La reprise des efforts pour que le kiswahili devienne une lingua franca en Afrique promet d'锚tre b茅n茅fique pour le continent et le monde. Cet effort devrait r茅duire la d茅pendance de l'Afrique 脿 l'茅gard des langues 茅trang猫res dans les communications officielles, conduire 脿 la reconnaissance et 脿 la diffusion du kiswahili et promouvoir le panafricanisme. La campagne est toutefois confront茅e 脿 plusieurs d茅fis.
Aujourd'hui, sur les 54 pays du continent, l'anglais est la langue officielle de 27 pays et le fran莽ais celle de 21 pays - toutes deux sont des langues d'anciens colonisateurs. Leur utilisation continue attire des financements et d'autres avantages de ces pays.
Selon les experts, les supplanter pourrait cr茅er des d茅fis diplomatiques. Le professeur Obuchi Moseti, linguiste sp茅cialiste du kiswahili 脿 l'universit茅 Moi, note que ces langues 茅trang猫res sont bien 茅tablies et occupent une place strat茅gique dans la communication, la diplomatie et le commerce internationaux et mondiaux. Il ne sera pas facile de les remplacer par une langue vernaculaire africaine. La r茅ussite, souligne-t-il, d茅pend de la bonne volont茅 politique.听
Le professeur Chege Githora, du Kenya, ajoute que l'anglais et d'autres langues 茅trang猫res, comme le fran莽ais et le portugais, sont consid茅r茅es comme des "langues de pouvoir". 听
Le professeur James Michira, charg茅 de cours de kiswahili 脿 l'universit茅 d'茅tudes 茅trang猫res de Hankuk, d茅clare : "Le kiswahili doit d茅finir sa voie de mani猫re convaincante si l'on veut obtenir de v茅ritables r茅sultats en transformant ce qui ressemble 脿 un r锚ve en r茅alit茅."
Les langues maternelles repr茅sentent un autre d茅fi. En Afrique du Nord, l'arabe est la langue dominante, tandis qu'en Afrique de l'Ouest, des langues comme l'igbo, le haoussa et le yoruba jouissent du statut de lingua franca. Selon Ethnologue, la langue yoruba compterait environ 50 millions de locuteurs natifs et environ deux millions de locuteurs de langue seconde.
Pour que le kiswahili soit accept茅 et se d茅veloppe dans ces r茅gions, des ressources ad茅quates et une bonne volont茅 politique - y compris des apports financiers et 茅conomiques - sont imp茅ratives pour garantir qu'il servira les gens aussi bien, sinon mieux, que les langues qu'ils parlent aujourd'hui.
Le kiswahili s'est d茅velopp茅 en Afrique et au-del脿. On estime qu'il y a plus de 200 millions de locuteurs de kiswahili dans le monde. En fait, le kiswahili est class茅 parmi les dix langues les plus parl茅es au monde.
Cette reconnaissance conf猫re potentiellement au continent des avantages substantiels sur le plan 茅ducatif, diplomatique, commercial, touristique, culturel, philosophique et politique. Pour que ces avantages se concr茅tisent, il faut que le kiswahili soit largement utilis茅 et ma卯tris茅. Par exemple, le kiswahili ne sera pas une langue viable pour le tourisme si les touristes ne le comprennent pas.
Les pays ne signeront pas de protocole d'accord ni de documents diplomatiques si seule une seule partie 脿 un accord comprend le kiswahili. Si seuls quelques pays acceptent d'apprendre et d'enseigner le kiswahili aux gens, l'entreprise 茅chouera.
L'UA a adopt茅 le kiswahili comme langue de travail officielle en f茅vrier. 听Pour que le kiswahili se d茅veloppe au niveau mondial, un effort commun est n茅cessaire. La reconnaissance doit 锚tre obtenue. Des actions de lobbying doivent 锚tre men茅es.
Il est recommand茅 que l'UA constitue un comit茅 ou un organe sp茅cial charg茅 de sensibiliser tous les pays 脿 l'importance de faire du kiswahili la langue de l'Afrique pour l'Afrique. Le comit茅 pourrait faire pression sur les pays africains pour qu'ils soutiennent l'id茅e et s'adresser aux parties prenantes, au-del脿 de l'Afrique, pour obtenir de la bonne volont茅 et des fonds pour les programmes de promotion du kiswahili. Il devrait 茅galement mener des recherches et 茅laborer des strat茅gies pour promouvoir le kiswahili et accro卯tre sa popularit茅.
Pour que le kiswahili devienne une langue pour tous les Africains sur le continent africain, les ressources sont essentielles. L'Afrique est un vaste continent, et peu de personnes peuvent le traverser pour propager le kiswahili. Un financement ad茅quat pourrait toutefois soutenir la formation des enseignants en kiswahili et les m茅thodologies d'apprentissage d'une seconde langue sur tout le continent.
L'argent de la recherche pourrait permettre aux universitaires de formuler des recommandations sur la meilleure fa莽on de promouvoir les vertus du kiswahili en tant que langue commune. Le soutien aux infrastructures pourrait aider 脿 construire des salles de classe pour l'enseignement du kiswahili. Avec un financement suffisant, les biblioth猫ques pourraient 锚tre dot茅es de textes en kiswahili et de mat茅riel p茅dagogique dans toute l'Afrique.
La motivation et les sacrifices seront 茅galement n茅cessaires. Les personnes habitu茅es 脿 leur propre langue devront adopter une toute nouvelle langue vernaculaire. Heureusement, l'histoire fournit un pr茅c茅dent. Lors d'autres campagnes linguistiques dans le pass茅, des conf茅rences ont 茅t茅 organis茅es dans toute l'Afrique pour enseigner et r茅compenser les 茅tudiants qui avaient appris et atteint certains niveaux de comp茅tence dans une langue. 听Ce mod猫le 茅prouv茅 pourrait 锚tre mis en 艙uvre pour le kiswahili.
Des concours d'茅criture avec des r茅compenses attrayantes pourraient 锚tre propos茅s aux gens pour les motiver 脿 apprendre 脿 la fois la linguistique et la litt茅rature du kiswahili.
En outre, les politiques linguistiques de l'ensemble de l'Afrique doivent 锚tre actualis茅es et formul茅es de mani猫re 脿 prendre en compte le kiswahili, soit en tant que mati猫re obligatoire 脿 l'茅cole, soit en tant que langue 脿 apprendre dans l'enseignement formel.
D'autres r茅glementations de l'UA et des Nations Unies pourraient renforcer l'effort global. Par exemple, les personnes entrant en Afrique pour un investissement 脿 long terme ou 脿 des fins 茅ducatives pourraient 锚tre tenues d'茅tudier et de ma卯triser le kiswahili dans un d茅lai d茅termin茅.
Il pourrait 茅galement 锚tre exig茅 que toute personne s'adressant aux r茅unions de l'UA ait une connaissance pratique du kiswahili, m锚me si elle ne le ma卯trise pas 脿 100%.
Certains pays devraient suivre le mouvement, comme le Kenya et la Tanzanie, pays d'Afrique de l'Est. Ils ont 茅labor茅 des politiques d茅clarant le kiswahili langue nationale, ce qui l'a rendu populaire aupr猫s de sa population et a renforc茅 son importance.
Les partisans doivent rester conscients et sensibles aux autres langues africaines. L'Afrique est multiculturelle et la plupart des Africains sont n茅s potentiellement multilingues. Une insistance excessive sur les r猫gles pourrait 锚tre contre-productive. Une certaine souplesse est conseill茅e. 听Il faut permettre aux terminologies et aux mots des langues locales de s'infiltrer, donnant ainsi aux habitants un sentiment d'appartenance et de propri茅t茅 de la langue.
De cette mani猫re, beaucoup utiliseront le kiswahili sans qu'on leur rappelle ou qu'on les soup莽onne d'锚tre "colonis茅s". C'est un sentiment exprim茅 une fois par les Ougandais, qui ont dit qu'ils avaient l'impression d'锚tre "colonis茅s 脿 nouveau" par les K茅nyans chaque fois qu'ils parlaient le kiswahili.
Ce mouvement en faveur d'une langue panafricaine n'est pas nouveau. Julius Nyerere, premier pr茅sident de la Tanzanie, a soulign茅 la n茅cessit茅 d'avoir le kiswahili comme langue panafricaine. Cette langue a permis d'unifier les Tanzaniens selon la philosophie de l'Ujamaa.
L'effort actuel pour faire du kiswahili la langue commune du continent a un potentiel important pour faire le bien. Son succ猫s d茅pend de la capacit茅 de ses promoteurs 脿 锚tre parfaitement conscients de la myriade de d茅fis 脿 relever, 脿 rester sensibles aux divers groupes d'int茅r锚t et 脿 ex茅cuter leurs plans de mani猫re efficace.
Comme le fait remarquer le Dr Amatsibi Misigo, pr茅sident de la Commission nationale kenyane pour l'UNESCO, la reconnaissance du kiswahili par l'UA et l'Organisation des Nations unies pour l'茅ducation, la science et la culture (UNESCO) est un pas dans la bonne direction,
