1 ao?t 2009

Pendant des si¨¨cles, les communaut¨¦s rurales des hauts plateaux des Andes ont utilis¨¦ l'eau produite par la fonte des glaciers de cette ¨¦tonnante cha¨ªne de montagnes. Or, le recul de ces glaciers force les populations ¨¤ modifier leurs moyens de subsistance et ¨¤ chercher des fa?ons de s'adapter. Dans une perspective plus vaste, la fonte des glaciers est une image embl¨¦matique du r¨¦chauffement climatique pour les plus grandes villes des Andes qui d¨¦pendent des glaciers pour leur approvisionnement en eau potable. Malheureusement pour ces populations, la source de ce probl¨¨me particulier et les solutions possibles r¨¦sident loin de leur sph¨¨re d'influence du fait que les actions locales contribuent tr¨¨s peu ¨¤ r¨¦soudre ce probl¨¨me.

Comme l'a indiqu¨¦ en 2003 et en 2007 le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'¨¦volution du climat (GIEC), la fonte des glaciers dans les Andes, l'Himalaya et les Alpes est la cons¨¦quence du r¨¦chauffement climatique, un processus dont les hommes sont responsables et qui est directement li¨¦ ¨¤ l'industrialisation qui s'est produite au cours de ce si¨¨cle, suscitant en particulier une demande en ¨¦nergie produite ¨¤ partir des combustibles fossiles. Les ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2), l'oxyde nitreux (NO2), le m¨¦thane (CH4) et les ¨¦missions des a¨¦rosols ont un effet direct sur le for?age radiatif (la diff¨¦rence entre l'¨¦nergie radiative re?ue et l'¨¦nergie radiative ¨¦mise) dans l'atmosph¨¨re, provoquant un r¨¦chauffement climatique. Ce r¨¦chauffement se manifeste par une hausse des temp¨¦ratures dans les oc¨¦ans et l'atmosph¨¨re. L'absorption de la chaleur est le principal facteur responsable de l'augmentation du niveau des oc¨¦ans et provoque la fonte des glaciers et des calottes glaciaires. Et bien entendu, la fonte des glaciers continentaux dans l'Antarctique et au Groenland contribue ¨¦galement ¨¤ l'¨¦l¨¦vation du niveau de la mer.

Reconnaissant la n¨¦cessit¨¦ de faire face ¨¤ ce probl¨¨me au niveau mondial, les gouvernements ont cr¨¦¨¦ le GIEC afin de fournir une base pour ¨¦tudier l'¨¦tendue du probl¨¨me ainsi que la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) comme m¨¦canisme visant ¨¤ faciliter les n¨¦gociations intergouvernementales. Les organisations des Nations Unies jouent ¨¦galement un r?le important. Par exemple, l'Organisation m¨¦t¨¦orologique mondiale (OMM) apporte depuis longtemps son appui aux services m¨¦t¨¦orologiques nationaux qui fournissent les donn¨¦es n¨¦cessaires au suivi des variables essentielles du climat (EVC), comme la temp¨¦rature de l'air et de l'eau, la glace de mer, la vapeur d'eau et la salinit¨¦, etc. L'OMM est ¨¦galement ¨¤ la t¨ºte du Syst¨¨me mondial d'observation du climat (SMOC) qui surveille ces variables essentielles du climat. D'autres organismes nationaux et organisations r¨¦gionales dans le monde contribuent aussi au suivi des variables climatiques comme le niveau des oc¨¦ans, la couche d'ozone et les processus chimiques qui l'affectent ainsi que des ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre provenant des incendies de for¨ºt, et permettent de mieux comprendre les interactions entre les oc¨¦ans, la terre et l'atmosph¨¨re. Les informations recueillies par satellite permettent de suivre les changements du volume de glace stock¨¦e dans les calottes polaires et les glaciers. La capacit¨¦ des satellites d'effectuer des mesures globales standardis¨¦es de tous les glaciers ainsi que de toutes les calottes glaciaires change de mani¨¨re uniforme et p¨¦riodique. Les instruments install¨¦s sur satellite sont un moyen id¨¦al car, ¨¤ cause des conditions climatiques rudes, il est difficile d'assurer une permanence humaine pendant toute l'ann¨¦e. En outre, au niveau des calottes polaires, il serait presque impossible de mesurer p¨¦riodiquement et avec suffisamment de pr¨¦cision l'extension des calottes et leur dynamique, ¨¦tant donn¨¦ qu'il n'existe aucun rep¨¨re terrestre sur lequel ¨¦tablir des points de comparaison pour effectuer les mesures g¨¦ospatiales n¨¦cessaires.

Vu l'importance du changement climatique depuis les ann¨¦es r¨¦centes, les agences spatiales ont cr¨¦¨¦ des programmes pour la surveillance et le suivi des changements climatiques. Les satellites scientifiques mis en orbite par ces agences fournissent des donn¨¦es sur la chimie atmosph¨¦rique et sa dynamique, les changements de la couverture v¨¦g¨¦tale et l'¨¦volution des oc¨¦ans, sur lesquelles les d¨¦cideurs gouvernementaux s'appuient pour ¨¦laborer des politiques et des mesures d'att¨¦nuation et d'adaptation conform¨¦ment au Protocole de Kyoto. D'autres applications des techniques spatiales comprennent l'¨¦valuation de l'effet du r¨¦chauffement climatique sur les terres humides qui abritent une vari¨¦t¨¦ d'¨¦cosyst¨¨mes et d'esp¨¨ces, dans le sol gel¨¦ en permanence (perg¨¦lisol) ainsi que dans les oc¨¦ans, en particulier au niveau du plancton, des ¨¦cosyst¨¨mes marins et de l'¨¦quilibre biochimique du syst¨¨me oc¨¦an-atmosph¨¨re.

En outre, les satellites permettent d'acc¨¦der ¨¤ des donn¨¦es n¨¦cessaires pour suivre la formation et la dissipation des nuages ainsi que les processus de convection entre la troposph¨¨re et la stratosph¨¨re. ?tant donn¨¦ qu'on ne sait pratiquement rien sur le r?le des nuages sur les flux radiatifs et qu'on n'en comprend pas encore tr¨¨s bien le cycle hydrologique, les donn¨¦es satellites permettront au GIEC d'am¨¦liorer les mod¨¨les et de r¨¦duire les incertitudes. Les satellites permettent ¨¦galement d'¨¦valuer la vuln¨¦rabilit¨¦ face au changement climatique. Les observations spatiales sont id¨¦ales pour compl¨¦ter les relev¨¦s effectu¨¦s sur le terrain avec des informations mises ¨¤ jour sur l'utilisation des terres et les changements d'affectation des terres dues ¨¤ la croissance d¨¦mographique, ¨¤ la migration urbaine, aux conflits et ¨¤ la pauvret¨¦. Par exemple, la vuln¨¦rabilit¨¦ des villes c?ti¨¨res sera essentielle pour identifier les mesures d'adaptation. Les informations d'origine spatiale peuvent ¨¦galement permettre d'¨¦valuer la vuln¨¦rabilit¨¦ des cultures dans les plaines inondables de faible altitude dans les r¨¦gions c?ti¨¨res. Dans le contexte de l'¨¦valuation des risques, les outils spatiaux offrent une plate-forme id¨¦ale pour ¨¦valuer l'exposition des ¨¦l¨¦ments vuln¨¦rables non seulement au changement climatique mais aussi ¨¤ d'autres facteurs n¨¦fastes.

Dans le cadre des Nations Unies, le Comit¨¦ des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosph¨¦rique (COPUOS) est le lieu o¨´ se concluent les accords mondiaux, notamment sur les d¨¦bris spatiaux, sur les politiques relatives aux divers types d'orbites et, plus r¨¦cemment, sur les syst¨¨mes mondiaux de navigation et la l¨¦gislation spatiale. En 1999, durant la conf¨¦rence internationale UNISPACE III, les ?tats Membres ont reconnu la contribution des sciences et des applications des techniques spatiales au bien-¨ºtre de l'humanit¨¦ et au d¨¦veloppement durable dans des domaines comme la gestion des catastrophes, les pr¨¦visions m¨¦t¨¦orologiques pour la mod¨¦lisation du climat, la navigation des satellites et les communications.

La question du changement climatique a ¨¦t¨¦ r¨¦cemment abord¨¦e au sein du COPUOS dans un colloque organis¨¦ pendant la quarante-sixi¨¨me session de son Sous-Comit¨¦ scientifique et technique, qui a eu lieu en juin 2009 ¨¤ Vienne. Appuyant le COPUOS dans son r?le de secr¨¦tariat charg¨¦ de renforcer le dialogue politique entre les ?tats Membres, le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies (UNOOSA) a mis en ?uvre des initiatives pour promouvoir l'utilisation d'informations d'origine spatiale. Il a r¨¦cemment cr¨¦¨¦ l'UN-SPIDER-programme pour l'exploitation de l'information d'origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence. En outre, la section des applications des techniques spatiales et celle des services au Comit¨¦ et de la recherche de l'UNOOSA ont organis¨¦ une s¨¦rie de conf¨¦rences et d'ateliers sur les effets du changement climatique dans les zones de montagnes, sur le d¨¦veloppement durable, l'agriculture, la s¨¦curit¨¦ alimentaire ainsi que sur les probl¨¨mes juridiques que pourraient soulever les applications des techniques spatiales.

L'objectif de l'UNOOSA est de promouvoir l'acquisition et l'utilisation des donn¨¦es recueillies par les satellites afin de contribuer ¨¤ la compr¨¦hension et ¨¤ la mod¨¦lisation du changement climatique comme moyen de suivre son impact ¨¤ long terme. Cette vision pourrait permettre aux populations andines ainsi qu'¨¤ celles du monde entier d'utiliser les informations d'origine spatiales et de prendre conscience de l'ampleur du probl¨¨me et aux d¨¦cideurs d'appr¨¦hender le probl¨¨me dans toute son ampleur afin de conclure un accord ¨¤ Copenhague.

Les vues exprim¨¦es dans cet article ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement celles de l'UNOOSA.

¸é¨¦´Ú¨¦°ù±ð²Ô³¦±ð²õ

?

La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?