La pand¨¦mie de COVID-19 a eu de graves r¨¦percussions dans de nombreux endroits du globe, tout particuli¨¨rement dans les pays en d¨¦veloppement. Le , indique que cette crise plan¨¦taire a ??nettement aggrav¨¦ les niveaux de pauvret¨¦ et creus¨¦ les in¨¦galit¨¦s nationales??, et qu¡¯elle devrait ??marquer durablement les march¨¦s du travail, et annuler les progr¨¨s r¨¦alis¨¦s en mati¨¨re de lutte contre la pauvret¨¦ et les disparit¨¦s salariales dans de nombreux pays??. ? cet ¨¦gard, le contexte indien est complexe.
Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, avait l¡¯an dernier contre les effets de ??l'annonce soudaine?? d'un confinement dans le pays, soulignant la n¨¦cessit¨¦ de veiller ¨¤ ce que les mesures prises contre la COVID-19 ne soient pas appliqu¨¦es de mani¨¨re discriminatoire, et ??n¡¯exacerbent pas les in¨¦galit¨¦s et les vuln¨¦rabilit¨¦s existantes.?? Plus tard, en juin 2020, deux rapporteurs sp¨¦ciaux des Nations Unies ont quant aux ??conditions de vie pr¨¦caires qu¡¯endurent plus de 100?millions de travailleurs migrants internes contraints, en raison des mesures contre la COVID-19, de parcourir de longues distances, souvent ¨¤ pied, jusqu¡¯¨¤ leur r¨¦gion d¡¯origine.??
³¢¡¯, institution membre de l'UNAI et Centre de r¨¦f¨¦rence sur , plaide pour le renforcement de l¡¯alphab¨¦tisation des adultes en tant que solution durable. Son ¨¦quipe de chercheurs dirig¨¦e par le docteur Juby Thomas, dont font ¨¦galement partie le p¨¨re Lijo P Thomas, le professeur Sashi Kumar et le docteur Sheeja Krishnakumar, a lanc¨¦ une ¨¦tude visant justement ¨¤ faire le point sur la situation en Inde, notamment du point de vue des travailleurs domestiques migrants. Bien qu¡¯en Inde, les migrations internes suivent diff¨¦rents mod¨¨les, les chercheurs se sont int¨¦ress¨¦s uniquement aux personnes quittant les milieux ruraux et semi-ruraux pour se rendre en milieu urbain.
Le projet avait pour but d¡¯observer les effets de la COVID-19 sur la vie de ces migrants gr?ce ¨¤ la triangulation. Deux cents travailleurs ¨¦tablis ¨¤ Bangalore, ville de l'?tat du Karnataka, originaires d'autres r¨¦gions de l¡¯Inde, ont pris part ¨¤ l'¨¦tude. ³¢¡¯¨¦quipe a men¨¦ des entretiens approfondis aupr¨¨s d¡¯universitaires, de responsables politiques, de repr¨¦sentants d'organisations de la soci¨¦t¨¦ civile, d¡¯entrepreneurs et de cadres sup¨¦rieurs.
En raison du manque de donn¨¦es disponibles sur les travailleurs domestiques migrants, il est difficile d¡¯entrer en contact avec eux ou leur proposer une aide financi¨¨re, des services de s¨¦curit¨¦ alimentaire ou des soins m¨¦dicaux. Ils sont n¨¦anmoins le pilier de plusieurs secteurs du pays. Ils fournissent une contribution notable dans les domaines de la construction d¡¯infrastructures, de la transformation alimentaire, de l¡¯industrie manufacturi¨¨re et textile, des services de s¨¦curit¨¦, du travail domestique et m¨ºme de la culture du th¨¦ et de la cardamome.
Environ 70?% des personnes interrog¨¦es dans le cadre de cette ¨¦tude avaient moins de 35?ans et 96?% d¡¯entre elles ¨¦taient mari¨¦es. Presque 70?% n¡¯ont pas d¨¦pass¨¦ l¡¯¨¦cole primaire. Sans dipl?me ni qualification professionnelle et face ¨¤ un nombre limit¨¦ d¡¯opportunit¨¦s, elles se voient contraintes d¡¯occuper des emplois journaliers. Au moins 83?% d'entre elles ont quitt¨¦ l¡¯Inde rurale, pouss¨¦es, pour pr¨¨s de la moiti¨¦, principalement par le ch?mage ou encore l¡¯¨¦chec des r¨¦coltes, les catastrophes naturelles et la pauvret¨¦.
Malgr¨¦ des frais de subsistance relativement ¨¦lev¨¦s dans les grandes villes par rapport aux villages, les migrants touchent des salaires tr¨¨s bas. Ils vivent donc dans de mauvaises conditions, notamment en raison d¡¯un acc¨¨s limit¨¦, voire inexistant, aux services publics absolument essentiels en p¨¦riode de COVID-19 tels que l'approvisionnement en eau et ¨¤ l'assainissement, venant s¡¯ajouter aux p¨¦nuries alimentaires et ¨¤ la malnutrition. Sumit Kumar travaille dans le b?timent depuis plus de dix ans. Il explique ?: ??Nous habitons dans de petits cabanons pour les ouvriers. Il est impossible d¡¯isoler les malades et il n¡¯y a pas assez de toilettes. Nous mettre en quarantaine dans ces conditions va faire empirer la situation. La nourriture est une source de pr¨¦occupation majeure (¡) Par cons¨¦quent, nous ne pouvons pas survivre sans travailler.??
De plus, la plupart des migrants sur le retour en raison de la pand¨¦mie actuelle ont d? parcourir un trajet difficile pour regagner des r¨¦gions ¨¦loign¨¦es. Certains estiment que les politiques existantes n'ont pas r¨¦ussi ¨¤ garantir une protection juridique ou sociale ¨¤ ces groupes vuln¨¦rables. D¡¯apr¨¨s Sanjay Yadav, les personnes ??revenues dans les villages sont toujours sans emploi??. ??M¨ºme nos voisins et nos familles ont peur de nous, nous n'avons pas d'argent pour revenir travailler dans les villes (¡) Tout cela nous affecte aussi bien psychologiquement que physiquement??, a-t-il ajout¨¦. ??Au-del¨¤ de la peur du virus, nous redoutons l'incertitude ¨¦conomique??, a d¨¦clar¨¦ une autre personne interrog¨¦e.
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