19 mai 2016

Les objectifs de d¨¦veloppement durable (ODD) sont?¨¦troitement li¨¦s ¨¤ la paix et ¨¤ la stabilit¨¦.? Sans la paix, il sera impossible d¡¯atteindre les autres objectifs, qu¡¯il s¡¯agisse des besoins des jeunes ou ceux des femmes. Au Fonds international de d¨¦veloppement agricole (FIDA), nous avons, depuis longtemps, ¨¦t¨¦ conscients des obstacles au d¨¦veloppement que suscitent les conflits et la fragilit¨¦ d¡¯un pays. Ce d¨¦fi s¡¯est fait sentir avec le plus d¡¯acuit¨¦ dans les r¨¦gions rurales du Proche-Orient et d¡¯Afrique du Nord (NENA) o¨´ nous avons investi 5,5 milliards de dollars US dans le d¨¦veloppement agricole et rural au cours des quatre derni¨¨res d¨¦cennies.

Les causes d¡¯un conflit varient consid¨¦rablement entre les pays et entre les r¨¦gions au sein d¡¯un m¨ºme pays, mais ont toujours des effets n¨¦gatifs sur la s¨¦curit¨¦ alimentaire. D¡¯autre part, l¡¯ins¨¦curit¨¦ alimentaire peut donner lieu ¨¤ des conflits. Lors des printemps arabes de 2011, par exemple, les prix ¨¦lev¨¦s des denr¨¦es alimentaires ont ¨¦t¨¦ des facteurs qui ont contribu¨¦ aux troubles.

En 2015, le nombre de r¨¦fugi¨¦s et de personnes d¨¦plac¨¦es dans leur?propre pays (IDP) a atteint plus de 60 millions, dont 5 millions durant seulement les six premiers mois de l¡¯ann¨¦e. La majorit¨¦ des personnes d¨¦plac¨¦es et la moiti¨¦ des IDP vivent dans des pays du Proche-Orient et d¡¯Afrique du Nord. Ces millions de personnes ont ¨¦t¨¦ contraintes de quitter leur emploi, leur ferme et leurs animaux ¨¤ la recherche de s¨¦curit¨¦. Les conflits en cours, les processus de transition bloqu¨¦s et les d¨¦fis du d¨¦veloppement ¨¤ long terme ont perturb¨¦s profond¨¦ment la vie et les moyens de subsistance de ces populations. Cela a donn¨¦ lieu ¨¤ une crise des r¨¦fugi¨¦s ainsi qu¡¯¨¤ une migration et ¨¤ un d¨¦placement accrus qui menacent la stabilit¨¦ de la r¨¦gion et compromettent des d¨¦cennies de progr¨¨s en mati¨¨re de d¨¦veloppement. Selon les donn¨¦es r¨¦centes du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les r¨¦fugi¨¦s (HCR), le conflit en Syrie a contraint plus de 11 millions de personnes ¨¤ quitter leur foyer, plus de 4 millions ayant trouv¨¦ refuge en ?gypte, en Irak, en Jordanie, au Liban et en Turquie. L¡¯augmentation soudaine de la population, 23,5 % au Liban et pr¨¨s de 10 % en Jordanie, exerce des pressions sur les ressources d¨¦j¨¤ limit¨¦es de ces pays et sur la s¨¦curit¨¦ alimentaire.

Le lien entre la paix et la s¨¦curit¨¦ alimentaire est l¡¯une des rai- sons pour laquelle il est aujourd¡¯hui tout ¨¤ fait pertinent d¡¯allouer des fonds aux populations rurales. Les organismes de d¨¦veloppement pourraient jouer un r?le majeur pour combler le foss¨¦ entre les interventions humanitaires et les actions men¨¦es pour promouvoir le d¨¦veloppement durable, ce qui est essentiel pour faire face aux crises prolong¨¦es. Qu¡¯il s¡¯agisse de r¨¦duire la pauvret¨¦, d¡¯am¨¦liorer la s¨¦curit¨¦ alimentaire ou de renforcer la r¨¦sistance ¨¤ toutes sortes de chocs, y compris aux changements climatiques, la dimension rurale ne peut ¨ºtre ignor¨¦e. En effet, le Programme d¡¯action d¡¯Addis-Abeba de 2015 a affirm¨¦ que le d¨¦veloppement rural pouvait ? favoriser sensiblement l¡¯ensemble des ODD1 ?.

Nous nous sommes aussi demand¨¦ comment nous pourrions aider ¨¤ la r¨¦alisation des ODD dans des pays o¨´ la paix est le d¨¦fi majeur. Pour que les ODD soient durables, il faudra prendre en compte l¡¯ensemble des d¨¦fis auxquels sont confront¨¦es les populations rurales et ¨ºtre conscient du couple rural-urbain qui ¨¦tablit un lien entre le sort des villes et la vitalit¨¦ des communaut¨¦s rurales. Les zones rurales, o¨´ la majorit¨¦ des populations tirent leurs revenus de l¡¯agriculture, repr¨¦sentent environ trois quarts des pauvres et des mal nourris dans le monde. L¡¯¨¦limination de la faim et de la pauvret¨¦ est inextricablement li¨¦e au d¨¦veloppement des zones rurales.

Moteurs de changement

Pour le FIDA, un r¨¦el changement n¡¯est possible qu¡¯en relevant les diff¨¦rents d¨¦fis, et ce changement devra venir de la communaut¨¦ elle-m¨ºme. Les priorit¨¦s th¨¦matiques comprennent les services financiers ruraux, la gestion des ressources naturelles, les opportunit¨¦s d¡¯emploi pour les jeunes, la disponibilit¨¦ des ressources en eau ainsi que le soutien ¨¤ la production agricole, aux march¨¦s et aux infrastructures. Les projets sont con?us de mani¨¨re participative et inclusive, tenant compte de l¡¯opinion des communaut¨¦s locales pour fa?onner leur propre d¨¦veloppement.

Parfois, les facteurs qui conduisent ¨¤ la pauvret¨¦ et aux in¨¦galit¨¦s alimentent les conflits et l¡¯instabilit¨¦. Les changements climatiques et la d¨¦gradation des ressources naturelles menacent la s¨¦curit¨¦ alimentaire et augmentent le risque de conflit. Ici encore, l¡¯exp¨¦rience dans les pays du Proche-Orient et d¡¯Afrique du Nord est instructive : ces pays ont des ressources en eau douce par habitant les plus faibles dans le monde et la plus grande partie de ces ressources sont transfrontali¨¨res. De plus, les changements climatiques pourraient r¨¦duire la disponibilit¨¦ de ces ressources 30 ¨¤ 50 % d¡¯ici ¨¤ 2050.

Alors que les ressources se rar¨¦fient et que les populations sont de plus en plus expos¨¦es ¨¤ l¡¯ins¨¦curit¨¦ alimentaire, le risque de conflit s¡¯accro?t. Les conflits d¨¦placent les populations, exercent des pressions sur les ressources naturelles rares et perturbent la production alimentaire. Lorsque les populations migrent des zones rurales vers les zones urbaines, le nombre de consommateurs augmente par rapport ¨¤ celui des producteurs, ce qui aggrave encore l¡¯ins¨¦curit¨¦ alimentaire. Dans ce contexte, la n¨¦gligence dont font l¡¯objet les populations marginalis¨¦es est un risque suppl¨¦mentaire. Les femmes et les enfants, en particulier les filles, sont victimes des conflits de mani¨¨re?disproportionn¨¦e. Le ch?mage des jeunes est le plus ¨¦lev¨¦ au Proche-Orient et en Afrique du Nord : 29,5 % en 2014, plus du double de la moyenne mondiale de 13 %. Le manque d¡¯options et l¡¯absence d¡¯espoir alimentent les conflits et l¡¯extr¨¦misme.

L¡¯investissement dans le d¨¦veloppement rural EST un investissement dans la s¨¦curit¨¦

L¡¯investissement dans la s¨¦curit¨¦ alimentaire et le d¨¦veloppement agricole et rural peut r¨¦duire le risque de conflit2, en particulier lorsque les investissements sont g¨¦r¨¦s et d¨¦tenus par la communaut¨¦. C¡¯est particuli¨¨rement le cas dans les pays arabes, et pour plusieurs raisons. Les nations arabes d¨¦pendent beaucoup des importations de denr¨¦es alimentaires, ce qui augmente leur vuln¨¦rabilit¨¦. Selon le Rapport 2014 du Forum arabe de l¡¯environnement et du d¨¦veloppement concernant la s¨¦curit¨¦ alimentaire, les importations alimentaires se sont ¨¦lev¨¦es ¨¤ 56 milliards de dollars US en 2011 et devraient atteindre 150 milliards de dollars US d¡¯ici ¨¤ 20503. L¡¯impact des conflits sur la s¨¦curit¨¦ se fait le plus sentir dans les ?tats fragiles o¨´ les institutions sont faibles et les filets de s¨¦curit¨¦ inexistants. La rivalit¨¦ concernant les ressources naturelles est ¨¦galement une source de tension.

Si certains probl¨¨mes sont similaires ¨¤ l¡¯ensemble des pays arabes, une solution unique ne peut s¡¯appliquer ¨¤ tous. Il ressort de l¡¯exp¨¦rience du FIDA que les investissements pour la transformation inclusive et durable du monde rural, la r¨¦duction de l¡¯ins¨¦curit¨¦ alimentaire et l¡¯att¨¦nuation des conflits peuvent aider ¨¤ relever certains des d¨¦fis les plus souvent rencontr¨¦s dans les situations fragiles et expos¨¦es ¨¤ des conflits.

Guerre civile, terres st¨¦riles

Les conflits arm¨¦s d¨¦truisent les infrastructures, y compris les syst¨¨mes d¡¯approvisionnement en eau, les routes, les terres agricoles, les r¨¦coltes, les p¨ºcheries et les ¨¦tablissements publics de sant¨¦. En Syrie et au Y¨¦men, par exemple, ils ont gravement compromis la fourniture des services de base, l¡¯acc¨¨s ¨¤ la nourriture et les activit¨¦s de g¨¦n¨¦ration de revenus.

Au Y¨¦men, plus de 2,5 millions de familles ont perdu leur revenu apr¨¨s la suspension des filets de protection sociale et des programmes de travaux publics. En Syrie, la production agricole a consid¨¦rablement baiss¨¦ et le besoin croissant d¡¯importation alimentaire a augment¨¦ leurs prix. Les agriculteurs n¡¯ont pas pu s¡¯approvisionner ni s¡¯¨¦quiper, les syst¨¨mes d¡¯irrigation ont ¨¦t¨¦ endommag¨¦s et l¡¯essence a commenc¨¦ ¨¤ manquer. Les pressions s¡¯intensifient et fragilisent les familles d¨¦plac¨¦es et les agriculteurs vuln¨¦rables, mena?ant leur s¨¦curit¨¦ alimentaire, leur sant¨¦ et leur survie ¨¦conomique.

? ce niveau de conflit, l¡¯aide humanitaire et d¡¯urgence est cruciale. Il ressort de l¡¯exp¨¦rience que les programmes communautaires peuvent mettre en place les bases pour renforcer la s¨¦curit¨¦ alimentaire et r¨¦sister aux conflits. Les projets appuy¨¦s par le FIDA ont permis de promouvoir la stabilit¨¦ et de renforcer la r¨¦silience face aux conflits dans les zones rurales et l¡¯approche centr¨¦e sur les communaut¨¦s permet une mise en ?uvre efficace, m¨ºme dans des conditions de s¨¦curit¨¦ difficiles dans des contextes tr¨¨s fragiles. Le FIDA et ses partenaires peuvent jouer un r?le majeur pour combler le foss¨¦ entre les interventions humanitaires et les actions men¨¦es pour promouvoir le d¨¦veloppement durable.

En fait, les Syriens continuent de b¨¦n¨¦ficier des investissements r¨¦alis¨¦s ant¨¦rieurement par le FIDA dans les activit¨¦s de microfinancement des sanduqi4. Les 30 sanduqis cr¨¦¨¦es par le Projet de d¨¦veloppement rural dans la r¨¦gion d¡¯Idleb sont toujours op¨¦rationnelles et le Projet de d¨¦veloppement int¨¦gr¨¦ avec une composante ¨¦levage, qui est plus r¨¦cent, a soutenu la m¨ºme m¨¦thode de microfinancement. Jusqu¡¯¨¤ r¨¦cemment, ce projet a permis de cr¨¦er des emplois et d¡¯accro?tre la s¨¦curit¨¦ alimentaire, en particulier pour les familles dont le chef est une femme rurale. En 2014, plus de 9 400 personnes, y compris 4 455 femmes rurales ont b¨¦n¨¦fici¨¦ de ce projet.

Approches en mati¨¨re de gestion des ressources

Dans d¡¯autres pays du Proche-Orient et d¡¯Afrique du Nord, comme le Soudan ou la Somalie, les crises prolong¨¦es sont ¨¦troitement li¨¦es aux pressions environnementales et aux changements climatiques. Entre 1997 et 2009, les variations de temp¨¦rature ont eu des r¨¦percussions sur un quart des ¨¦v¨¦nements violents au Soudan5. Les pasteurs sont particuli¨¨rement vuln¨¦rables.

On estime que les risques de conflit dans ce pays augmenteront de 20 ¨¤ 30 % d¡¯ici ¨¤ 2030 en raison des effets n¨¦fastes des changements climatiques associ¨¦s ¨¤ la concurrence pour les ressources naturelles. Les strat¨¦gies de renforcement des capacit¨¦s d¡¯adaptation, l¡¯engagement des gouvernements nationaux et le renforcement du r?le des communaut¨¦s locales sont cruciaux, tout comme les investissements dans l¡¯approvisionnement en eau, l¡¯irrigation, la gestion des p?turages et les syst¨¨mes d¡¯alerte pour les bergers. Cela n¡¯est possible que par le d¨¦veloppement communautaire, qui compl¨¨te l¡¯approche strat¨¦gique de haut en bas par des pratiques participatives qui encouragent la d¨¦mocratie locale.

Au Soudan, la concurrence pour l¡¯acc¨¨s ¨¤ l¡¯eau, ¨¤ la terre et aux p?turages entre les agriculteurs qui pratiquent des cultures pluviales et les pasteurs s¡¯est intensifi¨¦e. Les effets li¨¦s aux changements climatiques ¨C de faibles pr¨¦cipitations et une plus grande variabilit¨¦ des pr¨¦cipitations ¨C ont gravement affect¨¦ les zones de p?turages. Le manque de m¨¦canismes d¡¯adaptation ainsi que les conflits sociaux et politiques augmentent la vuln¨¦rabilit¨¦ des agriculteurs. Dans ce pays, nous travaillons ¨¤ att¨¦nuer les diff¨¦rends ayant trait aux ressources naturelles entre les communaut¨¦s nomades, les communaut¨¦s install¨¦es et les agriculteurs dans cinq zones cibles du pays. Pour r¨¦gler les diff¨¦rends qui ont trait ¨¤ la terre et d¨¦finir de nouveaux arrangements et des accords satisfaisants sur les droits d¡¯utilisation et les droits d¡¯acc¨¨s, nous encourageons le dialogue au niveau de l¡¯?tat avec l¡¯intervention des dirigeants locaux. D¡¯importants investissements ont ¨¦galement ¨¦t¨¦ mis en ?uvre pour la d¨¦limitation des terres, la restauration des parcours et des zones de p?turages, les programmes communautaires d¡¯adaptation et le soutien aux petites entreprises pour promouvoir la diversification. Par exemple, le Programme de gestion des ressources au Soudan occidental, financ¨¦ par le FIDA, a soutenu la mise en place d¡¯un syst¨¨me de gouvernance des ressources en eau entre le nord et le sud du Kordofan. La soci¨¦t¨¦ civile a pris la t¨ºte de la mobilisation de la communaut¨¦, n¨¦gociant les routes du b¨¦tail. Les points d¡¯eau situ¨¦s le long des routes ont ¨¦t¨¦ restaur¨¦s ou construits, les p?turages ont ¨¦t¨¦ ensemenc¨¦s et des arbres ont ¨¦t¨¦ plant¨¦s. Des tribunaux locaux ont ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦s pour r¨¦gler les conflits li¨¦s aux ressources naturelles.

Il est donc possible de concevoir une gamme d¡¯interventions qui soient mutuellement b¨¦n¨¦fiques au d¨¦veloppement ¨¦conomique, ¨¤ la s¨¦curit¨¦ alimentaire et ¨¤ la stabilit¨¦ sociale, m¨ºme lorsque la fragilit¨¦ est persistante et les institutions faibles ou inexistantes. Il est important d¡¯exploiter les forces inh¨¦rentes ¨¤ la communaut¨¦ : ses membres. En Somalie, l¡¯un des pays les plus touch¨¦s par l¡¯ins¨¦curit¨¦ alimentaire, des d¨¦cennies d¡¯instabilit¨¦ et de guerre civile ont provoqu¨¦ l¡¯effondrement du secteur agricole et perturb¨¦ le mode de vie migratoire des pasteurs. La diminution des ressources naturelles, les s¨¦cheresses et les inondations r¨¦p¨¦t¨¦es ont augment¨¦ la vuln¨¦rabilit¨¦. Pourtant, m¨ºme dans ces conditions difficiles, le d¨¦veloppement rural peut avoir lieu, am¨¦liorant la s¨¦curit¨¦ alimentaire et la stabilit¨¦. Le FIDA a mis l¡¯accent sur la mise ¨¤ disposition de l¡¯eau pour l¡¯irrigation et le b¨¦tail ainsi que l¡¯acc¨¨s au financement rural qui ¨¦tait jusqu¡¯alors inexistant. Mais compte tenu de la situation, le renforcement des institutions doit ¨ºtre la pr¨¦occupation majeure. Les communaut¨¦s locales ¨C en particulier les anciens et les dirigeants ¨C ont contribu¨¦ ¨¤ cr¨¦er des liens au niveau local entre la population et les autorit¨¦s locales. Cela a permis de combler le vide cr¨¦¨¦ par l¡¯absence de l¡¯?tat, cr¨¦ant ainsi un environnement plus pacifique pour la mise en ?uvre des projets et la prise en compte des besoins de la population.

Nouvelles communaut¨¦s et inclusion sociale

Le renforcement des capacit¨¦s des pauvres par les organisations communautaires ainsi que la promotion de la participation, de l¡¯inclusion sociale et de l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes sont au c?ur des activit¨¦s du FIDA. Cette r¨¦alit¨¦ a ¨¦t¨¦ d¨¦montr¨¦e dans les projets qui ont permis d¡¯installer de nouvelles communaut¨¦s agricoles sur des terres ¨¤ faible rendement qui n¡¯¨¦taient pas utilis¨¦es.

Apr¨¨s les r¨¦volutions de 2011, l¡¯?gypte et la Tunisie ont connu des bouleversements politiques caus¨¦s par de nombreux facteurs, y compris le manque d¡¯opportunit¨¦s ¨¦conomiques et de coh¨¦sion sociale, en particulier parmi les jeunes et les femmes. Nos investissements ¨¦tant enti¨¨rement d¨¦tenus par les communaut¨¦s locales, le FIDA a maintenu ses contacts avec l¡¯?gypte et la Tunisie pendant la p¨¦riode de soul¨¨vement.

Le Gouvernement ¨¦gyptien a entrepris de r¨¦cup¨¦rer les terres arides pour l¡¯agriculture, qui a le double avantage d¡¯offrir aux occupants, y compris aux dipl?m¨¦s sans emploi des zones urbaines, des moyens de gagner leur vie tout en augmentant la production agricole du pays. ? l¡¯heure actuelle, le FIDA est le seul partenaire de d¨¦veloppement qui appuie des projets de services agricoles aux nouvelles terres qui, malgr¨¦ des conditions difficiles, ont ¨¦t¨¦ couronn¨¦s de succ¨¨s : le revenu annuel moyen des m¨¦nages a quadrupl¨¦, les prix ¨¤ la sortie de l¡¯exploitation ont augment¨¦ jusqu¡¯¨¤ 33 % et des associations pour la commercialisation des produits agricoles ainsi que des centres de collecte ont ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦s. Cette initiative a aussi aid¨¦ les organisations communautaires ¨¤ g¨¦rer de mani¨¨re durable les infrastructures sanitaires et ¨¦ducatives qui continuent de fournir des services une fois le projet men¨¦ ¨¤ terme. Des d¨¦fis demeurent, comme l¡¯in¨¦galit¨¦ des sexes et le ch?mage des jeunes. En particulier, les femmes dipl?m¨¦es et les femmes des petites exploitations agricoles jouent un r?le essentiel dans le d¨¦veloppement des nouvelles terres. Les opportunit¨¦s qui leur sont offertes pour gagner leur vie sont cependant limit¨¦es et le FIDA fait progresser les politiques susceptibles de cr¨¦er de meilleures opportunit¨¦s pour les femmes et les jeunes.

Conclusion

Il ressort de l¡¯exp¨¦rience du FIDA que des investissements responsables et cibl¨¦s dans l¡¯agriculture et le d¨¦veloppement durable peuvent contribuer ¨¤ r¨¦duire les conflits et ¨¤ r¨¦aliser la paix et la stabilit¨¦ au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Avec l¡¯augmentation de la population et la demande croissante en denr¨¦es alimentaires, il est m¨ºme plus important que jamais d¡¯investir dans l¡¯agriculture et le d¨¦veloppement rural. Les investissements dans l¡¯agriculture sont deux ¨¤ quatre fois plus efficaces pour r¨¦duire la pauvret¨¦ que les investissements dans les autres secteurs6 et peuvent contribuer ¨¤ stimuler la cr¨¦ation d¡¯emplois et ¨¤ r¨¦duire la migration de la main-d¡¯?uvre. Touts les facteurs de la s¨¦curit¨¦ alimentaire sont donc trait¨¦s, la disponibilit¨¦, l¡¯acc¨¨s, l¡¯utilisation et la nutrition, ce qui contribue r¨¦ellement ¨¤ la cr¨¦ation de dividendes pour l¡¯agriculture et le d¨¦veloppement rural.

L¡¯investissement dans la s¨¦curit¨¦ alimentaire est aussi un moyen d¡¯¨¦viter des conflits. Mais la s¨¦curit¨¦ alimentaire et la stabilit¨¦ sociale d¨¦pendent aussi de la solidit¨¦ des institutions et des conditions propices ¨¤ une agriculture durable. Un tel environnement encouragera les investissements et les entreprises responsables dans les r¨¦gions rurales, stimulera l¡¯innovation et accro?tra la productivit¨¦, la cr¨¦ation d¡¯emplois et la croissance ¨¦conomique rurale, qui sont des facteurs essentiels pour la r¨¦alisation du Programme 2030. ?

Je tiens ¨¤ remercier Bruce F. Murphy, Abdelhamid Abdouli, Nerina Muzurovic, Dina Saleh, Rami Salman, Mohamed Abdelgadir et Leon Williams.

Notes

1???? Programme d¡¯action d¡¯Addis-Abeba de la Troisi¨¨me Conf¨¦rence internationale sur le financement du d¨¦veloppement International, en ?thiopie, 13¨C16 juillet 2015 (New York, Nations Unies, 2015), p. 7. Disponible sur le site .

2???? Voir les r¨¦sultats du programme de subventions financ¨¦ par le FIDA sur le renforcement de la r¨¦silience face aux conflits au Proche-orient et en Afrique du Nord : Clemens Breisinger et autres, ? Building resilience to conflict through food-security policies and programs: an overview ?, 2020 expos¨¦ de conf¨¦rence 3, 15-17 mai, Addis-Abeba,??thiopie (Washington, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), 2014. Disponible sur le site?.

3???? Abdul-Karim Sadik, Mahmoud El-Solh et Najib Saab, dir., ? Food security:challenges and prospects ?, l¡¯environnement arabe ¨C 7 : la s¨¦curit¨¦ alimentaire, rapport annuel du forum arabe de l¡¯environnement et du d¨¦veloppement, 2014 (Beyrouth, Liban, le forum arabe de l¡¯environnement et du d¨¦veloppement [AFED], 2014), p. 21. Disponible sur le site

4???? Sanduq (pl. sanadiq) signifie une ? caisse pour l¡¯¨¦pargne ?. dans le contexte des programmes du FIDA en Syrie, le terme sanduq d¨¦signe une institution de microfinancement autonome qui est d¨¦tenue et g¨¦r¨¦e par ses membres ¨C un concept nouveau dans un syst¨¨me bancaire centralis¨¦.

5???? Jean-Fran?ois Maystadt, Margherita Calderone et Liangzhi You, ? Local warming and violent conflict in North and South Sudan ?, Journal of Economic Geography, (septembre 2014), p. 19.

6???? Banque mondiale, Rapport sur le d¨¦veloppement mondial 2008 : Agriculture et d¨¦veloppement (Washington, 2007), p. 6. Disponible sur le site .

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