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Alliances pour les droits des femmes

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Alliances pour les droits des femmes

Les militantes nord-africaines engagent le dialogue avec les religieux musulmans
Afrique Renouveau: 

Au cours des dernières années, les femmes algériennes, égyptiennes, marocaines et tunisiennes ont obtenu plus de droits, un meilleur accès à l’éducation et une légère amélioration de leur représentation politique. Mais, explique Leila Rhiwi, du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), il faudra, pour pérenniser ces progrès, que les organisations de femmes, les gouvernements et les groupes religieux unissent leurs efforts. “Pour garantir et consolider les gains des dernières années, nous devons les faire suivre de l’application des réformes, déclare-t-elle à Afrique Renouveau."

Le besoin de concertation est encore plus manifeste face à l’opposition grandissante de groupes et de religieux conservateurs qui prétendent que de telles initiatives ne respectent pas la loi islamique et sont contraires aux prescriptions du Coran. En Afrique du Nord, déclare Mme Rhiwi, ce type d’opposition témoigne de l’influence croissante des tendances conservatrices qui se manifestent dans tout le monde musulman. “Les idées véhiculées par les médias nous touchent, explique-t-elle. Au Maroc, la plupart des gens qui traitent des droits de la femme dans les médias défendent des interprétations conservatrices de la loi. Les voix progressistes sont absentes.”

Résistance et réactions

Mme Valentine Moghadam, spécialiste des disparités entre les sexes à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), observe que “le discours politique est dominé en Egypte par les polémiques conservatrices des islamistes”.

Bruce Maddy-Weitzman, chercheur spécialiste de la région, rapporte que l’adoption au Maroc d’une nouvelle loi sur la famille en 2003-04 “a accru la popularité du roi auprès des milieux libéraux et des femmes”. Louisa Dris-Ait-Hamadouche, autre chercheuse, a noté que les interprétations contradictoires de la charia (loi islamique) font qu’en Afrique du Nord le débat sur le rôle des femmes “oscille d’un pôle à l’autre entre les valeurs laïques et les principes religieux (et traditionnels)”.

Le soutien de religieux

Les groupes de femmes ont appris à s’adapter à différentes situations, explique Mme Rhiwi. “Ils sont très bien organisés. Ils connaissent le contexte religieux dans lequel ils évoluent et sont capables d’utiliser des arguments fondés sur les droits humains universels aussi bien que des arguments religieux pour défendre leur cause.” La plupart du temps, ajoute-t-elle, “pour réussir nous devons trouver des religieux qui ont des interprétations progressistes du Coran”.

De telles possibilités de existent. Quand en 2004, le Gouvernement égyptien a nommé une femme juge à la Cour suprême, des groupes conservateurs y ont vu une violation de la loi islamique. Quand trois ans plus tard le Gouvernement a nommé trente femmes juges de plus, il a fait l’objet de nouvelles critiques. Ces réactions ont conduit le Gouvernement à demander à l’Université Al Azhar, le plus ancien établissement d’enseignement religieux du monde musulman et la plus haute autorité sur la loi islamique en Egypte, de se prononcer sur la question. Le mufti d’Al Azhar a conclu que ces nominations n’enfreignaient pas la loi islamique.

Le mufti avait auparavant rendu une décision confirmant que la loi islamique donnait aux hommes et aux femmes les mêmes possibilités de mettre fin à un mariage malheureux.

Les organisations de femmes marocaines ont aussi cherché à travailler en étroite collaboration avec des religieux, rapporte Mme Rhiwi. “Nous avions besoin que la société comprenne que les religieux conservateurs n’étaient pas les seuls interprètes de l’Islam.” Grâce à ces partenariats, ajoute-t-elle, les organisations de femmes ont pu obtenir des jugements islamiques favorables aux amendements de la loi, qui visaient par exemple à relever l’âge auquel une femme peut légalement se marier, accorder des droits égaux aux hommes et aux femmes dans le mariage et les procédures de divorce, et garantir aux femmes leurs droits de garde des enfants.

Mme Rhiwi est persuadée qu’il est essentiel que les groupes de femmes poursuivent leur campagne. “Nous avons réalisé que c’était crucial quand nous avons remarqué que c’étaient les hommes et les femmes mêmes qui étaient chargés de mettre en place ce nouveau système qui étaient le plus réticents, dit-elle. Nous devons assurer la formation de nombreux juges et de nombreuses personnes qui oeuvrent dans le système judiciaire, mobiliser les gens et les éduquer."

Mme Rhiwi ne doute néanmoins pas que les avancées des droits de la femme réalisées en Afrique du Nord vont durer. “Nous comprenons bien que des voix conservatrices s’élèvent ici et là. Mais nous savons aussi qu’il y a des voix progressistes. Je ne pense pas que nous puissions maintenant revenir en arrière. Je pense que nous sommes parvenus à une bonne étape du processus. Mais l’équilibre est toujours très fragile.”

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