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Programme de communication sur le g¨¦nocide des
Tutsis au Rwanda en 1994 et l'ONU

En 1994, La population du Rwanda ¨C plus de 7 millions d¡¯habitants ¨C se divise en trois groupes ethniques : les Hutus (qui constituaient environ 85% de la population), les Tutsis (14%) et les Twas (1%).

Avant la p¨¦riode coloniale

Avant la p¨¦riode coloniale, les Tutsis occupaient g¨¦n¨¦ralement les couches les plus ¨¦lev¨¦es du syst¨¨me social, et les Hutus les couches inf¨¦rieures, mais la mobilit¨¦ sociale ¨¦tait possible : un Hutu qui acqu¨¦rait un grand nombre de t¨ºtes de b¨¦tail ou une autre forme de richesse pouvait ¨ºtre assimil¨¦ au groupe tutsi, tandis qu¡¯un Tutsi pauvre ¨¦tait consid¨¦r¨¦ comme un Hutu. Il existait aussi un syst¨¨me de clans. Le clan tutsi des Nyinginya ¨¦tant le plus puissant. Au XIXe si¨¨cle, les Nyinginya ¨¦largirent leur influence par la conqu¨ºte et en offrant leur protection en ¨¦change d¡¯un tribut.

Fin des ann¨¦es 50

Le d¨¦but des conflits ethniques

L¡¯ancienne puissance coloniale, l¡¯Allemagne, perdit le contr?le du Rwanda pendant la Premi¨¨re Guerre mondiale, et le territoire fut ensuite plac¨¦ sous administration belge. A la fin des ann¨¦es 50, pendant la grande vague de d¨¦colonisation, les tensions augment¨¨rent au Rwanda. Le mouvement politique hutu, qui ne pouvait que tirer profit du scrutin ¨¤ majorit¨¦ absolue, gagnait en force, tandis que des segments de l¡¯Establishment tutsi r¨¦sistaient ¨¤ la d¨¦mocratisation et ¨¤ la perte de leurs privil¨¨ges.

Novembre 1959

En novembre 1959, un violent incident provoqua un soul¨¨vement hutu qui fit des centaines de morts parmi les Tutsis et obligea des milliers d¡¯autres ¨¤ fuir vers des pays voisins. Ce fut l¨¤ le d¨¦but de ce qu¡¯on appela ? la r¨¦volution paysanne hutue ? ou ? la r¨¦volution sociale ? qui dura de 1959 ¨¤ 1961. Elle marqua la fin de la domination tutsie et l¡¯exacerbation des tensions ethniques.

Ann¨¦es 60

Le Rwanda acc¨¨de ¨¤ l'ind¨¦pendance - 1962

En 1962, lorsque le Rwanda obtint son ind¨¦pendance, 120 000 personnes, essentiellement des Tutsis, s¡¯¨¦taient r¨¦fugi¨¦es dans les Etats voisins pour ¨¦chapper ¨¤ la violence qui avait accompagn¨¦ la prise graduelle du pouvoir par la communaut¨¦ hutue.

Un nouveau cycle de conflit et de violence ethniques continua apr¨¨s l¡¯ind¨¦pendance. Les Tutsis °ù¨¦´Ú³Ü²µ¾±¨¦²õ en Tanzanie et au Za?re et cherchant ¨¤ retrouver la position qui ¨¦tait la leur au Rwanda commenc¨¨rent ¨¤ s¡¯organiser et ¨¤ lancer des attaques contre des cibles hutues et contre le Gouvernement hutu.

1962 - 1967

Ils mont¨¨rent 10 attaques entre 1962 et 1967, chacune d¡¯entre elles provoquant, en repr¨¦sailles, le massacre d¡¯un grand nombre de civils tutsis au Rwanda, ce qui entra?nait de nouveaux flux de °ù¨¦´Ú³Ü²µ¾±¨¦²õ.

Ann¨¦es 80

480 000 Rwandais deviennent °ù¨¦´Ú³Ü²µ¾±¨¦²õ

A la fin des ann¨¦es 80, quelque 480 000 Rwandais ¨¦taient °ù¨¦´Ú³Ü²µ¾±¨¦²õ essentiellement au Burundi, en Ouganda, au Za?re et en Tanzanie. Ils continuaient de r¨¦clamer leur droit l¨¦gal international de retourner au Rwanda, mais Juv¨¦nal Habyarimana, alors Pr¨¦sident du Rwanda, estima que les pressions d¨¦mographiques ¨¦taient d¨¦j¨¤ trop fortes et les perspectives ¨¦conomiques trop insuffisantes pour que le pays puisse recevoir de grands nombres de °ù¨¦´Ú³Ü²µ¾±¨¦²õ tutsis.

La guerre civile

En 1988, le Front patriotique rwandais (FPR) fut fond¨¦ ¨¤ Kampala (Ouganda). C¡¯¨¦tait un mouvement politique et militaire dont l¡¯objectif d¨¦clar¨¦ ¨¦tait le retour des Rwandais exil¨¦s et la r¨¦forme du Gouvernement rwandais, en particulier le partage du pouvoir politique. Le FPR ¨¦tait compos¨¦ principalement de Tutsis exil¨¦s en Ouganda, dont un grand nombre avait servi dans l¡¯Arm¨¦e de r¨¦sistance nationale du Pr¨¦sident Yoweri Museveni, qui avait renvers¨¦ le Gouvernement ougandais pr¨¦c¨¦dent en 1986. M¨ºme s¡¯il y avait des Hutus dans les rangs du FPR, la majorit¨¦, en particulier les dirigeants, ¨¦tait des °ù¨¦´Ú³Ü²µ¾±¨¦²õ tutsis.

Ann¨¦es 1990

Octobre 1990

Le 1er octobre 1990, 7 000 combattants du FPR lanc¨¨rent une attaque majeure contre le Rwanda ¨¤ partir de l¡¯Ouganda. En raison des attaques perp¨¦tr¨¦es par le FPR qui firent des milliers de d¨¦plac¨¦s et d¡¯une politique d¨¦lib¨¦r¨¦e de propagande de la part du Gouvernement, tous les Tutsis vivant dans le pays furent qualifi¨¦s de complices du FPR, et les Hutus des parties d¡¯opposition, de tra?tres. Les m¨¦dias, en particulier la radio, continu¨¨rent de propager des rumeurs infond¨¦es, exacerbant ainsi les probl¨¨mes ethniques.

Ao?t 1993

En ao?t 1993, gr?ce aux efforts de r¨¦tablissement de la paix de l¡¯Organisation de l¡¯unit¨¦ africaine (OUA) et des gouvernements de la r¨¦gion, la signature de l¡¯Accord de paix d¡¯Arusha sembla avoir mis fin au conflit entre le gouvernement hutu de l¡¯¨¦poque et le parti d¡¯opposition le Front patriotique rwandais (FPR).

Octobre 1993

En octobre 1993, le Conseil de s¨¦curit¨¦ cr¨¦a la Mission des Nations Unies pour l¡¯assistance au Rwanda (MINUAR) dont le mandat consistait ¨¤ maintenir la paix, ¨¤ assurer une assistance humanitaire et, d¡¯une mani¨¨re g¨¦n¨¦rale, ¨¤ appuyer le processus de paix.

Mais d¨¨s le d¨¦part, la volont¨¦ de r¨¦aliser une paix durable a ¨¦t¨¦ sap¨¦e par certains des partis politiques rwandais participant ¨¤ l¡¯Accord. L¡¯Accord tardant ¨¤ se mettre en place, les violations des droits de l¡¯homme se g¨¦n¨¦ralis¨¨rent et les conditions de s¨¦curit¨¦ se d¨¦t¨¦rior¨¨rent. Par la suite, il s¡¯av¨¦ra, de mani¨¨re irr¨¦futable, que des ¨¦l¨¦ments extr¨¦mistes de la majorit¨¦ hutue, tout en adoptant un langage de paix, pr¨¦paraient en fait une campagne d¡¯extermination des Tutsis et des Hutus mod¨¦r¨¦s.

Le g¨¦nocide — 6 avril 1994

On estime jusqu¡¯¨¤ 1 million le nombre des victimes assassin¨¦es. Entre 150 000 et 250 000 femmes furent ¨¦galement viol¨¦es.

Le 6 avril 1994, la mort des Pr¨¦sidents du Burundi et du Rwanda dans un accident d¡¯avion provoqu¨¦ par un tir de roquette, d¨¦clencha plusieurs semaines de massacres syst¨¦matiques et ¨¤ grande ¨¦chelle. Ces tueries - on estime jusqu¡¯¨¤ 1 million le nombre des victimes assassin¨¦es - qui choqu¨¨rent la communaut¨¦ internationale constituaient manifestement des actes de g¨¦nocide. Entre 150 000 et 250 000 femmes furent ¨¦galement viol¨¦es. Des membres de la garde pr¨¦sidentielle commenc¨¨rent ¨¤ tuer des civils tutsis dans un quartier de Kigali situ¨¦ pr¨¨s de l¡¯a¨¦roport. Moins d¡¯une demi-heure apr¨¨s que l¡¯avion s¡¯¨¦tait ¨¦cras¨¦, des barrages contr?l¨¦s par des miliciens hutus souvent aid¨¦s par la gendarmerie (police paramilitaire) ou par du personnel militaire furent mis en place pour identifier les Tutsis.

7 avril

Le 7 avril, la Radio T¨¦l¨¦vision Libre des Mille Collines (RTLM) diffusa une ¨¦mission attribuant la responsabilit¨¦ de l¡¯accident d¡¯avion au FPR et ¨¤ un contingent de soldats de l¡¯ONU, et commen?a ¨¤ inciter les Hutus ¨¤ ¨¦liminer les ? cafards tutsis ?. Plus tard au cours de cette m¨ºme journ¨¦e, le Premier Ministre, Mme Agathe Uwilingiyimana et 10 Casques bleus belges charg¨¦s de la prot¨¦ger furent brutalement assassin¨¦s par des soldats du Gouvernement rwandais qui avaient attaqu¨¦ sa r¨¦sidence. D¡¯autres dirigeants hutus mod¨¦r¨¦s furent assassin¨¦s de la m¨ºme mani¨¨re. Apr¨¨s le massacre de ses soldats, la Belgique retira le reste de ses forces.

21 avril

Le 21 avril, apr¨¨s que d¡¯autres pays demand¨¨rent ¨¤ retirer leurs soldats, la force de la MINUAR tomba du chiffre initial de 2 165 ¨¤ 270.

Si l¡¯absence d¡¯un engagement r¨¦solu de la part de certains partis rwandais en faveur d¡¯une r¨¦conciliation posait probl¨¨me, ce drame fut exacerb¨¦ par la r¨¦action incertaine de la communaut¨¦ internationale. La capacit¨¦ des Nations Unies de r¨¦duire les souffrances humaines au Rwanda ¨¦tait grandement limit¨¦e par la r¨¦ticence des Etats Membres ¨¤ r¨¦agir face aux nouvelles circonstances en place dans le pays en renfor?ant le mandat de la MINUAR et en envoyant des contingents suppl¨¦mentaires.

22 juin

Le 22 juin, le Conseil de s¨¦curit¨¦ autorisa des forces fran?aises ¨¤ mener une op¨¦ration humanitaire. Cette mission, appel¨¦e Op¨¦ration Turquoise, permit de sauver des centaines de civils dans le sud-ouest du Rwanda, mais elle aurait ¨¦galement permis ¨¤ des soldats, des responsables et des miliciens impliqu¨¦s dans le g¨¦nocide de fuir le Rwanda en passant par des zones contr?l¨¦es par ces forces. Dans d¡¯autres r¨¦gions, les tueries se poursuivirent jusqu¡¯au 4 juillet 1994, date ¨¤ laquelle le FPR prit le contr?le militaire de tout le territoire rwandais.

Les cons¨¦quences du g¨¦nocide

1996 - Guerre entre le Rwanda et la R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo

Des responsables du Gouvernement, des soldats et des miliciens qui avaient pris part au g¨¦nocide fuirent vers la R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo (RDC), ¨¤ l'¨¦poque appel¨¦e le Za?re, entra?nant avec eux 1,4 million de civils, dont une majorit¨¦ de Hutus ¨¤ qui on avait dit que le FPR les tuerait. Des milliers d¡¯entre eux furent tu¨¦s par des maladies d¡¯origine hydrique. Les camps servirent ¨¦galement de base aux anciens soldats du Gouvernement rwandais pour r¨¦armer et se pr¨¦parer ¨¤ envahir le Rwanda.

Ces attaques furent l¡¯un des facteurs de la guerre en 1996 entre le Rwanda et la R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo. Les anciennes forces rwandaises continuent d¡¯op¨¦rer en RDC avec des milices congolaises et d¡¯autres groupes arm¨¦s. Elles continuent de cibler les populations civiles, de provoquer des d¨¦g?ts, et de faire des morts et des bless¨¦s.

Proc¨¨s pour g¨¦nocide

Le Gouvernement rwandais a commenc¨¦ ¨¤ la fin de 1999 ¨¤ instruire les proc¨¨s tant attendus du g¨¦nocide. Les retards tenaient au fait que le pays avait perdu la majorit¨¦ de son personnel judiciaire, sans compter que la plupart des tribunaux, des prisons et autres infrastructures avaient ¨¦t¨¦ d¨¦truits.

En 2000, plus de 100 000 g¨¦nocidaires pr¨¦sum¨¦s attendaient d¡¯¨ºtre traduits en justice.

2001 - Syst¨¨me de justice participatif — appel¨¦ Gacaca

En 2001, Le Gouvernement commen?a ¨¤ instaurer un syst¨¨me de justice participatif, appel¨¦ Gacaca, (prononc¨¦ GA-CHA- CHA) afin d¡¯examiner toutes les affaires en attente. Les communaut¨¦s ¨¦lirent des juges pour qu¡¯ils instruisent les proc¨¨s des coupables pr¨¦sum¨¦s du g¨¦nocide accus¨¦s de crimes autres que la planification du g¨¦nocide ou les viols. Les accus¨¦s qui doivent passer devant les Gacaca ont ¨¦t¨¦ remis en libert¨¦ provisoire en attendant de passer en jugement. Ces lib¨¦rations ont provoqu¨¦ de forts m¨¦contentements parmi les survivants qui voient l¨¤ une forme d¡¯amnistie. Le Rwanda continue de recourir au syst¨¨me judiciaire national pour juger les personnes impliqu¨¦es dans la planification du g¨¦nocide ou les viols au titre du droit p¨¦nal ordinaire. Ces tribunaux ne remettent pas en libert¨¦ provisoire les personnes accus¨¦es d¡¯actes de g¨¦nocide.

Les tribunaux Gacaca prononcent des sentences moins s¨¦v¨¨res si l¡¯accus¨¦ se repent et cherche ¨¤ se r¨¦concilier avec la communaut¨¦. L¡¯objectif de ces tribunaux est d¡¯aider la communaut¨¦ ¨¤ participer au processus de justice et de r¨¦conciliation du pays.

Tribunal p¨¦nal international pour le Rwanda

Au niveau international, le 8 novembre 1994, le Conseil de s¨¦curit¨¦ a ¨¦tabli un Tribunal p¨¦nal international pour le Rwanda, dont le si¨¨ge est actuellement ¨¤ Arusha (Tanzanie). Les enqu¨ºtes ont d¨¦marr¨¦ en mai 1995. Les premiers suspects ont comparu devant le Tribunal en mai 1996 et la premi¨¨re affaire a ¨¦t¨¦ instruite en janvier 1997. Ce Tribunal de l¡¯ONU a comp¨¦tence pour juger de toutes les violations du droit international relatif aux droits de l¡¯homme commises au Rwanda entre janvier et d¨¦cembre 1994. Il est habilit¨¦ ¨¤ poursuivre les membres de haut niveau du Gouvernement et des forces arm¨¦es qui auraient quitt¨¦ le pays et pourraient ainsi se soustraire ¨¤ la justice. Le Tribunal a condamn¨¦ ¨¤ la prison ¨¤ perp¨¦tuit¨¦ Jean Kambanda, qui ¨¦tait le Premier Ministre pendant le g¨¦nocide. Le Tribunal a ¨¦galement ¨¦t¨¦ la premi¨¨re cour internationale ¨¤ condamner une personne accus¨¦e pour crime contre l¡¯humanit¨¦ et crime de g¨¦nocide. Le Tribunal a ¨¦galement jug¨¦ trois directeurs de m¨¦dias accus¨¦s d¡¯avoir utilis¨¦ leurs m¨¦dias respectifs pour inciter ¨¤ la haine ethnique et au g¨¦nocide. En avril 2007, le Tribunal avait prononc¨¦ 27 jugements contre 33 accus¨¦s.