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Afrique du Nord : le cyber-activisme au service des révolutions
Afrique Renouveau: 
Reuters / Dylan Martinez

Wael GhonimWael Ghonim, un cyber activiste égyptien, s'adressant à la foule réunie sur la place Tahrir au Caire. Au départ, on l'a appelé la "révolution Facebook". Elle est ensuite devenue la "révolution du peuple égyptien"

Photo : Reuters / Dylan Martinez

Au milieu des centaines de milliers d'Égyptiens qui fêtaient le 11 février sur la Place Tahrir du Caire la démission du Président Hosni Moubarak, téléphones portables en mains, certains prenaient des photos de la foule, d'autres envoyaient des messages sur Twitter et d'autres encore brandissaient des pancartes proclamant : "Merci Facebook".

La technologie n'a pas provoqué toute cette agitation, qui est la culmination de revendications politiques et sociales latentes. Mais les jeunes activistes égyptiens, à l'instar de leurs camarades de Tunisie et d'ailleurs, ont su exploiter leur maîtrise des médias sociaux pour faire connaître leurs exigences, lancer des manifestations et s'attirer la sympathie de larges couches de la population.

"Sans les réseaux sociaux, on n'aurait jamais pu se rendre sur la Place Tahrir le 25 janvier", confiait un étudiant au quotidien français Le Monde. "Twitter et Facebook nous ont permis de montrer aux gens l'ampleur des manifestations, ce qui a encouragé beaucoup d'autres à s'y joindre".

Le succès des mouvements populaires en Égypte et en Tunisie a encouragé de jeunes activistes partout en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En Algérie, en Jordanie, en Libye, au Soudan, en Iran, au Maroc et ailleurs ils ont appelé aux manifestations et aux rassemblements, par le biais des réseaux sociaux en ligne notamment. La participation a varié, les réactions des autorités aussi, allant de promesses de réformes à la répression brutale, comme en Libye.

Les mouvements de protestation en Égypte et en Tunisie ont été influencés par deux facteurs : le nombre croissant de téléphones mobiles et les années de mobilisation de jeunes activistes. Dans les deux pays, des grèves de travailleurs ont éclaté en 2008. Des étudiants et autres groupes de jeunes ont publié des blogs, créé des pages sur Facebook et tenté de mobiliser l'opinion en faveur des grévistes. Peu à peu, ces activistes en ligne se sont mobilisés sur d'autres questions, notamment les violations des droits de l'homme, et se sont organisés en nombreux groupes. Au-delà des frontières, ils ont échangé des informations et des expériences.

En décembre 2010 un jeune diplômé au chômage d'une petite ville tunisienne s'est immolé par le feu. Son acte désespéré a très vite déclenché des manifestations de rue. Des vidéos des événements ont circulé sur Internet et ont été retransmises par la station de télévision par satellite Al-Jazeera. Les protestations ont gagné en intensité, contraignant finalement le Président Zine el-Abidine Ben Ali à fuir le pays le 14 janvier.

Galvanisés, les activistes égyptiens ont appelé le 25 janvier à des mouvements de protestation contre leur gouvernement. Ils l'ont fait sur internet, tout en manifestant dans les quartiers pauvres du Caire, attirant des milliers de personnes.

À mesure que les images et les textes se propageaient en ligne, les protestations se multipliaient à travers le pays. Elles se sont poursuivies même après la désactivation, cinq jours durant, du réseau internet par les autorités.

"Avant j'aimais dire que c'était la révolution par Facebook, a affirmé devant l'énorme foule de la Place Tahrir Wael Ghonim, jeune cadre chez Google, l'un des fers de lance des protestations. Mais à voir tout ce monde rassemblé ici, je dirais plutôt que c'est la révolution du peuple égyptien".

M. Ghonim et ses camarades maintiennent qu'ils n'ont pas particulièrement pesé sur les événements qui ont secoué l'Égypte. Leurs actions ont toutefois été décisives. Elles ont montré que des jeunes équipés d'ordinateurs et de téléphones mobiles pouvaient faire porter les revendications populaires en faveur de la liberté et de la justice.

Un projet de "bibliothèque virtuelle" en Afrique de l'Ouest

L'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), composée de huit pays francophones de la région, a décidé d'affecter 12 millions de dollars au financement d'un projet visant à renforcer les capacités technologiques d'information et de communication de ses universités. En février, Soumaila Cissé, président de la Commission de l'UEMOA, a signé un accord de participation de trois ans de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à ce projet. Cet accord permettra d'installer du nouveau matériel informatique et de nouveaux logiciels sur les campus de huit universités. Chacune recevra des câbles à fibre optique et au moins 200 ordinateurs.

Outre l'établissement d'un "cyber-institut" qui offrira des cours de formation aux enseignants et une base de données pour le calcul standardisé des crédits universitaires, le projet prévoit également l'établissement d'une "bibliothèque virtuelle" de matériel de recherche en ligne facilement échangeable entre campus. "La bibliothèque virtuelle que nous envisageons permettra à nos jeunes d'apprendre et de se perfectionner".

En Tanzanie, les services bancaires en ligne sont en avance sur les lois

Il y a deux ans, le e-banking mobile (services bancaires en ligne sur téléphone mobile) a été introduit en Tanzanie. Pourtant, sur les quelque 20 millions d'abonnés aux services de télécommunications, plus de 9,2 millions l'utilisent. Le plus populaire est M-Pesa, proposé par l'opérateur Vodacom. Ses abonnés peuvent non seulement virer des fonds d'un compte à l'autre, mais aussi payer l'achat de biens et de services. Ils peuvent acheter du temps de conversation ou régler les factures d'eau et d'électricité.

Mais si certains aspects des opérations bancaires sont régis par les lois en vigueur, il n'y a pas de législation régissant tous les aspects de ce secteur en pleine croissance. D'après les responsables de la Banque de Tanzanie, les autorités envisagent l'adoption d'une loi sur les services bancaires en ligne. Un projet en ce sens devrait être présenté au parlement dans les prochains mois.

Élections branchées en Ouganda

À la suite des plaintes de l'opposition pour des fraudes électorales qui auraient été commises lors d'élections précédentes, la Commission électorale de l'Ouganda a adopté une série de mesures innovantes pour garantir la transparence des scrutins présidentiels et législatifs de février dernier. Ces mesures ont notamment consisté en : l'introduction de cartes biométriques (avec photo et empreintes digitales) pour l'inscription sur les listes électorales; la diffusion en ligne de la liste complète d'inscription; et la mise en ligne d'informations relatives aux bureaux de vote par des SMS envoyés aux électeurs. Un programme en ligne a permis aux scrutateurs locaux de transmettre sans tarder les résultats au centre national de recensement des votes à Kampala.

Lors de l'élection pour la mairie de Kampala, l'une des plus disputées, les candidats ont participé à un débat retransmis en direct à la télévision, à la radio et sur Web. Les journalistes en ont rendu compte en direct sur Twitter et les personnes rassemblées à l'extérieur de la salle du débat ont pu poser des questions directement au modérateur via Facebook ou Twitter. Pour l'élection présidentielle, la Commission électorale a déclaré le Président Yoweri Museveni vainqueur une nouvelle fois, avec 68% des voix.