1 ao?t 2009

La faim et l'ins¨¦curit¨¦ mondiales sont un probl¨¨me r¨¦current dans la plupart des r¨¦gions du monde en d¨¦veloppement. Parmi les nombreuses biotechnologies qui sont disponibles et les diff¨¦rentes applications, la modification g¨¦n¨¦tique (GM) des cultures devrait recevoir une attention particuli¨¨re. Les cultures g¨¦n¨¦tiquement modifi¨¦es poss¨¦dant des g¨¨nes provenant d'esp¨¨ces diff¨¦rentes pourraient all¨¦ger les p¨¦nuries alimentaires. Malgr¨¦ l'optimisme initial suscit¨¦ par l'utilisation des OGM qui permettent d'augmenter le volume et la qualit¨¦ des r¨¦coltes, des questions demeurent sur leurs b¨¦n¨¦fices. En outre, le public n'est pas toujours favorable ¨¤ la cr¨¦ation de ces plantes comme option viable pour r¨¦soudre la faim dans le monde.

Lorsqu'on aborde la question de la s¨¦curit¨¦ alimentaire, il est important de prendre en compte l'impact environnemental des cultures OGM. Les cultures OGM peuvent ne pas germer; tuer non seulement les insectes ravageurs mais d'autres organismes qui sont b¨¦n¨¦fiques aux plantes; r¨¦duire la fertilit¨¦ des sols; et transf¨¦rer les propri¨¦t¨¦s insecticides ou la r¨¦sistance aux virus ¨¤ des plantes sauvages proches des esp¨¨ces cultiv¨¦es.

Parmi la communaut¨¦ scientifique, certains disent que les recettes des denr¨¦es agricoles d'exportation ¨¤ haut rendement contribuent ¨¤ r¨¦duire la s¨¦curit¨¦ alimentaire et la faim dans les pays en d¨¦veloppement. Toutefois, beaucoup se posent des questions sur la port¨¦e pratique de cette affirmation. Si quelques vari¨¦t¨¦s de cultures, sp¨¦cialement cr¨¦¨¦es par la biotechnologie, peuvent am¨¦liorer les rendements, la biotechnologie ne peut pas ¨¤ elle seule r¨¦soudre le probl¨¨me de la faim dans le monde en d¨¦veloppement.

Toutefois, la biotechnologie peut offrir des avantages dans des domaines comme la gestion du b¨¦tail, l'entreposage des produits agricoles et le maintien des rendements des cultures actuels, tout en r¨¦duisant l'utilisation des engrais, des herbicides et des pesticides. Le r¨¦el d¨¦fi est de savoir si nous saurons exploiter les avantages des solutions biotechnologiques. Mais quelles sont ces solutions ?

La biotechnologie offre une alternative tr¨¨s prometteuse aux aliments synth¨¦tiques et permet d'am¨¦liorer la gestion des ressources phytog¨¦n¨¦tiques. Conjugu¨¦e ¨¤ d'autres technologies agricoles avanc¨¦es, elle offre un moyen de contribuer au d¨¦veloppement d'une production durable et d'une consommation responsable. Lorsque les OGM pr¨¦sentent des avantages pour les petits agriculteurs, les r¨¦volutions vertes deviennent une r¨¦alit¨¦.
LUTTER CONTRE LA FAIM ET LA MALNUTRITIONLa malnutrition est le terme li¨¦ au domaine m¨¦dical qui d¨¦signe la faim. Selon les estimations r¨¦centes de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, 854 millions de personnes dans le monde sont mal nourries, soit 12,6% sur les 6,6 milliards de personnes qui peuplent la plan¨¨te. Sur ces 854 millions, un grand nombre, dont les enfants sont les victimes les plus visibles, vivent dans les pays en d¨¦veloppement. La malnutrition favorise les maladies, comme la rougeole et le paludisme.

La biotechnologie peut contribuer ¨¤ combattre la faim et la malnutrition dans le monde. En voici un exemple.
LE RIZ DOR?Dans 188 pays, environ 140 millions d'enfants des groupes ¨¤ revenus bas, en particulier en Afrique et en Asie du Sud-Est, pr¨¦sentent des carences en vitamine A. Cette situation constitue un probl¨¨me de sant¨¦ publique. L'Organisation mondiale de la sant¨¦ estime que 250 000 ¨¤ 500 000 enfants deviennent aveugles chaque ann¨¦e ¨¤ cause de carences en vitamine A, et la moiti¨¦ meurent dans les 12 mois apr¨¨s avoir perdu la vue. Le riz dor¨¦, cr¨¦¨¦ par des chercheurs en Allemagne et en Suisse, contient trois nouveaux g¨¨nes-deux provenant de la jonquille et l'autre d'une bact¨¦rie-qui aident ¨¤ produire de la provitamine A. Ce riz est disponible et pourrait ¨ºtre distribu¨¦ en masse, d? en partie au fait que les soci¨¦t¨¦s de biotechnologies ont renonc¨¦ ¨¤ leurs droits sur les brevets. C'est un exemple parmi des centaines d'autres, indiquant comment la biotechnologie peut ¨ºtre mise ¨¤ contribution pour aider les pays.
PROPRI?T? INTELLECTUELLE ET S?CURIT? ALIMENTAIREUn secteur technologique contr?l¨¦ presque exclusivement par le secteur priv¨¦ et d¨¦fini par la protection des brevets suscitent des inqui¨¦tudes. Les brevets permettent aux grands laboratoires priv¨¦s d'avoir un contr?le important sur les g¨¨nes des plantes, ce qui a des cons¨¦quences inqui¨¦tantes. Si les agriculteurs doivent acheter des semences durant chaque saison des semailles, cela a des cons¨¦quences sur leurs revenus et sur la s¨¦curit¨¦ alimentaire. M¨ºme si des soci¨¦t¨¦s comme Monsanto et AstraZeneca ont annonc¨¦ qu'elles ne commercialiseraient pas la technologie appel¨¦e ?Terminator? ou la st¨¦rilisation des semences con?ue g¨¦n¨¦tiquement pour emp¨ºcher une semence de germer une deuxi¨¨me fois, l'industrie de la biotechnologie d¨¦tient au moins une soixantaine de brevets pour la germination des semences ou les proc¨¦d¨¦s de contr?le de la germination des plantes. Cette privatisation des ressources g¨¦n¨¦tiques d'une plante repr¨¦sente non seulement un d¨¦savantage pour la recherche agricole dans les pays en d¨¦veloppement, mais menace les moyens de subsistance des petits agriculteurs en Afrique, en Am¨¦rique latine et en Asie qui gardent une partie des semences d'une ann¨¦e pour les semer l'ann¨¦e suivante.

Les droits de propri¨¦t¨¦ intellectuelle (DPI) sur des produits biotechnologiques ou des proc¨¦d¨¦s utilis¨¦s pour les produire pourraient avoir un impact n¨¦gatif pour les pays en d¨¦veloppement. Ces droits sont d¨¦tenus non seulement par des soci¨¦t¨¦s priv¨¦es, mais aussi par des organisations publiques, rendant impossible d'utiliser un aspect de la biotechnologie pour am¨¦liorer les esp¨¨ces de culture sans enfreindre un brevet. ? cause de ces droits, il n'a pas toujours ¨¦t¨¦ possible de s¨¦parer les perspectives biotechnologiques des int¨¦r¨ºts commerciaux en jeu. Une cons¨¦quence majeure des DPI dans le domaine de la biotechnologie agricole est que de nombreux pays en d¨¦veloppement qui n'ont pas encore investi dans la biotechnologie ne parviendront jamais ¨¤ rattraper leur retard.

DES POSSIBILIT?SLes d¨¦cisions doivent s'appuyer sur une recherche minutieuse. Les chercheurs en biotechnologie sont souvent tr¨¨s sp¨¦cialis¨¦s, mais ils devraient aussi avoir des comp¨¦tences pour g¨¦rer la question complexe de la faim et de la s¨¦curit¨¦ alimentaire dans les pays en d¨¦veloppement.

La biotechnologie peut offrir des possibilit¨¦s consid¨¦rables pour le monde en d¨¦veloppement. L'utilisation de cultures ¨¤ haut rendement, r¨¦sistant aux maladies et aux insectes ravageurs aura des cons¨¦quences directes sur l'am¨¦lioration de la s¨¦curit¨¦ alimentaire, la r¨¦duction de la pauvret¨¦ et la conservation de l'environnement. Les cultures OGM produiront de meilleurs rendements et utiliseront moins de terres, ce qui pourra augmenter la productivit¨¦ globale et offrir aux pays en d¨¦veloppement un moyen de r¨¦pondre ¨¤ leurs besoins et de r¨¦duire la faim dans le monde. Au total, 90 % des 13,3 millions de cultivateurs d'OGM sont des fermiers des pays en d¨¦veloppement. Avec 7,6 millions d'hectares cultiv¨¦s, l'Inde occupe le quatri¨¨me rang des 14 principaux pays producteurs de cultures OGM. Par exemple, en Inde, cinq millions d'agriculteurs cultivent le coton Bt (bacillus thuringiensis), une technologie qui permet ¨¤ la culture de se prot¨¦ger contre certains insectes sans recourir aux pesticides. Ce changement a ¨¦t¨¦ possible gr?ce aux propri¨¦t¨¦s du coton Bt qui permet des rendements plus ¨¦lev¨¦s (31%), r¨¦duit l'utilisation de pesticides (39 %) et g¨¦n¨¨re des profits plus importants ¨¦quivalant ¨¤ 250 dollars par hectare.

Gr?ce aux moyens biotechnologiques, il est aujourd'hui possible d'extraire jusqu'¨¤ 90 % de l'huile d'une plante. ?tant donn¨¦ la diminution des r¨¦serves mondiales d'hydrocarbone, il est probable que les huiles v¨¦g¨¦tales, comme le biodiesel, se trouveront en concurrence avec le p¨¦trole, le charbon et le gaz en termes de prix et de qualit¨¦.
R?FLEXIONS FINALESLes disponibilit¨¦s alimentaires mondiales sont abondantes, pas rares. La production mondiale de c¨¦r¨¦ales et d'autres produits alimentaires est suffisante pour fournir au moins 2 kg par jour par personne. La vraie raison de la faim dans le monde est la pauvret¨¦ qui frappe le plus durement les femmes-qui jouent un r?le pr¨¦pond¨¦rant dans la famille sur le plan de la nutrition. Les ¨¦conomistes font valoir que le probl¨¨me de la faim n¨¦cessite des solutions politiques et pas seulement agrotechniques. Selon eux, au lieu de consid¨¦rer la biotechnologie comme une avanc¨¦e dont on n'a pas encore prouv¨¦ l'efficacit¨¦, les d¨¦cideurs devraient s'appuyer sur l'important corpus de recherche qui montre que les solutions pour ¨¦liminer la faim ne sont pas technologiques en soi, mais ancr¨¦es dans les r¨¦alit¨¦s socio-¨¦conomiques. Cela ne veut pas dire que la technologie, y compris la biotechnologie, ne joue pas un r?le dans la r¨¦duction de la pauvret¨¦, mais qu'elle ne peut passer outre les forces politiques et sociales imm¨¦diates qui maintiennent les populations dans la pauvret¨¦. L'industrie mondiale de la biotechnologie a orient¨¦ une vaste majorit¨¦ de ses investissements dans une gamme limit¨¦e de produits qui ont des march¨¦s vastes et garantis dans les pays industrialis¨¦s-produits qui ne sont gu¨¨re pertinents pour r¨¦pondre aux besoins des populations pauvres du monde.

Les applications de la biotechnologie peuvent apporter une solution significative au probl¨¨me de la faim dans le monde. Le vert c'est la couleur de l'¨¦cologie, et aussi de la biotechnologie agricole, de la fertilit¨¦, du respect de soi et du bien-¨ºtre. ? mon avis, les responsables devraient consid¨¦rer les d¨¦couvertes et les atouts qu'offre la biotechnologie moderne comme un outil important pour r¨¦duire le probl¨¨me de la faim dans le monde.

?

La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?