51吃瓜

Deux jeunes zambiennes s茅ropositives, l鈥檜ne d鈥檈lles a 茅t茅 victime d鈥檜n viol. De nombreuses femmes s茅ropositives ne vont pas se faire soigner par peur de la violence.

Photo: Panos / Pep Bonet

Maria est s茅ropositive, elle est atteinte du VIH, le virus qui cause le sida. Aujourd鈥檋ui, les m茅dicaments antir茅troviraux sont plus largement disponibles et devraient contribuer 脿 am茅liorer son 茅tat de sant茅. Mais la poursuite de sa th茅rapie est menac茅e, car elle craint que son mari d茅couvre qu鈥檈lle est s茅ropositive et qu鈥檌l se livre 脿 des violences verbales ou m锚me qu鈥檌l demande le divorce. Maria explique donc qu鈥檈lle doit dissimuler les m茅dicaments antir茅troviraux et qu鈥檈lle ne les prend que quand son mari est absent. Comme elle cache soigneusement ses comprim茅s, il lui arrive d鈥檕ublier de les prendre.

Selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), il y a dans le monde 33,2 millions de personnes qui vivent avec le VIH, dont 15,4 millions de femmes. En Afrique, les femmes repr茅sentent entre 59 et 61 % du nombre total d鈥檃dultes s茅ropositifs. La violence que subissent les femmes est un des fac-teurs qui les rendent plus vuln茅rables 脿 l鈥檌nfec-tion; c鈥檈st aussi un obstacle aux traitements.

L鈥檋istoire de Maria est document茅e par Human Rights Watch (HRW). L鈥橭NG, dont le si猫ge est 脿 New York, pr茅vient que si la violence contre les femmes n鈥檈st pas combattue, le vaste programme lanc茅 par le gouvernement pour distribuer gratuitement des antir茅troviraux par l鈥檌nterm茅diaire du syst猫me de sant茅 publique ira 脿 l鈥櫭ヽhec. Ng鈥檃ndu Magande, Ministre des finances et de la planification, rapporte que fin 2007, 137 000 personnes b茅n茅ficiaient d鈥檜ne th茅rapie antir茅trovirale contre seulement 75 000 en 2006.

鈥淪i le Gouvernement zambien n鈥檌ntroduit pas de r茅formes dans le domaine juridique et dans le syst猫me de sant茅 et ne supprime pas les obstacles au traitement du VIH auxquels se heurtent les femmes, la violence contre les femmes continuera 脿 d茅vaster la vie d鈥檌nnombrables Zambiennes qui ont un besoin urgent d鈥檜n traitement antir茅troviral鈥� d茅clare Nada Ali, l鈥檃uteur du rapport de HRW.

Une atteinte aux droits humains

Selon le Fonds de d茅veloppement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), 鈥渓a violence contre les femmes est une des violations des droits humains les plus r茅pandues.鈥� En novembre 2007, UNIFEM a lanc茅 une campagne baptis茅e 鈥淒ites non 脿 la violence contre les femmes鈥�.

En Afrique australe, les militantes de la cause des femmes soulignent aujourd鈥檋ui que la violence contre les femmes contribue 脿 d鈥檃utres fl茅aux comme la pand茅mie du sida. Tiseke Kasambala, une militante des droits de la femme du Malawi, affirme qu鈥檌l existe un 鈥渓ien fatal鈥� entre les atteintes aux droits de la femme et la propagation du VIH/sida.

La section zambienne de l鈥檕rganisation 鈥淟es Femmes et la Loi en Afrique australe鈥� (Women and the Law in Southern Africa, WLSA), groupe de recherche et de d茅fense des droits de la femme, maintient que si cette violence n鈥檈st pas combattue, la lutte contre le VIH/sida s鈥檃v猫rera encore plus difficile que pr茅vu. 鈥淟a violence contre les femmes a un effet n茅gatif sur le traitement du VIH/sida et c鈥檈st l脿 une chose inqui茅tante,鈥� d茅clare Mme Matrine Chuulu, la coordinatrice nationale de l鈥檕rganisation.

Les ONG sont 脿 la pointe du combat contre cette violence et font campagne aupr猫s des gouvernements pour qu鈥檌ls renforcent les lois la sanctionnant. La section zambienne de l鈥橴nion chr茅tienne de jeunes filles (Young Women鈥檚 Christian Association, YWCA), soutenue financi猫rement par l鈥橴nion europ茅enne, dirige un centre d鈥檜rgence pour les femmes battues et offre des services de psychoth茅rapie ainsi que des conseils juridiques. Selon les donn茅es recueillies par cette organisation, sur les 874 cas de violence contre les femmes enregistr茅s depuis 2006, pr猫s de la moiti茅 (427) concernaient des femmes s茅ropositives.

Renforcer la l茅gislation

La Zambie est actuellement d茅pourvue de l茅gislation criminelle r茅primant la violence sexiste, mais le gouvernement s鈥檕riente dans cette direction. Il a amend茅 le code p茅nal en 2005 afin de r茅primer les attentats 脿 la pudeur, le harc猫lement sexuel et le trafic de femmes et d鈥檈nfants. En d茅pit de ces efforts de renforcement de la l茅gislation, 鈥渓e fl茅au de la violence contre les femmes continue 脿 s茅vir dans nos foyers et nos communaut茅s,鈥� note le Pr茅sident Levy Mwanawasa.

Dans un discours sur l鈥櫭﹖at de la nation prononc茅 d茅but janvier devant le parlement, le Pr茅sident Mwanawasa a d茅clar茅 que le gouvernement pr茅senterait bient么t devant la l茅gislature 鈥渦n projet de loi traitant directement de la violence contre les femmes.鈥� Il a ajout茅 que le gouvernement acc茅l茅rerait 茅galement les efforts destin茅s 脿 incorporer les objectifs de la Convention sur l鈥櫭﹍imination de toutes les formes de discrimination 脿 l鈥櫭ゞard des femmes dans la l茅gislation nationale.

Il est temps de 鈥減asser des discours 脿 l鈥檃ction,鈥� d茅clare l鈥橢nvoy茅e sp茅ciale du Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU pour le VIH/sida en Afrique, Elizabeth Mataka. Il est particuli猫rement important de faire prendre conscience aux gens de la n茅cessit茅 de combattre la violence contre les femmes. L鈥檃ction de la police et la loi, ajoute-t-elle, ne suffiront pas 脿 r茅soudre ce probl猫me. Il est aussi essentiel de mobiliser la soci茅t茅 et 鈥渄鈥檈ntra卯ner la communaut茅 dans le mouvement.鈥�