1 juin 2007

Depuis les deux derni¨¨res d¨¦cennies, plus de 200 millions de personnes sont touch¨¦es en moyenne chaque ann¨¦e par les catastrophes naturelles. Ces catastrophes ont fait de nombreuses victimes et ont eu des cons¨¦quences sociales, ¨¦conomiques et environnementales n¨¦fastes ¨¤ long terme. Les soci¨¦t¨¦s vuln¨¦rables sont les plus expos¨¦es, en particulier dans les pays en d¨¦veloppement o¨´ les capacit¨¦s de r¨¦action sont les plus faibles.


Pour ces pays, les catastrophes naturelles constituent un obstacle s¨¦rieux ¨¤ la r¨¦alisation des Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement1. L'exp¨¦rience, notamment le tsunami dans l'oc¨¦an Indien en 2004, a montr¨¦ que m¨ºme si les risques naturels ne peuvent ¨ºtre ¨¦vit¨¦s, leur impact pourrait ¨ºtre r¨¦duit si la capacit¨¦ de r¨¦cup¨¦ration des collectivit¨¦s ¨¦tait renforc¨¦e.


Suite ¨¤ l'examen des progr¨¨s accomplis pendant dix ans dans la pr¨¦vention des catastrophes, la Conf¨¦rence mondiale sur la pr¨¦vention des catrastrophes2, qui s'est tenue ¨¤ Kob¨¦, au Japon, en janvier 2005, a adopt¨¦ un document important - le cadre d'action de Hyogo pour 2005-2015 : renforcer la capacit¨¦ de r¨¦cup¨¦ration des pays et des collectivit¨¦s face aux catastrophes3. Ce Cadre a soulign¨¦ l'importance des mesures d'alerte rapide pour pr¨¦venir les risques li¨¦s aux catastrophes qui pourraient sauver des vies et permettre de prot¨¦ger les moyens d'existence et les gains du d¨¦veloppement. Les syst¨¨mes d'alerte rapide ont ¨¦t¨¦ reconnus comme un outil efficace pour r¨¦duire la vuln¨¦rabilit¨¦ des populations et am¨¦liorer la pr¨¦paration ainsi que la r¨¦action aux risques naturels.


L'alerte rapide a ¨¦t¨¦ soulign¨¦e dans diverses r¨¦solutions de l'Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale comme ¨¦tant un ¨¦l¨¦ment crucial de la pr¨¦vention des catastrophes. La Strat¨¦gie internationale de pr¨¦vention des catastrophes naturelles (ISDR), qui a ¨¦t¨¦ ¨¦tablie en 2000 pour succ¨¦der ¨¤ la D¨¦cennie internationale de la pr¨¦vention des catastrophes naturelles 1990-1999 (IDNDR), a plaid¨¦ pour la cr¨¦ation d'un syst¨¨me d'alerte rapide centr¨¦ sur la population. L'importance d'un tel syst¨¨me a ¨¦t¨¦ soulign¨¦e ¨¤ maintes reprises dans les programmes d'action internationaux, notamment la Strat¨¦gie de Yokohoma4, Action 215, le Plan d'action de la Barbade pour les petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement6, le Plan de mise en ?uvre de Johannesburg7, la Strat¨¦gie de Maurice8 et le Sommet du G-8 de Gleneagles9, ainsi que dans les accords multilat¨¦raux importants en mati¨¨re d'environnement, notamment la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention sur la lutte contre la d¨¦sertification.


Pour promouvoir les objectifs de la Strat¨¦gie de Yokohama adopt¨¦e en 1994, des activit¨¦s sp¨¦cifiques ont ¨¦t¨¦ entreprises durant la D¨¦cennie internationale. En 1998, la Conf¨¦rence internationale sur les syst¨¨mes d'alerte rapide pour la pr¨¦vention des catastrophes naturelles s'est r¨¦unie ¨¤ Potsdam, en Allemagne, afin d'¨¦tudier l'utilisation des technologies modernes pour les syst¨¨mes d'alerte rapide. La Deuxi¨¨me Conf¨¦rence internationale sur les syst¨¨mes d'alerte rapide (EWC II) a ¨¦t¨¦ organis¨¦e par le gouvernement allemand ¨¤ Bonn en 2003, sous l'¨¦gide de l'ISDR, et li¨¦e aux efforts du Groupe de travail II de l'?quipe sp¨¦ciale interorganisations sur la pr¨¦vention des catastrophes. Cette Conf¨¦rence a mis l'accent sur la n¨¦cessit¨¦ d'int¨¦grer l'alerte rapide dans les politiques publiques pertinentes. Apr¨¨s l'adoption du Cadre de Hyogo, la Troisi¨¨me Conf¨¦rence internationale, organis¨¦e ¨¤ Bonn en mars 2006, s'est attel¨¦e ¨¤ l'¨¦laboration de mesures et de projets pour mettre en ?uvre le Cadre de Hyogo.


Apr¨¨s le tsunami, survenu le 26 d¨¦cembre 2004, on s'est pench¨¦ sur la question quand il est devenu clair qu'un syst¨¨me d'alerte rapide associ¨¦ ¨¤ l'¨¦ducation de la population aurait pu sauver des milliers de vies. Dans son rapport intitul¨¦ Dans une libert¨¦ plus grande : vers le d¨¦veloppement, la s¨¦curit¨¦ et les droits de l'homme pour tous, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l'ONU a propos¨¦ que le syst¨¨me de l'ONU dirige le d¨¦veloppement des capacit¨¦s mondiales pour axer syst¨¦matiquement les syst¨¨mes d'alerte rapide sur les populations en couvrant l'ensemble des risques ainsi que l'ensemble des pays et des collectivit¨¦s expos¨¦s. Il a demand¨¦ qu'une ¨¦tude mondiale soit r¨¦alis¨¦e en vue de promouvoir la cr¨¦ation d'un syst¨¨me mondial d'alerte rapide (SMAR) pour tous les risques naturels. Le rapport de l'¨¦tude, coordonn¨¦ par le secr¨¦tariat de l'ISDR, a conclu que bien que certains syst¨¨mes soient performants, il y avait des lacunes, en particulier en mati¨¨re d'acc¨¨s aux populations et de r¨¦ponse aux besoins des personnes ¨¤ risque dans les pays en d¨¦veloppement. Il a ¨¦galement recommand¨¦ la mise en place d'un syst¨¨me d'alerte rapide mondial bas¨¦ sur les syst¨¨mes d'alerte et les capacit¨¦s existants, ainsi que la cr¨¦ation de mesures sp¨¦cifiques pour mettre en place des syst¨¨mes centr¨¦s sur les populations au niveau national afin de combler les lacunes en mati¨¨re de capacit¨¦s globales, de renforcer les bases de donn¨¦es scientifiques de l'alerte rapide et de poser les bases institutionnelles pour la cr¨¦ation d'un syst¨¨me mondial d'alerte rapide.


Dans son rapport de 2006 sur la Strat¨¦gie internationale de pr¨¦vention des catastrophes, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral a encourag¨¦ les ?tats Membres et les organisations ¨¤ mettre en place un syst¨¨me mondial d'alerte rapide pour tous les risques naturels et toutes les collectivit¨¦s bas¨¦ sur les syst¨¨mes existants et de rem¨¦dier aux insuffisances et aux besoins d'ordre technique et organisationnel, comme il est recommand¨¦ dans l'?tude mondiale des syst¨¨mes d'alerte rapide. Une planification coordonn¨¦e et des recommandations sont n¨¦cessaires pour d¨¦finir les priorit¨¦s et les objectifs pratiques ¨¤ atteindre et gagner l'attention et la participation de toutes les parties int¨¦ress¨¦es. Cela devrait se faire au travers de m¨¦canismes pertinents, en particulier par le biais du Programme international d'alerte rapide (IEWP).


Le rapport du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral a pour but de fournir aux entit¨¦s de l'ONU une ¨¦tude strat¨¦gique des capacit¨¦s et des lacunes existantes dans les syst¨¨mes d'alerte rapide actuels, de promouvoir la coop¨¦ration interinstitutions et d'¨¦viter le chevauchement d'efforts li¨¦s ¨¤ la mise en place d'un SMAR. Le rapport contient des informations actualis¨¦es fournies par les entit¨¦s de l'ONU confirmant leur engagement ¨¤ mettre en place un SMAR au cours des deux prochaines ann¨¦es. Il a recommand¨¦ l'¨¦tablissement de m¨¦canismes de gouvernance, une coordination et un soutien aux plans national et r¨¦gional, notamment en encourageant les institutions des Nations Unies et les autres institutions internationales ¨¤ engager leurs efforts dans les domaines technique, humanitaire et du d¨¦veloppement. En tant que processus de renforcement des capacit¨¦s, l'IEWP a pour but de d¨¦finir et de confirmer les responsabilit¨¦s des grandes organisations internationales et de promouvoir les efforts en vue d'¨¦tablir un syst¨¨me mondial d'alerte rapide. Toutefois, des obstacles importants doivent ¨ºtre surmont¨¦s pour cr¨¦er et coordonner un tel syst¨¨me et appliquer les capacit¨¦s techniques ainsi que les ressources financi¨¨res des organisations internationales.


Un syst¨¨me mondial d'alerte rapide efficace repose sur deux piliers : les m¨¦canismes de gouvernance, de coordination et de soutien aux niveaux international et r¨¦gional et les capacit¨¦s des pays. Ces m¨¦canismes permettent de d¨¦finir le r?le et les capacit¨¦s des organisations pertinentes, d'apporter l'appui n¨¦cessaire aux partenariats institutionnels et d'engager la responsabilit¨¦ des gouvernements. Qu'est-ce qu'un syst¨¨me mondial d'alerte rapide ? C'est un syst¨¨me o¨´ les syst¨¨mes de pr¨¦vision ne sont pas seulement mis en place pour cr¨¦er un syst¨¨me mondial en assemblant les pi¨¨ces des syst¨¨mes r¨¦gionaux, mais o¨´ les protocoles correspondent aux normes internationales, o¨´ les donn¨¦es sont ¨¦valu¨¦es avec rapidit¨¦ et pr¨¦cision et o¨´ les informations sont partag¨¦es syst¨¦matiquement avec les pays voisins par le biais de r¨¦seaux r¨¦gionaux fiables.
Au plan national, un syst¨¨me d'alerte efficace permet d'assurer que les pays sont en mesure d'¨¦mettre et de recevoir des alertes en cas de catastrophe et de diffuser efficacement ces informations ¨¤ la population et aux services de secours. Au niveau local, des plans de r¨¦ponse sont mis en place par les autorit¨¦s locales, par exemple pour d¨¦terminer les refuges et ¨¦vacuer la population sans confusion et sans d¨¦lai. Les cartes de risques faciles ¨¤ lire indiquant les routes d'¨¦vacuation sont des outils efficaces dans de nombreux cas. Pour pouvoir r¨¦agir efficacement, il est important d'¨¦duquer la population au niveau des collectivit¨¦s ainsi que les enfants par des programmes scolaires leur enseignant ce qu'il faut faire en cas de catastrophes. Par exemple, une petite fille ayant appris les premiers signes d'un tsunami au cours d'une le?on de g¨¦ographie a r¨¦ussi ¨¤ sauver sa famille et d'autres personnes dans une station baln¨¦aire de Tha?lande lors du tsunami en d¨¦cembre 2004. Les exercices d'¨¦vacuation permettent d'identifier les obstacles pouvant se pr¨¦senter pendant les secours. Les personnes vuln¨¦rables, comme les enfants, les pauvres, les personnes ?g¨¦es et les handicap¨¦s, peuvent n¨¦cessiter une aide suppl¨¦mentaire de leur gouvernement, ainsi que des organisations gouvernementales et non gouvernementales.


M¨ºme s'ils paraissent co?teux au premier abord, les investissements dans les grandes villes permettraient de r¨¦duire ¨¤ long terme les pertes li¨¦es aux catastrophes. Il faut encourager les ¨¦tudes sur l'analyse de rentabilit¨¦ des investissements dans les syst¨¨mes d'alerte rapide pour minimiser les pertes li¨¦es aux catastrophes. Mais quels que soient les efforts men¨¦s par les parties int¨¦ress¨¦es, il y aura toujours des personnes qui ne recevront pas le message, m¨ºme dans les pays en d¨¦veloppement. Dans certains cas, les populations peuvent pr¨¦venir les risques gr?ce ¨¤ leur savoir traditionnel local et aux observations. Par exemple, en 2004, le tsunami a fait peu de victimes parmi la population vivant sur l'¨ªle indon¨¦sienne Simeulue car elle a su r¨¦agir ¨¤ temps. Un syst¨¨me l'alerte rapide doit donc int¨¦grer le savoir traditionnel local et la technologie avanc¨¦e et lier efficacement les r¨¦seaux internationaux, nationaux et locaux afin de sauver des vies et des biens. Il est ¨¦galement important de consid¨¦rer tous les risques et de relier les syst¨¨mes d'alerte entre eux pour cr¨¦er ce qu'on appelle un syst¨¨me d'alerte ¨¤ ? tous les risques ?.


Les r¨¦seaux ¨¦tablis sous l'¨¦gide de l'Organisation m¨¦t¨¦orologique mondiale (OMM) sont ¨¦galement un ¨¦l¨¦ment important. Reliant les services m¨¦t¨¦orologiques et hydrologiques nationaux afin de soutenir les services op¨¦rationnels 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, ils recueillent les donn¨¦es hydrom¨¦t¨¦orologiques et climatiques, ¨¦tablissent les seuils d'alerte et les algorithmes d'aide ¨¤ la d¨¦cision pour d¨¦clencher les alertes et les diffuser au public. Ces r¨¦seaux servent de mod¨¨le pour am¨¦liorer d'autres syst¨¨mes d'alerte aux risques moins d¨¦velopp¨¦s. Le secr¨¦tariat de l'ISDR consulte actuellement les parties int¨¦ress¨¦es pour voir comment mettre en ?uvre ces approches.


L'¨¦tude mondiale de l'ONU est une mesure importante pour d¨¦terminer les lacunes et les besoins en mati¨¨re de syst¨¨mes d'alerte rapide. Dans le m¨ºme temps, il est clair que la capacit¨¦ d'alerte au niveau mondial ne sera pas un syst¨¨me de gestion centralis¨¦ mais s'appuiera sur les accords institutionnels existants et les renforcera afin de mieux prot¨¦ger les populations et les collectivit¨¦s et de r¨¦duire les risques li¨¦s aux catastrophes. Notes
1 Le rapport du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral ? Plan de campagne pour la mise en ?uvre de la D¨¦clarations ud Mill¨¦naire ? (2001) comprend des strat¨¦gies sp¨¦cifiques concernant l'ISDR et l'alerte rapide.
2
3 Cadre d'action de Hyogo 2005-2015:
4 Strat¨¦gie et Plan d'action d'Yokohama pour un monde plus s?r (1994),
5
agenda21toc.htm
6 Programme d'action de la Barbade pour les petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement (1994),
7 Sommet mondial du d¨¦veloppement durable (Johannesburg, Afrique du Sud, 2002)
8 Rapport de la r¨¦union internationale charg¨¦e d'examiner la mise en ?uvre du programme d'action pour le d¨¦veloppement durable des petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement (Port Louis, Maurice, janvier 2005),
2005/documents/documents.html
9 R¨¦ponse du G-8 ¨¤ la catastrophe dans l'oc¨¦an Indien et action future en vue de r¨¦duire les risques de catastrophes (Gleneagles, 2005),
PostG8_Gleneagles_Tsunami.pdf

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