1 septembre 2007

Il y a quatre ans, ¨¤ Douglasville, en G¨¦orgie, Gernarlow Wilson, un lyc¨¦en ?g¨¦ de 17 ans, commettait une faute fatale qui allait faire basculer sa vie. Lors du r¨¦veillon du Nouvel An, il a eu des rapport sexuels avec une jeune fille de 15 ans consentante. Inculp¨¦, il a ¨¦t¨¦ condamn¨¦ pour infractions sexuelles commises sur enfant avec circonstances aggravantes et s'est vu infliger une peine de prison de dix ans qu'il devra purger dans une prison de l'?tat, sans possibilit¨¦ de mise en libert¨¦ surveill¨¦e.
Aujourd'hui ?g¨¦ de 21 ans, il a d¨¦j¨¤ pass¨¦ un peu plus de deux ans en prison. Apr¨¨s sa condamnation et la sentence re?ue, une nouvelle loi est entr¨¦e en vigueur en 2006 en G¨¦orgie, appel¨¦e la loi ? Rom¨¦o et Juliette ?, qui pr¨¦voit qu'un mineur accus¨¦ de rapports sexuels avec une partenaire consentante ne peut ¨ºtre sanctionn¨¦ aussi s¨¦v¨¨rement. Si ce statut ¨¦tait r¨¦troactif ou mis en vigueur au moment de l'acte de fellation, G. Wilson aurait ¨¦t¨¦ seulement condamn¨¦ pour d¨¦lit mineur, aurait re?u une peine de 12 mois et n'aurait pas ¨¦t¨¦ inscrit au fichier des d¨¦linquants sexuels.
Cette contradiction l¨¦gale a donn¨¦ lieu ¨¤ des manifestations locales et nationales, compte tenu du fait que Wilson avait un casier judiciaire vierge et ¨¦tait un bon ¨¦l¨¨ve. Beaucoup pensent que sa condamnation et la peine qui lui a ¨¦t¨¦ inflig¨¦e sont dues ¨¤ un exc¨¨s de z¨¨le et fond¨¦es sur des motifs raciaux. ? Dans cette affaire, la d¨¦cision ¨¦tait laiss¨¦e ¨¤ l'appr¨¦ciation du procureur. C'est pourquoi le soutien du public a ¨¦t¨¦ si important. Il est clair que la peine est trop lourde par rapport au d¨¦lit commis ?, a estim¨¦ B.J Bernstein, avocate du jeune homme. ? Ce que nous voulons, c'est lui rendre justice, sans traitement particulier. Dans cette affaire, tout le monde convient qu'il existe un probl¨¨me. Les parents en sont conscients. Les Noirs aussi. Les Blancs aussi. Ce que nous voyons, c'est le r¨¦sultat de la guerre contre la criminalit¨¦. Dans cette affaire, le procureur n'a pas us¨¦ de son pouvoir d'appr¨¦ciation. Il n'avait aucune intention de prendre en consid¨¦ration l'intention pour laquelle la loi sur les infractions sexuelles sur enfant avec circonstances aggravantes a ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦e. Cette loi n'¨¦tait pas destin¨¦e aux adolescents comme Gernarlow, a-t-elle ajout¨¦.
B.J. Bernstein fait allusion ¨¤ la campagne actuelle men¨¦e par le procureur du comt¨¦ de Douglas et le procureur g¨¦n¨¦ral de l'?tat de G¨¦orgie, Thurbert Baker, en vue de soutenir l'¨¦tat de droit, quelles que soient les circonstances att¨¦nuantes de l'affaire. Plusieurs hommes politiques am¨¦ricains de haut niveau, des activistes des droits civils, des organisations de m¨¦dias et m¨ºme quelques-uns des jur¨¦s qui ont condamn¨¦ G. Wilson ont plaid¨¦ pour sa la lib¨¦ration.
En mai 2007, l'ancien Pr¨¦sident am¨¦ricain, Jimmy Carter, a adress¨¦ une lettre au procureur g¨¦n¨¦ral, dans laquelle il ¨¦voque le facteur racial dans l'affaire. ? La dimension raciale de l'affaire est difficile ¨¤ ignorer et a probablement eu un impact dans la d¨¦cision finale ?, a-t-il ¨¦crit, signalant que les peines ¨¦taient moins s¨¦v¨¨res lorsque des Blancs ¨¦taient jug¨¦s pour les m¨ºmes raisons. Selon le Georgia Department of Juvenile Justice, en G¨¦orgie, plus de 60 % des infractions sexuelles parmi les jeunes avec consentement de la victime sont commises par des adolescents blancs. Toutefois, les jeunes Noirs re?oivent les peines les plus s¨¦v¨¨res.
Un des supporters de Wilson, Charles Stelle, pr¨¦sident de la Southern Christian Leadership Conference (SCLC) est intervenu dans la pol¨¦mique. Lors d'une conf¨¦rence, il s'est adress¨¦ ¨¤ un large public compos¨¦ des membres de la SCLC : ? Alors que nous nous pr¨¦parons ¨¤ la 50e conf¨¦rence annuelle de la SCLC, nous nous pr¨¦parons aussi ¨¤ nous battre. Nous descendrons dans la rue pour demander que la justice qui a ¨¦t¨¦ ni¨¦e jusqu'¨¤ pr¨¦sent par le syst¨¨me l¨¦gal de cet ?tat soit rendue. ? L'Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP), ESPN, The New York Times et l'Atlanta Journal-Constitution se sont associ¨¦s ¨¤ la SCLC pour demander la lib¨¦ration de G. Wilson.
En juin 2007, le juge de la Cour sup¨¦rieure du comt¨¦ de Monroe Thomas Wilson (aucun degr¨¦ de parent¨¦) a ordonn¨¦ la lib¨¦ration du Gernarlow Wilson et r¨¦duit sa peine au temps pass¨¦ en prison, consid¨¦rant qu'il s'agissait d'une ? erreur judiciaire ?. Le juge a dit : ? Si cette Cour, ou toute autre Cour, ne peut reconna¨ªtre l'injustice de ce qui s'est pass¨¦ ici, notre syst¨¨me p¨¦nal a alors perdu de vue ce que notre syst¨¨me judiciaire s'est toujours efforc¨¦ d'accomplir - rendre la justice de mani¨¨re ¨¦quitable et juste. ?
En r¨¦ponse, le procureur g¨¦n¨¦ral Baker a fait appel aupr¨¨s de la Cour supr¨ºme de G¨¦orgie - une initiative qui a prolong¨¦ l'incarc¨¦ration de G. Wilson. Il a expliqu¨¦ qu'il a d¨¦cid¨¦ de faire appel pour deux raisons principales : l'impact que la d¨¦cision pourrait avoir sur d'autres affaires et le fait que le juge avait outrepass¨¦ ses pouvoirs. ? Les tentatives de la Cour d'amender le jugement, de fixer une nouvelle peine ¨¦gale au temps pass¨¦ en prison, aussi l¨¦gitimes que soient les intentions, ne sont simplement pas autoris¨¦es par la loi de l'?tat de G¨¦orgie ?, a expliqu¨¦ M. Baker. ? ? la lumi¨¨re des modifications apport¨¦es ¨¤ la loi en 2006, je crois personnellement que la peine est s¨¦v¨¨re, mais seule la loi et non mes croyances personnelles entrent en ligne de compte; mon devoir constitutionnel est de faire respecter la loi ?, a-t-il ajout¨¦.
Pourtant, tout au long de l'incarc¨¦ration de M. Wilson, beaucoup ont critiqu¨¦ l'attitude du procureur, estimant que lorsque le plaignant ¨¦tait pauvre, noir ou un immigr¨¦, l'appr¨¦ciation du procureur ¨¦tait limit¨¦e, voire inexistante. Mme Bernstein s'est expliqu¨¦ : ? Quand un jeune homme de 17 ans a des rapports sexuels avec une jeune fille de 15 ans, le viol tel qu'il est d¨¦fini par la loi est sanctionn¨¦ par une peine de prison maximale de douze mois pour d¨¦lit, sans ¨ºtre inscrit sur le casier judiciaire. Mais quand cette mineure de 15 ans a des rapport sexuels avec ce m¨ºme jeune homme de 17 ans, il est alors consid¨¦r¨¦ coupable d'agression sexuelle sur enfant avec circonstances aggravantes, et encourt une peine de prison de dix ans, avec mention ¨¤ vie sur son casier judiciaire. ? Elle a ajout¨¦ que ? la loi de G¨¦orgie au moment des faits viole la protection ¨¦gale des lois garantie par la constitution des ?tats-Unis. Il appartient au procureur de d¨¦terminer si la peine est justifi¨¦e par rapport ¨¤ l'infraction suppos¨¦e. ?
Bien que la loi g¨¦orgienne ait r¨¦vis¨¦ la loi sur les infractions sexuelles sur enfant avec circonstances aggravantes, dans l'affaire de Marcus Dixon, l'avenir d'un autre jeune Noir a ¨¦t¨¦ chang¨¦ ¨¤ jamais. En f¨¦vrier 2003, il a eu des rapports sexuels avec une ¨¦l¨¨ve de classe blanche consentante, qui venait d'avoir 16 ans et ¨¦tait pr¨¦sum¨¦e vierge. Deux jours plus tard, elle l'a accus¨¦ de viol. En mai 2004, M. Dixon, un ¨¦l¨¨ve brillant, ?g¨¦ alors de 18 ans, qui aspirait ¨¤ faire partie de l'une des ¨¦quipes de football am¨¦ricain universitaire, a ¨¦t¨¦ condamn¨¦ ¨¤ une peine de prison de dix ans qu'il devra purger dans une prison de l'?tat. Il a ¨¦t¨¦ acquitt¨¦ pour viol, mais a ¨¦t¨¦ reconnu coupable d'infractions sexuelles sur enfant avec circonstances aggravantes. Les rapports sexuels avec une jeune fille vierge consentante tombaient alors dans le cadre de cette loi. Sa Bourse de football ¨¤ Vanderbilt University a ¨¦t¨¦ r¨¦voqu¨¦e suite ¨¤ son arrestation.
L'affaire a attir¨¦ l'attention nationale et suscit¨¦ de vives critiques de la part des organisations de d¨¦fense des droits civils comme la NAACP. Un an apr¨¨s, la Cour supr¨ºme de G¨¦orgie a r¨¦voqu¨¦ la condamnation pour infractions sexuelles sur enfant avec circonstances aggravantes, mais maintenu la condamnation pour viol pr¨¦vue par la loi, qui donne lieu ¨¤ une peine maximale d'un an et une amende de 1 000 dollars. La Cour supr¨ºme a alors demand¨¦ au corps l¨¦gislatif de modifier la loi sur les infractions sexuelles sur enfant avec circonstances aggravantes afin de refl¨¦ter l'intention de la loi, mais rien n'a ¨¦t¨¦ fait jusqu'¨¤ ce que l'affaire Gernarlow Wilson ravive la pol¨¦mique. En attendant, G.Wilson est toujours en prison - son avenir, comme celui de M. Dixon, ¨¦tant entre les mains de la Cour supr¨ºme de G¨¦orgie.
Juanessa Bennett, la m¨¨re de G. Wilson et sa meilleure alli¨¦e, a dit qu'il y avait encore de l'espoir. ? C'¨¦tait un ¨¦l¨¨ve brillant. Je pense qu'il a encore une chance de finir ses ¨¦tudes et d'aller ¨¤ l'universit¨¦ une fois sorti de prison. Mais avec une condamnation criminelle, il ne pourra pas recevoir l'¨¦ducation qu'il m¨¦rite ?, a-t-elle indiqu¨¦. ? Mais j'esp¨¨re tout de m¨ºme qu'il pourra continuer ses ¨¦tudes. Il a pris du retard. Il devra rattraper le temps perdu, peut-¨ºtre en suivant des cours pendant l'¨¦t¨¦, mais je pense qu'il a encore une chance ?, esp¨¨re-t-elle.

?

La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?