14 ao?t 2016

Cet ¨¦t¨¦, des centaines de millions de personnes dans?le monde ont suivi les hauts et les bas de deux championnats de football?importants : la Copa Am¨¦rica Centenario 2016 aux ?tats-Unis et le Championnat d¡¯Europe 2016 de l¡¯Union des Associations europ¨¦ennes de football (UEFA), qui s¡¯est d¨¦roul¨¦ en France. Le fait que les matchs qui se sont d¨¦roul¨¦s dans des stades comme le Rose Bowl Stadium ¨¤ Pasadena, en Californie, et le Stade V¨¦lodrome ¨¤ Marseille, aient ¨¦t¨¦ suivis par des fans bien au-del¨¤ des Am¨¦riques et de l¡¯Europe t¨¦moigne du pouvoir durable du football; de tous les coins de la plan¨¨te, les supporters ont applaudi leur ¨¦quipe et les exploits de leurs joueurs favoris. Le football traverse les fronti¨¨res et les continents comme aucun autre sport et, ¨¤ ce titre, peut ¨ºtre un ¨¦l¨¦ment moteur important du changement.

En septembre 2015, l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies a adopt¨¦ le Programme de d¨¦veloppement durable ¨¤ l¡¯horizon 2030 qui a identifi¨¦ le sport comme un ? ¨¦l¨¦ment important ? du d¨¦veloppement et reconnu sa contribution croissante ¨¤ promouvoir la paix. Nous savons que dans des communaut¨¦s locales dans le monde, un ballon et un morceau de terrain couvert d¡¯herbe ou de b¨¦ton suffisent souvent ¨¤ r¨¦unir un groupe de jeunes. Partout o¨´ je vais, je croise des gar?ons et des filles qui se retrouvent pour jouer au football et marquent les poteaux de but avec ce qu¡¯ils ont sous la main.?

Depuis longtemps, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a compris que le football pouvait jouer un r?le important dans la prise de conscience en mati¨¨re de VIH, en particulier aupr¨¨s des jeunes vuln¨¦rables ¨¤ l¡¯infection. En 2010, la campagne Prot¨¨ge le goal a ¨¦t¨¦ lanc¨¦e pour sensibiliser le public ¨¤ la transmission du virus avant la Coupe du monde qui s¡¯est d¨¦roul¨¦e cette m¨ºme ann¨¦e en Afrique du Sud. Elle s¡¯est poursuivie pendant le tournoi de la Coupe d¡¯Afrique des Nations de 2013 o¨´ des messages de pr¨¦vention ont ¨¦t¨¦ diffus¨¦s sur des ¨¦crans g¨¦ants dans tous les stades accueillant les matchs. Les capitaines de chacune de 16 ¨¦quipes participant au tournoi ont lu ¨¤ haute voix une d¨¦claration appelant les joueurs, les fans et les jeunes ¨¤ soutenir la campagne. Durant la Coupe du monde du Br¨¦sil en 2014, 2 millions de pr¨¦servatifs ont ¨¦t¨¦ distribu¨¦s dans les villes o¨´ les jeux se d¨¦roulaient, tandis que des tests de d¨¦pistage du VIH gratuits et rapides ont ¨¦t¨¦ offerts dans des sites locaux. Les Ambassadeurs de bonne volont¨¦ internationaux de l¡¯ONUSIDA Michael Ballack et David Luiz ont us¨¦ de leur influence pour aider l¡¯ONUSIDA ¨¤ transmettre des messages cl¨¦s concernant le d¨¦pistage et la pr¨¦vention du VIH qui ont ¨¦t¨¦ vues par des millions de personnes.

GrassRoot Soccer est une autre initiative importante qui reconna?t le r?le que le football peut jouer pour inspirer les c?urs et les esprits. Cr¨¦¨¦ par un groupe d¡¯anciens joueurs professionnels en collaboration avec les Centres pour le contr?le et la pr¨¦vention des maladies des ?tats-Unis, le Minist¨¨re zimbabw¨¦en de l¡¯enseignement primaire et secondaire et des sp¨¦cialistes de la sant¨¦ publique, Grassroot Soccer associe trois principes ¨¦ducatifs efficaces?:

? Les jeunes apprennent mieux de ceux qu¡¯ils respectent.

Les adolescents ¨¦coutent et imitent leurs h¨¦ros. Grassroot Soccer fait appel ¨¤ des joueurs professionnels et ¨¤ d¡¯autres mod¨¨les?identificatoires pour sensibiliser les jeunes au VIH.

? L¡¯apprentissage ne se r¨¦alise pas dans la passivit¨¦.?

Les adolescents apprennent mieux lorsqu¡¯ils participent activement au processus, apprenant aux autres ce qu¡¯ils ont appris eux-m¨ºmes.

? Il faut tout un village.

Les mod¨¨les identificatoires peuvent changer la fa?on de penser des jeunes, mais l¡¯apprentissage tout au long de la vie requiert un soutien communautaire continu.

Ce programme extraordinaire a touch¨¦ aujourd¡¯hui plus de 1,3 million d¡¯adolescentes et d¡¯adolescents leur offrant l¡¯acc¨¨s ¨¤ des services de pr¨¦vention du VIH et d¡¯¨¦ducation aux comp¨¦tences n¨¦cessaires dans la vie courante. Les comp¨¦tences propres ¨¤ permettre aux jeunes de faire face aux difficult¨¦s de l¡¯adolescence sont essentielles. Cette g¨¦n¨¦ration de jeunes est la plus importante de l¡¯histoire et pr¨¦sente aux pays en d¨¦veloppement ¨¤ la fois un d¨¦fi immense et des possibilit¨¦s exceptionnelles. Si les pays investissent maintenant dans les adolescents pour?leur assurer une bonne sant¨¦, ils b¨¦n¨¦ficieront d¡¯un dividende d¨¦mographique important dans 10 ¨¤ 15 ans, ce qui les aidera ¨¤ b?tir des soci¨¦t¨¦s plus r¨¦sistantes et mieux pr¨¦par¨¦es ¨¤ faire face aux difficult¨¦s ¨¤ venir.

Les connaissances et les comp¨¦tences transmises par les mod¨¨les identificatoires et les pairs par le biais du football et d¡¯autres sports aident les jeunes ¨¤ d¨¦velopper la confiance en soi, ¨¤ partager leurs exp¨¦riences, ¨¤ s¡¯assumer, ¨¤ faire des choix en mati¨¨re de sexualit¨¦, ¨¤ se prot¨¦ger contre le VIH et d¡¯autres maladies infectieuses, ¨¤ ¨¦viter les grossesses non d¨¦sir¨¦es et ¨¤ aborder?l¡¯?ge adulte avec confiance.

Les adolescents devraient avoir le monde ¨¤ leurs pieds et ¨ºtre forts, en bonne sant¨¦, pleins de vie et d¡¯espoir pour l¡¯avenir. Or, trop souvent, ce n¡¯est pas le cas. Le monde ne parvient pas ¨¤ r¨¦pondre ¨¤ leurs besoins, en particulier ¨¤ ceux des adolescentes. Ils sont laiss¨¦s pour compte dans la riposte au VIH.

En 2015, on comptait environ 250 000 nouvelles infections ¨¤ VIH dans le monde parmi les adolescents ?g¨¦s entre 15 et 19 ans, les filles repr¨¦sentant 65 % des nouvelles infections parmi cette tranche d¡¯?ge. Les maladies li¨¦es au sida sont la principale cause de d¨¦c¨¨s parmi les adolescents en Afrique subsaharienne et la deuxi¨¨me cause dans le monde. La violence sexiste, l¡¯in¨¦galit¨¦ des sexes, les normes sexistes pr¨¦judiciables, la stigmatisation et la discrimination emp¨ºchent souvent les femmes et les filles de savoir si elles sont contamin¨¦es et d¡¯avoir acc¨¨s aux services de pr¨¦vention et de traitement du VIH. Il s¡¯agit d¡¯une injustice morale qui est tout simplement inadmissible.

Le football ainsi que les autres sports permettent aux jeunes d¡¯acqu¨¦rir les connaissances n¨¦cessaires pour se prot¨¦ger et faire des choix ¨¦clair¨¦s en mati¨¨re sant¨¦, mais il faut aller plus loin. Le monde doit de toute urgence revoir la mani¨¨re dont il envisage la sant¨¦ et le bien-¨ºtre des adolescents. Les jeunes ne veulent plus ¨ºtre des b¨¦n¨¦ficiaires passifs; ils deviennent des moteurs du changement ¨¤ part enti¨¨re. Ils peuvent aider les d¨¦cideurs politiques ¨¤ renforcer des ripostes ¨¤ l¡¯¨¦pid¨¦mie du VIH efficaces, av¨¦r¨¦es et fond¨¦es sur les faits. Les adultes qui occupent des postes cl¨¦s doivent aussi changer leur attitude et leur mentalit¨¦; apr¨¨s tout, l¡¯acquisition de nouvelles comp¨¦tences n¨¦cessaires dans la vie courante est un processus qui dure toute la vie et qui n¡¯est pas seulement limit¨¦ ¨¤ l¡¯adolescence. Pour mettre fin ¨¤ l¡¯¨¦pid¨¦mie de sida d¡¯ici ¨¤ 2030, il faut mettre l¡¯accent sur l¡¯¨¦ducation sexuelle pour tous, le respect des jeunes femmes en mati¨¨re de sant¨¦ sexuelle et reproductive et reconna?tre le droit de tous ¨¤ la sant¨¦ partout dans le monde. Les jeunes doivent participer ¨¤ l¡¯¨¦laboration et ¨¤ la fourniture de programmes et de services qui r¨¦pondent ¨¤ leurs besoins.

Des progr¨¨s importants ont eu lieu au cours des 15 derni¨¨res ann¨¦es en mati¨¨re de r¨¦duction de l¡¯impact du sida. ? la fin 2015, plus de 17 millions de personnes suivaient un traitement antir¨¦troviral. Les d¨¦c¨¨s li¨¦s ¨¤ la maladie ont diminu¨¦, passant de 2 millions en 2005 ¨¤ 1,1 million en 2015. Quatre pays ¨C l¡¯Arm¨¦nie, le B¨¦larus, Cuba et la Tha?lande ¨C ont re?u des certifications de validation de l¡¯Organisation mondiale de la sant¨¦ pour ¨¦liminer les nouvelles infections ¨¤ VIH chez les enfants. Depuis 2009, le nombre de nouvelles infections ¨¤ VIH a baiss¨¦ de 60 % chez les enfants dans les 21 pays de l¡¯Afrique subsaharienne qui ont ¨¦t¨¦ les plus touch¨¦s par l¡¯¨¦pid¨¦mie. En 2015, cependant, le nombre de nouvelles infections ¨¤ VIH est rest¨¦ ¨¦lev¨¦, soit 2,1 millions, ¨¤ peine inf¨¦rieur aux niveaux de 2010, les jeunes femmes et les populations cl¨¦s ¨¦tant toujours particuli¨¨rement vuln¨¦rables.

La nouvelle D¨¦claration politique visant ¨¤ mettre fin ¨¤ l¡¯¨¦pid¨¦mie de sida adopt¨¦e par les ?tats Membres lors de la R¨¦union de haut niveau sur la fin du sida de l¡¯Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies, qui s¡¯est tenue ¨¤ New York en juin 2016, donne aux pays un mandat r¨¦aliste et progressif pour acc¨¦l¨¦rer la riposte afin de mettre fin ¨¤ l¡¯¨¦pid¨¦mie ¨¤ l¡¯horizon 2030, dans le cadre des objectifs de d¨¦veloppement durable. Pour y parvenir, le monde doit ramener ¨¤ moins de 500 000 ¨¤ la fois le nombre de nouvelles infections ¨¤ VIH et celui des d¨¦c¨¨s li¨¦s au sida d¡¯ici ¨¤ 2020 et ¨¦liminer la stigmatisation et la discrimination li¨¦es au VIH. Toutefois, nous ne parviendrons pas ¨¤ atteindre ces objectifs sans r¨¦duire le nombre d¡¯infections chez les jeunes et parmi les populations tr¨¨s expos¨¦es.

Pendant la R¨¦union de haut niveau, les dirigeants ont reconnu qu¡¯aucun pays n¡¯avait mis fin au sida ni ne pouvait se permettre de reculer dans la riposte au VIH. Le sport joue un r?le important en mobilisant les jeunes pour qu¡¯ils assument des r?les de direction dans le programme de d¨¦veloppement, se prot¨¨gent, eux et leurs camarades, contre le VIH et d¡¯autres maladies infectieuses et? contribuent ¨¤ mettre fin ¨¤ l¡¯¨¦pid¨¦mie de sida. Malheureusement, cela ne suffira pas. Le monde doit poursuivre ses efforts pour d¨¦velopper des approches qui recoupent les secteurs de la sant¨¦, de l¡¯¨¦ducation et de la justice afin d¡¯¨¦liminer tous les obstacles aux programmes et aux services de sant¨¦ destin¨¦s aux adolescents.

Pour utiliser une autre analogie sportive : il est temps d¡¯acc¨¦l¨¦rer la riposte au VIH afin d¡¯atteindre les cibles de la D¨¦claration politique fix¨¦es pour 2020 et de mettre fin ¨¤ l¡¯¨¦pid¨¦mie de sida en tant que menace ¨¤ la sant¨¦ publique d¡¯ici ¨¤ 2030.

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