脡conomie : au Ghana, retour vers le futur
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脡conomie : au Ghana, retour vers le futur
Apr猫s des d茅buts prometteurs, suivis d'une longue instabilit茅, des signes de reprise
Afrique Renouveau:
UN Africa Renewal / Ernest Harsch
S茅chage du cacao dans la r茅gion Ashanti au Ghana. Le cacao, pilier de l'茅conomie durant le si猫cle pass茅, sera-t-il second茅 par le p茅trole ?Photo: ONU Afrique Renouveau / Ernest Harsch
En mars 1957, lorsque les cloches des 茅glises d'Accra annoncent la naissance du Ghana moderne, l'heure est 脿 l'optimisme. Victor Adams vivait 脿 l'茅poque 脿 Shiashi, un faubourg de la capitale. Shiashi n'avait alors ni 茅lectricit茅, ni routes, ni canalisation. "Il n'y avait que huit maisons en terre cuite dans tout le village", se rappelle M. Adams.
"Cette partie du village 茅tait remplie de broussailles et nous cultivions cette terre", dit-il en pointant du doigt ce qui est d茅sormais un des quartiers r茅sidentiels les plus cossus d'Accra. Selon M. Adams, responsable de la propri茅t茅 familiale, aujourd'hui, un terrain d'une surface de 100 m猫tres sur 80 peut rapporter l'茅quivalent de 65 000 dollars US. Les prix augmentent sans cesse, pouss茅s par l'expansion exponentielle de la capitale du pays.
Depuis l'ind茅pendance, Shiashi et ses environs ont 茅t茅 transform茅s. Mais les signes de sous-d茅veloppement abondent : installations sanitaires insuffisantes, routes non goudronn茅es et habitations m茅diocres. D'une certaine fa莽on, l'histoire de Shiashi refl猫te le d茅veloppement 茅conomique et social irr茅gulier du Ghana 脿 travers les ann茅es. Selon M. Adams, qui 茅tait 茅l猫ve au secondaire au temps de l'ind茅pendance, "notre pays aurait pu faire mieux". Ce sentiment est partag茅 par de nombreux Ghan茅ens.
Les premi猫res d茅cennies
Au moment de l'ind茅pendance, le Ghana 茅tait dot茅 d'un syst猫me d'茅ducation relativement performant. Ses ressources en devises 茅trang猫res s'茅levaient 脿 environ 481 millions de dollars US et son produit int茅rieur brut (PIB) 茅tait 脿 茅galit茅 avec celui de la Malaisie et de la Cor茅e du Sud. Il pouvait se permettre d'offrir une aide 脿 certains de ses voisins.
Mais comme dans d'autres pays africains apr猫s l'ind茅pendance, les d茅cennies suivantes ont 茅t茅 marqu茅es par l'instabilit茅 politique et une 茅conomie en ruine. D'apr猫s Ishac Diwan, le directeur de pays de la Banque mondiale au Ghana, la question du d茅clin du Ghana "est complexe".
Le premier Pr茅sident du Ghana, Kwame Nkrumah, a poursuivi une strat茅gie de croissance 茅conomique dirig茅e par l'脡tat. Beaucoup de ses grands projets ont 茅chou茅 apr猫s la chute des prix du cacao, le revenu principal en devises 茅trang猫res. Certaines compagnies nationales ont apport茅 aux Ghan茅ens des avantages sociaux. Mais celles-ci ont 茅t茅 co没teuses du point de vue 茅conomique, remarque Joe Abbey, le chef d'un groupe de r茅flexion ind茅pendant, le Center for Policy Analysis. "En r茅alit茅, beaucoup d'entre elles 茅taient d茅ficitaires."
Plus tard, dans les ann茅es 80, une grande partie du secteur manufacturier du pays, y compris l'industrie de l'habillement, s'est effondr茅e 脿 la suite de l'adoption par le Ghana des programmes d'ajustement structurel appuy茅s par la Banque mondiale et le Fonds mon茅taire international.
Sur le front politique, le renversement de Nkrumah en 1966 a d茅clench茅 une s茅rie de coups d'Etat et l'instabilit茅 politique. Aucun dirigeant 茅lu n'est all茅 au bout de son mandat. Ceci n'a chang茅 que lorsque le capitaine d'aviation Jerry Rawlings a transform茅 son gouvernement militaire pour devenir un pr茅sident 茅lu en 1992. Son transfert du pouvoir en 2000 脿 une opposition 茅lue d茅mocratiquement a marqu茅 le d茅but d'un changement de destin politique pour le Ghana. Selon M. Abbey, personne ne peut nier la contribution du Pr茅sident Rawlings au retour 脿 une gouvernance d茅mocratique.
Place du march茅 au nord du Ghana. Malgr茅 une forte croissance, l'茅conomie reste insuffisamment diversifi茅e et fait face 脿 des restrictions d'茅nergie.Photo: ONU Afrique Renouveau / Ernest Harsch
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Durant la derni猫re d茅cennie, le Ghana a connu de forts taux de croissance 茅conomique, passant de 5,4% au d茅but de la d茅cennie 脿 6,3% en 2008. Si le taux de croissance est maintenu entre 6 et 8%, comme l'esp猫rent certains, le Ghana pourrait atteindre le statut de pays 脿 revenu interm茅diaire en 2015.
Selon un rapport r茅cent de la Banque mondiale sur le Ghana, la croissance 茅conomique et l'茅largissement de la fiscalit茅 ont 茅galement permis des progr猫s substantiels par rapport aux Objectifs du Mill茅naire pour le d茅veloppement (OMD). Le Ghana est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs relatifs 脿 la scolarisation et 脿 l'acc猫s 脿 l'eau.
"Je pense que le Ghana est un bon exemple de ce qui peut 锚tre accompli dans la stabilit茅 et l'ouverture, d茅clare M. Diwan. On voit une agriculture bas茅e sur la production 脿 petite 茅chelle augmenter de 5% chaque ann茅e. On voit l'arriv茅e des services. Et on aper莽oit un secteur financier plus comp茅titif."
L'茅nergie est cruciale
L'茅conomie n'est pourtant que peu diversifi茅e. Pendant un si猫cle, le cacao en fut le support principal. Environ trois quarts des revenus des exportations reposent sur une agriculture manuelle, 脿 petite 茅chelle et aliment茅e par la pluie. Il y a de 30 脿 35% de pertes apr猫s r茅colte. Le gouvernement s'est engag茅 dans une politique de cultures m茅canis茅es 脿 large 茅chelle, sp茅cialement dans la production du riz, mais ceci demande des investissements consid茅rables.
L'industrie se d茅bat contre le co没t 茅lev茅 des fournitures, les taux d'int茅r锚t forts et les infrastructures inad茅quates. Pourtant, le Ghana d茅pense environ 1,1 milliard de dollars, soit 10% de son PIB, en infrastructures, selon le rapport Africa Infrastructure Country Diagnostic Report, publi茅 en mars 2010 par un consortium de donateurs et d'institutions africaines. D'apr猫s ce rapport, le d茅fi le plus pressant est peut-锚tre l'approvisionnement en 茅nergie. Le Ghana doit compter sur son barrage hydro茅lectrique d'Akosombo, qui d茅pend des pluies pour ses besoins d'茅lectricit茅, mais les autorit茅s envisagent un d茅veloppement de centrales 茅lectriques 脿 gaz, compte tenu de l'茅mergence de son secteur de p茅trole et de gaz.
La faiblesse des institutions de la zone de l'Afrique occidentale est aussi un obstacle, d茅clare M. Abbey. M. Diwan partage son avis. "L'ouverture des barri猫res dans la zone enti猫re de l'Afrique occidentale est vitale pour l'茅mancipation des march茅s locaux", dit-il.
Le p茅trole 脿 l'horizon
Des d茅couvertes r茅centes de p茅trole ont raviv茅 l'espoir d'une perc茅e 茅conomique. Le p茅trole, dit M. Abbey, pourrait briser "les chaines qui paralysent le Ghana et son industrie, et nous emp锚chent d'锚tre comp茅titifs".
En m锚me temps que ces signes d'opportunit茅s, il y a aussi des risques. M. Abbey d茅note le ph茅nom猫ne fr茅quent de la "mal茅diction des ressources" qui fait qu'une gestion d茅faillante du p茅trole, des diamants ou autres ressources naturelles peut ruiner l'茅conomie et favoriser la corruption. La production du p茅trole, ajoute M. Diwan, "doit 锚tre abord茅e avec prudence," car son impact social peut 锚tre immense.
Le gouvernement se dit d茅termin茅 脿 r茅ussir. Avec le soutien de donateurs, il r茅vise les r猫glements qui codifient l'exploration et la production p茅troli猫res, la participation locale et la gestion des revenus. En outre, ces derni猫res ann茅es ont vu l'茅mergence d'une soci茅t茅 civile forte et dynamique qui demande la transparence et la responsabilit茅.
Il y a de bonnes raisons d'锚tre optimiste. "Le mouvement vers le progr猫s est tr猫s fort," dit M. Diwan. "Nous pouvons compter sur une population bien form茅e, un secteur priv茅 important et un gouvernement bien organis茅." Dans la gestion de son p茅trole, pense-t-il, le Ghana r茅ussira l脿 o霉 d'autres pays africains ont 茅chou茅.鈥�
