³¢¡¯Organisation des Nations Unies (ONU) s¡¯appuie fortement sur les technologies de l¡¯information et de la communication (TIC) pour r¨¦agir ¨¤ la crise de la COVID-19 tout en poursuivant son important travail. En effet, le Conseil de s¨¦curit¨¦ des Nations Unies (CSNU) tient ses r¨¦unions par vid¨¦oconf¨¦rence, alors que le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral r¨¦pond aux questions des journalistes des diff¨¦rents m¨¦dias, alors qu¡¯ils se trouvent dans diff¨¦rentes salles, parfois dans d¡¯autres villes. O¨´ qu¡¯ils se trouvent dans le monde, les membres du personnel de l¡¯ONU se servent des plateformes vid¨¦o pour tenir des r¨¦unions et des assembl¨¦es publiques virtuelles en cette p¨¦riode d¡¯¨¦loignement social (physique).
Voil¨¤ cinq ans, les dirigeants de l¡¯ONU ont pris la sage d¨¦cision de migrer la plupart de leurs technologies de l¡¯information vers le nuage et de s¡¯en remettre aux grandes entreprises pour r¨¦pondre ¨¤ ses besoins de services d¨¦mat¨¦rialis¨¦s. Cette d¨¦cision a port¨¦ fruit, puisque l¡¯industrie s¡¯est av¨¦r¨¦e capable de g¨¦rer la forte hausse de la demande en TIC pendant la crise pand¨¦mique, permettant ainsi ¨¤ l¡¯ONU et ¨¤ de nombreuses autres organisations et entreprises de maintenir leurs activit¨¦s.
La technologie peut ¨ºtre utilis¨¦e pour en faire davantage pendant et apr¨¨s cette crise. Plusieurs domaines m¨¦ritent d¡¯¨ºtre explor¨¦s dans les mois et les ann¨¦es ¨¤ venir afin de faire plus efficacement face ¨¤ la COVID-19 et de relever d¡¯autres d¨¦fis auxquels l¡¯ONU sera confront¨¦e au si¨¨ge et dans les missions sur le terrain, y compris dans le cadre d¡¯op¨¦rations de paix.
Gr?ce ¨¤ la ³Ù¨¦±ô¨¦³¾¨¦»å±ð³¦¾±²Ô±ð, les m¨¦decins et autres professionnels de la sant¨¦ peuvent offrir des services m¨¦dicaux ¨¤ distance qui vont bien au-del¨¤ des simples consultations t¨¦l¨¦phoniques et vid¨¦o avec les patients. Tout particuli¨¨rement pendant la pand¨¦mie actuelle, elle peut ¨ºtre tr¨¨s utile pour examiner ¨¤ distance les membres du personnel de l¡¯ONU lorsqu¡¯ils sont chez eux ou les soldats de la paix engag¨¦s dans des missions ¨¤ l¡¯¨¦tranger. Les trousses de ³Ù¨¦±ô¨¦³¾¨¦»å±ð³¦¾±²Ô±ð permettent d¡¯acc¨¦der ¨¤ distance et en temps r¨¦el ¨¤ divers renseignements, comme la temp¨¦rature corporelle, la fr¨¦quence cardiaque, la capacit¨¦ respiratoire, la pression art¨¦rielle, la concentration d¡¯oxyg¨¨ne, etc. Beaucoup plus avanc¨¦s technologiquement que les appareils de sant¨¦ personnels comme le ??Fitbit??, des capteurs sophistiqu¨¦s sont capables de relayer des diagnostics de pointe. Des trousses de ³Ù¨¦±ô¨¦³¾¨¦»å±ð³¦¾±²Ô±ð professionnelle, dont l¡¯industrie a fait la d¨¦monstration au si¨¨ge de l¡¯ONU par le pass¨¦, pourraient ¨ºtre mises ¨¤ l¡¯essai sur le terrain o¨´ le personnel m¨¦dical sur place serait en mesure de consulter des m¨¦decins et des sp¨¦cialistes ¨¤ distance pour les guider alors qu¡¯ils examinent des patients ou au triage de ces derniers. Les observations m¨¦dicales r¨¦alis¨¦es sur les patients pourraient ¨ºtre interpr¨¦t¨¦es ¨¤ la lumi¨¨re des dossiers m¨¦dicaux ant¨¦rieurs, et les r¨¦sultats pourraient ¨ºtre stock¨¦s et transmis en toute s¨¦curit¨¦. ?ventuellement, un test pour la COVID-19 pourrait m¨ºme ¨ºtre autoadministr¨¦ sur place, m¨ºme s¡¯il est fort probable que les donn¨¦es devront ¨ºtre trait¨¦es ailleurs.
³¢¡¯ utilisation de m¨¦gadonn¨¦es et de mod¨¨les ¨¦volutifs pour examiner les lieux et les personnes vuln¨¦rables permettrait ¨¤ l¡¯ONU d¡¯¨ºtre mieux pr¨¦par¨¦e pour pr¨¦venir ¨¤ la fois la propagation de maladies et la violence dans les zones de conflit.
Les simulations et l¡¯animation peuvent ¨ºtre extr¨ºmement utiles ¨¤ des fins d¡¯¨¦ducation et de formation sur la COVID-19 et d¡¯autres menaces. Le Comit¨¦ international de la Croix-Rouge (CICR) utilise des logiciels de simulation pour produire des sur les r¨¨gles et les pr¨¦cautions n¨¦cessaires pour survivre ¨¤ la crise dans les prisons et les camps de d¨¦tention. Comme le CICR travaillait d¨¦j¨¤ depuis quelques ann¨¦es ¨¤ concevoir des simulations num¨¦riques, il n¡¯a fallu que deux semaines pour r¨¦aliser une animation p¨¦dagogique qui d¨¦crit la situation actuelle au moyen du logiciel de simulation. Puisque les mesures d¡¯¨¦loignement physique seront longtemps maintenues en certains endroits et que l¡¯enseignement traditionnel en classe demeurera difficile ¨¤ r¨¦tablir, l¡¯ONU pourrait utiliser des simulations aux fins de formation et d¡¯¨¦ducation sur un large ¨¦ventail d¡¯enjeux, allant de la sant¨¦ et de la s¨¦curit¨¦ aux . Les simulations permettent de donner de la formation fond¨¦e sur des sc¨¦narios de monde ouvert dans toutes sortes de situations, au moment et ¨¤ l¡¯endroit qui conviennent au participant. ³¢¡¯utilisation de cette technologie pourrait permettre ¨¤ l¡¯ONU d¡¯¨¦conomiser argent et ressources et contribuer ¨¤ l¡¯¨¦ducation d¡¯un plus grand nombre de personnes apr¨¨s la pand¨¦mie.
Les applications de tra?age des t¨¦l¨¦phones cellulaires peuvent aider les gens ¨¤ ¨¦viter les grands rassemblements o¨´ les virus sont davantage susceptibles de prolif¨¦rer. Alors que les soci¨¦t¨¦s et les organisations cherchent ¨¤ revenir ¨¤ la normale, de telles applications pourraient fournir ¨¤ tous des donn¨¦es agr¨¦g¨¦es et anonymes sur les endroits bond¨¦s ¨¤ ¨¦viter. Si une personne re?oit un r¨¦sultat positif ¨¤ la COVID-19, les applications de tra?age pourraient ¨¦galement aider les professionnels de la sant¨¦ ¨¤ effectuer une recherche des contacts et ¨¤ informer les personnes possiblement expos¨¦es, en particulier les plus vuln¨¦rables, comme les personnes ?g¨¦es. Certains pays ont d¨¦j¨¤ mis en ?uvre avec succ¨¨s de telles applications sur une base volontaire, tout en prenant les mesures n¨¦cessaires pour prot¨¦ger les renseignements personnels, la vie priv¨¦e et l¡¯identit¨¦. Il est n¨¦cessaire d¡¯int¨¦grer de telles mesures strictes aux applications et de contr?ler la conformit¨¦ relative ¨¤ la protection de la vie priv¨¦e si cette technologie est pleinement adopt¨¦e et d¨¦ploy¨¦e par l¡¯ONU. La technologie de tra?age pourrait ¨¦galement faciliter le maintien de la paix avec pr¨¦cision, en permettant de d¨¦ployer les personnes les plus appropri¨¦es aux endroits les plus appropri¨¦s.
³¢¡¯intelligence artificielle (IA) pourrait ¨ºtre utilis¨¦e pour effectuer des analyses pr¨¦visionnelles et ¨¦laborer des sc¨¦narios, notamment la mod¨¦lisation de la propagation de la COVID-19 en fonction du temps et de la distance. ³¢¡¯utilisation de m¨¦gadonn¨¦es et de mod¨¨les ¨¦volutifs pour examiner les lieux et les personnes vuln¨¦rables permettrait ¨¤ l¡¯ONU d¡¯¨ºtre mieux pr¨¦par¨¦e pour pr¨¦venir ¨¤ la fois la propagation de maladies et la violence dans les zones de conflit. ³¢¡¯IA pourrait ¨¦galement aider ¨¤ combattre l¡¯??infod¨¦mie??, le contraire de l¡¯information fiable (fond¨¦e sur des faits) sur la pand¨¦mie, en rectifiant les fausses informations. Elle pourrait aider l¡¯initiative , r¨¦cemment lanc¨¦e par l¡¯ONU pour fournir des informations fiables et exactes, tout particuli¨¨rement en ligne.
La ³¦²â²ú±ð°ù²õ¨¦³¦³Ü°ù¾±³Ù¨¦ est n¨¦cessaire en cette p¨¦riode o¨´ des opportunistes et des acteurs malveillants cherchent ¨¤ acc¨¦der aux donn¨¦es de l¡¯ONU ¨¤ des fins d¡¯espionnage ou pour d¡¯autres motifs criminels. Au cours de cette pand¨¦mie, les gouvernements, les entreprises et ¨C ¨¦tonnamment ¨C les ont connu une hausse du nombre de cyberattaques. Pour renforcer les capacit¨¦s existantes avec de robustes mesures d¨¦fensives, l¡¯ONU pourrait recourir par exemple ¨¤ la chasse aux cybermenaces pour d¨¦terminer la fa?on dont les pirates informatiques proc¨¨dent pour introduire des logiciels ind¨¦sirables dans les syst¨¨mes de l¡¯ONU. Elle pourrait ¨¦galement utiliser des ??pots de miel??, des leurres astucieux, des pirates ¨¦thiques (chapeaux blancs) et d¡¯autres moyens r¨¦alisables et moralement acceptables. Dans un programme plus ambitieux, le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral pourrait offrir ses bons offices si un ou plusieurs ?tats membres de l¡¯ONU demandaient de la cyberassistance. En situation de cyberguerre, l¡¯ONU pourrait m¨ºme appliquer les principes et la pratique du maintien de la paix dans le cyberespace. Le pourrait s¡¯av¨¦rer extr¨ºmement utile ¨¤ l¡¯avenir.
La surveillance ¨¤ distance gagnera en importance pendant la pand¨¦mie. Par exemple, l¡¯imagerie thermique doit ¨ºtre utilis¨¦e dans les a¨¦roports pour v¨¦rifier si la temp¨¦rature corporelle est ¨¦lev¨¦e. Dans le cadre des op¨¦rations et des initiatives de paix de l¡¯ONU, la surveillance ¨¤ distance est d¨¦sormais plus importante, car les contacts entre personnes sont r¨¦duits au minimum. Certaines parties bellig¨¦rantes ont accept¨¦ l¡¯appel du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral ¨¤ un cessez-le-feu mondial, mais les niveaux de conformit¨¦ doivent ¨ºtre v¨¦rifi¨¦s pour renforcer la confiance. ³¢¡¯imagerie par satellite, les v¨¦hicules a¨¦riens sans pilote et les stations de cam¨¦ra pourraient aider ¨¤ surveiller le cessez-le-feu, tout en r¨¦duisant l¡¯exposition du personnel dans les endroits dangereux ou interdits.
?³¢¡¯ exploitation sens¨¦e de la technologie intelligente peut renforcer l¡¯efficacit¨¦ et la s¨¦curit¨¦ de l¡¯Organisation.?
Les capteurs pourraient contribuer ¨¤ prot¨¦ger les travailleurs de l¡¯ONU, non seulement des maladies, mais aussi des attaques arm¨¦es. Certains postes d¡¯observation habit¨¦s dans des zones achaland¨¦es pourraient ¨ºtre remplac¨¦s par des syst¨¨mes de surveillance dot¨¦s de fonctions de communications audio bidirectionnelle (en duplex) et vid¨¦o. Les soldats de la paix des postes de surveillance ¨¤ distance pourraient observer les situations dans les zones de tensions et prendre des mesures, comme interpeller les fautifs ou, si n¨¦cessaire, envoyer un v¨¦hicule a¨¦rien sans pilote pour surveiller la zone. Sur la base des images et des donn¨¦es re?ues, des soldats de la paix arm¨¦s pourraient alors ¨ºtre d¨¦ploy¨¦s. ? l¡¯arriv¨¦e d¡¯un v¨¦hicule de l¡¯ONU, un balayeur infrarouge ¨¤ 360?degr¨¦s pourrait servir ¨¤ relever les points chauds thermiques afin de diffuser des alertes sur les personnes susceptibles d¡¯avoir ¨¦t¨¦ infect¨¦es par la COVID-19. ? l¡¯avenir, des v¨¦hicules sans pilote, tant a¨¦riens que terrestres, pourraient ¨ºtre envoy¨¦s dans les zones de mission les plus dangereuses. Des haut-parleurs embarqu¨¦s pourraient transmettre des messages vocaux, et des signaux laser pourraient v¨¦hiculer des messages par symboles ou par ¨¦crit.
De nombreuses autres applications technologiques m¨¦ritent d¡¯¨ºtre explor¨¦es au b¨¦n¨¦fice de l¡¯ONU post-COVID-19, y compris l¡¯Internet des objets, la cha?ne de blocs et l¡¯argent mobile. Pour exploiter de telles solutions, l¡¯ONU doit consacrer temps et efforts ¨¤ l¡¯exploration, aux preuves de concept, aux projets pilotes, aux plans de mise ¨¤ niveau sur une plus grande ¨¦chelle et ¨¤ une ¨¦valuation objective.
Toutes ces technologies n¨¦cessitent de nouvelles politiques pour prot¨¦ger la vie priv¨¦e et emp¨ºcher les intrusions et les mesures injustifi¨¦es. Il lui faudrait alors disposer de sa propre technologie, y compris pour assurer sa s¨¦curit¨¦ en ligne. ? l¡¯heure actuelle et ¨¤ l¡¯avenir, la technologie sera exploit¨¦e tant ¨¤ bon qu¡¯¨¤ mauvais escient, et l¡¯ONU doit conserver une longueur d¡¯avance sur l¡¯¨¦volution des technologies.
Le monde fonctionnera diff¨¦remment une fois la pand¨¦mie de la COVID-19 derri¨¨re nous, et l¡¯ONU devra innover rapidement ¨¤ cause de ces changements. ³¢¡¯exploitation sens¨¦e de la technologie intelligente peut renforcer l¡¯efficacit¨¦ et la s¨¦curit¨¦ de l¡¯Organisation. Plus important encore, elle peut aider l¡¯ONU ¨¤ fa?onner un monde mieux d¨¦velopp¨¦, plus durable et plus s?r, pendant cette crise et apr¨¨s celle-ci.
Le 10?juin 2020
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