51吃瓜

Un m茅tier 脿 tisser dans une usine de textile d鈥橢rythr茅e. Face 脿 une concurrence acharn茅e, les fabricants africains ont du mal 脿 moder颅niser leurs op茅rations.

Photo: Panos / Stephen Boness

Dans toute l鈥橝frique, les fabricants et exportateurs de textiles ont du mal 脿 se remettre des cons茅quences de l鈥檈ntr茅e en vigueur en janvier 2005 de nouvelles r猫gles commerciales. Ces r猫gles, n茅goci茅es 脿 l鈥橭rganisation mondiale du commerce (OMC), ont lib茅ralis茅 un domaine d鈥檃ctivit茅 prot茅g茅 pendant plus de 30 ans en 茅liminant les quotas dans les pays d茅velopp茅s. Ces quotas avaient eu pour effet indirect de cr茅er un excellent march茅 pour les textiles et v锚tements fabriqu茅s dans les pays africains pauvres et autres pays en d茅veloppement.

L鈥檃bandon progressif du r茅gime des quotas a d茅j脿 co没t茅 脿 l鈥橝frique plus de 250 000 emplois en quelques ann茅es, selon la F茅d茅ration internationale des travailleurs des industries du textile, de l鈥檋abillement et du cuir (FITTHC). La plupart des emplois ont 茅t茅 supprim茅s au Lesotho, en Afrique du Sud, au Swaziland, au Nig茅ria, au Ghana, 脿 Maurice, en Zambie, 脿 Madagascar, en Tanzanie, au Malawi, en Namibie et au Kenya.

Lors d鈥檜ne r茅cente r茅union du bureau africain de la F茅d茅ration internationale (FITTHC) qui s鈥檈st d茅roul茅e au Cap (Afrique du Sud), les participants ont enjoint les gouvernements africains d鈥檕rganiser d鈥檜rgence une conf茅rence 脿 l鈥櫭ヽhelle continentale pour examiner l鈥檃venir des secteurs du v锚tement, des textiles et de la chaussure. Cette r茅union devrait permettre aux gouvernements, syndicats et investisseurs de formuler des strat茅gies face 脿 la crise actuelle, afin d鈥檃ccro卯tre la productivit茅, d鈥檃ttirer les capitaux et d鈥檃m茅liorer les conditions de travail.

L鈥檃ncien r茅gime des quotas, connu sous le nom d鈥橝rrangement multifibres (AMF), limitait les exportations de textiles et de v锚tements vers les plus grands march茅s du monde 鈥� Etats-Unis, Canada et Union europ茅enne (UE) 鈥� dans le but de prot茅ger les producteurs des pays industrialis茅s de leurs concurrents plus performants d鈥橝sie. Ce faisant, ce r茅gime a involontairement avantag茅 les petits exportateurs de textiles des pays en d茅veloppement, moins g锚n茅s par les restrictions ou b茅n茅ficiant d鈥檃cc猫s pr茅f茅rentiels aux march茅s de l鈥橴E ou des Etats-Unis; leurs exportations vers les principaux pays industriels ont prosp茅r茅.

L鈥檃bandon des quotas risque de chasser des grands march茅s ces fabricants, incapables de rivaliser avec la concurrence effr茅n茅e de pays comme la Chine ou l鈥橧nde.

Les producteurs africains peuvent viser le cr茅neau haut de gamme des march茅s 茅trangers, mettant par exemple en valeur les motifs africains.

Photo: iAfrica Photos / Edward Ruiz

Fin d鈥檜n effet indirect

A l鈥檕rigine, les pays europ茅ens, le Canada et les Etats-Unis ont 茅tabli l鈥橝MF en 1974 afin de prot茅ger leurs industries du v锚tement et des textiles en plafonnant les importations. La Banque mondiale estime que l鈥檌mposition de quotas destin茅s 脿 prot茅ger les secteurs du textile et de l鈥檋abillement des pays industriels a entra卯n茅 la disparition de 19 millions d鈥檈mplois dans le monde en d茅veloppement, notamment en Asie. Mais l鈥橝MF a eu une cons茅quence inattendue. Parce que, dans les pays riches, la demande augmentait plus rapidement que les capacit茅s de production nationales, une br猫che s鈥檈st ouverte, dans laquelle se sont engouffr茅s les petits pays exportateurs.

Mais face 脿 la lib茅ralisation croissante des 茅changes commerciaux dans le monde, les fabricants de v锚tements d鈥橝sie ont commenc茅 脿 protester contre ces quotas. Les grands d茅taillants des pays industrialis茅s leur ont embo卯t茅 le pas, d茅plorant d鈥檃voir 脿 s鈥檃pprovisionner 脿 un trop grand nombre de sources, parfois jusqu鈥櫭� 50 pays. Les protestations se sont multipli茅es alors qu鈥檜n nouveau r茅gime commercial international, le Cycle d鈥橴ruguay, 茅tait en cours de n茅gociations de 1986 脿 1994.

Les principaux producteurs de textiles et les d茅taillants du Nord ont finalement eu gain de cause. En 1994, l鈥橭MC a conclu l鈥橝ccord sur les textiles et les v锚tements, qui pr茅voyait la lev茅e progressive des quotas dans les 10 ann茅es 脿 venir.

Les pays en d茅veloppement s鈥檈n sont d鈥檃bord r茅jouis, y voyant l鈥檕ccasion d鈥檃ccro卯tre leurs exportations. La lib茅ralisation de ce secteur devait rapporter 脿 l鈥檌ndustrie textile de ces pays quelque 175 milliards de dollars de recettes suppl茅mentaires. Mais les petits producteurs ont ensuite compris que les pays dot茅s d鈥檜ne industrie textile hautement d茅ve颅lopp茅e en seraient les plus gros b茅n茅ficiaires.

Lesotho : des profits aux pertes

Le Lesotho est un excellent exemple des effets n茅fastes de l鈥檃bandon de l鈥橝MF. Le secteur manufacturier de ce pays d茅pend essentiellement des textiles et de l鈥檋abillement, qui repr茅sentent la deuxi猫me source d鈥檈mplois apr猫s la fonction publique et rapportent plus de 75 % des recettes d鈥檈xportation.

L鈥橝MF a contraint les grosses usines de textiles d鈥橝sie, dont les exportations directes vers l鈥橴nion europ茅enne et les Etats-Unis 茅taient plafonn茅es, 脿 茅tablir des filiales dans les pays moins d茅velopp茅s, notamment le Lesotho. Elles ont notamment profit茅 de l鈥檃cc猫s de ce pays au march茅 am茅ricain, dans le cadre de la loi de 2000 en faveur de la croissance de l鈥橝frique et son acc猫s aux march茅s (AGOA). Celle-ci autorisait l鈥檈ntr茅e en franchise aux Etats-Unis de certains articles fabriqu茅s dans des pays d鈥橝frique ayant adopt茅 des politiques 茅conomiques lib茅rales, pratiquant le pluralisme politique et ayant supprim茅 les obstacles 脿 l鈥檌mportation de produits et aux capitaux am茅ricains. C鈥檈st ainsi que les textiles et l鈥檋abillement sont devenus les principaux secteurs d鈥檃ctivit茅 du Lesotho, employant jusqu鈥櫭� 56 000 personnes 脿 une 茅poque.

鈥淨uasiment tous nos investisseurs 茅tran颅gers venaient d鈥橝sie, surtout de Taiwan et de Chine鈥�, explique Daniel Maraisane, chef du principal syndicat des travailleurs de l鈥檋abillement. Mais avec la fin du r茅gime des quotas, dit-il, ces investisseurs 鈥渄isent qu鈥檌l est d茅sormais plus facile et moins cher de fabriquer en Chine ou en Inde."

Fin 2004, six des 50 usines de v锚tements du pays avaient ferm茅 leurs portes, mettant quelque 6 600 ouvriers 脿 la porte, sans indemnit茅s de licenciement. Face 脿 la r茅duction des commandes 脿 l鈥檈xportation, les entreprises qui ont surv茅cu ont d没 placer 10 000 ouvriers en ch么mage temporaire, ne faisant appel 脿 eux qu鈥檈n cas de besoin. 鈥淪i 莽a continue, dit M. Maraisane, je crains que le taux de ch么mage, qui est d茅j脿 autour des 40 %, finisse par atteindre 70 %.鈥�

L鈥檈ffet chinois

Pendant des dizaines d鈥檃nn茅es, l鈥檃fflux de textiles fabriqu茅s par les plus gros producteurs du monde, comme la Chine, l鈥橧nde, Hong Kong, la province chinoise de Taiwan et la R茅publique de Cor茅e, a 茅t茅 fortement limit茅 sur les march茅s les plus importants - l鈥橴nion europ茅enne et les Etats-Unis - en raison des pr茅occupations que suscitait dans les pays industrialis茅s le d茅veloppement rapide du secteur manufacturier de l鈥檋abillement en Asie.

L鈥檃dh茅sion de la Chine, premier producteur de textiles du monde, 脿 l鈥橭MC en 2001 et la lev茅e ult茅rieure des restrictions de l鈥橝MF ont ouvert la voie 脿 une concurrence sans pr茅c茅dent dans ce secteur. Le Conseil national des associations de textiles (NCTO), organisme qui regroupe les principaux fabricants de textiles am茅ricains, a indiqu茅 que dans les trois premiers mois de 2005 qui ont suivi la lev茅e des quotas, les importations de pantalons en coton fabriqu茅s en Chine ont bondi de 1500 % et celles de chemises en coton de 1350%. En Europe, 鈥渓鈥檃ugmentation des importations de certains articles vestimentaires a d茅pass茅 2000% au cours du premier semestre de 2005鈥�, pr茅cise le Secr茅taire g茅n茅ral de la F茅d茅ration, Neil Kearney.

Cette mont茅e en fl猫che des exportations s鈥檈xplique par la volont茅 de la Chine de dominer le commerce mondial des textiles et de l鈥檋abillement. Au cours des 15 derni猫res ann茅es, le gouvernement chinois a investi des dizaines de milliards de dollars dans ce secteur 鈥渟ous forme de capitaux, de subventions directes et indirectes et d鈥檃utres mesures 鈥榠ncitatives鈥� pour d茅courager la concurrence et cr茅er un environnement o霉 personne, m锚me les producteurs les moins chers, ne pourraient lui faire concurrence sur les march茅s mondiaux鈥�, a r茅cemment affirm茅 le pr茅sident du NCTO, Cass Johnson, lors d鈥檜ne audition du Congr猫s am茅ricain sur les strat茅gies que doivent adopter les Etats-Unis face 脿 cette supr茅matie chinoise.

Les sp茅cialistes pr茅voient qu鈥檃vec la fin de l鈥橝MF, les emplois perdus dans les autres pays en d茅veloppement migreront dans les entreprises plus comp茅titives de Chine et d鈥橧nde.

Selon l鈥橭rganisation internationale du Travail (OIT), la Chine a export茅 pour 31 milliards de dollars de textiles de janvier 脿 avril 2005, une augmentation de 18 % par rapport 脿 la m锚me p茅riode de l鈥檃nn茅e pr茅c茅dente. Les exportations de textiles chinois vers les Etats-Unis et l鈥橴nion europ茅enne, d茅sormais affranchies de quotas, ont augment茅 de 250 % et 84 %, respectivement.

Pr茅occup茅 par ces arrivages massifs, le Gouvernement am茅ricain a impos茅 des restrictions temporaires sur les importations de textiles et de v锚tements de Chine en mai 2005, portant sur environ deux milliards de dollars de marchandise. De telles restrictions sont autoris茅es dans le cadre de la clause de 鈥渟auvegarde鈥� que la Chine a sign茅e lors de son adh茅sion 脿 l鈥橭MC, qui stipule que tout membre de l鈥橭MC a le droit d鈥檡 avoir recours pour freiner temporairement la mont茅e des importations chinoises jusqu鈥檈n 2008. C鈥檈st 脿 cette date que la suppression des quotas se fera pleinement sentir ; jusqu鈥櫭� 27 millions de personnes, vivant pour la plupart dans des pays 脿 faible production, risquent de perdre leur travail, selon un rapport pr茅sent茅 脿 l鈥橭MC par un groupe de pays en d茅veloppement concern茅s, dont Madagascar, Maurice et l鈥橭uganda.

La plupart des 茅tudes consacr茅es 脿 l鈥檌mpact de l鈥櫭﹍imination progressive des quotas 鈥渃oncluent que la Chine et l鈥橧nde domineront le commerce mondial des textiles et du v锚tement鈥�, affirme la chercheuse norv茅gienne Hildegunn Kyvik Nordas dans un rapport 茅tabli pour l鈥橭MC. La Chine pourrait 脿 elle seule s鈥檕ctroyer 50 % du march茅 am茅ricain, qui s鈥櫭﹍猫ve actuellement 脿 90 milliards de dollars. A pr茅sent, le commerce mondial des textiles et de l鈥檋abillement repr茅sente environ 400 milliards de dollars par an.

Options limit茅es pour l鈥橝frique

Comme les Etats-Unis, les pays africains pourraient faire appel aux mesures 鈥渁nti-dumping鈥� pour limiter provisoirement les exportations chinoises jusqu鈥檈n 2008, d茅clare Mills Soko, chercheur 脿 l鈥橧nstitut sud-africain des affaires internationales 脿 Johannesburg. Les entreprises africaines devraient profiter de cette possibilit茅 temporaire pour accro卯tre leur productivit茅, devenir plus comp茅titives et valoriser leurs exportations, en produisant, par exemple, des articles de meilleure qualit茅.

Certains pays africains s鈥檡 sont d茅j脿 attel茅s sans attendre l鈥檈xpiration des quotas. Le Gouvernement k茅nyan, par exemple, a supprim茅 en 2002 toutes les taxes sur le mat茅riel d鈥櫭ゞrenage du coton et de fabrication textile pour encourager l鈥檌mportation d鈥櫭﹒uipement plus moderne. Les autorit茅s ont 茅galement 茅limin茅 les taxes sur les biens et services fournis aux usines de coton et ont offert des conditions tr猫s avantageuses aux soci茅t茅s de textile qui s鈥檌mplantent dans les zones franches industrielles.

En d茅cembre 2004, les usines de v锚tements install茅es dans les zones franches industrielles du Kenya employaient au total 34 614 ouvriers 鈥渄ans une trentaine d鈥檜sines de haut niveau鈥�, indique Margaret Waithaka de l鈥檃dministration des zones franches. Gr芒ce aux am茅liorations apport茅es 脿 ce secteur d鈥檃ctivit茅 et 脿 la demande croissante aux Etats-Unis, les exportations vers les Etats-Unis de v锚tements fabriqu茅s au Kenya sont pass茅es de 44 millions de dollars en 2000 脿 226 millions en 2004, a-t-elle pr茅cis茅, pla莽ant le Kenya au deuxi猫me rang des exportateurs subsahariens de v锚tements en direction des Etats-Unis. Mais pour de nombreux pays, dont le Kenya, ces am茅nagements ne seront pas suffisants pour r茅sister 脿 la concurrence effr茅n茅e qui suivra l鈥檈xpiration de l鈥橝rrangement multifibres.

Diversification

Une autre possibilit茅, selon M. Soko, serait de tenter de r茅duire la trop grande d茅pendance des pays africains vis-脿-vis des secteurs du textile et de l鈥檋abillement en s鈥檕rientant vers la production d鈥檃utres biens tr猫s demand茅s. Par exemple, dit-il, plut么t que de craindre la concurrence de la Chine, les pays africains devraient tenter d鈥檡 exporter leur production, compte tenu de 鈥渟es besoins insatiables en mati猫res premi猫res."

C鈥檈st justement ce que fait l鈥橝frique du Sud depuis quelque temps, tirant parti de ses ventes de min茅raux et m茅taux 脿 la Chine. Dot茅e d鈥檜ne des 茅conomies les plus dynamiques de la plan猫te, la Chine est le premier consommateur de p茅trole et un des principaux importateurs de coton, repr茅sentant 33 % de la consommation mondiale. Certains pays africains n茅gocient d茅j脿 l鈥檈ntr茅e en franchise de leurs produits sur le march茅 chinois, moyennant la lev茅e progressive des restrictions pesant sur les investissements chinois en Afrique. Les 茅changes commerciaux du continent avec la Chine sont pass茅s de 10,6 milliards de dollars en 2000 脿 13,5 milliards dans les neuf premiers mois de 2003.

鈥淟es possibilit茅s de d茅velopper le commerce bilat茅ral et de renforcer la participation 茅conomique de l鈥橝frique au d茅veloppement des 茅conomies dynamiques d鈥檃utres pays en d茅veloppement (comme l鈥橧nde ou la Chine) sont 茅normes鈥�, note M. Soko. Dans un premier temps, cependant, les pays africains devront r茅duire leur d茅pendance vis-脿-vis d鈥檜n ou plusieurs produits d鈥檈xportation qui constituent leur source principale de revenus.

La Commission 茅conomique des Nations Unies pour l鈥橝frique, dont le si猫ge est 脿 Addis-Abeba (Ethiopie), recommande aux pays africains d鈥檃ccorder des cr茅dits int茅ressants et autres avantages aux entreprises produisant des biens destin茅s 脿 l鈥檈xportation. Ces entreprises, estime la Commission, devraient se lancer dans la transformation des mati猫res premi猫res locales en produits finis pour l鈥檈xportation. Plut么t que de se contenter d鈥檈xporter du coton brut ou de la toile, les pays africains devraient fabriquer des v锚tements haut de gamme et devenir, par exemple, les principaux fournisseurs de v锚tements orn茅s de motifs africains.

Pour sa part, Gobind Nankani, vice-pr茅sident r茅gional pour l鈥橝frique 脿 la Banque mondiale, affirme que ces efforts de diversification devraient s鈥檃ccompagner d鈥檜ne plus large ouverture des march茅s internationaux aux exportations africaines. Cela impliquerait l鈥檃bandon progressif 鈥渄es pratiques protectionnistes, comme l鈥檕ctroi de subventions, sur les march茅s 茅trangers鈥�, qui font actuellement l鈥檕bjet de n茅gociations commerciales 脿 l鈥橭MC.

La lev茅e partielle des restrictions commerciales en vigueur dans les secteurs non-agricoles, notamment des autres pays en d茅veloppement, serait 茅galement b茅n茅fique, affirme M. Nankani. 鈥淐ertains pays d鈥橝m茅rique latine prot猫gent trop leur secteur de l鈥檋abillement et autres secteurs 脿 forte main d鈥櫯搖vre, n鈥檕ffrant que peu de d茅bouch茅s aux exportateurs africains et 茅trangers鈥�, note-t-il. Dans de nombreux pays de l鈥橝sie de l鈥橢st, ajoute-t-il, les tarifs douaniers sont bien plus protectionnistes que dans l鈥橴nion europ茅enne ou aux Etats-Unis.

S鈥檃dapter ou dispara卯tre

鈥淚l incombe aux gouvernements africains d鈥檃ider leurs secteurs priv茅s 脿 s鈥檃dapter aux nouvelles conditions pour rester comp茅titifs鈥�, constate M. Soko. Ces gouvernements feraient bien, 脿 son avis, de s鈥檌nspirer de l鈥檈xemple de pays comme le Bangladesh, o霉 les autorit茅s se sont associ茅es aux efforts des entreprises nationales, des syndicats et des organisations non gouvernementales pour 茅laborer et mettre en place des politiques destin茅es 脿 am茅liorer la formation et assurer le recyclage professionnel des travailleurs du textile.

Les petits fabricants vuln茅rables d鈥橝frique ont le choix entre 鈥渁m茅liorer leurs rendements ou se tourner vers une production de meilleure qualit茅鈥�, ajoute M. Soko. A titre d鈥檈xemple, dit-il, l鈥橧nde a augment茅 de 46 % ses exportations 脿 base de coton vers les Etats-Unis lorsqu鈥檈lle a abandonn茅 sa production de simples articles en toile au profit de v锚tements finis de meilleure qualit茅.

Pour demeurer comp茅titives, les entreprises africaines doivent 茅galement r茅duire leurs co没ts de production, poursuit M. Soko. C鈥檈st ainsi qu鈥檜ne soci茅t茅 chinoise install茅e 脿 Maurice note que les co没ts d鈥檌nstallation, d鈥櫭﹍ectricit茅, du tissu et de main d鈥櫯搖vre sont bien plus 茅lev茅s 脿 Maurice qu鈥檈n Chine. Une autre fait valoir que si les salaires sont plus faibles 脿 Madagascar, d鈥檃utres co没ts, comme le transport ou l鈥櫭﹍ectricit茅, y sont plus 茅lev茅s.

La Banque mondiale affirme qu鈥檌l co没te de 20 脿 40 % plus cher de faire des affaires en Afrique que dans les autres r茅gions en d茅veloppement, en raison d鈥檜ne r茅glementation trop contraignante, d鈥檜ne l茅gislation fonci猫re floue, de l鈥檌nefficacit茅 des syst猫mes judiciaires, de l鈥檌ncertitude politique et d鈥檜ne concurrence d茅loyale des entreprises bien introduites dans les milieux politiques. Les march茅s sont alors entre les mains de quelques soci茅t茅s puissantes.

L鈥檌nsuffisance et le co没t 茅lev茅 des services constituent un obstacle suppl茅mentaire. Selon les estimations de la Banque mondiale, si les r茅seaux 茅lectriques zambien et k茅nyan 茅taient de la m锚me qualit茅 qu鈥檈n Chine, les 茅conomies d鈥櫭﹏ergie r茅alis茅es par les entreprises des deux pays africains correspondraient 脿 la quasi-totalit茅 des co没ts salariaux.

Les fabricants de textiles et de v锚tements du continent n鈥檕nt que tr猫s peu de temps pour moderniser leur 茅quipement avant que la concurrence ne s鈥檌ntensifie, les Etats-Unis et l鈥橴nion europ茅enne ayant propos茅 l鈥櫭﹍imination totale des tarifs douaniers sur les importations de textiles et de v锚tements d鈥檌ci 脿 2015. A cette date, les avantages tarifaires dont b茅n茅ficient certains pays en vertu de la loi AGOA auront 茅t茅 supprim茅s, ce qui risque d鈥檈ntra卯ner la disparition des derni猫res usines de textiles en Afrique, estime l鈥檃mbassadeur de Maurice aux Etats-Unis, Usha Jeetah.

Les Etats-Unis et l鈥橴nion europ茅enne 鈥渙nt eu des centaines d鈥檃nn茅es pour d茅velopper leurs industries de l鈥檋abillement et des textiles, 脿 la faveur de tr猫s hautes barri猫res tarifaires et de quotas, dit-il. Aujourd鈥檋ui on explique aux petites industries naissantes d鈥橝frique qu鈥檈lles ont 10 ans pour rendre leurs industries textiles comp茅titives face 脿 celles des pays bien 茅tablis dans ce domaine.鈥�