Le manque d¡¯¨¦galit¨¦ des sexes dans le domaine scientifique n¡¯est pas seulement un probl¨¨me qui concerne les femmes. Il entrave ¨¦galement le d¨¦veloppement d¡¯un pays. En outre, en limitant le vivier de talents en faisant en sorte qu¡¯il soit plus difficile pour les filles et les femmes de choisir une carri¨¨re scientifique, nous compromettons notre capacit¨¦ ¨¤ r¨¦soudre des probl¨¨mes complexes. Alors que la perspective de franchir les points de basculement qui pourraient d¨¦clencher un changement climatique brutal plane au-dessus de nos t¨ºtes comme une ¨¦p¨¦e de Damocl¨¨s, il est logique de mettre ¨¤ contribution tous les esprits les plus brillants dans le monde pour relever ce d¨¦fi urgent, et d¡¯autres encore; or, nous n¨¦gligeons toujours la moiti¨¦ de ce vivier de talents.
Selon le , un chercheur sur trois est une femme. Ce rapport pourrait ¨ºtre beaucoup plus ¨¦lev¨¦. Les femmes ont atteint la parit¨¦ aux niveaux de la licence et de la ma?trise et sont en voie d¡¯y parvenir au niveau du doctorat, mais un grand nombre de ces dipl?m¨¦es ne choisissent pas d¡¯embrasser une carri¨¨re dans la recherche ou quittent pr¨¦matur¨¦ment cette profession.
Il n¡¯est pas difficile de comprendre pourquoi. En r¨¨gle g¨¦n¨¦rale, les chercheuses ont tendance ¨¤ avoir des carri¨¨res plus courtes et moins bien r¨¦mun¨¦r¨¦es. Leur travail est sous-repr¨¦sent¨¦ dans les revues sp¨¦cialis¨¦es et elles sont souvent ignor¨¦es dans les promotions. Les subventions de recherche sont g¨¦n¨¦ralement moins importantes pour elles que pour leurs coll¨¨gues masculins, et elles sont moins reconnues par leurs pairs?: seuls 12?% des membres des acad¨¦mies des sciences nationales sont des femmes.
La situation n¡¯est gu¨¨re plus brillante dans le secteur priv¨¦. Les cr¨¦atrices de start-ups technologiques peinent encore ¨¤ acc¨¦der au financement et, dans les grandes entreprises, les femmes continuent d¡¯¨ºtre sous-repr¨¦sent¨¦es aux postes de direction et techniques. Elles sont plus susceptibles que les hommes de quitter le secteur technologique, citant souvent le manque de perspectives de carri¨¨re en tant que motivation de leur d¨¦cision.
Dans le monde actuel, il est choquant que les hommes et les femmes ne jouissent toujours pas de l¡¯¨¦galit¨¦ des chances et de r¨¦mun¨¦ration sur le lieu de travail. Nous devons intensifier nos efforts pour adopter des politiques et des programmes propices ¨¤ l¡¯¨¦volution des mentalit¨¦s li¨¦es au sexe afin de garantir l¡¯¨¦galit¨¦ des chances de l¡¯¨¦cole maternelle aux plus hauts niveaux de la prise de d¨¦cision. C¡¯est ¨¦galement dans notre propre int¨¦r¨ºt. Par exemple, des ¨¦tudes ont ¨¦tabli un lien entre la confiance des investisseurs et des marges b¨¦n¨¦ficiaires plus ¨¦lev¨¦es d¡¯une part et la pr¨¦sence d¡¯une main-d¡¯?uvre diversifi¨¦e d¡¯autre part.?
Une fa?on d¡¯¨¦liminer les st¨¦r¨¦otypes sexistes est de mettre en valeur des femmes exceptionnelles. C¡¯est ce ¨¤ quoi s¡¯emploient l¡¯Organisation des Nations Unies pour l¡¯¨¦ducation, la science et la culture (UNESCO) et la Fondation L¡¯Or¨¦al depuis 25 ans par le biais du . ? ce jour, plus de 3?900 femmes dans le monde ont ¨¦t¨¦ reconnues gr?ce ¨¤ ce programme.
L¡¯UNESCO int¨¨gre l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes dans ses programmes scientifiques internationaux. Ainsi, environ 42 % des chefs de projets de recherche au sein du sont des femmes, et l¡¯objectif est d¡¯atteindre la parit¨¦ des sexes.
Comment allons-nous relever les d¨¦fis redoutables actuels, comme le changement climatique, la perte de la biodiversit¨¦, le stress hydrique, les ¨¦pid¨¦mies virales et le d¨¦veloppement rapide de l¡¯intelligence artificielle, si nous ne pouvons pas faire appel ¨¤ tous nos meilleurs esprits, o¨´ qu¡¯ils soient??
Prenons l¡¯exemple du secteur de l¡¯eau. Selon le , publi¨¦ par l¡¯UNESCO au nom d¡¯ONU-Eau, les femmes y repr¨¦sentent moins de 17?% de la main-d¡¯?uvre totale r¨¦mun¨¦r¨¦e. Les femmes sont m¨ºme minoritaires aux postes de recherche et de d¨¦cision dans ce secteur qui reste un environnement domin¨¦ par les hommes.
Le , mis en place par l¡¯UNESCO, coordonne un depuis 2021 visant ¨¤ acc¨¦l¨¦rer les progr¨¨s vers l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes dans le secteur de l¡¯eau. En d¨¦cembre 2022, plus de 20 pays et 150 institutions avaient approuv¨¦ l¡¯initiative.
Depuis 2014, ce Programme a ¨¦labor¨¦ des indicateurs tenant compte du genre ainsi qu¡¯une m¨¦thode pour la collecte des donn¨¦es sur l¡¯eau ventil¨¦es par genre. Ils peuvent ¨ºtre trouv¨¦s dans sa .
L¡¯UNESCO donne la priorit¨¦ ¨¤ une gestion de l¡¯environnement r¨¦siliente au climat et ¨¦quilibr¨¦e entre les sexes. Cette double approche est int¨¦gr¨¦e, par exemple, dans des projets con?us par le afin d¡¯am¨¦liorer le suivi des risques li¨¦s ¨¤ l¡¯eau et leur pr¨¦vision, comme les inondations, les temp¨ºtes et les s¨¦cheresses.
Elle est ¨¦galement caract¨¦ristique de projets qui sont mis en ?uvre dans le R¨¦seau mondial des r¨¦serves de biosph¨¨re de l¡¯UNESCO, qui comprend aujourd¡¯hui des sites dans 134 pays et couvre plus de 5?% des terres ¨¦merg¨¦es de la plan¨¨te. Dans un projet, l¡¯UNESCO a montr¨¦ aux femmes locales comment transformer les noix de karit¨¦ (Vitellaria paradoxa) qui poussent ¨¤ l¡¯¨¦tat sauvage,?et ainsi augmenter leurs revenus. Dans cette communaut¨¦ rurale, cela a permis de r¨¦duire l¡¯abattage des arbres pour la production de charbon de bois. Maintenant qu¡¯elles comprennent la valeur de l¡¯arbre, ces femmes ont lanc¨¦ une campagne visant ¨¤ sensibiliser leurs voisins ¨¤ la n¨¦cessit¨¦ de le prot¨¦ger.?
Une autre fa?on pour l¡¯UNESCO d¡¯encourager une gestion de l¡¯environnement ¨¦quilibr¨¦e entre les sexes consiste ¨¤ encourager la participation communautaire par le biais des sciences participatives. La Recommandation sur la science ouverte, adopt¨¦e par les 193 ?tats Membres de l¡¯UNESCO en novembre 2021, contribue ¨¤ cet objectif en facilitant l¡¯acc¨¨s des hommes et des femmes de tous horizons aux informations ainsi qu¡¯aux donn¨¦es scientifiques qui, auparavant, pouvaient ¨ºtre assujetties ¨¤ un p¨¦age de lecture num¨¦rique.
On ne dira jamais assez que l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes est au c?ur des droits de l¡¯homme. Certains progr¨¨s ont ¨¦t¨¦ faits vers cet objectif, mais il convient de se garder de toute complaisance. Nous devons ¨ºtre particuli¨¨rement vigilants ¨¤ ne pas retourner en arri¨¨re. Il n¡¯y a pas de meilleur rappel que le cas de l¡¯Afghanistan, o¨´ les filles et les femmes ont ¨¦t¨¦ brutalement priv¨¦es de leur droit d¡¯apprendre et d¡¯enseigner ¨¤ tous les niveaux de l¡¯¨¦ducation. Audrey Azoulay, Directrice g¨¦n¨¦rale de l¡¯UNESCO, a affirm¨¦ que ??l¡¯UNESCO condamne cette violation d¡¯un droit fondamental et demande qu¡¯il soit r¨¦tabli sans d¨¦lai??. Selon le 2021, en 2018, les femmes repr¨¦sentaient 22?% des ¨¦tudiants universitaires afghans de premi¨¨re ann¨¦e inscrits dans des disciplines principalement li¨¦es aux STIM.
Alors que nous nous pr¨¦parons ¨¤ c¨¦l¨¦brer la Journ¨¦e internationale des femmes de science le 11 f¨¦vrier, la Directrice g¨¦n¨¦rale de l¡¯UNESCO a r¨¦it¨¦r¨¦ ce message fondamental?:?? Les femmes ont besoin de la science et la science a besoin des femmes. Ce n¡¯est qu¡¯en tirant parti de toutes les sources de connaissances, de toutes les sources de talents, que nous pourrons exploiter pleinement les possibilit¨¦s offertes par la science et relever les d¨¦fis de notre temps.??
?
La?Chronique de l¡¯ONU?ne constitue pas un document officiel. Elle a le privil¨¨ge d¡¯accueillir des hauts fonctionnaires des Nations Unies ainsi que des contributeurs distingu¨¦s ne faisant pas partie du syst¨¨me des Nations Unies dont les points de vue ne refl¨¨tent pas n¨¦cessairement ceux de l¡¯Organisation. De m¨ºme, les fronti¨¨res et les noms indiqu¨¦s ainsi que les d¨¦signations employ¨¦es sur les cartes ou dans les articles n¡¯impliquent pas n¨¦cessairement la reconnaissance ni l¡¯acceptation officielle de l¡¯Organisation des Nations Unies.?