Rija Rakotoson travaille dans l¡¯humanitaire depuis 21 ans. Il partage avec nous la complexit¨¦ de son travail de chef d¡¯une ¨¦quipe de conseillers humanitaires d¡¯OCHA ¨¤ Madagascar.
Qu¡¯est-ce qui vous a pouss¨¦ ¨¤ devenir un travailleur humanitaire ?
Ma passion a commenc¨¦ il y a longtemps alors que je travaillais ¨¤ Madagascar avec la soci¨¦t¨¦ BRL en charge du d¨¦veloppement rural.
Vivre et travailler dans un pays chroniquement expos¨¦ aux catastrophes naturelles m¡¯a fait prendre conscience de la complexit¨¦ et des limites de la r¨¦ponse humanitaire telle que nous la connaissions. Il m¡¯est rapidement apparu ¨¦vident que les affaires humanitaires et le d¨¦veloppement devaient travailler en tandem.
Alors que la r¨¦ponse humanitaire fournit une assistance vitale aux plus vuln¨¦rables, les acteurs du d¨¦veloppement doivent aider les gouvernements ¨¤ s¡¯attaquer aux facteurs structurels qui contribuent ¨¤ cr¨¦er, et souvent ¨¤ aggraver, les catastrophes r¨¦currentes.
Notre travail consiste ¨¦galement ¨¤ aider les communaut¨¦s ¨¤ renforcer leur r¨¦silience, en mettant l¡¯accent sur la pr¨¦paration, l¡¯action anticipatrice et la r¨¦ponse.
Quels sont les principaux d¨¦fis que vous rencontrez dans votre travail ?
La mobilisation des ressources pour les activit¨¦s de pr¨¦paration et les mesures d¡¯anticipation est un d¨¦fi car ces activit¨¦s ne b¨¦n¨¦ficient pas d¡¯une grande visibilit¨¦ de la part des donateurs dans le sens o¨´ les populations ne sont pas encore directement touch¨¦es, elles sont seulement expos¨¦es aux catastrophes.
Deuxi¨¨mement, le manque de donn¨¦es de r¨¦f¨¦rence pour certains secteurs - en particulier lorsqu¡¯une catastrophe touche de nouvelles zones - rend l¡¯analyse faible, voire impossible.
Cela dit, si je regarde ce que nous avons accompli jusqu¡¯¨¤ pr¨¦sent ¨C ??les nombreuses personnes d¨¦plac¨¦es ¨¤ l¡¯int¨¦rieur du pays qui ont pu rentrer chez elles apr¨¨s les cyclones, la crise nutritionnelle ¨¦vit¨¦e et les ¨¦pid¨¦mies, les enfants qui sont enfin de retour ¨¤ l¡¯¨¦cole ¨C je me sens combl¨¦ et d¨¦sireux de faire plus et mieux chaque jour.
Quelle est la partie la plus difficile de la r¨¦ponse aux cyclones ?
Au niveau op¨¦rationnel, l'organisation m¨¨ne une ¨¦valuation conjointe post-catastrophe au lendemain du passage d'un cyclone. Les conditions logistiques sont toujours difficiles au d¨¦but d'une crise et la pression est forte de la part du gouvernement, des donateurs, des m¨¦dias et, bien s?r, des personnes touch¨¦es.
Au niveau strat¨¦gique, convaincre les acteurs de partager la m¨ºme analyse de la situation dans un contexte difficile n¡¯est pas chose ais¨¦e. Plaider pour une lecture commune de la situation n¨¦cessite une approche d¨¦licate appuy¨¦e sur des donn¨¦es fiables et une bonne dose de diplomatie.
Mais quels que soient les d¨¦fis, je crois sinc¨¨rement que la coordination sauve des vies.