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«Une vision pour l’agriculture africaine»

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«Une vision pour l’agriculture africaine»

Pour Glenn Denning, le NEPAD trace la voie à suivre pour un véritable développement de l’agriculture africaine
Africa Renewal
Panos/Jason Larkin
Un agriculteur contrôle la qualité du maïs qui vient d’être récolté dans l’un de ses champs. Photo: Panos/Jason Larkin
Glenn Denning est le directeur du Centre sur la mondialisation et le développement durable au Earth Institute de l’université de Columbia à New York. Dans cet entretien accordé à Afrique Renouveau, il évoque le rôle moteur joué par le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) dans le renforcement du potentiel agricole du continent.

Quelle contribution le NEPAD a-t-il apportée à l’Afrique?

Je vivais en Afrique quand le NEPAD a été adopté en 2001 et, depuis, j’ai suivi de près son évolution. Le concept était très pertinent. L’Afrique pouvait enfin parler d’une seule voix sur les questions de développement et présenter une vision commune, dans le secteur de l’agriculture notamment. Ceci a facilité les rapports avec les partenaires du développement et notamment avec les économies émergentes.
Rétrospectivement, je considère que le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) a été une réalisation importante [voir Afrique Renouveau, avril 2011]. Au début, beaucoup le percevaient comme une structure bureaucratique supplémentaire. Mais ses avis, sérieux et cohérents, sur la manière de penser et de planifier l’agriculture ont eu raison des doutes. Il est clair que les meilleures propositions soumises au Programme mondial sur l’agriculture et la sécurité alimentaire (PMASA)* sont celles qui s’inspirent du PDDAA. D’ailleurs, le PMASA a recommandé que les pays non africains s’inspirent de ce programme.

Comment le NEPAD peut-il mieux contribuer au développement de l’Afrique?

En Afrique, l’agriculture reste sous-développée. Avec les politiques et les investissements appropriés, le continent pourrait facilement nourrir ses populations et exporter ses surplus. Le NEPAD pourrait y contribuer en appuyant les partenariats internationaux (scientifiques, politiques ou dans le domaine des infrastructures) qui favorisent une meilleure production agricole. Au cours des 25 dernières années, la recherche et la production scientifique liées à l’agriculture ont généralement stagné sur le continent.

Le NEPAD peut, en s’appuyant sur le PDDAA, fournir aux chercheurs une plateforme, au niveau sous-régional par exemple, qui permettrait de générer une masse critique et cohérente. Les instituts de recherche en Afrique pourraient ainsi plus facilement accéder à l’expertise et aux technologies disponibles à travers le monde. La gestion durable des terres et des eaux dans un contexte de changement climatique doit être un enjeu central pour les chercheurs. En outre, les échanges intra-africains pourraient être améliorés par des initiatives visant à moderniser les infrastructures et à abaisser les barrières aux échanges transfrontaliers. Le NEPAD devrait aussi promouvoir et faciliter la constitution de réserves stratégiques de céréales pour aider à atténuer les conséquences des pénuries alimentaires causées par les changements climatiques et les conflits.

Partagez-vous l’opinion selon laquelle, pour la majorité des Africains, le NEPAD reste un projet abstrait et vague?

Le NEPAD étant devenu une agence de développement, sa contribution et sa visibilité devraient s’améliorer. L’agriculture est d’une grande importance dans le quotidien de la plupart des Africains. En s’engageant de manière professionnelle et déterminée dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, le NEPAD peut devenir un partenaire privilégié sur les questions de sécurité alimentaire notamment.

Mais pour être efficace, l’agence aura besoin de personnel et de fonds. Dans les années à venir, c’est surtout sa capacité à obtenir et à conserver le soutien des gouvernements africains que l’on jugera. La remontée des cours des matières premières est une opportunité à saisir. Le défi à relever pour les gouvernements ainsi que pour le NEPAD consiste à affecter les nouvelles ressources à des investissements qui bénéficient aux pauvres, aux victimes de famines et aux marginalisés du continent. Si cela est fait efficacement, il y aura tout lieu de célébrer la deuxième décennie du NEPAD. 

*Le Programme mondial sur l’agriculture et la sécurité alimentaire est un mécanisme de financement multilatéral destiné aux pays en développement, crée à la demande du sommet du G20 en 2009. Fin août 2011, il était doté de 557 millions de dollars et finançait des projets dans 12 pays, dont six en Afrique.

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