脌 la fin du mois, des dirigeants mondiaux, des jeunes, des entrepreneurs et la soci茅t茅 civile se r茅uniront 脿 Lisbonne, au Portugal, pour la deuxi猫me Conf茅rence des Nations Unies sur les oc茅ans, pour mobiliser l'action et lancer des solutions innovantes fond茅es sur la science.
Co-organis茅 par le Portugal et le Kenya, l'茅v茅nement sera une plate-forme pour relever efficacement les d茅fis auxquels l'oc茅an est actuellement confront茅.
L'Ambassadrice Ana Paula Zacarias, Repr茅sentante permanente du Portugal aupr猫s de l'ONU, et l'Ambassadeur Martin Kimani, Repr茅sentant permanent du Kenya aupr猫s de l'ONU, partagent une passion pour l'oc茅an et la mission d'assurer la conservation et l'utilisation durable des oc茅ans, des mers et des ressources marines pour le d茅veloppement durable pour tous.
Avant de se rendre au Portugal, ils se sont entretenus avec听ONU Info听脿 New York, pour parler de la Conf茅rence et de ce que l'茅v茅nement - et ses r茅sultats - signifient pour leurs pays et le monde.
Cet entretien a 茅t茅 modifi茅 pour des raisons de longueur et de clart茅.
ONU Info : Que repr茅sente la Conf茅rence des Nations Unies sur les oc茅ans pour le Kenya et le Portugal 鈥� et quelles sont les principales attentes 脿 son 茅gard ?
Ana Paula Zacarias :听C'est une conf茅rence fondamentale pour le Portugal. L'oc茅an est tr猫s li茅 脿 notre histoire, 脿 notre culture, 脿 notre paysage physique, 脿 notre 茅conomie. Il y a aussi un lien avec notre engagement 脿 renforcer le multilat茅ralisme et 脿 avancer sur l'agenda Oc茅an, ainsi que sur les questions li茅es au changement climatique.
Nous esp茅rons avoir environ 12.000 participants du monde entier. Et nous avons d茅j脿 re莽u la confirmation de 15 chefs d'脡tat et de gouvernement, ainsi que de nombreuses organisations non gouvernementales, des acteurs de la soci茅t茅 civile, des universitaires, des organisations de jeunesse et des communaut茅s locales. M锚me certaines c茅l茅brit茅s 鈥� [l'envoy茅 sp茅cial des 脡tats-Unis pour le climat] John Kerry, et le c茅l猫bre Aquaman, [acteur et 茅cologiste] Jason Momoa, seront 脿 Lisbonne, ce qui est particuli猫rement important pour donner de la force 脿 la voix des jeunes.
Martin Kimani听: La Conf茅rence repr茅sente en effet une opportunit茅 et une responsabilit茅 importantes. Une opportunit茅 de d茅veloppement 茅conomique durable, d'am茅lioration de la s茅curit茅 alimentaire et d'emplois pour les jeunes du monde entier. Et une responsabilit茅 car nous devons veiller 脿 ce que les oc茅ans soient prot茅g茅s de la pollution et des effets du changement climatique. En tant que co-organisateurs, le Kenya et le Portugal souhaitent qu'un programme oc茅anique mondial audacieux et positif 茅merge de la conf茅rence.
Il est de plus en plus reconnu que nous devons inverser le d茅clin de la sant茅 des oc茅ans et atteindre l'objectif de d茅veloppement durable 14. Pour tirer parti de cela, le Kenya et le Portugal, en collaboration avec les Nations Unies, pr茅parent le terrain pour des d茅cisions qui permettront d'intensifier l'action oc茅anique bas茅e sur sur la science et l'innovation.
ONU Info : Les oc茅ans sont des pourvoyeurs 鈥� la population c么ti猫re des zones rurales du Kenya se consacre principalement 脿 la p锚che et 脿 l'agriculture pour sa subsistance ; et le Portugal avec sa longue c么te a aussi une relation forte et fructueuse avec l'oc茅an. Comment pouvons-nous nous assurer que nous prot茅geons les communaut茅s c么ti猫res et leurs moyens de subsistance ?
Martin Kimani听: Le littoral du Kenya est dot茅 de riches ressources naturelles qui comprennent des for锚ts de mangroves, des r茅cifs coralliens, des for锚ts terrestres, des plages de sable et des herbiers marins. Celles-ci g茅n猫rent une grande biodiversit茅 et des eaux productives qui, 脿 leur tour, soutiennent les 茅conomies et les moyens de subsistance.
Travaillant en 茅troite collaboration avec les communaut茅s c么ti猫res, le gouvernement a donn茅 la priorit茅 脿 l'am茅lioration du bien-锚tre des communaut茅s c么ti猫res en termes d'opportunit茅s 茅conomiques, de protection sociale, de r茅silience aux catastrophes naturelles et d'impact du changement climatique, et de r茅duction du risque de surexploitation et de m茅thodes risqu茅es d'utilisation des ressources des oc茅ans.
Par exemple, le projet Mikoko Pamoja, qui signifie 芦听mangroves ensemble听禄 en kiswahili, est un projet communautaire de cr茅dit de carbone bleu dans le comt茅 de Kwale, sur la c么te sud du Kenya. Avec l'appui technique du Kenya Marine and Fisheries Research Institute (KMFRI) et d'autres partenaires, les communaut茅s c么ti猫res travaillent 脿 replanter, g茅rer et restaurer les mangroves d茅grad茅es, dont il a 茅t茅 prouv茅 qu'elles luttent contre le changement climatique gr芒ce 脿 la capture et au stockage du carbone.
Mikoko Pamoja commercialise des cr茅dits de carbone de mangrove depuis 2013. Les revenus g茅n茅r茅s sont utilis茅s pour soutenir des projets communautaires dans les domaines de l'eau et de l'assainissement, de l'茅ducation et de la conservation de l'environnement.
Concr猫tement, cela signifie que les populations locales sont habilit茅es 脿 prendre des d茅cisions d茅mocratiques en mati猫re de d茅penses et d'investissements, telles que l'achat de nouveaux manuels scolaires, de mobilier et la fourniture de points d'eau. Au moins 73% des 6.000 habitants des villages de Gazi et de Makongeni d茅pendent des points d'eau fournis par le projet.
Et ce projet innovant de compensation carbone est maintenant reproduit et 茅tendu dans les mangroves voisines de Vanga dans le comt茅 de Kwale et dans d'autres zones de mangroves en Afrique.
Ana Paula Zacarias听: Ce [projet] met en 茅vidence une question fondamentale au centre de cette Conf茅rence. Nous devons montrer et prouver avec des donn茅es qu'il existe un lien entre les oc茅ans et le climat, d'autant plus que ces deux 茅l茅ments sont fondamentaux pour ce que nous voulons atteindre avec les communaut茅s locales, qui se sentent souvent menac茅es par la situation combin茅e du changement climatique et de la mont茅e des eaux. Leur implication dans la recherche de solutions est essentielle.
Et ces solutions doivent 锚tre durables et tenir compte de leurs moyens de subsistance. Nous devons 茅tablir un dialogue fort avec les parties prenantes mais aussi avec les gouvernements locaux et r茅gionaux, car ils ont aussi leur mot 脿 dire sur ce que nous pouvons faire. C'est pourquoi nous organisons un 茅v茅nement sp茅cial pendant la conf茅rence. Cet 茅v茅nement, Localizing Action for the Ocean: Local and Regional Governments (Localiser l鈥檃ction pour l鈥檕c茅an听: les gouvernements locaux et r茅gionaux), se concentre sur la mani猫re dont nous pouvons interagir avec les communaut茅s locales, apporter leurs connaissances et discuter avec elles des moyens de devenir plus durables, d'avoir une p锚che plus durable et un tourisme c么tier plus durable.
ONU Info : Comment vos pays travaillent-ils vers une 茅conomie bleue, et comment la Conf茅rence contribuera-t-elle 脿 cet objectif ?
Ana Paula Zacarias听: Les oc茅ans sont fondamentaux pour la vie sur Terre, ils sont pourvoyeurs de nourriture, mais aussi de tant d'autres 茅l茅ments importants de notre vie. Nous pouvons utiliser les oc茅ans pour le plaisir, pour le tourisme, pour le sport, pour le transport maritime, et il y a tellement de fa莽ons dont les oc茅ans sont des fournisseurs de durabilit茅 pour la vie des communaut茅s.
J'esp猫re vraiment que cette conf茅rence stimulera cela. Nous tiendrons un dialogue interactif sur l'茅conomie bleue durable - lorsque nous parlons d'茅conomie bleue durable, nous devons penser 脿 la p锚che, 脿 la biodiversit茅, ainsi qu'脿 toute la richesse qui se trouve au fond de la mer.
L'oc茅an offre une immense richesse dont nous pouvons tous profiter, mais nous devons faire tr猫s attention 脿 ne pas interf茅rer avec les 茅cosyst猫mes d茅licats. Nous devons tenir compte des probl猫mes de pollution et nous assurer que nous recevons les mains ouvertes toute cette richesse, et en m锚me temps nous fournissons tous les soins dont les oc茅ans ont besoin.
Martin Kimani听: Le Kenya a donn茅 la priorit茅 脿 l'utilisation durable des ressources de l'oc茅an et de l'茅conomie bleue en tant que catalyseur de notre Vision 2030. [Le Kenya est] une fronti猫re 茅conomique 茅mergente, et l'茅conomie bleue devrait contribuer 脿 notre d茅veloppement 茅conomique gr芒ce 脿 la s茅curit茅 alimentaire et nutritionnelle, le d茅veloppement c么tier et rural et les revenus le long des cha卯nes de valeur aquatiques, le transport maritime et le tourisme.
Outre les efforts nationaux, le Kenya reste un partenaire volontaire de la communaut茅 r茅gionale et internationale pour 茅laborer une position commune sur la mani猫re de faire face aux menaces et aux d茅fis li茅s aux oc茅ans. Les deux tiers des eaux mondiales se trouvent dans des zones situ茅es au-del脿 de la juridiction nationale des zones 茅conomiques exclusives [ZEE]. Cela n茅cessite, bien s没r, que nous travaillions tous ensemble pour coordonner le partage des connaissances et des donn茅es et le financement du d茅veloppement.
ONU Info : Le r么le de la jeunesse sera central 脿 Lisbonne, avec de jeunes entrepreneurs travaillant sur des solutions innovantes et fond茅es sur la science 脿 des probl猫mes critiques, une partie importante du dialogue. Comment voyez-vous la participation et l'implication des jeunes dans la sauvegarde de nos oc茅ans ?
Martin Kimani听: Reconnaissant le r么le des jeunes, nous organiserons 茅galement le Forum des jeunes sur les oc茅ans, un 茅v茅nement sp茅cial en marge de la Conf茅rence qui fournira une plate-forme pour l'action oc茅anique et la mise en 艙uvre de solutions dirig茅es par les jeunes 脿 grande 茅chelle pour r茅pondre 脿 l'ODD14. Nous devons offrir aux jeunes un espace pour participer et contribuer au secteur de l'茅conomie bleue en pleine croissance.
Le ch么mage, en particulier le long des c么tes du Kenya, pr茅dispose les jeunes au crime, 脿 la drogue et 脿 la radicalisation vers l'extr茅misme violent propice au terrorisme.
Les unit茅s de gestion des plages (BMU), qui travaillent au niveau communautaire en recrutant des jeunes ayant suivi une 茅ducation formelle et informelle, leur offrent une formation en conservation et cr茅ent de modestes opportunit茅s d'entreprises sociales et des revenus stables dans l'aquaculture.
Le gouvernement du Kenya s'est 茅galement engag茅 脿 茅duquer et 脿 motiver les jeunes dans le domaine maritime afin d'am茅liorer les avantages commerciaux des ressources oc茅aniques.
Ana Paula Zacarias听: Nous avons vu la pertinence de la participation des jeunes dans tout ce qui concerne l'action climatique. Je pense que la jeune g茅n茅ration comprend tr猫s bien le d茅fi que cela repr茅sente pour sa vie, pour son avenir et pour la vie de ses enfants.
Il est donc absolument fondamental d'impliquer 茅galement les jeunes dans la conversation sur l'utilisation durable des oc茅ans. Et comme l'a mentionn茅 l'Ambassadeur Kimani, le Forum des jeunes sera utilis茅 comme un forum d'innovation, o霉 nous visons 脿 rassembler tous les jeunes de diff茅rents domaines de connaissances et d'action et 脿 leur donner la capacit茅 de penser de mani猫re innovante sur les oc茅ans et leur pertinence.
C'est vraiment tr猫s important [d'avoir] de jeunes entrepreneurs et de jeunes militants du climat et des oc茅ans. Ils peuvent apporter une 茅norme contribution 脿 cet agenda. Ainsi, nous esp茅rons que par leur implication dans ce forum, ils pourront apporter des solutions qui pourront 锚tre utilis茅es non seulement par les gouvernements, mais aussi au niveau de l'ONU.
ONU Info : La Conf茅rence de cette ann茅e d茅terminera 茅galement le niveau d'ambition de la D茅cennie des Nations Unies pour les sciences oc茅aniques au service du d茅veloppement durable. Quelles sont les prochaines 茅tapes, pour s'assurer que nous continuons 脿 travailler pour un oc茅an sain, apr猫s Lisbonne听?
Martin Kimani听: La science nous dit que les oc茅ans sont essentiels pour l'avenir de l'humanit茅 et que les activit茅s humaines sont la plus grande menace pour le bien-锚tre des oc茅ans. Nous continuons 脿 soumettre les syst猫mes oc茅aniques 脿 un stress immense qui compromet les vastes opportunit茅s et le potentiel des ressources oc茅aniques auxquelles nous faisons souvent r茅f茅rence.
Les nations doivent s'engager dans un m茅canisme mondial urgent et un cadre de mise en 艙uvre limit茅 dans le temps et 茅tay茅 par des preuves scientifiques qui obligeraient les pays 脿 trouver un 茅quilibre entre la conservation et l'exploitation en les tenant responsables de leurs actions.
Nous avons 茅galement besoin d'investissements dans la recherche scientifique qui contribue 脿 la s茅curit茅 alimentaire et nutritionnelle mondiale, 脿 la planification de l'espace maritime et 脿 la gestion du changement climatique.
Comme je l'ai dit, la Conf茅rence sur les oc茅ans 茅valuera notre niveau d'ambition pour apporter un changement transformateur. Le monde a cruellement besoin de bonnes nouvelles pour offrir de l'espoir aux populations qui peinent sous le fardeau d'une pand茅mie, des guerres et des effets du changement climatique. Ils doivent consid茅rer notre r茅union de Lisbonne comme une torche 茅clairant la voie vers une action multilat茅rale efficace et percutante. Nous ferons tout notre possible, en tant que Kenya, pour que cela se produise.
Ana Paula Zacarias听: C'est en effet, pour nous et pour nos amis du Kenya, une entreprise majeure alors que nous accueillons cette Conf茅rence. A l'heure o霉 la mar茅e monte, comme on nous le rappelle souvent, c'est le moment d'茅voquer les oc茅ans et d'茅voquer tous ces 茅l茅ments dans le contexte du climat, du d茅veloppement durable, des migrations et de la s茅curit茅.
Par exemple, lorsque nous examinons la situation dans plusieurs 卯les du Pacifique, nous voyons les difficult茅s auxquelles les gens sont confront茅s et les possibilit茅s d'augmentation des conflits en raison des d茅fis auxquels ils sont confront茅s, ayant moins de ressources.
Cette Conf茅rence est la deuxi猫me grande manifestation organis茅e sur ce sujet, et nous esp茅rons qu'il y en aura au moins une autre, et une troisi猫me conf茅rence devrait 锚tre organis茅e dans le cadre de la D茅cennie des Nations Unies pour les sciences oc茅aniques.
De plus, dans le cadre des n茅gociations sur le changement climatique et la biodiversit茅, la [conf茅rence des Nations Unies sur le climat] et la convention sur la biodiversit茅 se r茅uniront maintenant, nous devons donc rassembler tous ces 茅l茅ments et 锚tre en mesure de continuer 脿 travailler non pas en silos mais dans une approche holistique mani猫re 脿 ce que tous ces agendas puissent fonctionner en m锚me temps. C'est fondamental si nous voulons avoir un monde meilleur, un monde plus s没r, un monde plus durable pour les g茅n茅rations futures.
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