son combat a une dimension vraiment nationale. C¡¯est une lutte du peuple africain, motiv¨¦e par ses propres souffrances et sa propre exp¨¦rience. C¡¯est une lutte pour le droit de vivre.

J¡¯ai consacr¨¦ toute ma vie ¨¤ cette lutte du peuple africain. J¡¯ai lutt¨¦ contre la domination blanche et j¡¯ai lutt¨¦ contre la domination noire. J¡¯ai ch¨¦ri l¡¯id¨¦al d¡¯une soci¨¦t¨¦ libre et d¨¦mocratique dont tous les membres pourraient vivre ensemble, en harmonie et avec les m¨ºmes chances. C¡¯est, un id¨¦al pour lequel j¡¯esp¨¨re vivre et que j¡¯esp¨¨re r¨¦aliser. Mais si n¨¦cessaire, c¡¯est un id¨¦al pour lequel je suis pr¨ºt ¨¤ mourir.


Notre lutte est arriv¨¦e ¨¤ une ¨¦tape d¨¦cisive. Nous appelons notre peuple ¨¤ saisir ce moment afin que le processus menant ¨¤ la d¨¦mocratie soit rapide et ininterrompu. Il y a trop longtemps que nous attendons notre libert¨¦. Nous ne pouvons plus attendre. Le moment est venu d¡¯intensifier le combat sur tous les fronts. Ne commettons pas l¡¯erreur de rel?cher nos efforts. Les g¨¦n¨¦rations futures ne nous le pardonneraient pas. La vision de la libert¨¦ se profilant ¨¤ l¡¯horizon devrait nous encourager ¨¤ redoubler d¡¯efforts.

Seule une action de masse disciplin¨¦e nous assurera la victoire. Nous appelons nos compatriotes blancs ¨¤ se joindre ¨¤ nous pour fa?onner une Afrique du Sud nouvelle. La libert¨¦ de circulation est un atout politique pour eux aussi. Nous appelons la communaut¨¦ internationale ¨¤ poursuivre la campagne d¡¯isolement du r¨¦gime d¡¯apartheid. Lever les sanctions maintenant, ce serait risquer d¡¯avorter le processus d¡¯¨¦limination compl¨¨te de l¡¯apartheid.

Notre marche vers la libert¨¦ est irr¨¦versible. Ne laissons pas la peur entraver notre avanc¨¦e. Le suffrage universel sur le r?le commun des ¨¦lecteurs dans une Afrique du Sud unie, d¨¦mocratique et non raciale est la seule voie qui m¨¨nera ¨¤ la paix et ¨¤ l¡¯harmonie.

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Sur la discrimination raciale et l¡¯apartheid...

L¡¯existence m¨ºme du crime d¡¯apartheid entachera ¨¤ jamais l¡¯histoire de l¡¯humanit¨¦. Les g¨¦n¨¦rations futures demanderont certainement : par quelle aberration ce syst¨¨me a-t-il pu se mettre en place apr¨¨s l¡¯adoption d¡¯une d¨¦claration universelle des droits de l¡¯homme ? Il restera pour toujours cette accusation et ce d¨¦fi lanc¨¦s ¨¤ tous les hommes et ¨¤ toutes les femmes de conscience : pourquoi a-t-il fallu tant de temps avant que nous disions tous "trop c'est trop"?...

Convaincus que le d¨¦ni des droits d¡¯une personne diminue la libert¨¦ de tous. La distance que nous avons encore ¨¤ parcourir n¡¯est pas longue. Faisons-la ensemble. Justifions, par notre action commune, les buts pour lesquels cette Organisation a ¨¦t¨¦ ¨¦tablie et cr¨¦ons une situation dans laquelle sa Charte et la D¨¦claration universelle des droits de l¡¯homme feront partie des lois sur lesquelles reposera l¡¯ordre politique et social d¡¯une nouvelle Afrique du Sud. Notre victoire est assur¨¦e.


C¡¯est certainement l¡¯un des grands paradoxes de notre temps qu¡¯en 49 ans d¡¯existence, l¡¯Assembl¨¦e entende aujourd¡¯hui pour la premi¨¨re fois un chef d¡¯?tat sud-africain venu de la majorit¨¦ africaine de ce qui est un pays africain.

Les g¨¦n¨¦rations futures trouveront extr¨ºmement ¨¦trange qu¡¯il ait fallu attendre si longtemps en ce XXe si¨¨cle pour que notre d¨¦l¨¦gation puisse si¨¦ger ¨¤ l¡¯Assembl¨¦e, reconnue par notre peuple et par les nations du monde en tant que repr¨¦sentant l¨¦gitime du peuple de notre pays.

L¡¯ONU est n¨¦e de la lutte titanesque contre le nazisme et le fascisme, avec leurs doctrines et pratiques odieuses de sup¨¦riorit¨¦ raciale et de g¨¦nocide. Elle ne pouvait donc pas rester sans r¨¦action alors qu¡¯en Afrique du Sud un syst¨¨me analogue ¨¦tait mis en place par un gouvernement qui avait ¨¦galement la t¨¦m¨¦rit¨¦ de revendiquer sa repr¨¦sentation au sein de l¡¯Organisation des Nations Unies.

Le chemin que nous aurons ¨¤ parcourir pour parvenir ¨¤ cette destination sera loin d¡¯¨ºtre ais¨¦. Nous savons tous combien le racisme peut rester obstin¨¦ment ancr¨¦ dans l¡¯esprit et comment il peut toucher l¡¯?me humaine au plus profond. Et l¨¤ o¨´ il est appuy¨¦ par l¡¯organisation du monde mat¨¦riel sur des bases raciales, comme dans le cas de notre pays, cette obstination peut se trouver multipli¨¦e au centuple

Pourtant, si dure que soit la bataille, nous ne renoncerons pas. Quel que soit le temps que cela prendra, nous ne nous lasserons pas. Le fait m¨ºme que le racisme avilit aussi bien celui qui le pratique que sa victime exige que, si nous sommes fid¨¨les ¨¤ notre engagement de prot¨¦ger la dignit¨¦ humaine, nous combattions jusqu¡¯¨¤ la victoire.

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Sur la r¨¦conciliation...

En Afrique du Sud, nous sommes convaincus qu¡¯il est tout ¨¤ la fois possible et r¨¦alisable d¡¯atteindre notre objectif d¡¯une vie meilleure pour tous dans les d¨¦lais les plus court possibles. Cette certitude nous vient du fait de savoir que c¡¯est une vision partag¨¦e par la tr¨¨s grande majorit¨¦ des Sud-Africains, quelles que soient la couleur de leur peau ou leurs opinions politiques.

Et nous appr¨¦cions au plus haut point le r?le de la communaut¨¦ internationale en la mati¨¨re ¨C et non seulement son aide mat¨¦rielle. Si nous sommes capables aujourd¡¯hui de parler d¡¯une nation arc-en-ciel, unie dans la diversit¨¦ de ses cultures, de ses religions, de ses races, de ses langues et de ses ethnicit¨¦s, c¡¯est en partie parce que le monde nous a montr¨¦ un exemple moral que nous avons eu l¡¯audace de suivre.

Cette r¨¦alisation est appel¨¦e ¨¤ durer car elle repose sur la prise de conscience que la r¨¦conciliation et l¡¯¨¦dification de la nation signifient, entre autres choses, que nous devons chercher ¨¤ savoir la v¨¦rit¨¦ sur le terrible pass¨¦ et veiller ¨¤ ce qu¡¯il ne se reproduise pas. Notre r¨¦alisation ne doit donc pas constituer un simple r¨¦pit avant que l¡¯amertume du pass¨¦ me remonte ¨¤ la surface.

Nous reconnaissons que la r¨¦conciliation et l¡¯¨¦dification de la nation resteraient des v?ux pieux s¡¯ils ne reposaient pas sur un effort concert¨¦ visant ¨¤ ¨¦radiquer les vraies racines du conflit et de l¡¯injustice du pass¨¦. Notre s¨¦curit¨¦ nationale et la survie de notre jeune d¨¦mocratie d¨¦pendent essentiellement du programme que nous mettrons en place pour satisfaire les besoins de base du peuple. La reconstruction et le d¨¦veloppement assureront que tous les Sud-Africains auront un enjeu dans la vie, qu¡¯ils auront un int¨¦r¨ºt commun dans le bien-¨ºtre de tout le pays.

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Nombreux sont ceux qui doutent de notre capacit¨¦ ¨¤ r¨¦aliser l¡¯id¨¦al d¡¯une nation arc-en-ciel. Il est vrai que l¡¯Afrique du Sud a souvent ¨¦t¨¦ au bord de la destruction ¨¤ cause de nos diff¨¦rences. Mais r¨¦affirmons une chose ici aujourd¡¯hui : ce n¡¯est pas notre diversit¨¦ qui nous divise, pas plus que notre ethnicit¨¦, notre religion ou notre culture. Depuis que nous avons obtenu notre libert¨¦, il ne peut y avoir qu¡¯une division entre nous, une division entre ceux qui ch¨¦rissent la d¨¦mocratie et les autres!

Peuple ¨¦pris de libert¨¦, nous souhaitons voir notre pays prosp¨¦rer et assurer ¨¤ tous des services de base, car notre libert¨¦ ne pourra jamais ¨ºtre compl¨¨te ni notre d¨¦mocratie n¡¯es [pas stable et si nous ne satisfaisons pas les besoins de base de notre peuple. Nous avons vu la stabilit¨¦ qu¡¯apporte le d¨¦veloppement. Et nous savons aussi que la paix est l¡¯arme la plus puissante qu¡¯une communaut¨¦ ou une nation peut mettre au service du d¨¦veloppement.

Alors que nous reb?tissons notre pays, nous devons rester vigilants contre les ennemis du d¨¦veloppement et de la d¨¦mocratie, m¨ºme s¡¯ils viennent de nos propres rangs. La violence ne nous rapprochera pas de nos objectifs.

Nous devons tous nous poser la question suivante : ai-je fait tout ce qui ¨¦tait en mon pouvoir pour assurer une paix et une prosp¨¦rit¨¦ durables ¨¤ ma ville et ¨¤ mon pays ?

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Sur les droits de l¡¯homme universels

Comme il se doit, cette cinquante-troisi¨¨me session de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale sera grav¨¦e dans les m¨¦moires comme co?ncidant avec le cinquanti¨¨me anniversaire de la D¨¦claration universelle des droits de l¡¯homme.

N¨¦e dans le sillage de la d¨¦faite de l¡¯offensive criminelle du nazisme et du fascisme contre l¡¯humanit¨¦, cette D¨¦claration avait nourri l¡¯espoir de toutes nos soci¨¦t¨¦s de construire leur avenir sur l¡¯assise de la vision radieuse qu¡¯annonce chacune de ses clauses.

Pour ceux qui ont d? lutter pour leur ¨¦mancipation, comme nous qui, avec votre aide, avons d? nous lib¨¦rer du syst¨¨me criminel de l¡¯apartheid, la D¨¦claration universelle des droits de l¡¯homme a confirm¨¦ la justice de notre cause. En m¨ºme temps, elle a nous a lanc¨¦ un d¨¦fi : une fois notre libert¨¦ conquise, il nous fallait concr¨¦tiser la vision de la D¨¦claration.

Aujourd¡¯hui, nous c¨¦l¨¦brons le cinquantenaire de ce document historique, qui a surv¨¦cu ¨¤ un demi-si¨¨cle de tourmentes, marqu¨¦ par de profondes mutations de la soci¨¦t¨¦ humaine.

On a vu l¡¯effondrement du syst¨¨me colonial, la disparition du monde bipolaire, des progr¨¨s consid¨¦rables de la science et des techniques et la naissance du processus complexe de mondialisation.

Et pourtant en fin de compte, les ¨ºtres humains qui sont les sujets de la D¨¦claration universelle des droits de l¡¯homme, ont continu¨¦ ¨¤ ¨ºtre en proie ¨¤ des guerres et des conflits meurtriers.

Ils ne sont toujours pas lib¨¦r¨¦s de la menace des armes de destruction massive ou des armes classiques, qui peuvent d¡¯un jour ¨¤ l¡¯autre se d¨¦cha?ner et les tuer.

N¨¦ ¨¤ la fin de la premi¨¨re guerre mondiale, me retirant de la vie publique alors que le monde c¨¦l¨¨bre le jubil¨¦ de la D¨¦claration universelle des droits de l¡¯homme, je suis arriv¨¦ au terme de ma longue marche, au moment o¨´ je peux, comme toute femme et tout homme en a le droit, prendre un peu de repos en toute tranquillit¨¦ dans mon village natal.

Quand je serai chez moi ¨¤ Qunu, aussi vieux que les collines des alentours, je continuerai de nourrir l¡¯espoir qu¡¯un nouvelle race de dirigeants est apparue dans mon pays et dans ma r¨¦gion, sur mon continent et dans le monde, une race qui ne permettra pas que l¡¯on prive quiconque de la libert¨¦, comme nous en avons ¨¦t¨¦ priv¨¦s si longtemps; que l¡¯on fasse de personne un r¨¦fugi¨¦, comme nous l¡¯avons ¨¦t¨¦; que personne soit condamn¨¦ ¨¤ la famine, comme nous l¡¯avons ¨¦t¨¦; que personne soit priv¨¦ de sa dignit¨¦ humaine, comme nous l¡¯avons ¨¦t¨¦.

Je continuerai d¡¯esp¨¦rer que la renaissance de l¡¯Afrique prendra de profondes racines et s¡¯¨¦panouira ¨¤ jamais, en toutes saisons. Si tous ces r¨ºves s¡¯av¨¨rent r¨¦alisables et ne se transforment pas en un cauchemar pour tourmenter l¡¯?me des vieux, alors je conna?trai paix et tranquillit¨¦. Alors l¡¯histoire et les milliards d¡¯¨ºtres humains dans le monde proclameront que nous avions de r¨ºver et que, gr?ce ¨¤ nos efforts, nos r¨ºves se sont concr¨¦tis¨¦s.

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Sur la lutte contre la pauvret¨¦

Les Sud-Africains ont montr¨¦ qu¡¯ils ¨¦taient tr¨¨s capables de s¡¯unir face aux difficult¨¦s. Le syst¨¨me d¡¯apartheid a fini pat s¡¯effondrer en raison de l¡¯unit¨¦ de ceux dont les droits ¨¦taient ni¨¦s, et parce que tous les secteurs de la soci¨¦t¨¦ avaient pris conscience qu¡¯ils avaient plus avantage ¨¤ coop¨¦rer qu¡¯¨¤ s¡¯entretuer. C¡¯est cette m¨ºme qualit¨¦ qui nous a aid¨¦s, si rapidement, ¨¤ poser les fondations d¡¯une vie meilleure.

Lorsque l¡¯apartheid a pris fin, nous avons ¨¦t¨¦ confront¨¦s ¨¤ la t?che difficile de reconstruire une soci¨¦t¨¦ ¨¦branl¨¦e dans ses fondements m¨ºmes et de fournir les services les plus ¨¦l¨¦mentaires ¨¤ notre peuple. Nous avons d? b?tir des ¨¦coles et des h?pitaux, fournir des logements et des emplois, relancer l¡¯¨¦conomie, prot¨¦ger les droits du peuple par l¡¯entremise de la Constitution et des tribunaux, aider l¡¯Afrique du Sud ¨¤ faire face aux divisions du pass¨¦ et ¨¤ entamer le processus de gu¨¦rison, r¨¦parer les abus et les dommages qui avaient afflig¨¦ la plupart de nos communaut¨¦s.

Notre t?che consistait essentiellement ¨¤ cr¨¦er les conditions donnant ¨¤ chaque Sud-Africain la possibilit¨¦ d¡¯am¨¦liorer sa vie. Mais un gouvernement ne peut pas relever seul tous ces d¨¦fis. Nous devions tous conjuguer nos efforts afin d¡¯effectuer les changements n¨¦cessaires.

Pour atteindre ces objectifs, il nous fallait ¨¦galement transformer le gouvernement d¡¯un syst¨¨me au service des int¨¦r¨ºts d¡¯une communaut¨¦ en un syst¨¨me qui r¨¦ponde aux besoins de tous les Sud-Africains. Et tout ceci devait se faire dans un pays dont la plupart des habitants s¡¯¨¦taient vu refuser l¡¯exp¨¦rience du gouvernement et une ¨¦ducation ou une formation ad¨¦quates. C¡¯est pourquoi nous mettons un tel accent sur le renforcement des capacit¨¦s gouvernementales...

Lorsque nous disons que nous trouverons les meilleures solutions ¨¤ ces probl¨¨mes en travaillant ensemble, cela signifie que chacun d¡¯entre nous doit s¡¯engager personnellement. Nous devons aujourd¡¯hui nous poser les questions suivantes : qu¡¯ai-je fait pour am¨¦liorer l¡¯environnement dans lequel je vis ? Est-ce que je pollue ou est-ce que je prot¨¨ge mon environnement ? Est-ce que je propage la haine raciale ou est-ce que je promeus la paix et la r¨¦conciliation ? Est-ce que j¡¯ach¨¨te des marchandises vol¨¦es ou est-ce que j¡¯aide ¨¤ r¨¦duire la criminalit¨¦ ? Est-ce que je paie ce que je dois ou est-ce que je triche sur les imp?ts, les redevances et les licences ? Est-ce que je m¡¯attends ¨¤ ce qu¡¯on fasse tout pour moi ou est-ce que je travaille avec les conseillers municipaux pour am¨¦liorer ma vie et celle de ma communaut¨¦ ?

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Tant que la pauvret¨¦, l¡¯injustice et les in¨¦galit¨¦s flagrantes persisteront dans le monde, aucun de nous ne pourra vraiment se d¨¦tendre. Nous n¡¯oublierons jamais les millions d'hommes et de femmes du monde entier qui ont soutenu notre lutte contre l¡¯injustice et l¡¯oppression pendant que nous ¨¦tions incarc¨¦r¨¦s. Ces efforts ont port¨¦ leurs fruits; c¡¯est pourquoi aujourd¡¯hui nous pouvons nous joindre aux millions d¡¯hommes et de femmes dans le monde et soutenir leur combat pour la libert¨¦ et contre la pauvret¨¦.

La pauvret¨¦ des masses et les in¨¦galit¨¦s criantes sont de terribles fl¨¦aux des temps modernes ¡ª une ¨¦poque o¨´ le monde peut se targuer d¡¯avoir r¨¦alis¨¦ des progr¨¨s ¨¦poustouflants dans les sciences, la technologie, l¡¯industrie et l¡¯accumulation de la richesse. Nous vivons dans un monde o¨´ le savoir et l¡¯information ont fait des avanc¨¦es gigantesques, et o¨´ pourtant des millions d¡¯enfants ne sont pas scolaris¨¦s. Nous vivons dans un monde o¨´ la pand¨¦mie du sida menace la trame m¨ºme de nos vies. Et pourtant nous d¨¦pensons plus d¡¯argent ¨¤ l¡¯acquisition d¡¯armes que pour assurer des soins et des services d¡¯accompagnement aux millions de personnes infect¨¦es par le VIH.

C¡¯est un monde plein de promesse et d¡¯espoir, mais c¡¯est aussi un monde de d¨¦sespoir, de maladies et de faim.

La lutte contre la pauvret¨¦ n¡¯est pas un acte de charit¨¦. C¡¯est un acte de justice. C¡¯est la protection des droits fondamentaux de l¡¯homme, de son droit ¨¤ la dignit¨¦ et ¨¤ une vie d¨¦cente. Tant que la pauvret¨¦ persiste, il n¡¯y aura pas de vraie libert¨¦. Les mesures que les pays d¨¦velopp¨¦s doivent prendre sont claires.

La premi¨¨re consiste ¨¤ assurer la justice des ¨¦changes commerciaux. J¡¯ai d¨¦j¨¤ dit que la justice commerciale est le moyen pour les pays d¨¦velopp¨¦s de montrer qu¡¯ils sont sinc¨¨rement r¨¦solus ¨¤ mettre fin ¨¤ la pauvret¨¦ dans le monde. La deuxi¨¨me consiste ¨¤ mettre fin ¨¤ l¡¯endettement des pays pauvres. La troisi¨¨me consiste ¨¤ fournir une aide bien plus importante et ¨¤ veiller ¨¤ ce qu¡¯elle soit de la meilleure qualit¨¦.

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Sur l¡¯¨¦dification de la paix

La paix n¡¯est pas simplement l¡¯absence de conflit; la paix est la cr¨¦ation d¡¯un environnement propice ¨¤ l¡¯¨¦panouissement de tous, ind¨¦pendamment de la race, de la couleur de la peau, de la croyance, de la religion, du sexe, de la classe, de la caste, ou de toute autre marque de diff¨¦rences sociales. La religion, l¡¯ethnicit¨¦, la langue, les pratiques sociales et culturelles sont des ¨¦l¨¦ments qui enrichissent la civilisation humaine et notre diversit¨¦. Pourquoi laisser tout ceci donner naissance ¨¤ la division et ¨¤ la violence? Ce faisant, nous avilissons notre humanit¨¦ commune.

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Il y a encore trop de discorde, de haine, de division, de conflits et de violence dans le monde en ce d¨¦but de XXIe si¨¨cle. Une pr¨¦occupation fondamentale ¨¤ l¡¯¨¦gard de la vie des autres personnes et communaut¨¦s favoriserait consid¨¦rablement l¡¯instauration du monde meilleur dont nous r¨ºvons tant... Il est tr¨¨s facile de casser et de d¨¦truire. Les h¨¦ros, ce sont ceux qui font la paix et qui b?tissent.

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Appel ¨¤ l'action
Pour la d¨¦mocratie, la paix et la prosp¨¦rit¨¦ pour tous