51吃瓜

Marchande de tissus en Angola : Bien que les femmes poss猫dent pr猫s de la moiti茅 des entreprises africaines, elles ont beaucoup de mal 脿 obtenir des cr茅dits.

Photo: Panos / Thomas Havisham

鈥淣ous n鈥檃ttendons pas. Nous agissons鈥�, d茅clare Pilda Modjadji, membre fondatrice du Forum des agricultrices Pankop (Pankop Women Farmers Forum) de Mpumalanga en Afrique du Sud. 鈥淚l s鈥檃git pour nous d鈥檜ne affaire s茅rieuse."

Ce groupe, qui compte aujourd鈥檋ui 300 membres, a d茅marr茅 sur le modeste projet de cultiver collectivement des arbres fruitiers et d鈥檜tiliser la r茅colte pour compl茅ter le r茅gime alimentaire des familles, leur fournir des revenus et payer les droits d鈥檌nscription 脿 l鈥櫭ヽole pour les enfants. Mais ces femmes se sont rapidement rendu compte que le village n鈥檕ffrait que de maigres perspectives d鈥檈mploi aux enfants ayant fini leurs 茅tudes 鈥攃eux-ci quittaient le village pour la ville. D茅termin茅es 脿 cr茅er une nouvelle source d鈥檈mplois dans le village, elles ont, avec l鈥檃ccord et le soutien des chefs traditionnels et des autorit茅s municipales, mis sur pied une petite usine de fruits et de l茅gumes s茅ch茅s.

Le projet 茅tait ambitieux et les femmes ont pens茅 que les pr锚ts de microfinance traditionnels 鈥� qui se montent habituellement 脿 entre 20 et 300 dollars 鈥� seraient insuffisants. Pankop avait besoin de l鈥櫭﹒uivalent de 100 000 dollars. Elles ont obtenu cet argent aupr猫s de banques commerciales locales gr芒ce aux garanties de 70 000 dollars offertes par le fonds de garantie international Thembani, une soci茅t茅 sud-africaine fond茅e en 1996 par l鈥檕rganisation 脿 but non lucratif am茅ricaine Shared Interest, et par l鈥檕rganisme suisse Recherches et Applications de Financements Alternatifs au D茅veloppement (RAFAD). Ces garanties donnent aux banques l鈥檃ssurance que l鈥檕rganisme qui a accord茅 ce cautionnement absorbera une partie des pertes en cas de d茅faillance de l鈥檈ntreprise.

Avec ce premier pr锚t, les femmes de Mpumalanga ont transform茅 un ancien dortoir d鈥櫭ヽole en usine op茅rationnelle. Ce projet a initialement cr茅茅 65 emplois jeunes. Ensuite, gr芒ce 脿 un second emprunt de 120 00 dollars 茅galement avalis茅 par Thembani, elles ont augment茅 le nombre d鈥檈mploy茅s 脿 200 personnes organis茅es en plusieurs 茅quipes de travail post茅. Leur dernier emprunt se monte 脿 environ 1 million de dollars, dont 800 000 sont garantis par Thembani. Ces fonds leur permettront de satisfaire aux normes sanitaires et de s茅curit茅 alimentaire de l鈥橴nion europ茅enne et de commencer 脿 exporter leur production.

Une approche diff茅rente

Le Forum des agricultrices Pankop est le nouveau visage de la microfinance africaine. Traditionnellement, les organismes de microfinance ont souvent 茅t茅 des organismes 脿 but non lucratif d茅pendant fortement de bailleurs de fonds, visant 脿 financer des besoins essentiels et n鈥檃ccordant g茅n茅ralement que des pr锚ts modestes. Mais des fonds de capital d鈥檌nvestissement priv茅s et des organismes et particuliers se livrant 脿 des activit茅s philantrophiques permettent de plus en plus de soutenir une offre de pr锚ts de montants plus 茅lev茅s. Ils obtiennent ce r茅sultat en cautionnant les pr锚ts des banques commerciales locales, ce qui r茅duit les risques per莽us par celles-ci et les am猫nent 脿 pr锚ter des sommes plus substantielles.

Un pr锚teur local 脿 Mpumalanga (Afrique du Sud) : Les garanties li茅es aux pr锚ts encouragent les banques 脿 consentir davantage de cr茅dits aux groupes de femmes.

Photo: Africanpictures.net / Graeme Williams

Depuis sa cr茅ation en 1994, Shared Interest a accord茅 des garanties de plus de 13 millions de dollars et encourag茅 les banques, les communaut茅s de communes et les entreprises priv茅es d鈥橝frique du Sud 脿 d茅bourser environ 100 millions de dollars en pr锚ts. Ces pr锚ts ont b茅n茅fici茅 脿 plus de 1 million de Sud-Africains et de Sud-Africaines aux revenus modestes. Trois quarts de ces b茅n茅ficiaires sont des femmes.

Donna Katzin, pr茅sidente de la soci茅t茅 m猫re de Thembani, Shared Interest, a d茅clar茅 脿 Afrique Renouveau que son groupe ne se contente pas de faciliter l鈥檃cc猫s au cr茅dit. 鈥淭hembani choisit des projets et des partenaires, les aide 脿 mettre au point des projets commerciaux et des plans d鈥檃ffaires susceptibles d鈥檃ttirer un financement bancaire, et les met en contact avec les banques qui peuvent leur ouvrir le cr茅dit n茅cessaire."

Thembani fournit 茅galement un soutien technique aux banques commerciales qui accordent les pr锚ts. Mme Katzin note que la plupart de ces banques 茅taient auparavant peu port茅es 脿 pr锚ter 脿 des acteurs 茅conomiques non traditionnels. 鈥淟a plupart n鈥檕nt pas l鈥檈xp茅rience et la formation ou ont des probl猫mes avec ce genre de financement. Nous esp茅rons changer la mani猫re dont les banques op猫rent. Nous leur pr茅sentons un nouveau groupe qui a besoin de leurs capitaux.鈥�

Changement d鈥櫭ヽhelle

Selon la Soci茅t茅 financi猫re internationale (SFI) du groupe de la Banque mondiale, les femmes sont propri茅taires d鈥檈nviron 48 % de toutes les entreprises africaines. Mais elles 茅prouvent des difficult茅s 脿 obtenir un acc猫s au cr茅dit.

Des organisations non gouvernementales comme Shared Interest ne sont pas les seules 脿 utiliser une offre de garanties pour faciliter cet acc猫s. L鈥橭rganisation internationale du Travail (OIT) et la Banque africaine de d茅veloppement (BAD) ont cr茅茅 conjointement un programme de garantie de 10 millions de dollars baptis茅 Outil d鈥櫭﹙aluation des entreprises f茅minines 脿 fort potentiel de croissance (GOWE) g茅r茅 par la BAD et la SFI. Ce programme a pour but d鈥檃ider d鈥檌ci 脿 2011 environ 400 femmes entrepreneurs de toute l鈥橝frique 脿 obtenir l鈥檃cc猫s au cr茅dit. Les candidates 脿 l鈥檈mprunt doivent pour se qualifier g茅rer une entreprise qui existe depuis au moins deux ans et qui poss猫de un bon potentiel de croissance. Les candidates retenues peuvent alors emprunter entre 20 000 et 400 000 dollars, mais doivent apporter elles-m锚mes une contribution de 20 % aux co没ts de cette expansion.

Selon Mary Njoroge, la responsable des op茅rations de la SFI, 鈥渆n se concentrant sur les petites et moyennes entreprises (PME) d茅j脿 茅tablies qui recherchent des moyens d鈥檈xpansion鈥�, l鈥檕rganisme esp猫re pouvoir 鈥渁ccro卯tre la proportion d鈥檈ntreprises f茅minines qui parviennent effectivement 脿 passer 脿 l鈥櫭ヽhelle de la moyenne et de la grande entreprise.鈥�

Des pr锚ts pour assurer le succ猫s

Au Kenya, le Programme des Nations Unies pour le d茅veloppement (PNUD) a form茅 un partenariat avec Equity Bank 鈥� un organisme de microfinance qui s鈥檈st transform茅 en banque commerciale 鈥� afin de mettre sur pied un fond de 81 millions de dollars destin茅 脿 offrir des pr锚ts exclusivement aux femmes. 鈥淣ous appelons ces pr锚ts fanikisha [鈥渁ssurer le succ猫s鈥漖 et ils constituent 脿 ce jour l鈥檜n de nos produits les plus r茅ussis, d茅clare 脿 Afrique Renouveau James Mwangi, Directeur g茅n茅ral d鈥橢quity Bank. 鈥淐inquante-quatre pour cent des clients de notre banque sont des femmes et elles ont la meilleure r茅putation en ce qui concerne le remboursement des emprunts."

Les pr锚ts fanikisha d鈥橢quity sont bas茅s sur une 茅valuation des flux de tr茅sorerie de l鈥檈ntreprise plut么t que sur un nantissement. Les clientes peuvent emprunter aussi peu que 25 dollars et jusqu鈥櫭� 160 000 dollars ou plus, en fonction du remboursement de leurs emprunts ant茅rieurs.

Au Nigeria jusqu鈥櫭� r茅cemment, des femmes comp茅tentes ayant fait preuve de leur esprit d鈥檈ntreprise et propri茅taires de commerces solides ne pouvaient pas obtenir de pr锚ts faute de pouvoir satisfaire aux exigences de nantissement ou de poss茅der des ant茅c茅dents de cr茅dit. La plupart des banques commerciales, connaissant peu les entreprises f茅minines ou les cr茅neaux qu鈥檈lles occupent sur les march茅s, pensaient qu鈥檌l 茅tait trop risqu茅 de leur offrir des pr锚ts.

Mais une de ces banques, Access Bank, a cependant pens茅 qu鈥檈lle pouvait financer de mani猫re rentable des commerces f茅minins. Elle s鈥檈st adress茅e 脿 la SFI qui lui a fourni une ligne de cr茅dit de 15 millions de dollars pour des pr锚ts 脿 accorder sp茅cifiquement 脿 des propri茅taires d鈥檈ntreprises f茅minines. Ces pr锚ts ont 茅t茅 accompagn茅s de conseils de d茅veloppement commercial et de formations, afin d鈥檃ider ces femmes 脿 enrichir leurs comp茅tences et leurs activit茅s commerciales.

R茅duire les co没ts du cr茅dit

Au Kenya, 61 % des entrepreneurs familiaux sont des femmes, mais il y a deux d茅cennies il leur 茅tait difficile d鈥檕btenir les financements n茅cessaires 脿 l鈥檈xpansion de leurs commerces. En 1981, un groupe de femmes s鈥檈st r茅uni pour former la Fiducie financi猫re des femmes du Kenya (Kenya Women Finance Trust - KWFT), un organisme de microfinance pour le pr锚t aux femmes. 脌 ses d茅buts, KWFT faisait appel 脿 des fonds limit茅s de bailleurs de fonds et 脿 des emprunts aupr猫s des banques commerciales. Ces derniers comportaient fr茅quemment des taux d鈥檌nt茅r锚t 茅lev茅s que KWFT r茅percutait sur ses clientes. Jennifer Riria, Directrice g茅n茅rale de KWFT, explique que l鈥檕rganisme a d没 faire face 脿 de nombreuses d茅faillances et s鈥檈st lourdement endett茅.

Mais comme les banques commerciales se sont rendu compte que pr锚ter 脿 des femmes pouvait 锚tre rentable, les pr锚ts accord茅s 脿 des organismes comme KWFT sont devenus moins co没teux, leur permettant d鈥檕ffrir des taux d鈥檌nt茅r锚t moins 茅lev茅s et d鈥櫭﹍argir leur rayon d鈥檃ction. Aujourd鈥檋ui, KWFT est le plus important organisme de microfinance pour les femmes en Afrique de l鈥橢st et en Afrique centrale. Rien qu鈥檈n 2006, KWFT a offert 52 millions de dollars de pr锚ts 脿 ses clientes, g茅rait 16 millions de dollars de l鈥櫭﹑argne de ses membres et plus de 200 000 comptes r茅partis dans sept des huit provinces du Kenya.

Acc猫s aux assurances

Certains organismes de microfinance ont franchi un pas suppl茅mentaire au-del脿 de leur simple activit茅 de pr锚t. KWFT a compris que les frais m茅dicaux d鈥檜rgence forcent souvent les femmes 脿 puiser dans le capital de leur entreprise pour payer leurs soins de sant茅. La fiducie a donc lanc茅 un programme d鈥檃ssurance sant茅 pour ses clientes et leur famille.

Pour un versement annuel de 60 dollars, celles-ci obtiennent une police qui couvre les frais d鈥檋ospitalisation, d鈥檃ccident et d鈥檕bs猫ques. Elle leur permet aussi de toucher une allocation hebdomadaire pendant une hospitalisation et de pouvoir ainsi r茅pondre 脿 leurs obligations commerciales en cours. Si elles sont victimes d鈥檌nvalidit茅, elles re莽oivent une indemnit茅 forfaitaire. C鈥檈st une innovation dans un pays o霉 les assurances sont encore largement hors de port茅e pour tous ceux qui ne sont pas employ茅s dans l鈥櫭ヽonomie officielle.

Equity Bank offre 脿 sa client猫le, en grande majorit茅 des femmes, un service similaire. En partenariat avec British American Insurance et d鈥檃utres compagnies d鈥檃ssurances, la banque fournit pour une prime mensuelle d鈥檈nviron 6 dollars une assurance r茅colte, une assurance vie de base ou une assurance obs猫ques. M. Mwangi, Directeur g茅n茅ral d鈥橢quity, explique que les gens pauvres conservent souvent leurs 茅conomies sous des formes traditionnelles comme greniers 脿 c茅r茅ales et b茅tail. Mais cela les expose au risque de tout perdre si le temps ou d鈥檃utres circonstances changent d茅favorablement. 鈥淚ndividuellement, ils ne se qualifient pas pour souscrire une assurance, mais s鈥檌ls tombent malades ou s鈥檌ls perdent leur r茅colte, ils se retrouvent fondamentalement sinistr茅s."

Les compagnies d鈥檃ssurances traditionnelles ne peuvent pas offrir leurs services 脿 des clients qui ne peuvent payer que de faibles primes, car les co没ts d鈥檃dministration d茅passeraient souvent de tels montants. Mais quand Equity Bank a assum茅 ces co没ts d鈥檃dministration et collect茅 les montants minuscules de ces primes, les sommes concern茅es se sont r茅v茅l茅es atteindre annuellement plus de 20 millions de dollars. En op茅rant comme agent de perception des primes, Equity Bank n鈥檃s pas seulement 茅pargn茅 aux compagnies d鈥檃ssurances les co没ts et les risques de la collecte de petites primes et b茅n茅fici茅 d鈥檜ne commission, elle a aussi assur茅 que sa client猫le obtienne les assurances dont elle avait besoin.