1 d¨¦cembre 2007

Un ordre du jour ambitieux a ¨¦t¨¦ fix¨¦ dans le cadre des Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement afin d'am¨¦liorer la qualit¨¦ de vie de tous et de promouvoir le d¨¦veloppement humain. Les OMD repr¨¦sentent notre aspiration commune pour une vie meilleure et fournit une feuille de route sur la mani¨¨re d'y parvenir. Or, ils ne pourront ¨ºtre r¨¦alis¨¦s que si les gouvernements, la soci¨¦t¨¦ civile et les institutions internationales travaillent ensemble pour traiter les questions de population comme une priorit¨¦ du d¨¦veloppement, en particulier garantir la sant¨¦ et les droits en mati¨¨re de procr¨¦ation, sp¨¦cialement ceux des pauvres et des femmes. Cette vision est contenue dans le Programme d'action de la Conf¨¦rence internationale sur la population et le d¨¦veloppement (CIPD), qui a ¨¦t¨¦ adopt¨¦e par 179 gouvernements en 1979. L'objectif de l'acc¨¨s universel ¨¤ la sant¨¦ g¨¦n¨¦sique de la CIPD d'ici ¨¤ 2015 entre dans le cadre des OMD, l'objectif 5 qui vise ¨¤ am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle. L'acc¨¨s ¨¤ la sant¨¦ g¨¦n¨¦sique peut avoir un impact important sur le d¨¦veloppement, non seulement pour am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle mais aussi pour r¨¦aliser tous les OMD.


Lien entre pauvret¨¦, sant¨¦ et droits en mati¨¨re de procr¨¦ation. Les maladies et les d¨¦c¨¨s li¨¦s ¨¤ une mauvaise sant¨¦ g¨¦n¨¦sique repr¨¦sentent un cinqui¨¨me du fardeau mondial des maladies et pr¨¨s d'un tiers pour toutes les femmes. Chaque ann¨¦e, plus de 500 000 femmes meurent en couches, dont plus de 95 % en Afrique et en Asie. Chaque minute, quatre personnes sont infect¨¦es par le VIH et chaque ann¨¦e 2,1 millions meurent du sida.
Bien que d¨¦vastatrices, ces statistiques mondiales ne traduisent pas vraiment la trag¨¦die d'une famille quand une m¨¨re meurt en couches ou quand un enfant perd un membre de la famille ¨¤ cause du sida. C'est une double trag¨¦die parce que nous savons comment pr¨¦venir ces maladies. Des interventions efficaces existent. Pourtant aujourd'hui, ce sont les pauvres qui ont le moins acc¨¨s ¨¤ l'¨¦ducation et aux soins de sant¨¦, y compris ¨¤ la sant¨¦ g¨¦n¨¦sique, ce qui les enferme dans un cycle vicieux de pauvret¨¦ et de sant¨¦ pr¨¦caire qui se perp¨¦tue souvent de g¨¦n¨¦ration en g¨¦n¨¦ration. C'est ce pi¨¨ge de la pauvret¨¦ qu'il faut briser si nous voulons r¨¦aliser les OMD. Les investissements dans la sant¨¦ sexuelle et g¨¦n¨¦sique jouent un r?le important.


Avantages de l'investissement dans la sant¨¦ et les droits en mati¨¨re de procr¨¦ation. La qualit¨¦ de la sant¨¦ g¨¦n¨¦sique permet aux couples et aux individus de mener une vie plus saine et plus productive et, en retour, de contribuer davantage aux revenus de leur foyer et ¨¤ l'¨¦conomie nationale. Les b¨¦n¨¦fices sont connus et document¨¦s. Ils sont nombreux. Ils comprennent la pr¨¦vention des d¨¦c¨¨s dus au VIH/sida et au cancer, les complications ¨¤ la naissance et les avortements effectu¨¦s dans de mauvaises conditions; la pr¨¦vention ou la r¨¦duction des conditions incapacitantes comme la fistule obst¨¦trique ou d'autres maladies sexuelles et g¨¦n¨¦siques; l'am¨¦lioration de l'¨¦tat nutritionnel et la diminution du risque d'an¨¦mie chez les femmes; l'augmentation des taux de survie et une meilleure sant¨¦ pour les nouveau-n¨¦s. On estime que l'acc¨¨s ¨¤ la planification familiale volontaire pourrait r¨¦duire la mortalit¨¦ maternelle de 20 ¨¤ 35 %, et la mortalit¨¦ infantile de 20 %. De plus, la Banque mondiale estime que dispenser des soins qualifi¨¦s lors de l'accouchement, en particulier l'acc¨¨s aux soins obst¨¦tricaux d'urgence, r¨¦duirait la mortalit¨¦ maternelle d'environ 74 %.


Ce sont des avantages importants. Mais si ces chiffres sont impressionnants, le personnel, les avantages sociaux et ¨¦conomiques apport¨¦s par la sant¨¦ g¨¦n¨¦sique peuvent ¨ºtre m¨ºme plus importants. Ils sont extr¨ºmement importants pour le bien-¨ºtre humain et le d¨¦veloppement ¨¦conomique. Ils comprennent l'am¨¦lioration de la condition de la femme et une plus grande ¨¦galit¨¦ entre les femmes et les hommes, ainsi que des avantages pour les individus, pour les m¨¦nages et la soci¨¦t¨¦. Une ¨¦tude men¨¦e au Mexique a r¨¦v¨¦l¨¦ que pour chaque peso que le syst¨¨me de s¨¦curit¨¦ sociale mexicain a d¨¦pens¨¦ pour les services de planification familiale entre 1972 et 1984, il en ¨¦conomisait neuf pour les d¨¦penses consacr¨¦es au traitement des complications de l'avortement r¨¦alis¨¦ dans de mauvaises conditions et aux soins dispens¨¦s ¨¤ la m¨¨re et ¨¤ l'enfant. En Tha?lande, chaque dollar investi dans les programmes de planification familiale a permis au gouvernement d'¨¦conomiser plus de 16 dollars. Et encore plus impressionnant, une ¨¦tude r¨¦alis¨¦e en ?gypte a r¨¦v¨¦l¨¦ que chaque dollar investi dans la planification familiale permettait au gouvernement d'¨¦conomiser 31 dollars. Cette projection comprenait les d¨¦penses du gouvernement pour l'¨¦ducation, l'alimentation, la sant¨¦, le logement, l'eau et les services d'assainissement.


Les ¨¦tudes montrent aussi que les avantages vont au-del¨¤ des ¨¦conomies gouvernementales. Dans les r¨¦gions o¨´ la mortalit¨¦ est ¨¦lev¨¦e, les parents ont tendance ¨¤ avoir plus d'enfants, mais investissent moins dans l'¨¦ducation et la sant¨¦ de chacun d'entre eux, ce qui a des effets n¨¦fastes sur les perspectives ¨¦conomiques. On sait aussi que les maladies chroniques, une sant¨¦ pr¨¦caire et une productivit¨¦ faible d¨¦couragent les investissements ¨¦trangers directs dans le commerce et l'infrastructure. En outre, les investissements dans la sant¨¦ g¨¦n¨¦sique, en particulier la planification familiale, peuvent produire ce qu'on appelle une ? prime d¨¦mographique ?. Ceci est encourag¨¦ par des taux de f¨¦condit¨¦ et de mortalit¨¦ plus bas et une plus grande proportion de la population active en bonne sant¨¦ et ayant relativement moins de personnes ¨¤ charge. Si l'emploi est g¨¦n¨¦r¨¦ pour la population active, cette prime se traduit par une plus grande productivit¨¦, de plus grandes ¨¦conomies et une croissance ¨¦conomique plus forte. En Asie de l'Est o¨´ la pauvret¨¦ a chut¨¦ consid¨¦rablement, on estime que la prime d¨¦mographique repr¨¦sente un tiers de la croissance ¨¦conomique sans pr¨¦c¨¦dent de la r¨¦gion de 1965 ¨¤ 1990. Cette r¨¦gion abritant un nombre record de jeunes, il est temps d'investir dans les jeunes. Les opportunit¨¦s qui leur seront offertes en mati¨¨re d'¨¦ducation, de sant¨¦ et d'emploi d¨¦termineront notre avenir commun.


Investir dans la sant¨¦ g¨¦n¨¦sique est un moyen de lutter contre le VIH/sida. Il ne fait aucun doute qu'investir dans la sant¨¦ sexuelle et g¨¦n¨¦sique est une strat¨¦gie qui permet de r¨¦duire l'¨¦pid¨¦mie du VIH/sida. Avec plus de 75 % de cas de VIH transmis par voie sexuelle, au moment de l'accouchement et lors de l'allaitement, il est logique d'associer les efforts d¨¦ploy¨¦s pour lutter contre le VIH/sida et la sant¨¦ sexuelle et g¨¦n¨¦sique, ce qui b¨¦n¨¦ficierait tout particuli¨¨rement les femmes et les jeunes, qui souffrent de cette maladie de mani¨¨re disproportionn¨¦e.


Des liens plus ¨¦troits peuvent donner lieu ¨¤ des programmes plus pertinents et plus rentables ayant un plus grand impact. En utilisant les m¨ºmes services, le m¨ºme personnel de sant¨¦ et la m¨ºme infrastructure - en investissant dans la formation et la modernisation - nous pouvons fournir les r¨¦ponses dont nous avons tellement besoin pour am¨¦liorer la sant¨¦ maternelle, diminuer la mortalit¨¦ infantile, pr¨¦venir l'infection ¨¤ VIH et fournir conseils, traitement et soins. Les pays qui ont r¨¦duit de mani¨¨re drastique les taux de d'infection ¨¤ VIH ont eu recours aux interventions de sant¨¦ g¨¦n¨¦sique. Au Br¨¦sil, en Tha?lande et en Ouganda, par exemple, la mobilisation de la communaut¨¦ et les changements des comportements, y compris l'utilisation de pr¨¦servatifs, ont jou¨¦ un r?le vital.


Investir dans la sant¨¦ g¨¦n¨¦sique, c'est investir dans le d¨¦veloppement. Le rapport final du Projet du Mill¨¦naire, Investir dans le d¨¦veloppement, souligne l'importance d'investir dans la sant¨¦ sexuelle et g¨¦n¨¦sique dans le cadre des efforts de d¨¦veloppement globaux, en particulier pour renforcer les syst¨¨mes de sant¨¦ et am¨¦liorer la sant¨¦ publique. L'am¨¦lioration de l'acc¨¨s aux services de sant¨¦ sexuelle et g¨¦n¨¦sique, y compris la planification familiale, s'est r¨¦v¨¦l¨¦e ¨ºtre un des moyens rapides de r¨¦aliser les OMD. Mais ces arguments ne sont que des mots, tant qu'une action ambitieuse et d¨¦cisive ne sera pas prise. Une volont¨¦ politique renforc¨¦e, le partenariat et l'investissement sont n¨¦cessaires pour que la sant¨¦ et les droits en mati¨¨re de procr¨¦ation deviennent une r¨¦alit¨¦.**Mali, 2003. Fatoumata, 15 ans, tient dans les bras son fils Moussa qui vient de na¨ªtre. Mari¨¦e ¨¤ 14 ans, elle n'est jamais all¨¦e ¨¤ l'¨¦cole. Bien qu'au Mali, seulement 4 naissances sur 10 font l'objet de soins qualifi¨¦s, Fatoumata a pu accoucher dans un centre de sant¨¦ communautaire dot¨¦ d'un personnel m¨¦dical qualifi¨¦ et pourvu de mat¨¦riel m¨¦dical et d'une pharmacie approvisionn¨¦e.
© Save the Children/Michael Bisceglie

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