Les p¨¦riodes de crise ¨¦conomique ont toujours un effet d¨¦stabilisateur et, par l¨¤ m¨ºme, une issue incertaine. ? ce stade, nous faisons face ¨¤ un grand danger et ¨¤ une grande opportunit¨¦ : le danger est que les efforts de ? relance ? risquent de favoriser ceux qui sont en position de force, renfor?ant les in¨¦galit¨¦s existantes entre et dans les pays. Si c'est le cas, les disparit¨¦s existantes se creuseront, ce qui engendrera une exclusion sociale qui aura de graves r¨¦percussions sociales, ¨¦conomiques et politiques. L'opportunit¨¦ vient du fait qu'un leadership et des mesures politiques audacieuses peuvent r¨¦duire les in¨¦galit¨¦s entre les pays et entre les sexes. C'est dans ce contexte que je d¨¦battrai de la protection sociale des femmes.

Historiquement, les crises financi¨¨res ont durement frapp¨¦ les pauvres et, en particulier, les femmes pauvres. En fait, cette crise ne fait qu'aggraver les probl¨¨mes existants qui sont leur lot : changements climatiques, p¨¦nurie alimentaire et d'eau, ins¨¦curit¨¦, absence de services publics de base, ch?mage, migration forc¨¦e et surrepr¨¦sentation dans les emplois informels avec des salaires de mis¨¨re. Selon les estimations de la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le d¨¦veloppement (PNUD) et l'Organisation internationale du Travail (OIT), la crise ¨¦conomique actuelle inverse d¨¦j¨¤ les gains obtenus en mati¨¨re de r¨¦duction de la pauvret¨¦ et d'¨¦galit¨¦ des sexes au cours des dix derni¨¨res ann¨¦es, avec plus de 300 millions de personnes suppl¨¦mentaires vivant avec moins de 1 dollar par jour.

L'une des questions essentielles que cette crise a mise en valeur est que la mondialisation, la lib¨¦ralisation du march¨¦ financier et une approche laxiste n'am¨¦liorent pas n¨¦cessairement l'efficacit¨¦ du march¨¦ ni n'engendrent des r¨¦sultats socio¨¦conomiques ¨¤ long terme. Avec la crise ¨¦conomique qui continue de se faire sentir, l'id¨¦e que les march¨¦s ne peuvent pas s'autocorriger, du moins dans une p¨¦riode appropri¨¦e, gagne du terrain. L'histoire r¨¦cente a montr¨¦ de mani¨¨re tout ¨¤ fait convaincante que les forces d¨¦stabilisantes entra¨ªnent des crises ¨¦conomiques. La stabilisation de l'¨¦conomie est donc devenue de facto la responsabilit¨¦ des gouvernements mondiaux.

LA CONSTRUCTION SOCIALE?DES POLITIQUES Nous ne savons toujours pas clairement quel type de contrats sociaux ¨¦mergera. Pendant la p¨¦riode d'apr¨¨s-guerre, la plupart des pays les plus d¨¦velopp¨¦s ont adh¨¦r¨¦ au consensus keyn¨¦sien. Avec l'exp¨¦rience de la Grande D¨¦pression, le principe keyn¨¦sien consistait ¨¤ ce qu'un ?tat (a) mette en place une politique fiscale et mon¨¦taire pour relancer l'¨¦conomie et ¨¦viter le ch?mage et (b) ¨¦tablisse les droits et les obligations entre l'?tat et les citoyens ainsi qu'entre le secteur de l'emploi et le secteur priv¨¦. Concern¨¦s par le bien-¨ºtre de leurs citoyens et conscients des diff¨¦rences et des conflits d'int¨¦r¨ºt entre eux, les ?tats ont n¨¦goci¨¦ pour r¨¦duire les in¨¦galit¨¦s en mettant en place des politiques de redistribution. Le contrat qui apporterait la paix et la coh¨¦sion sociale comprenait un syst¨¨me de protection sociale qui pr¨¦voyait un syst¨¨me de retraite, la gratuit¨¦ des ¨¦tudes et l'acc¨¨s aux services de base.

Puis le Consensus de Washington, avec son id¨¦ologie du laissez-faire, a propos¨¦ de r¨¦duire le r?le et la taille du gouvernement afin d'am¨¦liorer la situation ¨¦conomique d'un pays et la vie de ses citoyens. Les r¨¦ductions des d¨¦penses dans le domaine des services publics, la d¨¦r¨¦gulation de la production, du commerce et des finances dans les pays du Nord sont all¨¦es de pair avec les politiques d'ajustement structurel dans les pays du Sud qui recommandaient la vente des biens publics et visaient ¨¤ minimiser le r?le du gouvernement. Avec le remplacement progressif du ? capitalisme g¨¦r¨¦ ? des d¨¦cennies pr¨¦c¨¦dentes par les pratiques du march¨¦ libre, les privil¨¨ges dont b¨¦n¨¦ficiait le secteur financier sous la forme de loi nationale et d'arrangements institutionnels internationaux ont donn¨¦ naissance au capitalisme financier. Au cours des deux derni¨¨res d¨¦cennies, les politiques industrielles et les d¨¦cisions strat¨¦giques en mati¨¨re de d¨¦veloppement, ¨¤ quelques exceptions pr¨¨s, ont pratiquement disparu; et, pendant tout ce temps, il est devenu manifeste que la vuln¨¦rabilit¨¦, l'exclusion sociale et la marginalisation se sont aggrav¨¦es et que les ¨¦carts de revenus se sont creus¨¦s. Dans la plupart des cas, la protection sociale est devenue le seul antidote fiable susceptible de combler le foss¨¦ persistant entre ceux qui saisissent les opportunit¨¦s et ceux qui sont laiss¨¦s au bord de la route.

DEUX SYST?MES :?M?ME S?MANTIQUE La protection sociale a ¨¦t¨¦ reconnue comme une intervention politique visant ¨¤ assurer un niveau de vie minimum aux personnes les plus vuln¨¦rables, les allocations ¨¦tant le m¨¦canisme de distribution le plus populaire. Cet argent, disait-on, permettait ¨¤ ceux qui ¨¦taient incapables de se d¨¦brouiller seuls de satisfaire au moins partiellement leurs besoins de base. Aussi subtile que soit la diff¨¦rence, nous devons souligner qu'une transition a eu lieu entre le droit ¨¤ la s¨¦curit¨¦ sociale et les services sociaux garantis par le gouvernement et le syst¨¨me de transferts d'argent.

Il n'y a aucune diff¨¦rence du point de vue s¨¦mantique. Un grand d¨¦bat est lanc¨¦ pour savoir si la s¨¦curit¨¦ sociale et le d¨¦veloppement social dans les pays en d¨¦veloppement sont am¨¦lior¨¦s gr?ce ¨¤ la protection sociale ou par l'am¨¦lioration de la diversification des moyens de subsistance. L'argument est que les syst¨¨mes de s¨¦curit¨¦ sociale formels traitent des circonstances des personnes qui travaillent dans des cadres formels, comme les fonctionnaires, les salari¨¦s du secteur formel, etc., tandis que l'assistance sociale convient aux personnes qui ont des besoins sp¨¦ciaux importants, comme les grands-parents s'occupant de leurs petits-enfants pauvres orphelins. Il existe alors un groupe, qui se situe entre les deux, qui ne peut trouver que des emplois pr¨¦caires, informels et saisonniers avec des salaires tr¨¨s bas. Ces personnes ne poss¨¨dent pas de terres ou la productivit¨¦ de leur parcelle de terre est tr¨¨s faible. Condamn¨¦es ¨¤ la pauvret¨¦ chronique, elles ne peuvent satisfaire leurs besoins de base. Pour ce groupe, on consid¨¨re que les politiques de protection sociale via les transferts d'argent sont appropri¨¦es.

Le point de vue oppos¨¦ met cependant en avant que les transferts d'argent sont utiles pour les allocations de ch?mage, les personnes ?g¨¦es et les handicap¨¦s, car ils permettent d'assurer la scolarisation des enfants, etc., mais ne devraient pas ¨ºtre utilis¨¦s pour le groupe ? interm¨¦diaire ?. Les fonds publics devraient plut?t ¨ºtre allou¨¦s ¨¤ la diversification des moyens d'existence. Les exemples comprennent les subventions des semences et des engrais, la construction d'installations d'entreposage pour la collectivit¨¦ et les services d'extension agricoles afin d'am¨¦liorer la productivit¨¦ et garantir le ? droit ¨¤ la nourriture ?; et lorsque le march¨¦ ne cr¨¦e pas suffisamment d'emplois ou lorsque, dans les r¨¦gions rurales, le ch?mage saisonnier est prononc¨¦, la cr¨¦ation d'emplois publics est garantie, assurant le ? droit au travail ?. Les transferts d'argent liquide sont donc importants et n¨¦cessaires parce qu'ils permettent aux participants plus vuln¨¦rables d'entrer dans le march¨¦ en tant que consommateurs.

Dans cette p¨¦riode de grande r¨¦cession, de l'apr¨¨s-Consensus de Washington, il n'est pas clair quel syst¨¨me de politique sociale ¨¦mergera. ? ce stade, le choix des pays d¨¦pend de leur marge de man?uvre budg¨¦taire et de leur capacit¨¦ ¨¤ int¨¦grer une politique et une protection sociales. En fonction de leur position dans l'¨¦conomie mondiale avant la crise, les nations font aujourd'hui face ¨¤ des pressions diverses en termes de croissance de l'emploi, de s¨¦curit¨¦ alimentaire et d'espace de politique budg¨¦taire. Les organismes de pr¨ºts internationaux et les pays bailleurs de fonds ont souvent dict¨¦ les politiques et il est ¨¤ craindre qu'ils ne continuent. Mais en plus des pressions ¨¦conomiques, certains pays ont s¨¦rieusement compromis leur d¨¦veloppement humain et leur stabilit¨¦ socio-¨¦conomique. Alors que les ¨¦conomies avanc¨¦es et plusieurs ¨¦conomies ¨¦mergentes ont une certaine marge de man?uvre, un grand nombre d'entre elles se retrouvent sous la double contrainte du gouvernement et du d¨¦ficit de leur balance des comptes courants. Par cons¨¦quent, leur marge de man?uvre politique et budg¨¦taire s'est r¨¦duite. Alors qu'il faudrait mettre en place des mesures cibl¨¦es anticycliques pour prot¨¦ger les pays fragilis¨¦s, ¨¤ la fois les moins d¨¦velopp¨¦s et les moins avanc¨¦s, et augmenter les d¨¦penses publiques consacr¨¦es aux programmes sociaux, ces ¨¦conomies sont forc¨¦es de prendre le chemin inverse.

Il est clair que quelque chose de particuli¨¨rement injuste a lieu. Les pays d¨¦velopp¨¦s et certaines ¨¦conomies ¨¦mergentes ont coordonn¨¦ et inject¨¦ massivement des liquidit¨¦s avec une rapidit¨¦ d¨¦concertante, ce qui a sauv¨¦ les entreprises jug¨¦es ? trop importantes pour tomber ?. Mais il faut que tous les pays aient la capacit¨¦ d'introduire des mesures anticycliques, avec l'aide internationale, pour inverser la tendance d'une demande insuffisante et de la mont¨¦e du ch?mage.

? cet ¨¦gard, il est imp¨¦ratif de mettre en place des instruments de pr¨ºts sp¨¦ciaux ¨¤ des conditions int¨¦ressantes. Les r¨¦cents documents du Fonds mon¨¦taire international et de la Banque mondiale semblent reconna¨ªtre les le?ons tir¨¦es des crises pr¨¦c¨¦dentes et des politiques d'ajustement structurel; pourtant, certains continuent de revendiquer le maintien des politiques macro¨¦conomiques ? prudentes ?. La premi¨¨re question est donc de savoir si les pays en d¨¦veloppement peuvent se permettre d'accorder des allocations budg¨¦taires appropri¨¦es pour promouvoir une s¨¦curit¨¦ sociale pour les hommes et pour les femmes.

C'est une question tr¨¨s probl¨¦matique, car cela implique des restrictions budg¨¦taires imm¨¦diates sur les d¨¦penses sociales et la vente de biens publics, compte tenu en particulier des besoins d'emprunts croissants auxquels font face les pays vuln¨¦rables ¨¤ cause du choc de la crise. La plupart des mesures anticycliques, bien qu'orient¨¦es dans la bonne direction, ont principalement privil¨¦gi¨¦ le secteur financier (une fois de plus) et les entreprises qui ¨¦taient trop importantes pour tomber.

Parall¨¨lement, les politiques et les mesures qui ont ¨¦t¨¦ mises en place pour r¨¦duire l'impact du ch?mage, ont profit¨¦ aux travailleurs qui avaient des contrats de travail. Qu'est-il advenu des pauvres, qui occupaient des emplois informels ou de ceux qui ¨¦taient tout simplement sans emploi ? Le moment est venu d'introduire de nouvelles id¨¦es dans le dialogue politique; si l'on veut assurer une stabilit¨¦ et une croissance ¨¤ moyen terme, il faut ¨¦liminer le retour aux mesures qui exacerbent les in¨¦galit¨¦s et la pauvret¨¦. Il est d'autant plus urgent d'adh¨¦rer aux engagements du Sommet de Gleneades de 2005 afin d'atteindre les objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement (OMD) en temps voulu et d'appeler ¨¤ un moratoire pour suspendre le remboursement de la dette, car ces deux mesures permettraient d'att¨¦nuer les effets de la crise dans de nombreux pays.

R?PONSES POLITIQUES ? LA CRISE Les femmes et les hommes sont touch¨¦s par la crise actuelle de diff¨¦rentes fa?ons, selon leur lieu g¨¦ographique, leur position socio-¨¦conomique et leur principale source de moyens d'existence.

Il est important de reconna¨ªtre ces r¨¦percussions sur les femmes et les hommes, ainsi que parmi les femmes. Plusieurs initiatives y ont contribu¨¦ au cours des derniers mois, notamment un document r¨¦cent que j'ai r¨¦dig¨¦ ¨¤ la demande de l'?quipe charg¨¦e de l'¨¦galit¨¦ des sexes du PNUD. Une intervention politique prometteuse a ¨¦t¨¦ propos¨¦e et mise en ?uvre par plusieurs gouvernements. L'un des probl¨¨mes les plus s¨¦rieux de la crise est le ch?mage de longue dur¨¦e. Comme l'histoire le montre, la reprise ¨¦conomique reste tr¨¨s largement inf¨¦rieure ¨¤ la croissance du Produit int¨¦rieur brut. Le ch?mage persistera pendant les ann¨¦es ¨¤ venir et la crise asiatique de 1997 en est un rappel drastique. Si le probl¨¨me principal de cette crise est une augmentation de l'ins¨¦curit¨¦ et de la vuln¨¦rabilit¨¦ ¨¤ cause du ch?mage, une action peut ¨ºtre men¨¦e pour cr¨¦er des emplois tout en am¨¦liorant les choix de moyens d'existence. Si elle est con?ue en gardant ¨¤ l'esprit les besoins des femmes, cette ? protection sociale ? peut aider les pauvres et promouvoir le d¨¦veloppement ainsi que l'¨¦galit¨¦ entre les sexes en r¨¦duisant le travail non r¨¦mun¨¦r¨¦ et en encourageant l'¨¦galit¨¦ des salaires entre les hommes et les femmes tout en contribuant ¨¤ la r¨¦alisation des OMD.

DU PR?TEUR ? L'EMPLOYEUR EN DERNIER RESSORT Comme je l'ai indiqu¨¦ plus haut, l'un des r¨¦sultats non intentionnels mais satisfaisants de la crise actuelle est une confirmation renouvel¨¦e du r?le indispensable de l'?tat. Dans le monde entier, les gouvernements sont devenus les pr¨ºteurs en dernier ressort aupr¨¨s du secteur financier, les investisseurs en dernier ressort capables de recapitaliser les entreprises priv¨¦es et les banques, sans se pr¨¦occuper de ? l'al¨¦a moral ? et des menaces imm¨¦diates de d¨¦ficit pour emp¨ºcher ces d¨¦penses. Une action tout aussi audacieuse est ¨¦galement n¨¦cessaire dans un domaine diff¨¦rent : l'?tat devrait agir comme l'employeur en dernier ressort dans la cr¨¦ation d'emplois l¨¤ o¨´ les march¨¦s n'ont pas r¨¦ussi ¨¤ le faire. Compte tenu de la grave crise de l'emploi, la cr¨¦ation d'emplois directs par des projets de travaux publics appara¨ªt comme un instrument crucial.

Pendant les p¨¦riodes de crise ¨¦conomique, l'id¨¦e d'un gouvernement agissant comme l'employeur en dernier ressort garantissant l'emploi, est loin d'¨ºtre nouvelle. Au cours des ann¨¦es, de nombreux pays ont introduit des syst¨¨mes de garantie d'emploi, des programmes d'emploi dans le service public, des programmes travail contre nourriture, des programmes de travaux publics et des mesures de dernier recours pour cr¨¦er des emplois. Parmi ces pays, l'Inde est un cas ¨¤ part. Non seulement le pays avait une grande exp¨¦rience dans ce domaine, mais il a aussi vot¨¦ en 2005 la loi nationale Mahatma Gandhi sur la garantie de l'emploi dans les zones rurales (NREGA). En outre, de nombreux autres pays - l'Afrique du Sud, l'?thiopie, le Bangladesh, le Chili et l'Argentine - ont fait usage de cet instrument politique, m¨ºme avant cette crise. Il faut ¨¦galement garder ¨¤ l'esprit que le BIT apporte son appui depuis?20 ans au d¨¦veloppement d'infrastructures ¨¤ forte densit¨¦ de main-d'?uvre, privil¨¦giant l'utilisation de la main-d'?uvre dans les chantiers de travaux publics.

DES B?N?FICES AUSSI POUR?LES FEMMES De nombreux arguments ont ¨¦t¨¦ donn¨¦s en faveur des programmes de garantie d'emplois d'un point de vue ¨¦conomique, le ch?mage entra¨ªnant des co?ts ¨¦conomiques, sociaux et psychologiques. On a ¨¦galement soutenu de mani¨¨re convaincante que la migration de d¨¦tresse, les tensions ethniques, le risque de d¨¦veloppement d'id¨¦ologies dangereuses et de mouvements politiques antid¨¦mocratiques sont li¨¦s au d¨¦nuement ¨¦conomique. L'argument en faveur du plein emploi est bas¨¦ sur l'id¨¦e que le droit au travail est important en soi tant pendant les p¨¦riodes de crise que pendant les p¨¦riodes de prosp¨¦rit¨¦. Ce ? droit ? est mentionn¨¦ dans de nombreux documents des Nations Unies, notamment la D¨¦claration des droits de l'homme. Toutefois, dans ce texte, l'emploi concerne principalement les hommes. Selon le BIT, 80 ¨¤ 90 % des emplois dans la construction sont pourvus par des hommes. De m¨ºme, le ? programme environnemental ? et le plan de relance verte aux ?tats-Unis et dans la R¨¦publique de Cor¨¦e consistent essentiellement en des emplois masculins dans la construction. Cela soul¨¨ve deux questions essentielles.

La premi¨¨re, c'est l'inclusion des femmes dans la cr¨¦ation d'emplois. Ou bien il faut int¨¦grer ¨¤ ces initiatives une formation appropri¨¦e, ce qui peut ¨ºtre difficile, mais pas impossible, pendant les p¨¦riodes de crise grave; ou bien il faut faire en sorte que les projets incluent les secteurs de l'¨¦conomie qui sont ¨¤ forte main-d'?uvre f¨¦minine afin de contrebalancer la cr¨¦ation des emplois masculins. En outre, pour faire face aux contraintes de la demande et r¨¦tablir le d¨¦s¨¦quilibre en mati¨¨re de travail non r¨¦mun¨¦r¨¦ des femmes, il faut cr¨¦er des cr¨¨ches. Sinon, les femmes seront confront¨¦es ¨¤ un choix difficile et injuste, s'occuper de leurs enfants ou occuper un emploi r¨¦mun¨¦r¨¦. Cela fait partie du programme NREGA mis en place par l'Inde.

La deuxi¨¨me question concerne les projets d'emplois sp¨¦cifiques de d¨¦veloppement d'infrastructure physique, de d¨¦veloppement rural et de syst¨¨mes de prestations sociales qui peuvent profiter directement aux femmes en r¨¦duisant le travail non r¨¦mun¨¦r¨¦. Un groupe de travailleurs, hommes et femmes, peut construire des ¨¦quipements publics et des structures pour les collectivit¨¦s afin de faciliter l'acc¨¨s ¨¤ l'eau et ¨¤ l'assainissement, des routes de raccordement, des petits ponts, am¨¦liorer les syst¨¨mes d'irrigation traditionnels, construire des latrines ¨¦cologiques, ainsi qu'offrir des services essentiels au d¨¦veloppement du jeune enfant et des soins ¨¤ domicile pour les malades, en particulier pour les familles dont les membres sont atteints du VIH/sida, ce qui peut litt¨¦ralement transformer la vie des femmes et des filles.

Il existe de nombreux autres exemples de meilleures m¨¦thodes dans la mise en ?uvre des programmes de travaux publics tenant compte des sp¨¦cificit¨¦s hommes-femmes. NREGA en fait partie. Ce programme assure aux femmes qui se lancent dans des activit¨¦s r¨¦mun¨¦r¨¦es des installations comme l'eau potable, des cr¨¨ches et des abris contre le soleil destin¨¦s ¨¤ leurs enfants et exige que les emplois ne soient pas trop ¨¦loign¨¦s de leur domicile. Suite ¨¤ la crise financi¨¨re de 2001 en Argentine, le plan Jefes y Jefas de Hogar a fourni des emplois aux femmes dans des projets de r¨¦habilitation des communaut¨¦s, dont beaucoup ¨¦taient con?us et demand¨¦s par les b¨¦n¨¦ficiaires du programme eux-m¨ºmes. En Afrique du Sud, les projets du secteur social qui font partie int¨¦grante du Programme national ¨¦largi de travaux publics, est un autre exemple. Il faut aussi souligner l'efficacit¨¦ de ce type de programme. Un vaste projet de recherche sur un programme de cr¨¦ation d'emplois directs en Afrique du Sud et sur NREGA en Inde a montr¨¦ que les emplois, les revenus et la croissance en faveur des pauvres avaient des r¨¦percussions plus importantes sur l'infrastructure sociale et les services sociaux que sur l'infrastructure physique. Ces r¨¦sultats ont ¨¦t¨¦ aussi constat¨¦s dans d'autres pays.

La protection sociale pour combattre le ch?mage devrait consid¨¦rer les avantages d'un emploi pour les hommes et pour les femmes qui sont pr¨ºts ¨¤ travailler mais ne trouvent pas d'emploi. C'est tout ¨¤ fait ¨¦vident. Alors que l'on recherche des r¨¦ponses appropri¨¦es ¨¤ la crise, il est ¨¤ esp¨¦rer que cette d¨¦marche recevra une attention particuli¨¨re.