51吃瓜

L鈥檃nn茅e a 茅t茅 dure pour les pays d鈥橝frique de l鈥檕uest les plus touch茅s par le virus Ebola. L鈥櫭﹑id茅mie a d茅cim茅 leurs communaut茅s et min茅 leurs 茅conomies, perturbant l鈥檃griculture et le commerce.

A l鈥檌d茅e de perdre 1,6 milliard de dollars sur la croissance pr茅vue pour 2015, Guin茅ens, Lib茅riens et Sierra-L茅onais ont pouss茅 un soupir de soulagement lorsque le Fonds mon茅taire international (FMI) a accord茅 脿 leurs pays une r茅duction collective de dette de 100 millions de dollars. Ils avaient d茅j脿 re莽u une aide de 130 millions en septembre 2014. Il s鈥檃gissait ainsi de lib茅rer des fonds pour les secours et la relance.

Mais devant r茅former leurs syst猫mes de sant茅, ces pays doivent emprunter 鈥� notamment 160 millions de dollars sans int茅r锚t que le Conseil d鈥檃dministration du FMI doit encore approuver. Emprunter 脿 nouveau devient une habitude chez les b茅n茅ficiaires des programmes internationaux de d茅sendettement. L鈥橧nitiative en faveur des pays pauvres tr猫s endett茅s (PPTE), lanc茅e en 1996 puis remplac茅e en 2005 par l鈥橧nitiative d鈥檃ll猫gement de la dette multilat茅rale, a permis 脿 35 pays subsahariens de r茅duire leur dette ext茅rieure de 100 milliards de dollars. Ces programmes g茅r茅s par la Banque mondiale, le FMI et la Banque africaine de d茅veloppement (BAD), visaient 脿 mettre un terme au probl猫me de la dette en Afrique.

N鈥檃yant plus 脿 allouer des ressources d茅j脿 insuffisantes au remboursement de pr锚ts co没teux de la Guerre froide, les pays les plus pauvres et les plus endett茅s ont pu r茅duire leur dette publique et accro卯tre leurs d茅penses sociales de pr猫s de 3,5% de leur PIB entre 2001 et 2012, estiment la Banque mondiale et le FMI. Le B茅nin par exemple a utilis茅 ses 茅conomies pour investir dans les soins de sant茅 primaires en zone rurale et les programmes de lutte contre le VIH. La Tanzanie a. quant 脿 elle, supprim茅 les frais de scolarit茅 dans le primaire et le Mozambique a pu offrir des vaccins gratuits aux enfants.

Lib茅rer des ressources suppl茅mentaires pour le d茅veloppement fait aussi partie des objectifs de l鈥檌nitiative PPTE. Cependant, dans certains cas, une grande partie des sommes r茅cup茅r茅es a d茅j脿 茅t茅 allou茅e au paiement des arri茅r茅s. D猫s lors, il devient impossible de constituer une nouvelle tr茅sorerie et de faire des 茅conomies en termes r茅els.

Dans certains pays, la remise partielle de la dette a seulement aid茅 脿 combler les retards de remboursement. Et l鈥檌nitiative n鈥檃 pas enti猫rement supprim茅e la dette de ces pays m锚me si elle en a effac茅 la majeure partie.

N茅anmoins, selon un article de Marcelo Guigale, l鈥檜n des directeurs 脿 la Banque mondiale dans le Huffington Post, cela a permis d鈥檌mposer une 芦discipline禄 qui s鈥檈st av茅r茅e bien utile lorsque le prix du p茅trole, du gaz et des min茅raux a brusquement augment茅 au milieu des ann茅es 2000 et que les technologies d鈥檈xtraction se sont am茅lior茅es. Pour obtenir un all猫gement de leur dette, ces pays devaient faire preuve de transparence et accepter d鈥櫭猼re contr么l茅s. Ils devaient aussi surveiller et rendre compte de la mise en 艙uvre de leurs strat茅gies de r茅duction de la pauvret茅, investir dans des programmes sociaux et ne plus avoir des dettes co没teuses.

L鈥檌nitiative PPTE touchant 脿 sa fin et les aides publiques au d茅veloppement d茅clinant, certains pays ont voulu user de leurs bilans comptables plus 茅quilibr茅s et leur meilleure croissance 茅conomique pour exploiter de nouvelles sources de financement.

Selon Amadou Sy, directeur de l鈥橝frica Growth Initiative 脿 la Brookings Institution, un groupe de r茅flexion am茅ricain, 12 pays subsahariens ont 茅mis des obligations souveraines internationales d鈥檜ne valeur de 15 milliards de dollars. Pour leur part, les investisseurs, s茅duits par les pr茅dictions de forte croissance et les promesses de forts retours sur investissement, n鈥檋茅sitent pas 脿 acheter ces obligations. La Banque mondiale pr茅voit que le PIB moyen en Afrique subsaharienne demeurera plus ou moins 脿 4,6% en 2015 avant d鈥檃ugmenter progressivement jusqu鈥櫭� 5,1% en 2017.听

Certains observateurs estiment que ces pays empruntent trop et trop vite et s'en s鈥檌nqui猫tent. 芦L鈥橝frique 脿 la croissance 茅conomique la plus forte au monde禄, 茅crit le journaliste ind茅pendant Richard Walker dans The Economist, 鈥溌� mais la croissance la plus rapide de toutes est celle de la dette 鈥� personnelle, publique, ou celle des entreprises.禄

M. Walker donne pour exemple le Ghana, bien que tr猫s endett茅 et poss茅dant ce qu鈥檌l d茅crit comme 芦 la monnaie la moins performante禄 d鈥橝frique, a 茅mis des obligations libell茅es en euros d鈥檜ne valeur de 1 milliard de dollar, fin 2014. Le pays 茅tait l鈥檜n des premiers b茅n茅ficiaires de l鈥檌nitiative PPTE.

La C么te d鈥橧voire, la R茅publique d茅mocratique du Congo, le Gabon, la Namibie, le Nig茅ria, le Rwanda, le S茅n茅gal et la Zambie ont 茅galement b茅n茅fici茅 du programme d鈥檃ll猫gement de la dette et ont 茅mis des obligations similaires.

Malgr茅 cette r茅cente augmentation des emprunts, la plupart des pays anciennement PPTE ne sont pas menac茅s de 芦 surendettement禄, estime un groupe d鈥櫭ヽonomistes de la Banque mondiale. Dino Moretto, Tihomir Stucka et Tau Huang reconnaissent toutefois que 芦 certains pays empruntent trop vite禄, mais pr茅cisent aussi que 芦 dans l鈥檈nsemble, les gouvernements empruntent de mani猫re responsable depuis que leur dette a 茅t茅 all茅g茅e.禄 Ils expliquent que l鈥檜n des objectifs 茅tait d鈥櫭﹍iminer le surendettement afin de permettre aux pays d鈥檈mprunter 脿 nouveau de fa莽on plus responsable.

La dette actuelle

La dette africaine actuelle est 脿 son niveau le plus bas, s鈥檃ccordent Mthuli Ncube, professeur 脿 l鈥橴niversit茅 d鈥橭xford et Zuzana Brixiova, conseill猫re 茅conomique aupr猫s de la BAD. La plus forte baisse, soulignent-ils, s鈥檈st produite dans les pays les plus endett茅s, en raison de l鈥檃ll猫gement et des politiques de gestion prudentes assorties.

L鈥檃ide a jou茅 un r么le critique en permettant aux pays 脿 faible revenu de r茅duire la pauvret茅. Les financements accord茅s 脿 la r茅gion ont augment茅 en qualit茅 et en quantit茅, suite au Consensus de Monterrey en 2002 et 脿 la Conf茅rence de Doha qui en a d茅coul茅 en 2008. La Conf茅rence pour le Financement du d茅veloppement (FdD) qui se tiendra 脿 Addis-Abeba en juillet 2015 devrait faire progresser le d茅bat sur 芦 les pratiques responsables en mati猫re de pr锚t et d'emprunt禄 en pr茅sentant les difficult茅s li茅es 脿 l鈥檃m茅lioration de la mobilisation des ressources nationales (notamment au renforcement de l'administration fiscale, 脿 la r茅duction des flux financiers ill茅gaux, 脿 l鈥檃ugmentation des investissements dans les infrastructures et 脿 la mobilisation de ressources priv茅es.

芦En d茅pit des incertitudes concernant听 certains pays, la donne n'en a pas moins fondamentalement chang茅 en Afrique par rapport 脿 20 ou 30 ans de cela quand furent contract茅s les anciens emprunts禄鈥� indique 脿 Reuters Todd Moss, charg茅 de recherche au Centre for Global Development de Washington.

Afin d鈥櫭﹙iter de renouer avec d'anciennes pratiques, les pays africains anciennement PPTE devront faire preuve d鈥檌ntelligence dans la gestion de leurs nouveaux pr锚ts. Des strat茅gies d鈥檈mprunts doivent 锚tre mises en place afin que les gouvernements puissent obtenir un retour sur investissements et rembourser les int茅r锚ts. Les gouvernements doivent aussi 锚tre pr锚ts 脿 supporter les contrecoups de la fluctuation des prix des ressources naturelles et 脿 r茅duire leur d茅pendance vis 脿 vis des exportations des produits de base. Diversifier les sources d鈥檈mprunts est un autre moyen de g茅rer la dette publique de fa莽on raisonnable, explique David Cowan, 茅conomiste 脿 Citigroup, dans le magazine de l鈥橝frica Research Institute, Counterpoints.

Si les pr锚ts pr茅f茅rentiels听 sont non contraignants, am茅liorent le profil d鈥檈mprunteur d鈥檜n pays et le rendent plus visible sur les march茅s d'emprunt听 internationaux, ils pr茅sentent toutefois des risques pour la monnaie, avertit M. Cowan. En cas de d茅faut de paiement, ils peuvent exposer les pays 脿 des poursuites judiciaires particuli猫res, notamment de la part des fonds sp茅culatifs ou des fonds de capital-investissements.

La collecte classique d鈥檌mp么ts, la transparence et le recours aux march茅s obligataires en monnaie locale sont des possibilit茅s qui ne doivent pas 锚tre n茅glig茅es. Une politique budg茅taire听 saine assortie d鈥檜ne vraie politique mon茅taire finit toujours par l鈥檈mporter. Il est trop t么t pour savoir si les pays africains anciennement PPTE r茅ussiront 脿 maintenir leur dette publique 脿 un niveau viable alors qu鈥檌ls sont p茅nalis茅s par la faiblesse des institutions, les lacunes en mati猫re d'infrastructures et d'investissements, la pauvret茅 et, dans certains cas, l鈥檌nstabilit茅. Seul l'avenir le听dira.