16 ao?t 2018

Mich¨¨le Coninsx, Sous-Secr¨¦taire g¨¦n¨¦rale adjointe (¨¤ gauche), en visite en Iraq, le 7 mars 2018, en compagnie du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral adjoint Vladimir Voronkov du Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies. ? UNAMI

Le terrorisme est un fl¨¦au qui n¡¯¨¦pargne aucun continent ni aucun pays. Pour r¨¦pondre ¨¤ cette menace qui p¨¨se sur la paix et la s¨¦curit¨¦, la coop¨¦ration internationale est cruciale. Les Nations Unies occupent une place unique pour aider les ?tats Membres ¨¤ pr¨¦venir efficacement les actes terroristes ¨¤ l¡¯int¨¦rieur de leurs fronti¨¨res et dans les r¨¦gions. L¡¯approche ¨¤ multiples volets qu¡¯elles proposent leur offre aussi des moyens de traiter simultan¨¦ment des questions diverses, mais interd¨¦pendantes.

L¡¯un des outils disponibles est l¡¯Agenda 2030 pour le d¨¦veloppement durable, qui comprend les objectifs de d¨¦veloppement durable (ODD). Objectifs ambitieux et fondamentaux visant ¨¤ s¡¯attaquer aux d¨¦fis s¨¦rieux li¨¦s au d¨¦veloppement, un certain nombre d¡¯entre eux peuvent aussi appuyer directement ou indirectement les efforts d¨¦ploy¨¦s pour lutter contre le terrorisme en traitant les conditions qui facilitent sa propagation. Certaines de ces conditions ont ¨¦t¨¦ identifi¨¦es comme l¡¯absence de possibilit¨¦s socio-¨¦conomiques; la marginalisation et la discrimination; une mauvaise gouvernance; la violation des droits de l¡¯homme et de l¡¯¨¦tat de droit; des conflits prolong¨¦s et non r¨¦solus; et la radicalisation dans les prisons.

Tandis que l¡¯Agenda 2030 est crucial pour r¨¦pondre aux nombreux d¨¦fis li¨¦s au d¨¦veloppement auxquels le monde est confront¨¦, il incombe au Conseil de s¨¦curit¨¦ des Nations Unies de faire face aux menaces qui p¨¨sent sur la la paix et la s¨¦curit¨¦ internationales, y compris aux actes de terrorisme. Depuis 2001, le Comit¨¦ contre le terrorisme, cr¨¦¨¦ par le Conseil, supervise la mise en ?uvre par les ?tats Membres des r¨¦solutions relatives ¨¤ la pr¨¦vention et ¨¤ la lutte contre ce fl¨¦au. La Direction ex¨¦cutive du Comit¨¦ contre le terrorisme (DECT) applique les d¨¦cisions politiques de celui-ci, ¨¦value avec des experts la situation de chaque ?tat Membre et facilite l¡¯apport d¡¯une assistance technique aux pays. Entre 2004 et 2014, trois r¨¦solutions majeures ont guid¨¦ les activit¨¦s de la DECT. Au cours des trois derni¨¨res ann¨¦es, plus de 20 r¨¦solutions ont ¨¦t¨¦ adopt¨¦es par le Conseil de s¨¦curit¨¦ qui ont eu une influence non seulement sur les activit¨¦s de la DECT, mais aussi sur des actions internationales plus vastes.

L¡¯augmentation consid¨¦rable du nombre de r¨¦solutions et de leur champ d¡¯application, adopt¨¦es par le Conseil de s¨¦curit¨¦ dans ce domaine, est li¨¦e aux ¨¦v¨¦nements qui se sont produits sur la sc¨¨ne internationale. Face ¨¤ l¡¯¨¦volution significative du terrorisme ¨¤ l¡¯¨¦chelle mondiale au cours des derni¨¨res ann¨¦es, le Conseil a pris des mesures d¨¦cisives.

Un fait nouveau a ¨¦t¨¦ l¡¯¨¦mergence de l¡¯EIIL (Daesh) et les pertes de territoires qui ont suivi. Mais le retrait de l¡¯organisation terroriste des zones de conflit en Iraq et en Syrie pose des d¨¦fis diff¨¦rents pour le monde, comme les combattants terroristes ¨¦trangers; le financement du terrorisme; les menaces ¨¤ la s?ret¨¦ a¨¦rienne et aux infrastructures critiques, y compris les cibles ??vuln¨¦rables??; l¡¯acquisition d¡¯armes par les terroristes; le trafic d¡¯¨ºtres humains; les discours terroristes; et l¡¯exploitation des technologies de l¡¯information et des communications (TIC) par les terroristes.

L¡¯un des d¨¦fis les plus importants li¨¦s ¨¤ l¡¯¨¦volution du terrorisme concerne le retour et la r¨¦installation des combattants terroristes ¨¦trangers (CTE). Bien que peu de personnes qui reviennent d¡¯Iraq et de Syrie ou qui se r¨¦installent dans un pays tiers aient commis des actes terroristes, celles qui les ont commis ont ¨¦t¨¦ responsables des attaques les plus meurtri¨¨res au cours des trois derni¨¨res d¨¦cennies. Les CTE ont aussi jou¨¦ un r?le important dans la cr¨¦ation et le renforcement des groupes terroristes ainsi que dans la radicalisation et le recrutement par le biais des r¨¦seaux terroristes. Il est particuli¨¨rement difficile pour les ?tats d¡¯¨¦valuer les individus qui constituent une menace ou qui sont susceptibles de contribuer ¨¤ la radicalisation, au recrutement et ¨¤ la formation de groupes terroristes une fois de retour ou r¨¦install¨¦s. M¨ºme si leur d¨¦tention peut att¨¦nuer ou, au moins, ¨¦carter le risque pos¨¦ par le retour ou la r¨¦installation des combattants terroristes ¨¦trangers, de nombreux ?tats ont des difficult¨¦s ¨¤ proc¨¦der ¨¤ des condamnations. Cela vient du fait qu¡¯il est plus difficile de recueillir des preuves sur un champ de bataille que sur un lieu de crime traditionnel, une question que la r¨¦solution 2322 (2016) du Conseil de s¨¦curit¨¦ tente de r¨¦soudre. Suite ¨¤ la r¨¦solution 2396 (2017), les ?tats Membres ont ¨¦t¨¦ encourag¨¦s ¨¤ partager des informations et des preuves ainsi qu¡¯¨¤ ¨¦laborer des strat¨¦gies concernant les poursuites, la r¨¦installation et la r¨¦insertion, y compris des programmes qui traitent de la radicalisation dans les prisons. Le Conseil s¡¯est aussi pench¨¦ sur les besoins des enfants affect¨¦s par les activit¨¦s des combattants terroristes ¨¦trangers, y compris ceux qui sont n¨¦s sur un territoire contr?l¨¦ par une organisation terroriste.

Une autre question s¨¦rieuse concerne l¡¯exploitation d¡¯Internet et des r¨¦seaux sociaux par des groupes terroristes non seulement pour inciter ¨¤ commettre des actes de terrorisme, mais aussi pour faciliter de nombreuses activit¨¦s illicites, y compris le recrutement, ou pour financer, planifier et faciliter des actes de terrorisme. Si ces d¨¦fis ne sont pas nouveaux, une attention plus marqu¨¦e leur est apport¨¦e alors que les entreprises et les gouvernements ont des difficult¨¦s ¨¤ trouver un ¨¦quilibre entre la protection d¡¯un environnement ouvert et la pr¨¦vention des abus.

L¡¯initiative ??Tech Against Terrorism?? a ¨¦t¨¦ lanc¨¦e en 2017 pour emp¨ºcher les terroristes d¡¯utiliser la technologie ¨¤ des fins terroristes. Partenariat priv¨¦-public visant ¨¤ aider les ?tats Membres et les entreprises ¨¤ traiter cette question et d¡¯autres questions connexes, elle b¨¦n¨¦ficie du soutien et de la participation active de repr¨¦sentants de l¡¯industrie des technologies, dont Facebook, Google, Microsoft et Twitter. Elle a ¨¦t¨¦ lanc¨¦e par la DECT et l¡¯organisation non gouvernementale ICT4Peace afin de jeter des ponts entre les partenaires et a conduit ¨¤ la mise en place d¡¯un cadre normatif d¡¯autor¨¦glementation permettant d¡¯orienter la lutte contre l¡¯utilisation d¡¯Internet ¨¤ des fins terroristes. Cette initiative permettra aussi aux petites entreprises de technologie et de m¨¦dias sociaux qui font face ¨¤ de nombreux d¨¦fis ¨C humains, financiers ou li¨¦s ¨¤ la gestion ¨C d¡¯¨¦laborer des mesures et de les mettre en ?uvre pour lutter contre les activit¨¦s terroristes en ligne. Elle a ¨¦t¨¦ reconnue par le Conseil de s¨¦curit¨¦ dans ses r¨¦solutions 2395 et 2396 (2017). ? cet ¨¦gard, la r¨¦solution 2354 (2017) du Conseil est aussi importante, car elle vise ¨¤ lutter contre les discours terroristes et ¨¤ pr¨¦venir l¡¯utilisation d¡¯Internet par les terroristes.

Depuis sa cr¨¦ation, la DECT a effectu¨¦, au nom du Comit¨¦ de lutte contre le terrorisme, plus de 40 visites dans plus de 100 ?tats Membres dans chaque r¨¦gion du monde. Membre important de l¡¯?quipe sp¨¦ciale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies (CTITF), elle travaille tr¨¨s ¨¦troitement avec le Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies charg¨¦ de coordonner les efforts du syst¨¨me de l¡¯Organisation dans ce domaine. Nous avons de vastes connaissances, en particulier des capacit¨¦s pour lutter?contre le terrorisme. Compte tenu des nombreux d¨¦fis auxquels nous sommes confront¨¦s actuellement dans le monde, y compris ceux li¨¦s au d¨¦veloppement, ¨¤ la s¨¦curit¨¦, ¨¤ l¡¯¨¦tat de droit et aux droits de l¡¯homme, nous devons tous travailler simultan¨¦ment sur plusieurs fronts. Mais il est impossible de traiter seul ces questions. La coop¨¦ration est cruciale. Ce n¡¯est que par une action constante et en donnant suite ¨¤ nos engagements communs que nous pourrons assurer un monde s?r, prosp¨¨re et durable.

La DECT est pr¨ºte ¨¤ partager les connaissances et les bonnes pratiques que nous avons recueillies au cours des ann¨¦es, y compris l¡¯expertise technique sur la fa?on de mettre en ?uvre les r¨¦solutions du Conseil de s¨¦curit¨¦. En tant que Directrice ex¨¦cutive de la DECT, j¡¯invite instamment toutes les parties ¨¤ saisir cette occasion.

?

La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?