16 novembre 2023

L¡¯Organisation des Nations Unies pour l¡¯¨¦ducation, la science et la culture (UNESCO) doit s¡¯appuyer sur le pouvoir de transformation de la philosophie pour promouvoir la pens¨¦e critique et l¡¯¨¦thique en vue d¡¯aider la communaut¨¦ internationale ¨¤ r¨¦soudre les probl¨¨mes contemporains. L¡¯Organisation a ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦e en 1945 sur le principe que la solidarit¨¦ morale et intellectuelle de l¡¯humanit¨¦ doit servir de fondement ¨¤ la paix. La philosophie a jou¨¦ un r?le pr¨¦pond¨¦rant dans toutes les civilisations, marquant de son empreinte les structures sociales et politiques, les langues ainsi que les ¨¦changes culturels. De ce fait, cette discipline englobe toutes les repr¨¦sentations que les soci¨¦t¨¦s humaines ont exprim¨¦es et continue d¡¯alimenter le cycle des influences mutuelles entre notre sens collectif de la philosophie et celui de la morale.

La communaut¨¦ internationale s¡¯est engag¨¦e ¨¤ promouvoir des soci¨¦t¨¦s plus inclusives et l¡¯UNESCO peut s¡¯appuyer sur la philosophie et les sciences humaines pour atteindre cet objectif commun. Comment voulons-nous que nos soci¨¦t¨¦s fassent face au changement climatique?? Que voulons-nous obtenir de la r¨¦volution num¨¦rique?? Ces tendances mondiales nous obligent ¨¤ nous poser des questions philosophiques, morales et ¨¦thiques auxquelles nous devrons r¨¦pondre si nous voulons atteindre nos objectifs de d¨¦veloppement durable et inclusif.

Pour relever ces d¨¦fis en constante ¨¦volution, le Secteur des sciences sociales et humaines de l¡¯UNESCO offre un cadre permettant d¡¯int¨¦grer les id¨¦es philosophiques dans les transformations sociales. Le facilite la circulation directe des id¨¦es entre le monde universitaire et les d¨¦cideurs politiques afin de susciter? un changement social positif, ce qui est essentiel pour faire face aux tendances mondiales actuelles. Il permet une r¨¦flexion ¨¦thique sur des sujets critiques, tels que les avanc¨¦es technologiques et les bouleversements qu¡¯elles entra?nent.

Les r¨¦volutions technologiques actuelles li¨¦es aux m¨¦gadonn¨¦es, aux biotechnologies et ¨¤ l¡¯intelligence artificielle (IA) offrent une ¨¦tude de cas int¨¦ressante. Les pr¨¦occupations ¨¦thiques qu¡¯elles soul¨¨vent illustrent le r?le essentiel que la philosophie jouera dans la compr¨¦hension des interactions humaines ¨¤ l¡¯¨¨re num¨¦rique. Pour assurer que ces technologies auront des retomb¨¦es b¨¦n¨¦fiques pour nos soci¨¦t¨¦s, nous devons faire appel ¨¤ l¡¯¨¦thique pour ¨¦tablir une approche repr¨¦sentative au niveau mondial fond¨¦e sur le concept ??Humanit¨¦ d¡¯abord??. Si elles ne sont pas contr?l¨¦es, ou si elles le sont, ce qui ne fait pas l¡¯unanimit¨¦, les technologies comme l¡¯IA peuvent entra?ner des abus, notamment le profilage racial et sexiste ou le contr?le social des individus, ce qui ne fera que creuser l¡¯¨¦cart entre la r¨¦alit¨¦ de notre situation et les objectifs de d¨¦veloppement inclusif que nos soci¨¦t¨¦s se sont engag¨¦es ¨¤ atteindre. Le d¨¦veloppement r¨¦cent par l¡¯UNESCO de la toute premi¨¨re norme mondiale sur l¡¯¨¦thique de l¡¯IA, les , ¨¦tablit un cadre et des dispositions claires sur la mani¨¨re de g¨¦rer les implications du d¨¦veloppement technologique.

La Journ¨¦e mondiale de la philosophie (16 novembre 2023) est consacr¨¦e ¨¤ l¡¯intelligence artificielle au service de la sant¨¦ mentale en utilisant ce sujet comme ¨¦tude de cas afin de fournir des id¨¦es concr¨¨tes sur la mani¨¨re dont les soci¨¦t¨¦s peuvent parvenir ¨¤ ¨¦tablir un cadre moral commun pour que ces technologies b¨¦n¨¦ficient ¨¤ tous.

Le paysage mondial actuel de la sant¨¦ mentale est pr¨¦occupant. Le probl¨¨me ne se limite pas ¨¤ la d¨¦tection ni au traitement. Il est complexe de saisir tout l¡¯impact des troubles de sant¨¦ mentale sur l¡¯esp¨¦rance de vie, ce qui rend la sensibilisation encore plus probl¨¦matique. Selon , publi¨¦ par l¡¯Organisation mondiale de la sant¨¦, seulement 4,6 % des recherches sur la sant¨¦ sont consacr¨¦es ¨¤ la sant¨¦ mentale, alors que l¡¯on sait que les taux de mortalit¨¦ sont beaucoup plus ¨¦lev¨¦s chez les personnes atteintes de troubles mentaux que dans l¡¯ensemble de la population. Quoi qu¡¯il en soit, les troubles mentaux entra?nent une mortalit¨¦ cumul¨¦e importante.

Plus nous comprendrons les cons¨¦quences des probl¨¨mes de sant¨¦ mentale plus nous pourrons am¨¦liorer les soins de sant¨¦, les progr¨¨s de la technologie et des neurosciences offrant de nouvelles possibilit¨¦s en mati¨¨re de capacit¨¦s de diagnostic, de pr¨¦vention et de traitement.

La promenade du philosophe, un sentier qui longe un canal bord¨¦ de cerisiers ¨¤ Kyoto, au Japon. Kimon Berlin via Wikimedia Commons

Toutefois, ces avanc¨¦es ne doivent pas occulter les risques potentiels qu¡¯elles comportent. Les capacit¨¦s de traitement des donn¨¦es de l¡¯IA impliquent la surveillance des personnes. M¨ºme si c¡¯est dans l¡¯int¨¦r¨ºt de leur sant¨¦, des questions ¨¦thiques se posent. Ces progr¨¨s technologiques n¨¦cessitent des approches diligentes. Si les algorithmes ne sont pas correctement ¨¦labor¨¦s et test¨¦s, ils peuvent contribuer ¨¤ perp¨¦tuer des pr¨¦jug¨¦s d¨¦j¨¤ pr¨¦sents dans les donn¨¦es d¡¯apprentissage. Cela pourrait fausser le diagnostic des probl¨¨mes mentaux ainsi que leur traitement, ce qui serait particuli¨¨rement pr¨¦occupant pour les populations marginalis¨¦es qui ne disposent pas de filets de s¨¦curit¨¦ appropri¨¦s en mati¨¨re de soins de sant¨¦. Sans une supervision attentive et un suivi continu, le potentiel prometteur de l¡¯utilisation de l¡¯IA dans les soins de sant¨¦ mentale pourrait, par inadvertance, exacerber les in¨¦galit¨¦s au lieu de les att¨¦nuer.

Les pr¨¦occupations ¨¦pist¨¦mologiques et ¨¦thiques d¨¦coulant des changements technologiques ne doivent pas ¨ºtre n¨¦glig¨¦es, en particulier lorsqu¡¯il s¡¯agit de la sant¨¦ physique et mentale. La compr¨¦hension des troubles mentaux et la validit¨¦ des connaissances issues de l¡¯IA, ainsi que les responsabilit¨¦s ¨¦thiques en mati¨¨re de soins du patient, demeurent cruciales. Ces progr¨¨s doivent att¨¦nuer les vuln¨¦rabilit¨¦s sans introduire de nouvelles formes d¡¯exposition qui exacerberont les dysfonctionnements de nos soci¨¦t¨¦s.?

Alors que nous ¨¦voluons dans ce paysage, la conscience ¨¦thique est imp¨¦rative. L¡¯augmentation de nos capacit¨¦s technologiques devrait toujours s¡¯accompagner d¡¯une plus grande responsabilit¨¦ ¨¦thique. S¡¯engager dans une pens¨¦e critique et nourrir un nouvel humanisme sont essentiels pour relever les d¨¦fis ¨¦thiques, intellectuels et politiques de notre temps. La philosophie n¡¯est pas une discipline facultative, mais une force mondiale qui contribuera ¨¤ construire un avenir plus humain pour tous. ?

L¡¯IA et la sant¨¦ mentale?: opportunit¨¦s et d¨¦fis

Les avanc¨¦es technologiques actuelles et notre meilleure compr¨¦hension des fonctions c¨¦r¨¦brales ouvrent de nouvelles possibilit¨¦s pour aider les personnes qui ont des probl¨¨mes de sant¨¦ mentale. Qu¡¯il s¡¯agisse de traitement, d¡¯accompagnement ou d¡¯aide, de nouveaux outils sont ¨¤ notre disposition pour faciliter le diagnostic et le traitement.

Toutefois, que les nouveaux dispositifs soient utilis¨¦s en sant¨¦ mentale ou dans un autre domaine, ils servent ¨¦galement d¡¯instruments d¡¯action, porteurs de nouvelles responsabilit¨¦s qu¡¯il serait dangereux d¡¯ignorer. Par exemple, le d¨¦veloppement d¡¯un agent conversationnel artificiel en psychiatrie soul¨¨ve des questions sur l¡¯avenir des psychiatres. Seront-ils ¨¦ventuellement remplac¨¦s?? Certains affirment que la relation du patient avec un artefact ne peut pas ¨ºtre ¨¦quivalente ¨¤ celle d¨¦velopp¨¦e avec un psychoth¨¦rapeute.

Si l¡¯acc¨¨s universel ¨¤ la technologie demeure un d¨¦fi mondial majeur, des personnes qui ont acc¨¨s ¨¤ l¡¯internet ont soulign¨¦ certains avantages li¨¦s aux plates-formes aliment¨¦es par l¡¯IA comme Google AI, Cleverbot et ChatGPT (traitement du langage naturel et IA conversationnelle) ainsi que Woebot, Youper et Wysa (plates-formes de traitement du langage naturel utilis¨¦es pour fournir un soutien en mati¨¨re de sant¨¦ mentale). Ces plates-formes sont d¨¦j¨¤ accessibles en ligne ¨¤ tous sans qu¡¯il soit n¨¦cessaire d¡¯avoir une expertise technique ni des ressources importantes. Toutefois, leur objectivit¨¦ est encore illusoire, car elles sont toujours un produit de l¡¯esprit humain et ne sont donc pas totalement exemptes de pr¨¦jug¨¦s ni de st¨¦r¨¦otypes. ?

En effet, la repr¨¦sentativit¨¦ des bases de donn¨¦es et les biais algorithmiques suscitent de vives inqui¨¦tudes et sont un immense probl¨¨me ¨¤ r¨¦soudre. Le risque d¡¯utilisation abusive ou de diffusion de fausses informations par le biais du contenu g¨¦n¨¦r¨¦ par l¡¯IA constitue un autre d¨¦fi qui doit ¨ºtre relev¨¦ pour pr¨¦server l¡¯int¨¦grit¨¦ des informations en ligne et de la production cr¨¦ative.

Nous pouvons comprendre comment les avanc¨¦es technologiques dans le domaine de la sant¨¦ mentale peuvent modifier nos m¨¦thodes, c¡¯est pourquoi nous sommes oblig¨¦s de faire preuve de prudence ¨¦thique. Deux points de vigilance au moins m¨¦ritent d¡¯¨ºtre soulign¨¦s.

La premi¨¨re question concerne l¡¯¨¦pist¨¦mologie. Notre compr¨¦hension des troubles mentaux reste incompl¨¨te. Par exemple, les biomarqueurs con?us pour aider ¨¤ l¡¯identification des maladies, de leurs m¨¦canismes et de leur progression ainsi que des effets des traitements?sont encore insatisfaisants. Il est donc urgent d¡¯am¨¦liorer nos connaissances dans ces domaines, car notre capacit¨¦ ¨¤ aider les patients d¨¦pend de ces connaissances. Dans ce contexte, le traitement algorithmique de vastes bases de donn¨¦es m¨¦dicales est pr¨¦cieux. Il permet non seulement d¡¯analyser un plus grand volume d¡¯informations, mais aussi d¡¯acc¨¦l¨¦rer le processus d¡¯examen. Une autre consid¨¦ration ¨¦pist¨¦mologique concerne la nature des connaissances g¨¦n¨¦r¨¦es par l¡¯IA et leur validit¨¦. Si les syst¨¨mes d¡¯IA s¡¯appuient exclusivement sur des donn¨¦es neurologiques, la compr¨¦hension des troubles mentaux risque d¡¯¨ºtre trop ax¨¦e sur la biologie et de n¨¦gliger leur dimension sociale. La recherche a mis en ¨¦vidence des corr¨¦lations importantes comme celles entre la pauvret¨¦ et les probl¨¨mes de sant¨¦ mentale. La question concernant les sources des donn¨¦es utilis¨¦es est donc d¡¯une grande importance, tout comme celle concernant l¡¯utilisation de ces connaissances par les professionnels de sant¨¦. On sait qu¡¯il peut y avoir un d¨¦calage entre l¡¯analyse quantitative r¨¦alis¨¦e par un outil d¡¯intelligence artificielle et la compr¨¦hension qualitative apport¨¦e par un expert humain.

Vue du si¨¨ge de l¡¯UNESCO ¨¤ Paris, 2009. Matthias Ripp

La deuxi¨¨me question concerne les soins. L¡¯assistance apport¨¦e dans le domaine de la sant¨¦ mentale par l¡¯IA, la neurotechnologie ainsi que par certains dispositifs num¨¦riques aura un impact sur les modes de prise en charge. Le premier ¨¦l¨¦ment ¨¤ prendre en compte est le diagnostic. En effet, on ne peut pas aider une personne sans identifier de mani¨¨re pr¨¦cise la nature de son probl¨¨me mental. Un diagnostic plus pouss¨¦ permet de mieux sp¨¦cifier les traitements et les soins et d¡¯envisager de nouvelles formes d¡¯assistance. Un meilleur diagnostic est aussi un diagnostic r¨¦alis¨¦ plus t?t, permettant des interventions th¨¦rapeutiques plus rapides et, dans la mesure du possible, la pr¨¦servation de la qualit¨¦ de vie de la personne.?

Les soins vont du diagnostic au traitement du patient ou, au moins, ¨¤ son accompagnement. Les troubles mentaux pr¨¦sentent un tableau clinique h¨¦t¨¦rog¨¨ne. Par exemple, le m¨ºme syndrome d¨¦pressif peut se manifester diff¨¦remment selon les personnes. La maladie est une exp¨¦rience individuelle, ce qui pose des probl¨¨mes suppl¨¦mentaires ¨¤ g¨¦rer quotidiennement. Le soutien peut ¨ºtre am¨¦lior¨¦ gr?ce ¨¤ des outils num¨¦riques ou ¨¤ des dispositifs ¨¦quip¨¦s de l¡¯IA tels que les smartphones, qui peuvent permettre la reconnaissance ¨¦motionnelle en temps r¨¦el, la surveillance des rythmes d¡¯activit¨¦ individuels, des structures de sommeil, des mouvements ainsi que des nombreux autres aspects de la vie quotidienne. Il est alors possible de recevoir un retour d¡¯information et de r¨¦aliser un suivi interactif, ce qui permet de r¨¦agir rapidement en cas de besoin, alertant les patients eux-m¨ºmes. Cette approche permet de prot¨¦ger et d¡¯am¨¦liorer la qualit¨¦ de vie d¡¯un point de vue physique, social et mental.

Tous ces aspects s¡¯articulent autour d¡¯un principe important de l¡¯¨¦thique et de la bio¨¦thique?: le principe de vuln¨¦rabilit¨¦. Toutefois, dans la vie quotidienne d¡¯un patient, ces apports technologiques qui permettent de compenser certaines vuln¨¦rabilit¨¦s ne devraient pas, d¡¯un point de vue moral, introduire de nouvelles formes de vuln¨¦rabilit¨¦s. Le dialogue th¨¦rapeutique sera-t-il remplac¨¦ par un implant c¨¦r¨¦bral pour r¨¦guler les ¨¦motions?? Le patient perdra-t-il ind¨¦finiment l¡¯exclusivit¨¦ de l¡¯acc¨¨s ¨¤ ses pens¨¦es du fait des neurotechnologies qui permettent l¡¯exploration scientifique du cerveau?? La surveillance th¨¦rapeutique et bienveillante du patient risque-t-elle de se transformer en une surveillance anticip¨¦e des comportements et, donc, en pr¨¦somptions d¡¯intention contr?l¨¦es??

La principale pr¨¦occupation ¨¦thique qui sous-tend nos consid¨¦rations pratiques concerne le r?le des ¨ºtres humains dans un monde domin¨¦ par la technologie o¨´ les algorithmes g¨¨rent la sant¨¦ mentale. Nous devons agir sur trois niveaux?: premi¨¨rement, nous devons offrir un niveau d¡¯¨¦ducation continue ¨¤ toutes les personnes qui travaillent dans des domaines connexes afin de les doter des comp¨¦tences de r¨¦flexion critique; deuxi¨¨mement, nous devons prendre en compte les b¨¦n¨¦ficiaires et utiliser des m¨¦thodologies critiques pour ¨¦valuer l¡¯IA; troisi¨¨mement, nous devons reconna?tre que l¡¯expansion de nos capacit¨¦s gr?ce aux avanc¨¦es technologiques entra?ne intrins¨¨quement de plus grandes responsabilit¨¦s. Aspirer ¨¤ l¡¯am¨¦lioration n¡¯est pas synonyme de technophilie, de m¨ºme l¡¯h¨¦sitation ne signifie pas technophobie. Au contraire, cela refl¨¨te une conscience ¨¦thique enracin¨¦e dans une pr¨¦occupation fondamentale pour l¡¯humanit¨¦. Le d¨¦fi consiste ¨¤ envisager?le paysage de la sant¨¦ mentale actuel domin¨¦ par la technologie sans critiquer injustement celui de demain.

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