29 octobre 2021

En tant que Conseiller sp¨¦cial du Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies sur l¡¯action climatique, Selwin Hart est le fer de lance d¡¯une initiative mondiale visant ¨¤ ¨¦lever le niveau d¡¯ambition climatique d¨¨s ¨¤ pr¨¦sent. Dans cet entretien, il s¡¯exprime sur la n¨¦cessit¨¦ pressante pour les pays d¨¦velopp¨¦s de financer l¡¯adaptation aux changements climatiques afin de sauver des vies et de prot¨¦ger les moyens de subsistance dans les pays confront¨¦s aux pires cons¨¦quences de ces changements. Le contenu de cet entretien a ¨¦t¨¦ adapt¨¦ par souci de clart¨¦ et de concision.

 

 

 

Que devons-nous savoir concernant l¡¯action climatique ? 
Nous avons une tr¨¨s faible marge de man?uvre pour ¨¦viter les pires cons¨¦quences que pourraient engendrer les changements climatiques. L¡¯action climatique ne peut ¨ºtre retard¨¦e de 10, 20 ou 30 ans. Nous devons prendre d¨¨s maintenant des mesures urgentes et ambitieuses.

Le r¨¦cent rapport du GIEC doit-il nous d¨¦courager ?
Ce rapport est une sonnette d¡¯alarme. Si nous n¡¯agissons pas d¨¨s maintenant pour r¨¦duire les ¨¦missions de mani¨¨re significative, le monde court ¨¤ sa perte. Mais ce rapport est aussi porteur d¡¯espoir. Il nous montre que si au cours de la prochaine d¨¦cennie nous r¨¦duisons les ¨¦missions de moiti¨¦ par rapport aux niveaux actuels, nous ¨¦viterons les pires effets des changements climatiques. 
La bonne nouvelle, c¡¯est que nous disposons des outils financiers et des technologies pour y parvenir. Le co?t de l¡¯¨¦nergie renouvelable, par exemple, a consid¨¦rablement diminu¨¦ et sa part a tripl¨¦. Si nous voulons limiter le r¨¦chauffement plan¨¦taire ¨¤ 1,5 ¡ãC, il nous faudra tripler encore la part des ¨¦nergies renouvelables au cours de la prochaine d¨¦cennie. L¡¯am¨¦lioration de la s¨¦curit¨¦ ¨¦nerg¨¦tique entra?ne d¡¯autres effets positifs. Plut?t que de d¨¦pendre des sources d¡¯¨¦nergie volatiles provenant de l¡¯¨¦tranger, les pays peuvent miser davantage sur l¡¯¨¦nergie solaire et sur l¡¯¨¦nergie ¨¦olienne pour r¨¦pondre ¨¤ la demande croissante en ¨¦nergie.

 

En quoi l¡¯adaptation aux changements climatiques est-elle importante ? 

L¡¯adaptation permet de sauver des vies et de prot¨¦ger les moyens de subsistance. Elle renforce la r¨¦silience des personnes, des collectivit¨¦s et des entreprises face aux effets des changements climatiques qui se font sentir de plus en plus fr¨¦quemment et de mani¨¨re toujours plus intense. Un petit ?tat insulaire en d¨¦veloppement, par exemple, pourrait ¨¦riger une protection c?ti¨¨re pour contrer la hausse du niveau de la mer et veiller ¨¤ ce que les infrastructures physiques soient en mesure de r¨¦sister ¨¤ des temp¨ºtes plus violentes. Un pays confront¨¦ ¨¤ une s¨¦cheresse croissante doit plut?t investir dans des syst¨¨mes d¡¯alerte pr¨¦coce, pr¨¦parer les agriculteurs et les communaut¨¦s locales et pr¨¦voir des r¨¦serves d¡¯eau en suffisance. 

 

Pourquoi faut-il acc¨¦l¨¦rer l¡¯adaptation ?

Parce que les r¨¦percussions des changements climatiques sont de plus en plus graves. Elles co?tent des vies et perturbent l¡¯¨¦conomie, en particulier dans les pays pauvres et vuln¨¦rables. Sans une intensification de l¡¯adaptation, une quantit¨¦ innombrable de personnes perdra la vie et l¡¯¨¦conomie sera gravement affect¨¦e. L¡¯an dernier, les catastrophes li¨¦es au climat ont contraint 30 millions de personnes ¨¤ quitter leur foyer, soit trois fois plus que le nombre de personnes d¨¦plac¨¦es en raison de la violence et des conflits. Nous sommes face ¨¤ une grave menace ¨¤ l¡¯¨¦chelle mondiale. 

Dans l¡¯Accord de Paris sur le climat, les pays d¨¦velopp¨¦s se sont engag¨¦s ¨¤ allouer aux pays en d¨¦veloppement des fonds publics qui seraient destin¨¦s autant ¨¤ l¡¯att¨¦nuation qu¡¯¨¤ l¡¯adaptation. Or, les fonds consacr¨¦s ¨¤ l¡¯adaptation ne repr¨¦sentent qu¡¯un quart du financement de l¡¯action climatique. Cela n¡¯est pas ¨¦quitable. C¡¯est la raison pour laquelle le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral a appel¨¦ les donateurs et les banques multilat¨¦rales de d¨¦veloppement ¨¤ porter cette part ¨¤ 50 % au moins. 

 

Pourquoi le financement de l¡¯adaptation a-t-il pris du retard ? 

Les raisons sont nombreuses. La plus importante est l¡¯absence de volont¨¦ politique. Si les pays entendent r¨¦ellement tenir cette promesse, il suffit d¡¯un simple trait de plume. Trois pays ont progress¨¦ dans ce sens jusqu¡¯¨¤ pr¨¦sent : le Danemark, les Pays-Bas et la Su¨¨de. Nous esp¨¦rons que d¡¯autres suivront. 

La bureaucratie pour acc¨¦der au financement de la lutte contre les changements climatiques est ¨¦galement un frein ; elle doit ¨ºtre consid¨¦rablement r¨¦duite, sans pour autant compromettre la qualit¨¦ et l¡¯int¨¦grit¨¦ des projets d¡¯adaptation et de r¨¦silience. En outre, l¡¯admissibilit¨¦ au financement est fond¨¦e sur le revenu par habitant. De nombreux petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement et autres pays vuln¨¦rables sont class¨¦s par l¡¯OCDE (Organisation de coop¨¦ration et de d¨¦veloppement ¨¦conomiques) comme pays ¨¤ revenu interm¨¦diaire. Cela signifie qu¡¯ils n¡¯ont pas acc¨¨s ¨¤ des subventions ni ¨¤ des pr¨ºts concessionnels pour faire face aux changements climatiques et investir dans la r¨¦silience. Cela trahit une absence de vision ¨¤ long terme, selon nous.

 

Quelles sont les cons¨¦quences ?

En 2019, j¡¯ai fait la regrettable exp¨¦rience de me rendre aux Bahamas ¨¤ la suite de l¡¯ouragan Dorian. Ce fut l¡¯une des exp¨¦riences les plus marquantes qu¡¯il m¡¯ait jamais ¨¦t¨¦ donn¨¦ de vivre. L¡¯?le semblait avoir ¨¦t¨¦ enti¨¨rement bombard¨¦e. Je n¡¯ai jamais ¨¦t¨¦ t¨¦moin d¡¯une telle d¨¦vastation avant cela.

? l¡¯¨¦poque, je me suis pos¨¦ cette question : si ce pays avait eu acc¨¨s ¨¤ des ressources pour renforcer ses infrastructures, peu importe la fa?on dont il est class¨¦ par l¡¯OCDE, la situation aurait-elle ¨¦t¨¦ diff¨¦rente ? Cela aurait-il permis de sauver des vies et de prot¨¦ger les moyens de subsistance ? La communaut¨¦ internationale doit s¡¯attaquer ¨¤ ces questions. Il est pr¨¦f¨¦rable de permettre aux pays l¡¯acc¨¨s ¨¤ des subventions et ¨¤ des pr¨ºts concessionnels pour qu¡¯ils puissent investir dans la r¨¦silience en amont des catastrophes plut?t que d¡¯attendre que ces pays ne soient d¨¦cim¨¦s et devoir alors faire intervenir la communaut¨¦ internationale pour fournir une assistance humanitaire. Il est grand temps de prendre des d¨¦cisions en la mati¨¨re.

 

En quoi le financement de l¡¯adaptation est-il une question de justice ?

Les pays les plus touch¨¦s par la crise climatique, comme les petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement, les pays les moins avanc¨¦s, les pays africains et autres pays vuln¨¦rables, sont ceux qui ont le moins contribu¨¦ ¨¤ la crise climatique. Or, ils en subissent des r¨¦percussions disproportionn¨¦es. L¡¯Afrique, par exemple, se r¨¦chauffe beaucoup plus vite que la moyenne mondiale et va conna?tre de plus longues p¨¦riodes de s¨¦cheresse, de famine et d¡¯inondations extr¨ºmes. 

Ces pays en premi¨¨re ligne n¨¦cessitent l¡¯appui inconditionnel de la communaut¨¦ internationale. Ces investissements sont urgents et imp¨¦ratifs pour le commerce. Il s¡¯agit ¨¦galement d¡¯une obligation morale. Tr¨¨s sinc¨¨rement, apr¨¨s 30 ans de n¨¦gociations multilat¨¦rales sur le climat et six ans apr¨¨s l¡¯Accord de Paris, ce d¨¦ficit dans le financement de l¡¯adaptation est inacceptable. ? Glasgow, nous esp¨¦rons que la volont¨¦ de n¡¯¨¦pargner aucun effort pour tenir la promesse faite ¨¤ Paris sera clairement exprim¨¦e.

 

Faut-il mettre davantage l¡¯accent sur une adaptation ¨¦conomique et sociale transversale et d¨¦passer l¡¯approche individuelle, projet par projet ?

Nous devons am¨¦liorer la planification dans les pays en d¨¦veloppement en nous appuyant sur une bien meilleure compr¨¦hension de tous les d¨¦fis auxquels ils sont confront¨¦s en raison de la crise climatique. Mais cela doit ¨ºtre assorti d¡¯investissements dans l¡¯adaptation et dans la r¨¦silience compte tenu de l¡¯urgence de la situation. 

De nombreux pays en d¨¦veloppement ont int¨¦gr¨¦ la planification de l¡¯adaptation dans leur plan climatique national. De nombreux petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement ont incorpor¨¦ l¡¯adaptation et la r¨¦silience dans leur planification de d¨¦veloppement ¨¤ moyen et ¨¤ long terme. L¡¯adaptation qu¡¯ils pr¨¦voient couvre les domaines de l¡¯¨¦nergie, des transports, de l¡¯agriculture, de la p¨ºche, etc. Mais le d¨¦fi principal reste l¡¯acc¨¨s au financement. Il faut donc am¨¦liorer l¡¯adaptation ¨¤ tous les niveaux, mais avec des r¨¨gles du jeu ¨¦quitables ¨¤ l¡¯¨¦chelle internationale pour venir en aide ¨¤ ces pays. 

 

Qui doit agir prioritairement et principalement pour r¨¦duire les ¨¦missions ? 

Le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral a exhort¨¦ les pays du G20 (Groupe des vingt) ¨¤ prendre les choses en main. Ces pays sont responsables de 80 % des ¨¦missions ¨¤ l¡¯¨¦chelle mondiale. Nous ne pourrons pas maintenir l¡¯objectif 1,5 ¡ãC sans une action d¨¦cisive de leur part. N¨¦anmoins, tous les pays membres du G20 ne sont pas comparables. On ne peut pas exiger la m¨ºme chose de la part des ?tats-Unis et de l¡¯Inde. Les ?tats-Unis sont un pays tr¨¨s riche et sont le plus gros ¨¦metteur de tous les temps. Les ¨¦missions de l¡¯Inde sont en augmentation, mais il s¡¯agit encore ¨¤ l¡¯heure actuelle d¡¯un pays en d¨¦veloppement dans lequel de nombreuses personnes vivent dans la pauvret¨¦. Dans sa r¨¦ponse aux changements climatiques, l¡¯Inde doit ¨¦galement songer au d¨¦veloppement. 

Pour que les ¨¦conomies ¨¦mergentes et les pays en d¨¦veloppement puissent r¨¦pondre ¨¤ la demande croissante en ¨¦nergie, la communaut¨¦ internationale doit promouvoir de toute urgence des sources d¡¯¨¦nergie alternatives moins ch¨¨res.  L¡¯Asie et le Pacifique repr¨¦sentent 94 % de la consommation mondiale de charbon. La condition sine qua non pour avoir une chance d¡¯atteindre l¡¯objectif 1,5 ¡ãC est l¡¯abandon rapide du charbon. Cette r¨¦gion doit ¨ºtre appuy¨¦e dans sa transition vers des ¨¦nergies propres. Comme je l¡¯ai dit juste avant, nous disposons des technologies pour ce faire. 

Les ¨¦conomies ¨¦mergentes, comme l¡¯a d¨¦clar¨¦ le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral, doivent d¨¦ployer davantage d¡¯efforts. L¡¯Accord de Paris pr¨¦voit qu¡¯un appui leur soit fourni si n¨¦cessaire. Mais il reste ¨¤ esp¨¦rer que les pays d¨¦velopp¨¦s joueront un r?le de premier rang, sans oublier bien s?r que le maintien de l¡¯objectif 1,5 ¡ãC n¨¦cessitera le concours de tous. 

 

La crise climatique soul¨¨ve de nombreuses questions complexes. Qu¡¯est-ce qui vous pousse ¨¤ continuer ? 

J¡¯ai commenc¨¦ comme n¨¦gociateur climatique pour la Barbade, puis pour les Cara?bes et l¡¯Alliance des petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement. J¡¯ai tr¨¨s vite compris que le r?le des petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement ¨¦tait de tirer la sonnette d¡¯alarme pour avertir le monde entier du fait que, non seulement, les changements climatiques ¨¦taient bel et bien r¨¦els mais qu¡¯ils allaient ¨¦galement toucher chacun d¡¯entre nous. Ces pays sont v¨¦ritablement la conscience du processus multilat¨¦ral.

Il ¨¦tait d¨¦courageant pour nous de mettre sur la table certaines propositions les plus ambitieuses, qui ont ¨¦t¨¦ rejet¨¦es d¨¨s le d¨¦part. En 2009, lorsque nous avons formul¨¦ pour la premi¨¨re fois l¡¯objectif de limiter le r¨¦chauffement climatique ¨¤ 1,5 ¡ãC, seuls les pays les moins avanc¨¦s nous ont t¨¦moign¨¦ leur appui. ? l¡¯¨¦poque, les grandes ¨¦conomies telles que l¡¯Union europ¨¦enne et les ?tats-Unis visaient l¡¯objectif des 2 ¡ãC ; nous savions pourtant qu¡¯avec un r¨¦chauffement climatique de 2 ¡ãC certains pays seraient ray¨¦s de la surface du globe. Je me souviens d¡¯une r¨¦union tr¨¨s houleuse o¨´ nous avons conclu qu¡¯il ¨¦tait pr¨¦f¨¦rable de quitter la table des n¨¦gociations plut?t que d¡¯accepter l¡¯objectif des 2 ¡ãC. 

Depuis, certaines choses ont chang¨¦ ; 1,5 ¡ãC est d¨¦sormais l¡¯objectif mondial. Mais beaucoup d¡¯autres choses n¡¯ont pas boug¨¦. L¡¯avenir des petits ?tats insulaires en d¨¦veloppement reste incertain.

La question du climat me tient personnellement ¨¤ c?ur. J¡¯ai des coll¨¨gues et des amis qui vivent encore sur ces ?les. Nous nous sommes battus c?te ¨¤ c?te pour d¨¦fendre les int¨¦r¨ºts de nos concitoyens. Nous ne pouvons pas les laisser tomber. Quelquefois, nous nous sommes dit qu¡¯il vaudrait mieux abandonner, mais nous sommes constamment rappel¨¦s ¨¤ ce pour quoi nous nous battons et ¨¤ ceux pour qui nous nous battons. En v¨¦rit¨¦, c¡¯est l¨¤ que je trouve ma source d¡¯inspiration et de motivation. Je ne le fais pas pour moi mais pour tous ceux qui n¡¯entreront jamais dans l¡¯une de ces salles de r¨¦union, ceux qui ne prendront jamais part aux discussions sur le climat, mais dont l¡¯avenir d¨¦pend des actions d¡¯autrui.

Nous ne pouvons pas abandonner ce combat. Ce sera ¨¦prouvant. Nous devrons essuyer des revers. Mais nous devons pers¨¦v¨¦rer.

 

Qu¡¯attendez-vous de la COP 26 ?

? Glasgow, nous devons tout faire pour que l¡¯objectif 1,5 ¡ãC reste plausible. Nous savons que de nouveaux engagements nationaux ne verront pas le jour. Mais nous ne pouvons pas renoncer ¨¤ l¡¯objectif 1,5 ¡ãC. 

En ce qui concerne l¡¯adaptation et la r¨¦silience, les pays d¨¦velopp¨¦s doivent intensifier leurs efforts et r¨¦pondre ¨¤ l¡¯appel qui leur a ¨¦t¨¦ fait de porter ¨¤ 50 % la part de leur financement. La Conf¨¦rence de Glasgow doit ¨ºtre l¡¯occasion ou jamais de faire comprendre au monde entier toute l¡¯importance de l¡¯adaptation et de la r¨¦silience. ? maintes reprises, j¡¯ai vu les pays vuln¨¦rables brandis comme des symboles de vuln¨¦rabilit¨¦ climatique. Mais les mots ou les t¨¦moignages de solidarit¨¦ sont absolument d¨¦nu¨¦s de sens s¡¯ils ne sont pas concr¨¦tis¨¦s par des actions. 

Enfin, nous devons continuer ¨¤ chercher des moyens d¡¯impliquer les jeunes dans les discussions et dans les d¨¦cisions relatives aux changements climatiques. J¡¯entends leur frustration. Ils ont raison. Nous avons attendu trop longtemps avant d¡¯agir et maintenant le fardeau retombe sur leurs ¨¦paules. J¡¯esp¨¨re que la voix des jeunes se fera entendre ¨¤ Glasgow, et apr¨¨s Glasgow. Nous devons absolument veiller ¨¤ ce qu¡¯ils aient leur mot ¨¤ dire dans les d¨¦cisions importantes qui concernent leur avenir.