51吃瓜

D'apr猫s vos d茅cennies d'exp茅rience en tant qu'茅conomiste 脿 la Banque mondiale et aux Nations Unies, pourquoi pensez-vous que les 茅conomies africaines sont en difficult茅 ?

Le titre de mon livre "Know the Beginning Well" r茅pond 脿 votre question. Un proverbe africain dit que si vous connaissez bien le d茅but, la fin ne vous d茅rangera pas.

J'en tire quatre grandes le莽ons qui s'appliquent au d茅veloppement de l'Afrique. La premi猫re est que les politiques sont importantes. Vous avez besoin de bonnes politiques pour stimuler la croissance. Deuxi猫mement, les institutions qui sont en charge de l'agenda politique sont importantes. Troisi猫mement, la capacit茅 脿 mettre en 艙uvre les politiques est importante. Enfin, le leadership est important.听

Au cours des 50 derni猫res ann茅es, j'ai pu constater de pr猫s comment certains pays ont excell茅 dans quelques domaines mais ont 茅chou茅 dans d'autres. Toutes ces (le莽ons) sont importantes, et doivent 锚tre mises en 艙uvre en tandem. Ceci dit, les 茅conomies sont en difficult茅, surtout 脿 la lumi猫re de la pand茅mie mondiale, mais nous avons fait des progr猫s. Les pays ont am茅lior茅 leurs politiques, et la capacit茅 des institutions s'est 茅galement am茅lior茅e.听

Quelles politiques 茅conomiques recommanderiez-vous aux pays ?听

La croissance est importante, mais la croissance ne suffit pas. Par exemple, la croissance 茅conomique doit s'accompagner d'une diversification de la production et de l'adoption de nouvelles technologies. De nombreux pays africains d茅pendent fortement des produits de base et des ressources naturelles, mais pas de l'industrie manufacturi猫re ni des services 脿 forte valeur ajout茅e.

Nous devons 锚tre tr猫s comp茅titifs sur le march茅 de l'exportation. Ainsi, la diversification de la production, la comp茅titivit茅 des exportations, l'augmentation de la productivit茅 et l'application des technologies sont des facteurs importants.听

脌 l'ACET, nous avons cr茅茅 l'indice de transformation de l'Afrique pour mesurer les progr猫s des pays. Certains pays obtiennent de tr猫s bons r茅sultats alors que d'autres sont 脿 la tra卯ne.听

Quels sont les pays qui se portent bien ?

Nous suivons les progr猫s r茅alis茅s au cours des dix derni猫res ann茅es. Ce n'est pas seulement sur un ou deux ans. Des pays comme l'卯le Maurice, l'Afrique du Sud, l'脡thiopie, la C么te d'Ivoire, le S茅n茅gal et le Kenya sont en t锚te de liste pour ce qui est de la transformation de leur 茅conomie, mais d'autres pays suivent de pr猫s - le Ghana et le Gabon, par exemple.

Dans votre livre, vous donnez des pr茅cisions sur l'茅conomie politique, qui a des ramifications plus larges.听

L'impact du d茅veloppement 茅conomique est ce que nous appelons le bien-锚tre 茅conomique humain. Ce n'est pas une fin en soi, c'est l'impact sur les moyens de subsistance des gens.听

Le dernier chapitre du livre porte sur le leadership visionnaire qui doit conduire l'茅conomie politique. Nous avons besoin en Afrique de dirigeants qui placent le bien-锚tre humain au premier plan et con莽oivent ensuite des politiques qui soutiennent la transformation 茅conomique et conduisent 脿 une croissance 茅quitable, qui garantira des emplois d茅cents, une bonne prestation de services, une am茅lioration de la sant茅, etc.听

Environ 33 des 47 pays class茅s parmi les pays les moins avanc茅s se trouvent en Afrique. Comment ces pays pourraient-ils faire face 脿 l'impact 茅conomique de la pand茅mie ?

L'inqui茅tude concernant COVID-19 est que les progr猫s r茅alis茅s dans le pass茅 pourraient 锚tre remis en cause.听

脌 l'ACET, nous avons 茅labor茅 ce que nous appelons "10 priorit茅s politiques" que les pays peuvent adopter pour att茅nuer l'impact de COVID-19. Dans la plupart des cas, il s'agit de mesures que les d茅cideurs politiques devraient prendre de toute fa莽on. Mais nous pensons que si elles sont d茅finies d猫s maintenant, elles contribueront aux efforts de redressement imm茅diats et permettront de maintenir les objectifs de transformation 脿 long terme sur la bonne voie.听

Elles couvrent quatre grands domaines. Le premier est la mobilisation et la gestion des ressources int茅rieures. Le second est l'efficacit茅 et la transparence du gouvernement. Le troisi猫me est l'environnement des affaires et des investissements. Et le quatri猫me est l'innovation num茅rique et l'esprit d'entreprise.听

Les jeunes Africains sont le fer de lance d'une transformation num茅rique. Cela doit 锚tre positif.

Tout 脿 fait. Nous avons d'ailleurs des recherches qui vont bient么t sortir sur ce sujet. L'ACET produit le rapport sur la transformation de l'Afrique tous les trois ans. C'est notre publication phare.听

Le dernier en date, que nous publierons cet automne, couvre l'innovation num茅rique ainsi que quelques autres sujets "g茅n茅raux" qui non seulement posent des d茅fis mais offrent des possibilit茅s d'acc茅l茅rer la transformation au cours de la prochaine d茅cennie. La d茅mographie, l'emploi et le climat sont les autres sujets abord茅s. L'innovation num茅rique est tr猫s importante et les nouvelles sont positives, mais il reste beaucoup 脿 faire pour acc茅l茅rer la dynamique.

Que peut-on faire de plus ?

Les pays doivent 茅laborer des politiques d'innovation claires qui pr茅voient un r么le pour le gouvernement et le secteur priv茅. Nous devons 茅galement, par exemple, apporter davantage de capital-risque et de formation dans l'茅cosyst猫me de l'innovation.听

Le programme d'ajustement structurel (PAS) des ann茅es 80 a 茅chou茅, surtout en Afrique, principalement parce qu'il 茅tait bas茅 sur des pr锚ts conditionnels. Dans votre livre, vous plaidez en faveur d'un partenariat collaboratif comme alternative. Pourquoi ?

Permettez-moi d'锚tre clair sur ce que j'ai dit dans le livre. J'ai dit que la fa莽on dont les politiques du PAS ont 茅t茅 mises en 艙uvre 茅tait mauvaise. Beaucoup de politiques ont 茅t茅 impos茅es 脿 des pays qui n'avaient pas la capacit茅 de les mettre en 艙uvre, ou qui n'y croyaient peut-锚tre pas.听

J'ai 茅galement dit que les r茅ductions de d茅penses ont eu des effets n茅gatifs sur les services sociaux. Le processus de d茅cision des politiques sans l'implication des pays 茅tait erron茅.听

Cependant, tout ce que j'ai fait 脿 la CEA a montr茅 que je suis convaincu que le partenariat fonctionne, mais qu'il faut mettre les pays africains au centre du leadership. Bon nombre des initiatives auxquelles nous avons particip茅 脿 la CEA, notamment le NEPAD (Nouveau partenariat pour le d茅veloppement de l'Afrique), le MAEP (M茅canisme africain d'茅valuation par les pairs) et d'autres, nous avons r茅ussi 脿 faire en sorte que l'Afrique soit le moteur et la propri茅t茅 des pays africains.听

Qu'en est-il des partenariats avec les institutions multilat茅rales telles que la Banque mondiale et le FMI ? Quelle est l'influence de l'Afrique sur la fa莽on dont le partenariat se d茅roule avec ces institutions ?

L'environnement multilat茅ral international est aujourd'hui tr猫s diff茅rent de ce qu'il 茅tait il y a 15 ou 20 ans.听

La relation des pays africains avec la Banque mondiale n'est pas la m锚me. Si vous prenez mon propre pays, le Ghana, ou de nombreux autres pays africains, les ministres des finances et autres fonctionnaires g猫rent efficacement les affaires avec la Banque. Je pense que la Banque a 茅galement appris 脿 jouer un r么le plus discret.

La dynamique est donc diff茅rente aujourd'hui. Le pr茅sident du Ghana, Nana Akufo-Addo, s'est montr茅 agressif en essayant de r茅orienter le d茅veloppement du pays autour d'une strat茅gie "Ghana Beyond Aid". Ce concept trouve un 茅cho dans de nombreux pays.听

Il ne s'agit pas seulement de s'approprier le pays ou d'exercer un effet de levier. Il s'agit de mettre en place les bonnes politiques en premier lieu. Le r么le de la Banque et du FMI doit 锚tre consid茅r茅 dans ce contexte.

L'accroissement du commerce intra-africain et de l'int茅gration r茅gionale rendra-t-il l'aide moins importante pour l'Afrique ?听

Je ne vois pas les choses sous cet angle. Les 茅conomies int茅gr茅es seront absolument formidables pour l'Afrique, et l'aide ne peut pas 锚tre une r茅ponse perp茅tuelle. Mais nous devons 锚tre r茅alistes et appliquer une fois de plus ce que nous avons appris dans le pass茅.听

Dans les ann茅es 90, beaucoup de temps a 茅t茅 consacr茅 脿 ce que l'on a appel茅 le programme d'efficacit茅 de l'aide, qui 茅tait un effort attendu depuis longtemps pour engager les pays africains 脿 collaborer davantage, mais aussi pour am茅liorer la fourniture et augmenter le volume de l'aide.听

Les Nations Unies 茅taient au centre de cet effort - les OMD (objectifs du mill茅naire pour le d茅veloppement), l'all猫gement de la dette, le doublement de l'aide, le consensus de Monterrey, vous vous souvenez ? Nous avions les objectifs et les promesses. Il s'av猫re que beaucoup d'objectifs n'ont pas 茅t茅 atteints.听

Qu'avons-nous appris ? Nous avons appris que l'aide 茅tait importante, mais que ce n'茅tait pas la solution. M锚me du c么t茅 de l'offre, certains des pays d茅velopp茅s commen莽aient 脿 se pencher sur leurs propres politiques et int茅r锚ts internes. Et tout le programme d'aide a perdu de sa vigueur. C'est la r茅alit茅.听

Dans la pand茅mie actuelle, nous avons besoin d'aide. Mais si vous parlez de transformation et de d茅veloppement 脿 long terme, l'aide n'est pas la r茅ponse. C'est pourquoi la mobilisation des ressources int茅rieures et les investissements du secteur priv茅 deviennent importants.听

Pourquoi avez-vous consacr茅 un chapitre entier de votre livre 脿 la d茅fense de l'茅galit茅 des sexes ?

Ce chapitre a 茅t茅 tr猫s 茅mouvant pour moi. Il concerne mon 茅ducation - ma famille. Ma m猫re n'est jamais all茅e 脿 l'茅cole. Elle et mon p猫re se sont s茅par茅s tr猫s t么t, et elle a v茅cu dans la pauvret茅 toute sa vie. Elle n'a eu que peu d'opportunit茅s. J'ai vu de pr猫s le sort d'une femme africaine.听

Travaillant 脿 la Banque mondiale et 脿 la CEA en tant qu'茅conomiste, j'ai vraiment pouss茅, quand on m'en a donn茅 l'occasion, 脿 茅lever le niveau des sexes. Parce que j'ai vu ce que l'investissement dans les femmes - et l'茅limination des obstacles 脿 l'茅galit茅 et aux opportunit茅s - peut faire.听

L'茅galit茅 des sexes n'est pas seulement une question de morale. Les femmes constituent plus de 50 % de la population. C'est un imp茅ratif 茅conomique.听

Que peuvent faire de plus les pays pour favoriser l'茅galit茅 des sexes ?

Pour commencer, l'Afrique doit investir dans l'茅ducation des filles et le d茅veloppement des comp茅tences.听

Mais nous avons 茅galement besoin de plus de femmes aux postes de direction d猫s maintenant. Je crois fermement 脿 l'action positive en faveur des femmes au sein des gouvernements, en particulier dans les parlements ou les organes l茅gislatifs o霉 leur voix est n茅cessaire, mais aussi aux postes minist茅riels. J'esp猫re 茅galement que nous aurons davantage de femmes africaines 脿 la t锚te des 脡tats.听

Au-del脿 du gouvernement, les pays peuvent faire davantage pour renforcer le pouvoir des femmes. Prenons l'agriculture. Si les agricultrices ont acc猫s au type de soutien que re莽oivent les hommes, la productivit茅 augmentera, le PIB augmentera, ainsi que la valeur ajout茅e.听

Vous soulignez que l'int茅gration 茅conomique est l'une des sept 茅tapes de la transformation. La zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECA) peut-elle contribuer 脿 l'int茅gration ?

Je pense qu'elle peut beaucoup aider. Je reviens encore une fois sur le th猫me "Know the Beginning Well," c'est-脿-dire la n茅cessit茅 de tirer les le莽ons du pass茅. Nous avons un programme d'int茅gration depuis longtemps. C'茅tait la vision de Nkrumah. Nous avions le plan d'action de Lagos et le trait茅 d'Abuja.听

Quelles le莽ons en avons-nous tir茅es ? Vous avez besoin d'institutions fortes pour mener 脿 bien le programme d'int茅gration. Il faut une volont茅 politique. Nous pensons souvent que les hommes politiques font des d茅clarations et adoptent des protocoles, et que tout se met en place. Ce n'est pas le cas.听

L'int茅gration est une question de personnes. Elle concerne le secteur priv茅 et la circulation des biens et des services.听

L'int茅gration n'est pas seulement une question de commerce, elle concerne aussi la mani猫re dont vous utilisez vos voies navigables pour le commerce ou les pools d'茅nergie pour fournir de l'茅lectricit茅 脿 travers les sous-r茅gions.听

Cela dit, la lib茅ralisation et la facilitation des 茅changes sont essentielles. Et c'est l脿 qu'intervient la ZLECA. J'aime le processus de consultation qui a conduit 脿 l'accord. De plus, le processus de mise en place du Secr茅tariat 脿 Accra avec le soutien du gouvernement ghan茅en a 茅t茅 tr猫s positif.

脢tes-vous optimiste ?

Je suis optimiste, mais je suis r茅aliste. Au contraire, COVID-19 a renforc茅 l'urgence de l'int茅gration r茅gionale et nous constatons des efforts louables.听

Nous avons maintenant la Plateforme africaine de fournitures m茅dicales, qui est une r茅ponse de la cha卯ne d'approvisionnement 脿 la pand茅mie, et nous avons les Centres africains pour le contr么le et la pr茅vention des maladies.听

Quel message souhaitez-vous adresser aux dirigeants africains ?

脡tablir la confiance avec les populations. Mettre en 艙uvre des politiques qui suscitent la confiance. Gouverner de mani猫re d茅sint茅ress茅e.

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