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Au Rwanda, on se souvient

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Au Rwanda, on se souvient

Gouvernement et société civile s’efforcent de panser les plaies du génocide
Afrique Renouveau: 
Photo: Renato Granieri / Alamy
Mémorial du génocide à Kigali, Rwanda.  Photo: Renato Granieri / Alamy

Au Rwanda, chaque recoin porte un souvenir. Au pays des mille collines, l’histoire est faite de pardons incroyables et de récits qui unissent. L’espoir et la réconciliation abondent au sein de la clinique Women’s Equity in Access to Care and Treatment (WE-ACTx for Hope), fondée en 2013 pour venir en aide aux enfants et aux jeunes vivant avec le VIH. Appuyés par le gouvernement et des philanthropes locaux, les fondateurs de WE-ACTx for Hope se sont inspirés d’une initiative communautaire internationale.

À Kigali, deux cliniques de WE-ACTx offrent des services médicaux et psychosociaux gratuits à plus de 2 250 patients séropositifs. Ces cliniques qui dispensent des soins et assurent une éducation, organisent un camp d’été qui accueille 600 enfants et jeunes et leur permet de découvrir la musique et le théâtre, et d’apprendre à vivre avec le VIH. Ce camp permet également aux « parrains » d’apprendre aux plus jeunes à éviter les conflits.

Janet (nom d’emprunt), une marraine de 17 ans à la clinique, a été bouleversée lorsqu’elle a découvert sa séropositivité. Dorénavant, elle se rend à la clinique une fois par semaine pour enseigner la musique à un groupe d’enfants plus jeunes. « Nous nous sommes aperçus tout d’un coup que nous n’étions pas seuls et que beaucoup d’enfants étaient confrontés aux mêmes problèmes », explique-t-elle. « Nous sommes là pour leur montrer qu’ils peuvent être forts et vivre en bonne santé. »

Musiciens sans frontières, un réseau international de musiciens, s’est joint à l’initiative. La devise du groupe est la suivante : «ce qui est bien avec la musique, c’est que quand elle vous frappe, elle ne vous fait pas mal». Des paroles empruntées à Bob Marley, le légendaire chanteur de reggae jamaïcain. Le réseau organise régulièrement des ateliers pour des centaines d’enfants à Kigali et dans les villes et villages alentours, et propose également aux jeunes diverses formations.

La société civile met tout en œuvre pour favoriser la guérison de la population, tout comme le gouvernement. Outre le choix du 7 avril pour célébrer une Journée de commémoration du génocide, suivie d’une semaine de deuil national, le gouvernement a également créé un centre commémoratif du génocide à Kigali, qui a déjà accueilli plus de 100 000 visiteurs.

Dans ce centre, de nombreux documents témoignent de l’expérience des auteurs et des survivants des massacres. On peut y voir la photo d’un assassin accompagnée de son témoignage : l’homme semble attristé par les crimes qu’il a commis. Dans son témoignage, il explique que le gouvernement hutu lui a affirmé – ainsi qu’au reste de ses voisins hutus – que des soldats tutsis étaient sur le point de les assassiner, et qu’il fallait donc tuer tous les Tutsis. Il explique que les autorités hutues de l’époque poussaient les citoyens ordinaires au crime.

Des écoliers et des professeurs aussi bien tutsis que hutus visitent ce centre au moins deux fois par an pour assimiler la leçon : « plus jamais ça », formule choisie par le gouvernement pour faire prendre conscience à la population de l’horreur du génocide et rappeler à tous que le Rwanda de 2014 n’est plus celui de 1994. À n’en pas douter, les plaies du Rwanda se referment et le pays est prêt à aller de l’avant. Ìý

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