51吃瓜

Des groupes de la soci茅t茅 civile sud-africaine tentent de modifier les attitudes des hommes 脿 l鈥櫭ゞard des femmes, et de les mobiliser dans la lutte contre la violence 脿 leur encontre.

Photo: iAfrica Photos/ Eric Miller

Lorsqu鈥檜n vieil homme leva la main pour prendre la parole au cours de la troisi猫me journ茅e d鈥檜n atelier sur la parit茅 des sexes organis茅 脿 Hoedspruit, une communaut茅 rurale du nord de l鈥橝frique du Sud, Bafana Khumalo sentit le d茅couragement l鈥檈nvahir. Animateur de cet atelier qui s鈥檃dressait surtout aux hommes, il avait d茅j脿 abord茅 les questions de la virilit茅 et du r么le de l鈥檌n茅galit茅 des sexes dans la mont茅e en fl猫che des taux de HIV en Afrique du Sud.

Bafana Khumalo craignait que l鈥檌ntervenant affirme que l鈥櫭ゞalit茅 entre les hommes et les femmes 茅tait une notion contraire 脿 la culture africaine et que l鈥檃utonomisation des femmes 茅tait un facteur de conflits familiaux. Les a卯n茅s 茅tant tr猫s respect茅s dans les communaut茅s rurales, il savait que l鈥檌ntervenant avait les moyens de faire 茅chouer l鈥檃telier.

鈥淎 mon retour 脿 la maison hier, j鈥檃i appel茅 mes fils et ma femme et je leur ai dit ce qu鈥檕n faisait dans cet atelier鈥�, a dit le vieil homme. Il a expliqu茅 脿 ses enfants que les choses devaient changer 脿 la maison, qu鈥檌l n鈥櫭﹖ait plus acceptable que leur m猫re qui rentre fatigu茅e de sa journ茅e de travail soit oblig茅e de faire la cuisine, le m茅nage, de laver la vaisselle et tout ranger elle-m锚me. Ce n鈥櫭﹖ait tout simplement pas juste.

Dor茅navant, leur a-t-il intim茅, ils devront mettre la main 脿 la p芒te. 鈥淚l vous faudra commencer 脿 ranger les affaires et pr茅parer le d卯ner de mani猫re qu鈥櫭� son retour 脿 la maison votre m猫re puisse constater qu鈥檕n l鈥檃 tous aid茅e. Je suis trop vieux pour apprendre 脿 faire la cuisine, mais je suis dispos茅 脿 faire la vaisselle鈥�, a-t-il ajout茅.

L鈥檃dh茅sion de ce participant 脿 l鈥檜n des principaux messages de l鈥檃telier, 脿 savoir que l鈥檌mage de l鈥檋omme n鈥檈st pas inalt茅rable, mais fa莽onn茅e par la soci茅t茅, et donc sujette 脿 changement, a 茅t茅 un moment important pour Bafana Khumalo. Les conventions sociales assimilent la virilit茅 脿 鈥渓a domination et l鈥檃gressivit茅, la conqu锚te sexuelle et l鈥檌ntr茅pidit茅鈥�, souligne-t-il. Les normes sociales d茅finissent par ailleurs les r么les attribu茅s aux hommes et aux femmes. Pour modifier ces relations, il est imp茅ratif d鈥檈xaminer toutes les facettes de l鈥檌n茅galit茅 entre les sexes.

鈥淐鈥檈st 脿 ce moment-l脿 que j鈥檃i compris qu鈥檕n avan莽ait, a-t-il confi茅 脿 Afrique Renouveau. Cette situation s鈥檈st produite dans toutes les r茅gions o霉 nous avons lanc茅 notre programme.鈥�

De tels ateliers contribuent en effet 脿 modifier les attitudes. Des 茅tudes men茅es par le r茅seau Men as Partners (MAP) d鈥橝frique du Sud indiquent que 71 % des hommes qui y participent estiment que les femmes devraient avoir les m锚mes droits que les hommes, contre 25 % seulement pour l鈥檈nsemble de la population masculine. Interrog茅s sur la question de savoir s鈥檌l 茅tait normal de battre leur femme de temps 脿 autre, 82 % des participants aux ateliers ont r茅pondu par la n茅gative et 38 % de non-participants par la positive.

鈥淏esoin d鈥櫭猼re diff茅rents鈥�

Bafana Khumalo est le codirecteur de Sonke Gender Justice, une organisation non gouvernementale cr茅茅e en 2006. Celle-ci s鈥檃ttaque 脿 deux fl茅aux majeurs en Afrique du Sud : la violence contre les femmes et les taux tr猫s 茅lev茅s de VIH. M. Khumalo a milit茅 dans la lutte contre l鈥檃partheid et, une fois ce r茅gime renvers茅, a rempli des fonctions diverses dans l鈥橢glise luth茅rienne et a notamment 茅t茅 pasteur. Mais il a r茅alis茅 que sa v茅ritable vocation 茅tait de mobiliser les hommes pour mettre fin 脿 la violence contre les femmes. Il a organis茅 des ateliers 脿 cette fin qu鈥檌l a souvent anim茅s en compagnie du codirecteur et cofondateur de Sonke, Dean Peacock. Celui-ci 茅tait rentr茅 en Afrique du Sud apr猫s avoir pass茅 plus d鈥檜ne dizaine d鈥檃nn茅es 脿 militer dans les rangs des mouvements pour les hommes aux Etats-Unis.

M. Khumalo se dit frapp茅 par l鈥檈mpresse-ment avec lequel les hommes de ses ateliers abordent les questions li茅es 脿 la violence contre les femmes et leur r么le dans cette violence. 鈥淚ls ont exprim茅 le d茅sir sinc猫re d鈥櫭猼re des hommes et des p猫res diff茅rents de ceux de la g茅n茅ration pr茅c茅dente.鈥�

Une femme sud-africaine dont la fille a 茅t茅 viol茅e et est morte du sida.

Photo: iAfrica Photos/ Eric Miller

Bafana Khumalo et Dean Peacock sont persuad茅s que l鈥檃utonomisation des femmes ne suffit pas 脿 obtenir l鈥櫭ゞalit茅 entre les sexes, et affirment que le comportement et les attitudes des hommes sont les principaux facteurs 脿 l鈥檕rigine de la propagation du VIH et de la violence contre les femmes.

鈥淐ette violence n鈥檈st pas simplement l鈥檈xpression de sautes d鈥檋umeur ou de manque de sang-froid de la part des hommes, d茅clare Dean Peacock 脿 Afrique Renouveau. De par leur 茅ducation, les hommes ont int茅rioris茅 l鈥檌d茅e que virilit茅 implique agressivit茅, domination sur les femmes et conqu锚te sexuelle. Les hommes craignent souvent d鈥櫭猼re rejet茅s par leurs amis et communaut茅s s鈥檌ls ne sont pas de 鈥榲rais鈥� hommes, d鈥櫭猼re jug茅s comme 鈥榝aibles鈥� s鈥檌ls s鈥檈xcusent, transigent ou partagent l鈥檃utorit茅. Plut么t que de chercher 脿 r茅gler les conflits, ils ont recours 脿 la violence, pas seulement contre les femmes, mais aussi entre eux.鈥�

Viols, violence et VIH

De nombreuses 茅tudes indiquent que l鈥橝frique du Sud est le pays qui compte le plus grand nombre de cas de viols signal茅s dans le monde. D鈥檃pr猫s une enqu锚te men茅e par le Medical Research Council (MRC) d鈥橝frique du Sud aupr猫s de 1 370 volontaires de sexe masculin vivant dans 70 villages, pr猫s d鈥檜n homme sur quatre s鈥櫭﹖ait d茅j脿 livr茅 脿 des violences sexuelles : 16, 3 % avaient viol茅 une personne autre que leur partenaire ou particip茅 脿 un viol collectif, alors que 8,4 % avaient fait subir des s茅vices sexuels 脿 une partenaire intime.

D鈥檃utres 茅tudes indiquent que la premi猫re exp茅rience sexuelle de nombreuses adolescentes ou jeunes femmes a 茅t茅 non-consensuelle. C鈥檈st, d鈥檃pr猫s les recherches effectu茅es en 2004 par l鈥橴niversit茅 de Witwatersrand, le cas de pr猫s d鈥檜n tiers des femmes ayant eu des relations sexuelles. La m锚me ann茅e, le MCR a rapport茅 qu鈥檈n Afrique du Sud une femme 茅tait tu茅e toutes les six heures par un partenaire intime - soit le taux officiel le plus 茅lev茅 du monde.

Les chercheurs sud-africains ont 茅galement r茅v茅l茅 en 2004 dans la prestigieuse revue m茅dicale Lancet que les femmes qui avaient des partenaires masculins violents ou autoritaires risquaient davantage d鈥櫭猼re s茅ropositives, probablement car les hommes violents avaient plus souvent tendance 脿 锚tre porteurs du VIH et 脿 imposer des pratiques sexuelles 脿 risque 脿 leurs partenaires.

La violence contre les femmes n鈥檈st certes pas l鈥檃panage de l鈥橝frique du Sud, une femme sur trois 茅tant victime de violences conjugales dans le monde.

Au-del脿 de l鈥檃utonomisation de la femme

Apr猫s la fin de l鈥檃partheid en 1994, le nouveau gouvernement a fait de l鈥櫭ゞalit茅 entre les sexes un objectif prioritaire. La constitution de 1996 a 茅t茅 parmi les premi猫res dans le monde 脿 accorder une attention particuli猫re 脿 la protection et la promotion des droits de la femme et 脿 l鈥櫭ゞalit茅 entre les sexes. Tout en affirmant l鈥櫭ゞalit茅 de tous les citoyens devant la loi et leur droit de b茅n茅ficier de la m锚me protection et des m锚mes avantages juridiques, la constitution a 茅tabli une commission sur l鈥櫭ゞalit茅 des sexes charg茅e de faire progresser la d茅mocratie et les droits de l鈥檋omme pour tous les citoyens.

Des hommes protestent contre la violence 脿 l鈥櫭ゞard des femmes 脿 Johannesburg (Afrique du Sud). Sur la banderole est 茅crit : 鈥淧rot茅gez nos femmes et nos enfants.鈥�

Photo: Associated Press / Denis Farrell

Six ans plus tard, l鈥檜ne des membres de la commission, Sheila Meintjes, a fait remarquer que 鈥渟ans la mobilisation des hommecute;chs comme partenaires, nos efforts risquent d鈥櫭猼re vou茅s 脿 l鈥�&eaec鈥�. Cette affirmation inspire encore les militants dans ce domaine.

Bafana Khumalo et ses coll猫gues de Sonke estiment que les progr猫s actuellement r茅alis茅s en faveur de l鈥櫭ゞalit茅 entre les sexes n鈥檃boutiront pas si les hommes ne changent pas. 鈥淟es attitudes des hommes et la notion de virilit茅 sont li茅es 脿 notre h茅ritage patriarcal鈥�, explique-t-il. 鈥淣ous comprenons aujourd鈥檋ui que nos efforts visant 脿 transformer les relations entre les sexes, entrepris au lendemain de l鈥檃v猫nement de notre d茅mocratie il y a 13 ans, ont eu tendance 脿 privil茅gier l鈥檃utonomisation de la femme.鈥� La priorit茅 accord茅e 脿 la lutte contre l鈥檕ppression des femmes a donn茅 脿 certains hommes l鈥檌mpression d鈥櫭猼re exclus.

Tout en r茅affirmant l鈥檌mportance de l鈥檃utonomisation des femmes, Bafana Khumalo ne manque pas de souligner un ph茅nom猫ne n茅gatif : 鈥淔aire prendre conscience de ses droits 脿 une femme qui vit dans une relation de maltraitance n鈥檈st pas toujours la chose 脿 faire, explique-t-il. En effet, celle-ci rentrera chez elle plus lucide, pr锚te 脿 revendiquer ses droits. Son partenaire se sentira menac茅 et, par peur de l鈥檌nconnu, r茅agira de mani猫re plus violente encore.鈥�

Risque de violence pour les hommes

Il est donc imp茅ratif 脿 son avis de prouver aux hommes qu鈥檈xercer sur les femmes moins de pouvoir pr茅sente 茅galement des avantages pour eux. 鈥淣ous aurons alors moins tendance 脿 nous en servir de mani猫re n茅gative鈥�, dit-il.

Mais les femmes ne sont pas les seules 脿 souffrir de la violence, les hommes en subissent 茅galement les cons茅quences. Le National Injury Mortality Surveillance System de l鈥橝frique du Sud a ainsi rapport茅 qu鈥檈n 2003 il y avait eu dans le pays environ six fois plus d鈥檋ommes que de femmes victimes d鈥檋omicides (7 359 contre 1 197).

Pour sa part, Dean Peacock estime qu鈥檌l s鈥檃git aussi d鈥檜ne forme de violence fond茅e sur le sexe. 鈥淚l n鈥檈st pas seulement question de la violence d鈥檜n homme contre une femme, dit-il. Il existe aussi une violence d鈥檋omme 脿 homme, un autre moyen de r茅affirmer la domination masculine. Si les hommes comprenaient qu鈥檌ls payent eux-m锚mes un lourd tribut 脿 cette violence, ils essaieraient de trouver d鈥檃utres moyens plus pacifiques pour exprimer leur virilit茅."

L鈥檌d茅e que se font les hommes de leur virilit茅 a d鈥檃utres incidences n茅fastes. Mike Matyeni, organisateur 脿 Sonke Gender Justice qui ne cache pas sa s茅ropositivit茅 et a particip茅 activement aux campagnes Treatment Action et Men as Partners, souligne les liens sous-jacents qui existent entre les attitudes culturelles et la transmission du VIH. La conception de la virilit茅 de nombreux hommes les pousse 脿 refuser d鈥檜tiliser un pr茅servatif, dit-il 脿 Afrique Renouveau. Ils estiment en effet que ce moyen contraceptif compromet leur sexualit茅 et leur sentiment d鈥櫭猼re un 鈥渉omme鈥�.

D鈥檃utres affirment que puisqu鈥檌ls ont vers茅 une dot 脿 la famille de la mari茅e, leur 茅pouse n鈥檃 pas son mot 脿 dire. Certains hommes refusent de se soumettre 脿 un test de d茅pistage ou de se soigner, de peur de passer pour des 鈥渕auviettes鈥� et d鈥櫭猼re nargu茅s par leurs amis. Bon nombre d鈥檈ntre eux font appel aux gu茅risseurs traditionnels. D鈥檃utres estiment qu鈥檌l est g锚nant ou humiliant d鈥櫭猼re soign茅 par les nombreuses femmes qui travaillent dans les centres de sant茅 du pays. Ils ne se font donc pas soigner m锚me lorsqu鈥檌l y a de fortes chances qu鈥檌ls soient s茅ropositifs ou malades.

鈥淥ne Man Can鈥�

Les premi猫res initiatives destin茅es 脿 sensibiliser les hommes ont 茅t茅 men茅es en coop茅ration avec les organisations f茅minines. L鈥橝gisanang Domestic Abuse Prevention and Training (ADAPT) a ainsi mis au point un programme de sensibilisation des hommes 脿 la violence domestique. Le programme proposait entre autres des sketches improvis茅s dans les gargotes des 鈥渢ownships鈥� et des manifestations d鈥檋ommes. Le pr茅sident de l鈥櫭﹑oque, Nelson Mandela, a assist茅 脿 l鈥檜n de ces spectacles. Au fil des ans, de plus en plus de groupes d鈥檋ommes se sont form茅s pour 茅tudier sp茅cifiquement les r么les, responsabilit茅s, attitudes et comportements masculins.

Cette tendance a entra卯n茅 une action plus globale. Des agences gouvernementales ont lanc茅 leurs propres campagnes. Des organisations de la soci茅t茅 civile se sont mobilis茅es, en lan莽ant notamment des programmes comme Fathers Speak Out et en cr茅ant le r茅seau Men as Partners et le Forum des hommes d鈥橝frique du Sud. Des f茅d茅rations de syndicats et des groupes confessionnels ont mis au point des programmes consacr茅s 脿 l鈥櫭ゞalit茅 des sexes et au VIH. Parmi leurs activit茅s figurent la tenue d鈥檃teliers de formation, la mise en sc猫ne de spectacles, l鈥檕rganisation de d茅bats informels dans les tavernes, l鈥檈x茅cution de peintures murales illustrant les diff茅rents aspects du programme et le lancement d鈥檌nitiatives qui mobilisent les membres des communaut茅s.

Mais l鈥檃mbition de Sonke Gender Justice est de d茅passer les ateliers de formation et petites r茅unions en faveur d鈥檜ne mobilisation plus large des hommes et des femmes dans le cadre de campagnes d鈥檈nvergure. L鈥檕bjectif est de sensibiliser un plus grand nombre d鈥檕rganisations et de communaut茅s et de mener une action au niveau national. La campagne 鈥淥ne Man Can鈥� (Ce qu鈥檜n seul homme peut faire) illustre cette approche globale.

Financ茅e par des donateurs comme l鈥橴NICEF, l鈥橭rganisation internationale pour les migrations, des fondations priv茅es et des organismes gouvernementaux, cette campagne a 茅t茅 lanc茅e dans les neuf provinces du pays et est progressivement mise en place dans les pays voisins. Elle a pour objectif de faire participer les hommes et les gar莽ons 脿 la lutte contre la violence domestique et sexuelle et d鈥檈ncourager l鈥櫭﹖ablissement de rapports sains et 茅quitables et de respect mutuel entre les sexes. La mobilisation de la soci茅t茅 civile favorise les changements au sein des familles et des communaut茅s et incite les autorit茅s 脿 se montrer plus actives.

Prendre position

鈥淣ous encourageons les hommes 脿 s鈥檈xprimer sur ces questions, 脿 prendre position, plut么t que de se contenter d鈥檕bserver sans rien faire鈥�, poursuit Bafana Khumalo. Lorsqu鈥檜n homme voit une femme battue par son fianc茅 ou son mari ou entend des cris derri猫re une porte ferm茅e, il doit assumer ses responsabilit茅s. 鈥淟es femmes ont peur de nous, elles ont peur d鈥檈ntendre des pas qui les suivent dans la nuit. Il faut leur prouver que nous sommes attentifs 脿 leurs pr茅occupations et que nous ne tol茅rons plus les comportements inacceptables des hommes 脿 leur 茅gard鈥�, dit-il.

La campagne entend 茅galement faire comprendre que les hommes sont capables d鈥檃imer passionn茅ment, mais avec respect et sensibilit茅. La complexit茅 et la diversit茅 des messages de la campagne d茅passent les d茅clarations d鈥檌ntention, offrant des conseils sur la mani猫re d鈥檌nstaurer la confiance entre partenaires et avec les femmes en g茅n茅ral. Les messages expliquent que la violence emp锚che les femmes de vivre pleinement et de se sentir en s茅curit茅 et que le respect mutuel repose sur le dialogue entre hommes et femmes, quelle que soit la nature de leurs rapports. Ce n鈥檈st qu鈥櫭� cette condition que les hommes comprendront que 鈥渘on, c鈥檈st non鈥�, que l鈥檜tilisation du pr茅servatif est importante, que la justice et le respect des droits sont essentiels sur le plan personnel et collectif, et que les autorit茅s doivent s鈥檃cquitter davantage des obligations pr茅vues dans la constitution.

En encourageant les hommes 脿 s鈥檌mpliquer directement dans la lutte contre la violence 脿 l鈥櫭ゞard des femmes, la campagne les incite aussi 脿 d茅fendre leurs principes et 脿 ne pas c茅der aux pressions exerc茅es par leurs amis pour maltraiter les femmes ou les humilier. Il incombe aux hommes de briser le cycle de la violence.

Sensibiliser amis et femmes

Les hommes qui ont modifi茅 leurs attitudes et se sont impliqu茅s dans la campagne rappellent souvent les limites de leur 茅ducation. Zithulele Dlakavu, organisateur de 鈥淥ne Man Can鈥� et acteur, 茅crivain et metteur en sc猫ne de spectacles 茅ducatifs, se souvient de l鈥檋ostilit茅 affich茅e par son meilleur ami vis-脿-vis de son engagement. Tr猫s proche depuis l鈥檃dolescence, son ami n鈥檃rrivait pas 脿 comprendre pourquoi Zithulele avait chang茅 脿 ce point. 鈥淭u n鈥檈st pas un homme鈥�, lui a-t-il lanc茅.

Mais ce qui d茅rangeait Zithulele est que son ami battait sa fianc茅e. Il lui en a parl茅 et a r茅ussi 脿 le convaincre de ne plus le faire.

Mais ce ne sont pas seulement les hommes qui doivent changer. Les 茅pouses ou fianc茅es se moquent souvent des hommes qui leur proposent de partager les t芒ches m茅nag猫res ou de prendre des d茅cisions communes. Lors d鈥檜n d茅bat qui s鈥檈st d茅roul茅 il y a trois ans 脿 Soweto, un faubourg de Johannesburg, un groupe d鈥檕rganisateurs 茅voquait les r茅actions des femmes 脿 leur nouveau comportement. L鈥檜n d鈥檈ux, de retour d鈥檜n atelier, avait fait le m茅nage et pr茅par茅 le d卯ner. Sa fianc茅e a cru que c鈥櫭﹖ait une fa莽on indirecte de lui faire savoir qu鈥檌l n鈥櫭﹖ait pas content de la mani猫re dont elle s鈥檕ccupait de lui ou du foyer. Un autre a 茅t茅 vertement tanc茅 par sa femme lorsqu鈥檌l lui a demand茅 de prendre une certaine d茅cision. 鈥淭u n鈥檈s plus capable de prendre des d茅cisions, comme un vrai homme ?鈥�, lui a-t-elle r茅pliqu茅.

Un autre encore a entendu dans un minibus une jeune femme confier 脿 son amie : 鈥淛e fais des b锚tises, c鈥檈st normal qu鈥檌l me frappe. Comment saurais-je autrement qu鈥檌l m鈥檃ime ?鈥� Lorsque le militant a tent茅 de lui expliquer que personne n鈥檃vait le droit de la battre, les deux femmes et d鈥檃utres hommes pr茅sents ont pouss茅 de hauts cris.

Si Bafana Khumalo, comme d鈥檃utres militants, s鈥檌nvestit autant dans son travail, c鈥檈st parce qu鈥檌l esp猫re voir un jour une soci茅t茅 plus s没re, pas seulement pour sa femme et ses s艙urs, mais pour sa fille aussi. 鈥淛e veux apporter ma pierre 脿 l鈥櫭﹖ablissement d鈥檜ne soci茅t茅 o霉 je ne devrai plus me soucier d鈥檃voir 脿 prot茅ger ma femme, o霉 ma fille pourra marcher sans peur de se faire maltraiter, o霉 elle pourra grandir en 茅tant elle-m锚me et vivre sa vie en cons茅quence. Je veux une soci茅t茅 dans laquelle ma femme et ma fille pourront vivre sans de telles craintes.鈥�