1 avril 2008


? l'initiative du roi Abdullah bin Abdul-Aziz Al Saud d'Arabie saoudite, les dirigeants mondiaux ont particip¨¦ les 12 et 13 novembre 2007 au Si¨¨ge de l'ONU ¨¤ New York ¨¤ une conf¨¦rence sur le dialogue interreligieux et interculturel pour promouvoir une culture de la paix. Parmi les chefs d'?tat et de gouvernement et les hauts fonctionnaires qui ont pris la parole figuraient le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l'ONU Ban Ki-moon, le roi Abdullah, le Pr¨¦sident isra¨¦lien Shimon Peres, le Pr¨¦sident afghan Hamid Karzai, le cardinal Jean-Louis Tauran, Pr¨¦sident du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux au Vatican, le Premier Ministre Salam Fayyad de l'Autorit¨¦ nationale palestinienne, le Pr¨¦sident des ?tats-Unis George W. Bush et le Pr¨¦sident pakistanais Asif Ali Zardari.
? l'ouverture de la r¨¦union, Miguel d'Escoto Brockmann, Pr¨¦sident de la soixante-troisi¨¨me session de l'Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale a d¨¦clar¨¦ que la crise actuelle ¨¤ laquelle le monde ¨¦tait aujourd'hui confront¨¦ ¨¦tait due ¨¤ un ? ¨¦go?sme insens¨¦ et suicidaire ?. Il a rappel¨¦ que le but de la r¨¦union n'¨¦tait ni de discuter de religion ni de th¨¦ologie mais d'? unir nos forces en tant que croyants ou adeptes de principes moraux afin de puiser dans nos valeurs morales et de nous soucier du destin d'autrui ?.
De son c?t¨¦, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral Ban Ki-moon a estim¨¦ que la mondialisation n'avait pas seulement uni le monde, mais l'avait aussi divis¨¦ en cr¨¦ant des soci¨¦t¨¦s polaris¨¦es, en exploitant l'islamophobie, l'antis¨¦mitisme ainsi que les st¨¦r¨¦otypes et les pr¨¦jug¨¦s culturels n¨¦gatifs. Il a indiqu¨¦ que le plus grand d¨¦fi actuel ¨¦tait d'assurer que la riche diversit¨¦ culturelle mondiale cr¨¦e un environnement plus s?r pour l'avenir de l'humanit¨¦. Il a soulign¨¦ l'importance d'instaurer ? un dialogue constructif ? auquel participeraient de nombreuses parties comme les institutions, les membres de la soci¨¦t¨¦ civile, les responsables gouvernementaux, les universitaires, les id¨¦ologues et surtout les jeunes.
Pour sa part, le roi Abdullah a indiqu¨¦ que le terrorisme et la criminalit¨¦ avaient toujours ¨¦t¨¦ des ennemis des religions et des civilisations. ? L'ali¨¦nation et le sentiment de d¨¦sarroi qui affectent les jeunes sont principalement dus ¨¤ la dissolution des liens familiaux que Dieu a voulu forts et solides ?, a-t-il ajout¨¦, esp¨¦rant que le dialogue permettrait de r¨¦instaurer et de r¨¦affirmer ces valeurs et ces principes importants.
Le Pr¨¦sident Shimon Peres a commenc¨¦ son discours en posant des questions dont les r¨¦ponses seraient identiques quels que soient les pays et les cultures : ? Dans notre r¨¦gion, les enfants portent les noms de proph¨¨tes qui sont sacr¨¦s pour nous tous. Pourquoi, Mo?se, Mosh¨¦ et Musa, et Abraham, Abrahim et Ibrahim grandiraient dans l'animosit¨¦ et se consid¨¦reraient comme des ennemis ? Comme l'a dit notre proph¨¨te : ?N'avons-nous pas tous un seul p¨¨re ? N'est-ce pas un seul Dieu qui nous a cr¨¦¨¦s ? Pourquoi donc nous trahissons-nous les uns les autres en profanant l'alliance de nos p¨¨res ??. S'adressant au roi Abdullah, le Pr¨¦sident Peres a fait remarquer: ?Votre majest¨¦, roi de l'Arabie saoudite, j'ai ¨¦cout¨¦ votre message. Je souhaite que votre voix devienne la voix dominante de toute la r¨¦gion, de tous les peuples. Ce message est juste. Il est n¨¦cessaire.? Faisant allusion au conflit arabo-isra¨¦lien, il a expliqu¨¦ que le but d'Isra?l ¨¦tait de mettre fin au conflit, d'¨¦tablir un accord de paix et d'assurer la s¨¦curit¨¦ pour tous les ?tats de la r¨¦gion. Il a ajout¨¦ que le dialogue contribuerait ¨¤ promouvoir une plus grande compr¨¦hension et ¨¤ construire un monde meilleur.
Le Pr¨¦sident Hamid Karzai a dit aux participants que ? toutes les religions du monde refl¨¨tent et nourrissent le d¨¦sir inn¨¦ de tous les ¨ºtres humains pour la paix et la r¨¦alisation de soi ?. Les conflits et les confrontations n'ont pas pour origine la religion mais la poursuite d'objectifs politiques ¨¦troits par des religieux ou des id¨¦ologues politiques, a-t-il estim¨¦. Il a conclu en rappelant qu'il ¨¦tait imp¨¦ratif de vaincre ? la peur et haine qui sont en nous ?.
Le cardinal Jean-Louis Tauran a estim¨¦ que les ? Nations Unies doivent ¨ºtre une ¨¦cole de la paix ?, o¨´ tous les ?tats Membres sont ¨¦gaux. Citant le pape Beno¨ªt XVI, il a rappel¨¦ que la paix ¨¦tait compromise par l'indiff¨¦rence, ajoutant que lorsque les gens se rassemblaient dans les temples, les ¨¦glises et les synagogues pour prier, ils faisaient l'exp¨¦rience de la fraternit¨¦ et se rappelaient que l'homme ne vivait pas seulement de pain.
Salam Fayyad a not¨¦ que la tol¨¦rance et la coexistence des religions ne pouvaient ¨ºtre encourag¨¦es qu'en approfondissant le dialogue vers la paix. Il a appel¨¦ tous les ?tats Membres ¨¤ soutenir ces principes fondamentaux et ¨¤ cr¨¦er une culture de la tol¨¦rance qui assure le droit aux croyances religieuses et ¨¤ la dignit¨¦. ? Le peuple palestinien, les musulmans et les chr¨¦tiens aspirent ¨¤ la paix et ¨¤ la justice et sont engag¨¦s ¨¤ promouvoir les principes de la coexistence pacifique ?, a-t-il d¨¦clar¨¦, promettant de poursuivre ses efforts pour promouvoir une paix durable fond¨¦e sur la justice et le respect de tous les droits afin que le peuple palestinien ne soit pas une victime mais participe ¨¤ l'histoire.
Lors de la deuxi¨¨me journ¨¦e du dialogue de haut niveau, le Pr¨¦sident Bush a dit aux participants que la libert¨¦ religieuse ¨¦tait ? la base d'une soci¨¦t¨¦ saine et pleine d'espoir ? et que le meilleur moyen de la sauvegarder ¨¦tait de r¨¦pandre la d¨¦mocratie. Il a expliqu¨¦ que dans une d¨¦mocratie, les gens pouvaient d¨¦fendre leurs croyances religieuses et s'¨¦riger contre ceux qui exploitaient la religion ¨¤ des fins subversives. Il a remerci¨¦ les participants d'avoir reconnu le ? pouvoir transformateur et motivant ? de la foi.
Le Pr¨¦sident Zardari a ralli¨¦ ceux pour qui la croyance en un seul Dieu unique unit tous les hommes. Il a condamn¨¦ les attaques terroristes et soulign¨¦ que le Pakistan avait aussi ¨¦t¨¦ victime du terrorisme. Il a d¨¦plor¨¦ la peur grandissante de l'islam et propos¨¦ l'¨¦laboration d'un agenda international o¨´ ? la discrimination fond¨¦e sur la religion est d¨¦courag¨¦e, les discours incitant ¨¤ la haine ne sont pas tol¨¦r¨¦s et l'islamophobie et l'antis¨¦mitisme sont combattus ?.
Ekmeleddin Ihsanoglu, Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l'Organisation de la Conf¨¦rence islamique (OIC) a indiqu¨¦ que le dialogue n'¨¦tait pas une initiative visant ¨¤ pr¨ºcher l'unit¨¦ des religions mais plut?t ¨¤ discuter et ¨¤ prendre conscience des points communs entre toutes les religions. S'exprimant au nom de la seule organisation intergouvernementale du monde musulman, il a indiqu¨¦ que l'oic croyait fermement que la diversit¨¦ des cultures et des religions ¨¦tait une part reconnue et essentielle du monde.
La r¨¦union a conclu avec l'adoption d'une r¨¦solution approuv¨¦e par consensus r¨¦affirmant l'engagement solennel des Nations Unies ¨¤ promouvoir le respect universel de tous les droits de l'homme et des libert¨¦s fondamentales, conform¨¦ment ¨¤ la Charte de l'ONU et de la D¨¦claration universelle des droits de l'homme.
Le Pr¨¦sident de l'Assembl¨¦e M. Brockmann a d¨¦clar¨¦ que la r¨¦union avait envoy¨¦ un message clair en indiquant que nous devions r¨¦instaurer les valeurs de fraternit¨¦ et de solidarit¨¦ si nous voulions ¨¦viter l'autodestruction. Il a ajout¨¦ que m¨ºme si nous sommes responsables de la crise actuelle, la communaut¨¦ internationale pouvait la combattre par des mesures courageuses, un engagement collectif et une responsabilit¨¦ partag¨¦e, en particulier en changeant de fa?on urgente les conditions de vie de millions de personnes qui vivent dans la pauvret¨¦ extr¨ºme.

?

La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?