Les femmes qui ont fa?onn¨¦ la D¨¦claration universelle des droits de l'homme
Le r?le pr¨¦pond¨¦rant qu¡¯a jou¨¦ Eleanor Roosevelt en tant que Pr¨¦sidente du Comit¨¦ de r¨¦daction de la D¨¦claration universelle des droits de l'homme a ¨¦t¨¦ amplement d¨¦montr¨¦. Mais d¡¯autres femmes ont ¨¦galement contribu¨¦ de mani¨¨re substantielle ¨¤ fa?onner ce texte. Certaines d¡¯entre elles, ainsi que de leurs contributions ¨¤ la prise en compte des droits des femmes dans la D¨¦claration universelle sont mises en avant ici (Source : Les femmes et la D¨¦claration universelle des droits de l'homme, Rebecca Adami, Routledge, 2018).
WOMEN WHO SHAPED THE UNIVERSAL DECLARATION | Les femmes qui ont fa?onn¨¦ la D¨¦claration universelle des droits de l'homme [PDF en anglais ]
ELEANOR ROOSEVELT
En 1946, Eleanor Roosevelt, Premi¨¨re dame des ?tats-Unis d¡¯Am¨¦rique de 1993 ¨¤ 1945, a ¨¦t¨¦ nomm¨¦e d¨¦l¨¦gu¨¦e ¨¤ l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies par le Pr¨¦sident am¨¦ricain Harry S. Truman (1884-1972). Elle a exerc¨¦ la fonction de premi¨¨re Pr¨¦sidente de la Commission des droits de l¡¯homme et a jou¨¦ un r?le cl¨¦ dans la r¨¦daction de la D¨¦claration universelle des droits de l'homme. Alors que les tensions entre l¡¯Est et l'Ouest s¡¯exacerbaient, Eleanor Roosevelt a us¨¦ de son immense prestige et de sa grande cr¨¦dibilit¨¦ aupr¨¨s des deux superpuissances pour mettre le processus de r¨¦daction sur la voie du succ¨¨s. En 1968, le Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l'homme lui a ¨¦t¨¦ d¨¦cern¨¦ ¨¤ titre posthume.
HANSA MEHTA
Hansa Mehta, de l'Inde, seule autre femme d¨¦l¨¦gu¨¦e ¨¤ la Commission des Nations Unies aux droits de l¡¯homme, de 1947 ¨¤ 1948, a ¨¦t¨¦ une militante fervente des droits des femmes en Inde et ¨¤ l¡¯¨¦tranger. On lui attribue g¨¦n¨¦ralement la transformation de la phrase ? tous les hommes naissent libres et ¨¦gaux ? en ? tous les ¨ºtres humains naissent libres et ¨¦gaux ? de l¡¯article premier de la D¨¦claration universelle des droits de l'homme.
MINERVA BERNARDINO
Diplomate et militante f¨¦ministe de la R¨¦publique dominicaine, Minerva Bernardino a jou¨¦ un r?le cl¨¦ dans la campagne visant ¨¤ faire appara?tre ? l¡¯¨¦galit¨¦ des hommes et des femmes ? dans le pr¨¦ambule de la D¨¦claration universelle des droits de l'homme. Avec d¡¯autres femmes originaires d¡¯Am¨¦rique latine (Bertha Lutz, du Br¨¦sil, et Isabel de Vidal, de l'Uruguay), elle a ¨¦galement pes¨¦ d¡¯une voie retentissante dans le plaidoyer en faveur de l¡¯introduction des droits des femmes et de la non-discrimination fond¨¦e sur le sexe dans la Charte des Nations Unies, qui, en 1945, est devenue le premier accord international ¨¤ reconna?tre l¡¯¨¦galit¨¦ de droits des hommes et des femmes.
BEGUM SHAISTA IKRAMULLAH
En tant que d¨¦l¨¦gu¨¦e ¨¤ la Troisi¨¨me Commission charg¨¦e des questions sociales, humanitaires et culturelles de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale, qui, en 1948, a pass¨¦ 81 r¨¦unions ¨¤ discuter du projet de D¨¦claration universelle des droits de l'homme, Begum Shaista Ikramullah, du Pakistan, a recommand¨¦ de mettre l'accent sur la libert¨¦, l¡¯¨¦galit¨¦ et le choix dans la D¨¦claration. Elle a d¨¦fendu l¡¯id¨¦e de l¡¯introduction de l¡¯article 16 sur les droits ¨¦gaux au regard du mariage, qu¡¯elle consid¨¦rait comme un moyen de lutter contre le mariage des enfants et les mariages forc¨¦s.
BODIL BEGTRUP
En tant que Pr¨¦sidente de la Sous-Commission de la condition de la femme en 1946, puis de la Commission de la condition de la femme en 1947, Bodil Begtrup, du Danemark, a recommand¨¦ que la D¨¦claration universelle emploie le terme ? tous ? ou ? chacun ? pour parler des titulaires de droits, plut?t que l¡¯expression ? tous les hommes ?. Elle a ¨¦galement propos¨¦ d¡¯inclure les droits des minorit¨¦s dans l¡¯article 26 relatif au droit ¨¤ l¡¯¨¦ducation mais ses id¨¦es ¨¦taient trop controvers¨¦es pour l¡¯¨¦poque. La D¨¦claration universelle des droits de l'homme ne fait aucune mention explicite des droits des minorit¨¦s, mais garantit l¡¯¨¦galit¨¦ de droits ¨¤ chacun.
MARIE-H?L?NE LEFAUCHEUX
En tant que Pr¨¦sidente de la Commission de la condition de la femme en 1948, Marie-H¨¦l¨¨ne Lefaucheux, de la France, a r¨¦ussi ¨¤ faire introduire la notion de non-discrimination fond¨¦e sur le sexe dans l¡¯article 2. Le texte final de l¡¯article d¨¦clare que ? Chacun peut se pr¨¦valoir de tous les droits et de toutes les libert¨¦s proclam¨¦es dans la pr¨¦sente D¨¦claration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ?.
EVDOKIA URALOVA
Evdokia Uralova, de la R¨¦publique socialiste sovi¨¦tique de Bi¨¦lorussie, ¨¦tait Rapporteur de la Commission de la condition de la femme aupr¨¨s de la Commission des droits de l¡¯homme en 1947. Elle a vigoureusement plaid¨¦ la cause de l¡¯¨¦galit¨¦ salariale des femmes. Gr?ce ¨¤ elle, l¡¯article 23 d¨¦clare que ? Tous ont droit, sans aucune discrimination, ¨¤ un salaire ¨¦gal pour un travail ¨¦gal ?. Tout comme Fryderyka Kalinowska, de Pologne, et Elizavieta Popova, de l¡¯Union des R¨¦publiques socialistes sovi¨¦tiques, elle a soulign¨¦ les droits des ressortissants des territoires non autonomes.
LAKSHMI MENON
Lakshmi Menon, d¨¦l¨¦gu¨¦e de l¡¯Inde ¨¤ la Troisi¨¨me Commission de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale en 1948, a pr¨¦conis¨¦ avec force la r¨¦p¨¦tition de la non-discrimination fond¨¦e sur le sexe dans l¡¯ensemble de la D¨¦claration universelle des droits de l'homme, ainsi que la mention de l¡¯ ? ¨¦galit¨¦ des droits des femmes et des hommes ? dans le pr¨¦ambule. Elle ¨¦tait ¨¦galement une adepte farouche de l¡¯? universalit¨¦ ? des droits de l¡¯homme, s¡¯opposant fortement au concept de ? relativisme colonial ? qui tendait ¨¤ nier les droits humains des peuples des pays sous domination coloniale. Si les femmes et les peuples sous domination coloniale ne sont pas explicitement mentionn¨¦s dans le D¨¦claration universelle, ils ne peuvent ¨ºtre consid¨¦r¨¦s comme ¨¦tant inclus dans le terme ? chacun ?, disait-elle.