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Les principaux pays donateurs ont qualifi茅 de "vision audacieuse et lucide" le nouveau programme de d茅veloppement de l'Afrique. Ils se sont engag茅s 脿 renforcer le soutien qu'ils apportent au continent -- sous forme d'assistance, de r茅duction de la dette, d'茅changes commerciaux et d'investissements --, afin que le Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l'Afrique (NEPAD) ait plus de chances de r茅ussir que les initiatives pr茅c茅demment men茅es. Mais 脿 mesure que les promesses semblent toutes s'茅vanouir les unes apr猫s les autres, les Africains continuent 脿 se demander de quel soutien ils b茅n茅ficieront concr猫tement.

Avec plusieurs mois de recul, la r茅union au sommet du Groupe des huit pays industrialis茅s (G-8) organis茅e en juin dernier n'a apparemment pas donn茅 au NEPAD l'impulsion qu'esp茅raient les dirigeants africains. En adoptant le NEPAD l'an dernier, ces derniers ont affirm茅 haut et fort que le d茅veloppement de l'Afrique relevait en premier lieu de la responsabilit茅 des Africains, qui devraient redoubler d'efforts afin de mobiliser davantage de ressources au sein m锚me du continent. Mais 茅tant donn茅 la fragilit茅 des 茅conomies et des soci茅t茅s africaines, ils ont 茅galement reconnu qu'il fallait que l'aide provenant de l'茅tranger -- les "partenariats" -- s'intensifie.

Les dirigeants du G-8 avec les pr茅sidents africains.

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Photo : 漏ONU / Eskinder Debebe

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Les dirigeants des huit pays les plus riches du monde estiment que le "plan d'action pour l'Afrique" qu'ils ont adopt茅 au sommet de Kananaskis (Canada) a jet茅 "de solides bases" de coop茅ration. Le Pr茅sident du Nig茅ria, M. Olusegun Obasanjo, estime pourtant qu'il ne s'agit "que d'un d茅but". Plus sceptique, M. Stephen Lewis, 茅missaire sp茅cial des Nations Unies pour le VIH/sida en Afrique, s'est demand茅 (脿 titre personnel) si les promesses faites relevaient davantage "de belles paroles que de la r茅alit茅".

Il faudra, pour r茅pondre 脿 cette question, savoir si les engagements de l'Afrique et du G-8 seront mis en pratique, a affirm茅 le Secr茅taire g茅n茅ral de l'ONU, Kofi Annan. Si tel est le cas, "Kananaskis deviendrait alors une 茅tape d茅cisive de l'histoire de l'Afrique, voire du monde entier".

Outre M. Obasanjo, trois autres pr茅sidents africains se sont rendus au sommet : Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Abdoulaye Wade (S茅n茅gal) et Abdelaziz Bouteflika (Alg茅rie). C'茅tait la premi猫re fois que le G-8 invitait des participants ne faisant pas partie de ce groupe, ce qui t茅moigne de l'attention que la communaut茅 internationale accorde maintenant 脿 l'Afrique.

En se rendant 脿 Kananaskis, les pr茅sidents africains avaient certaines raisons d'esp茅rer. Un an plus t么t, lors du sommet de G锚nes, le G-8 avait d茅j脿 manifest茅 beaucoup d'int茅r锚t 脿 l'茅gard du NEPAD. Ensuite, lors d'une conf茅rence sur le financement du d茅veloppement organis茅e au Mexique en mars 2002 et parrain茅e par l'ONU, plusieurs dirigeants du G-8, dont le Premier Ministre britannique Tony Blair et le Pr茅sident am茅ricain George Bush, avaient exprim茅 leur volont茅 de former des partenariats plus 茅troits avec l'Afrique, notamment en augmentant l'aide accord茅e.

Mais dans les semaines qui ont pr茅c茅d茅 le sommet de Kananaskis (organis茅 les 26 et 27 juin), les limites de ce soutien sont apparues de plus en plus clairement. Non seulement les promesses d'aide demeuraient nettement inf茅rieures aux besoins de financement de l'Afrique, mais elles compenseraient 脿 peine la diminution constante de l'aide 脿 l'Afrique observ茅e depuis le milieu des ann茅es 90. L'octroi de toute nouvelle somme serait soumis 脿 de strictes conditions et r茅serv茅 aux pays satisfaisant les crit猫res politiques et 茅conomiques du G-8.

Dans ce contexte, les pr茅sidents africains ne sont pas all茅s 脿 Kananaskis en esp茅rant obtenir "une baguette magique de la part de nos partenaires de d茅veloppement", a expliqu茅 le pr茅sident Obasanjo. "Nous maintenons nos attentes 脿 un niveau r茅aliste."

Les dirigeants africains savaient 茅galement qu'ils auraient d'autres occasions de plaider leur cause sur la sc猫ne internationale. Comme l'ont fait remarquer le Pr茅sident Mbeki et M. Annan, le Sommet mondial de Johannesburg sur le d茅veloppement durable permettrait de mettre davantage en lumi猫re les pr茅occupations de l'Afrique (voir听"Le Sommet du d茅veloppement durable permettra de juger de l'engagement du G-8, dit Annan"). Il en irait de m锚me de la session extraordinaire que tiendrait l'Assembl茅e g茅n茅rale des Nations Unies quelques semaines plus tard, fin septembre, pour faire le bilan des dix ann茅es du Nouveau programme des Nations Unies pour le d茅veloppement de l'Afrique dans les ann茅es 90 (voir"Une d茅cennie 'd茅cenvante' pour l'Afrique").

Le NEPAD avalis茅

Comme pr茅vu, le Plan d'action pour l'Afrique du G-8 soutient activement le programme du NEPAD. Pour faciliter la r茅alisation des objectifs du NEPAD, chaque pays membre du G-8 s'est engag茅 脿 茅tablir "des partenariats renforc茅s avec les pays africains dont les performances correspondent aux engagements du NEPAD".

Le Plan d'action pour l'Afrique a pris soin de pr茅ciser que chaque pays du G-8 effectuerait "sa propre 茅valuation" du programme du NEPAD et d茅ciderait des pays africains 脿 aider. Aucun des membres du G-8 ne serait donc tenu de respecter les priorit茅s sp茅cifiques du NEPAD -- ni m锚me celles du plan d'action.

Le plan du G-8 a accord茅 une importance particuli猫re 脿 certaines parties du NEPAD, notamment 脿 celles ayant trait 脿 la bonne gouvernance et 脿 la paix et la s茅curit茅. Les grands investissements publics et priv茅s n茅cessaires dans le domaine des routes, du chemin de fer, du transport a茅rien, des r茅seaux 茅lectriques et d'autres infrastructures physiques -- aspect tr猫s important du NEPAD -- ont 脿 peine 茅t茅 茅voqu茅s. La n茅cessit茅 de diversifier les 茅conomies africaines est une autre priorit茅 du NEPAD qui a 茅t茅 pass茅e sous silence.

En revanche, le G-8 a accueilli avec enthousiasme la d茅cision de plusieurs gouvernements africains de mettre au point un m茅canisme "d'茅valuation intra-africaine", consid茅r茅 comme un "茅l茅ment novateur et potentiellement d茅cisif" du NEPAD. Selon un tel proc茅d茅, appuy茅 par les 15 pays du Comit茅 de mise en oeuvre du NEPAD, les dirigeants africains examineraient et 茅valueraient la conduite de leurs homologues, selon des crit猫res de bonne gouvernance et de performances 茅conomiques. Mais les gouvernements africains ne se sont pas encore accord茅s sur ces normes, et certains d'entre eux doutent du bien-fond茅 de la notion m锚me d'茅valuation intra-africaine.

De nouvelles conditions

Si les Africains se montrent prudents, c'est notamment parce qu'ils craignent que l'茅valuation par les pairs donne aux donateurs une nouvelle occasion d'assortir leur aide de conditions suppl茅mentaires. Le plan du G-8 stipule en effet que "le processus d'茅valuation intra-africaine influencera la prise en consid茅ration [des pays] pouvant b茅n茅ficier de partenariats renforc茅s". Les pays "qui ne satisfont pas encore aux crit猫res du NEPAD" mais s'efforcent de le faire, recevront 茅galement un certain appui. En revanche, le G-8 a indiqu茅 qu'il n'apporterait aucun soutien aux autres gouvernements, 脿 l'exception de secours en cas de crise humanitaire.

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Les promesses d'aide des donateurs ne suffisent toujours pas 脿 r茅pondre aux besoins de l'Afrique.

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Photo : 漏UNICEF / 93-1197 / Cindy Andrew

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Alors que nombre d'Africains voient d茅j脿 d'un mauvais oeil les multiples conditions r茅gissant -- parfois de fa莽on apparemment contradictoire ou arbitraire -- l'octroi d'aide, ces prises de position du G-8 ont suscit茅 de nouveaux d茅bats sur le NEPAD lors de la r茅union inaugurale de l'Union africaine qui s'est tenue 脿 Durban moins de deux semaines plus tard. Le colonel Muammar Kadhafi, dirigeant libyen, a 茅t茅 applaudi par les chefs d'Etat lorsqu'il a d茅clar茅 sans d茅tour : "Nous acceptons l'aide, mais nous refusons les conditions. Nous ne sommes pas des mendiants."

Auparavant, le Pr茅sident Obasanjo avait 茅galement affirm茅 : "Nous devons faire attention 脿 ce que le NEPAD ne soit pas utilis茅 脿 nos d茅pens comme un nouvel instrument de conditionnalit茅s."

L'accueil tr猫s favorable que le G-8 et d'autres pays donateurs ont r茅serv茅 au NEPAD a 茅galement laiss茅 sceptiques certaines associations de la soci茅t茅 civile africaine. En avril, le Conseil pour le d茅veloppement de la recherche en sciences sociales en Afrique et Third World Network-Africa ont affirm茅, dans une d茅claration commune, que bien que le NEPAD revendique ses origines africaines, "il est avant tout ax茅 sur les donateurs 茅trangers, et en particulier les membres du G-8" et qu'il y a donc "au coeur m锚me du plan une orientation 茅conomique n茅o-lib茅rale".

Combien d'aide suppl茅mentaire ?

Au lendemain du sommet du G-8 qui s'est tenu 脿 G锚nes l'an dernier, les dirigeants africains ont d茅clar茅 qu'ils arriveraient au Canada avec une liste de projets du NEPAD pour lesquels ils chercheraient 脿 obtenir des engagements concrets de la part des donateurs. Le Pr茅sident Mbeki a, par exemple, mentionn茅 le projet de construction d'une grande centrale hydro茅lectrique r茅gionale 脿 Inga, sur le fleuve du Congo.

Mais lors du sommet de Kananaskis, le financement de projets n'茅tait plus 脿 l'ordre du jour, certains donateurs ne souhaitant apparemment pas s'engager de fa莽on aussi pr茅cise. Aucun nouveau fonds consacr茅 脿 l'Afrique ne serait cr茅茅, a d茅clar茅 脿 la veille du sommet l'Ambassadeur canadien aupr猫s de l'Organisation des Nations Unies, Robert Fowler. Le G-8, a-t-il indiqu茅, n'adopterait pas de "projets devant 锚tre effectu茅s par des pays ou des groupes de pays, mais seulement des directives g茅n茅rales".

Avant m锚me le sommet, le Canada a essay茅 de persuader d'autres membres du G-8 d'octroyer de nouvelles aides d'un montant important. Le Canada s'est lui-m锚me engag茅 脿 verser 500 millions de dollars canadiens (330 millions de dollars des Etats-Unis) 脿 l'Afrique, et le Premier Ministre britannique, Tony Blair, a d茅clar茅 aux organismes d'aide, juste avant son d茅part pour Kananaskis, que, d'ici 脿 2006, son gouvernement ferait passer 脿 un milliard de livres sterling (1,4 milliard de dollars) le montant de l'aide annuelle 脿 l'Afrique (qui 茅tait d'environ 780 millions de livres en 2000).

D'apr猫s la presse, les dirigeants de l'Allemagne, de la France et de l'Italie ont 茅galement accueilli favorablement l'id茅e d'un engagement important du G-8, mais les Etats-Unis, le Japon et la Russie ont estim茅 qu'ils ne pourraient verser plus que pr茅vu au d茅part en partie 脿 cause de difficult茅s 茅conomiques nationales. Les dirigeants am茅ricains ont par exemple d茅clar茅 que leurs projets pr茅c茅demment annonc茅s d'allouer 500 millions de dollars 脿 la lutte contre la transmission du VIH/sida de la m猫re 脿 l'enfant et 100 millions de dollars 脿 l'茅ducation en Afrique s'inscriraient dans le cadre de l'appui apport茅 par les Etats-Unis au Plan d'action pour l'Afrique.

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"Nous devons faire attention 脿 ce que le NEPAD ne soit pas utilis茅 脿 nos d茅pens comme un nouvel instrument de conditionnalit茅s."
-- Le Pr茅sident du Nig茅ria Olusegun Obasanjo

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Le plan r茅affirme l'engagement pris par les donateurs lors de la conf茅rence du Mexique d'augmenter le montant annuel total de leur aide de 12 milliards de dollars d'ici 脿 2006. Le plan stipule que chaque membre du G-8 d茅cidera lui-m锚me de l'allocation de ces fonds suppl茅mentaires, mais ajoute : "En tablant sur un engagement politique important de la part des pays africains et 茅tant donn茅 l'茅volution r茅cente de l'assistance, nous estimons que la moiti茅 au moins de notre nouvelle aide au d茅veloppement pourrait 锚tre accord茅e aux nations africaines qui gouvernent de fa莽on 茅quitable, investissent en faveur de leur propre peuple et favorisent la libert茅 茅conomique".

En d'autres termes, l'Afrique peut, au mieux, s'attendre 脿 recevoir du G-8 6 milliards de dollars suppl茅mentaires par an (d'ici 脿 2006). Cela repr茅senterait une hausse importante par rapport aux 12,7 milliards que l'Afrique subsaharienne a re莽us en 2000, mais resterait toutefois inf茅rieur au sommet de 18,9 milliards de dollars atteint en 1994, 脿 moins que d'autres donateurs n'augmentent leurs contributions.

D'apr猫s les estimations du programme du NEPAD, pour parvenir 脿 un taux de croissance annuelle de 7 % et r茅duire de moiti茅 d'ici 脿 2015 le nombre de personnes vivant dans la pauvret茅, l'Afrique a besoin chaque ann茅e d'environ 64 milliards de dollars suppl茅mentaires. Les partisans du NEPAD estiment que cette somme pourrait en grande partie 锚tre obtenue en Afrique, gr芒ce 脿 la hausse des recettes 脿 l'exportation et des investissements 茅trangers et 脿 l'inversion de la fuite des capitaux. Mais certains dirigeants africains esp茅raient 茅galement recevoir de 10 脿 12 milliards d'aide suppl茅mentaire par an.

Malgr茅 leurs difficult茅s 茅conomiques, les pays du G-8 ont montr茅 qu'ils pouvaient mobiliser des fonds bien plus importants s'ils le souhaitaient vraiment. Lors du sommet de Kananaskis, ils se sont engag茅s 脿 verser, ensemble, 20 milliards de dollars pour aider la Russie 脿 d茅manteler son arsenal nucl茅aire et 脿 allouer 20 milliards de dollars 茅galement 脿 la lutte contre le terrorisme.

A propos de la difficult茅 de mobiliser des fonds pour lutter contre le sida en Afrique et ailleurs, M. Lewis s'est interrog茅 : "Pourquoi la guerre contre le terrorisme est-elle sacro-sainte et la guerre contre le sida 茅quivoque ?"

Dette : la m锚me routine

La section du plan du G-8 consacr茅e 脿 la r茅duction de la dette est parmi les plus courtes du document. Il n'y est question que de l'initiative en faveur des Pays pauvres tr猫s endett茅s (PPTE), lanc茅e en 1996 par la Banque mondiale et le Fonds mon茅taire international (FMI). Il y est mentionn茅 que, dans le cadre de l'initiative PPTE, 22 pays africains remplissant actuellement les conditions n茅cessaires b茅n茅ficieront d'une r茅duction d'environ deux tiers de leur dette.

Les pays africains ont dans l'ensemble accueilli favorablement l'initiative PPTE, tout en estimant qu'elle 茅tait d'une port茅e trop restreinte et ne d茅bouchait pas assez rapidement sur des r茅ductions concr猫tes de la dette. En d茅cembre 2001, seuls 10 pays avaient pu b茅n茅ficier de la suspension d'une partie du service de leur dette dans le cadre de l'initiative, et, en avril 2002, seuls quatre d'entre eux avaient v茅ritablement eu droit 脿 une r茅duction importante de leurs dettes.

Le Plan d'action pour l'Afrique ne comporte qu'un nouvel 茅l茅ment : les pays du G-8 s'engagent 脿 "financer leur part" du d茅ficit du fonds d'affectation sp茅ciale de l'initiative PPTE. Cr茅茅 en vue d'aider les pays concern茅s 脿 r茅duire les sommes qu'ils doivent 脿 la Banque mondiale et au FMI, ce fonds dispose actuellement d'un budget inf茅rieur d'un milliard de dollars 脿 ses besoins.

Lors du sommet, le Pr茅sident Obasanjo a laiss茅 entendre que l'Afrique s'attendait 脿 mieux et que les mesures prises en mati猫re d'endettement permettraient d'茅valuer l'engagement du G-8: "Nous ne demandons pas une annulation pure et simple de la dette, mais nous vous enjoignons, au nom du partenariat que nous essayons de construire, et dans l'int茅r锚t de notre humanit茅 commune, d'examiner la question de la dette et d'y rem茅dier au cas par cas."

Les militants africains favorables 脿 l'annulation de la dette se sont montr茅s plus critiques. A Kananaskis, Neville Gabriel, repr茅sentant de Jubil茅 Afrique du Sud, a d茅clar茅 que le plan du G-8 n'apportait aucun progr猫s sur le plan de l'endettement. Constatant que l'initiative PPTE n'avait pour l'instant r茅duit que d'un cinqui猫me environ la dette des pays pouvant en b茅n茅ficier, il a affirm茅 sans 茅quivoque que "l'initiative avait 茅chou茅". M. Gabriel et Mme Njoki Njehu Njoroge, qui dirige le r茅seau 50 Years Is Enough bas茅 脿 Washington, pr茅conisent une annulation pure et simple de la dette.

Un "r茅gime commercial plus juste"

Les dirigeants africains ont rappel茅 qu'ils ne voulaient pas continuer 脿 d茅pendre de l'aide ext茅rieure ou de pr锚ts qui viennent alourdir leur endettement. L'Afrique est r茅solue 脿 "tourner le dos 脿 la mendicit茅", a d茅clar茅 le Pr茅sident Mbeki 脿 la veille du sommet. Et l'un des meilleurs moyens d'y parvenir, estiment les Africains, consiste 脿 augmenter les recettes 脿 l'exportation.

Malheureusement, les cours mondiaux d'une grande partie des denr茅es, minerais et autres produits de base que vend le continent 脿 l'茅tranger ont consid茅rablement chut茅 ces derni猫res ann茅es. Avant de pouvoir 锚tre vendus sur les march茅s lucratifs du Nord, les mati猫res premi猫res et les produits finis de l'Afrique se heurtent 脿 de nombreux obstacles.

A Kananaskis, le Pr茅sident Mbeki et ses coll猫gues ont continu茅 脿 exiger que les produits africains b茅n茅ficient d'un meilleur acc猫s aux march茅s. Le G-8 s'est engag茅 脿 aller dans ce sens, sans pour autant faire de nouvelles propositions. Il a surtout mentionn茅 les n茅gociations en cours au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et a promis de tenir compte des "circonstances propres aux pays en d茅veloppement, notamment 脿 l'Afrique".

Le G-8 s'est ainsi engag茅 脿 "r茅duire consid茅rablement les subventions nationales qui faussent les 茅changes commerciaux" dans les pays industrialis茅s. Ces subventions, en particulier dans le secteur agricole, ont tendance 脿 faire baisser les cours mondiaux et emp锚chent les agriculteurs africains de s'imposer sur les march茅s mondiaux (voir Point de vue, ci-contre).

L'Union europ茅enne refuse cependant de r茅duire les subventions tr猫s importantes qu'elle verse aux exploitants agricoles europ茅ens. Et, dans le courant du mois qui a pr茅c茅d茅 le sommet du G-8, les Etats-Unis ont fortement augment茅 leurs subventions agricoles. Les agriculteurs am茅ricains re莽oivent chacun 21 000 dollars par an de subventions en moyenne, et les agriculteurs europ茅ens 16 000 dollars, soit bien plus que le revenu annuel par habitant des agriculteurs d'Afrique et d'autres pays en d茅veloppement.

"Comment pouvez-vous d'une part promettre un r茅gime commercial lib茅ralis茅 tout en accordant d'autre part des subventions agricoles nationales [aussi 茅lev茅es] ?", s'est exclam茅 M. Lewis. "Vous indiquez clairement 脿 l'Afrique que le nouveau cycle de n茅gociations commerciales de l'OMC est une illusion machiav茅lique."

Au Burkina Faso, l'un des plus grands exportateurs de coton de l'Afrique de l'Ouest, le Ministre de l'agriculture, Salif Diallo, a d茅clar茅 fin juillet : "Tant que les agriculteurs du Nord continueront d'锚tre subventionn茅s de la sorte, nous ne pourrons pas rivaliser sur le march茅 mondial du coton." Le pr茅sident de la principale association de producteurs de coton du Burkina, Fran莽ois Traor茅, a 茅galement affirm茅 que les pays du Nord "devraient arr锚ter de nous parler des difficult茅s de r茅duire la pauvret茅", car leurs subventions "contribuent pour beaucoup 脿 la d茅t茅rioration de nos revenus".

Face 脿 ces difficult茅s, le Pr茅sident Mbeki a indiqu茅 que pour que le programme africain du NEPAD ait une chance de r茅ussir, il sera tout aussi important "d'instaurer un r茅gime commercial plus juste" que de "red茅finir le syst猫me de l'aide".

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