51吃瓜

Dans la ville s茅n茅galaise de Thi猫s, une nouvelle entreprise, "Senbus", assemble des autobus 脿 30 si猫ges destin茅s aux march茅s nationaux et r茅gionaux. Les premi猫res machines produites par cette usine de montage de v茅hicules, qui est la premi猫re du S茅n茅gal, sont sorties de l'usine en septembre 2003 gr芒ce 脿 un partenariat entre investisseurs s茅n茅galais et Tata International, l'une des soci茅t茅s les plus importantes de l'Inde.

Cette usine est un "fier symbole de coop茅ration Sud-Sud", a d茅clar茅 le Ministre d'Etat indien, Digvijay Singh, lors de la c茅r茅monie d'inauguration. Le Pr茅sident du S茅n茅gal, Abdoulaye Wade, a f茅licit茅 le gouvernement indien "d'avoir su convaincre le secteur priv茅 indien d'investir au S茅n茅gal, pays fr猫re". Il a not茅 que les initiatives de ce type allaient dans le sens des priorit茅s du Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l'Afrique (NEPAD), qui accorde beaucoup d'importance 脿 la collaboration entre pays africains et non-africains. "Allez, le secteur priv茅 africain!" a d茅clar茅 le Pr茅sident Wade 脿 la fin de son discours. "Vive la coop茅ration entre le S茅n茅gal et l'Inde!"

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Des techniciens indiens expliquent un proc茅d茅 de fabrication 脿 des participants africains, dans un atelier 茅thiopien.

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Photo : 漏PNUD / I. Rajeswary

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Senbus n'est qu'un exemple parmi d'autres des 茅changes entre le S茅n茅gal et l'Inde. Cette ann茅e, l'entreprise industrielle la plus importante du S茅n茅gal, une entreprise de fabrication de produits chimiques, devrait exporter pour 155 millions de dollars d'acide phosphorique dans ce pays. De son c么t茅, le Gouvernement indien forme des techniciens et des cadres s茅n茅galais et appuie des projets concernant le riz, le coton, l'茅nergie solaire et les nouvelles technologies de l'information. Il 茅tudie 茅galement les possibilit茅s de construction d'une ligne de chemin de fer entre le nord et le sud du S茅n茅gal.

Les relations de plus en plus importantes entre le S茅n茅gal et l'Inde sont r茅v茅latrices d'une tendance g茅n茅rale. Dans toute l'Afrique, on voit de plus en plus de pays nouer de nouvelles relations avec des pays en d茅veloppement d'Asie. Les exemples sont nombreux:

-- Kampala, la capitale de l'Ouganda, accueille sur son territoire un Centre d'affaires malaisien, 茅tabli sous l'茅gide d'entreprises malaisiennes afin d'茅tudier les possibilit茅s d'茅changes commerciaux et d'investissements entre les deux pays.

-- La Chine dispose de 11 centres de ce type 脿 travers l'Afrique et, ces trois derni猫res ann茅es, elle a offert plus de 7 000 bourses d'茅tudes 脿 des Africains.

-- Quelque 2 000 experts en agriculture et en s茅curit茅 alimentaire vietnamiens proposent des formations au B茅nin, 脿 Madagascar, en R茅publique du Congo et au S茅n茅gal

-- En 2001, l'Afrique du Sud a enregistr茅 5,7 milliards de dollars d'茅changes avec les pays en d茅veloppement d'Asie, soit 12 % de son total mondial (19 % si l'on prend en compte le Japon).

-- La m锚me ann茅e, la Guin茅e-Bissau a r茅alis茅 plus de la moiti茅 de l'ensemble de ses recettes d'exportation avec l'Asie, essentiellement gr芒ce 脿 ses ventes de noix de cajou en Inde et en Tha茂lande.

Les pays d'Asie ont 茅galement largement contribu茅 aux tentatives de r猫glement des conflits arm茅s en Afrique. Les pays d茅velopp茅s h茅sitant 脿 affecter des troupes aux missions de maintien de la paix de l'ONU, les arm茅es d'Asie ont pris la rel猫ve. Quand l'ann茅e 2004 a commenc茅, il y avait 15 375 soldats, observateurs militaires et policiers asiatiques affect茅s aux six missions de maintien de la paix de l'ONU en cours en Afrique, repr茅sentant 43 % des effectifs totaux. En Sierra Leone, les soldats de la paix asiatiques repr茅sentent plus de la moiti茅 des troupes.

Il y a dix ans seulement, l'Asie occupait une place bien moins importante aux yeux des Africains. "Auparavant, pour des raisons historiques, nous ne nous int茅ressions qu'aux pays occidentaux", a not茅 M. Kheri Iddi Milao, chef par int茅rim du Bureau des affaires 茅trang猫res de Zanzibar, en Tanzanie. "Ce n'est maintenant plus le cas. Nous avons le regard tourn茅 vers l'Asie."

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Un soldat malaisien en Afrique听: 43听% des casques bleus en Afrique viennent d'Asie.

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Photo : 漏ONU / Evan Schneider

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Et l'Asie, elle, regarde vers l'Afrique. "Dans notre monde actuel qui devient de plus en plus petit, l'Afrique est un voisin de plus en plus proche", a d茅clar茅 M. Tan Sri Bernard Giluk Dompok, ministre aupr猫s du Premier Ministre de la Malaisie, lors de la troisi猫me Conf茅rence internationale de Tokyo sur le d茅veloppement de l'Afrique (TICAD). La cr茅ation de liens plus solides entre les deux r茅gions a 茅t茅 l'un des th猫mes principaux de la conf茅rence qui s'est tenue du 29 septembre au 1er octobre 2003.

L'esprit de Bandung

D'un point de vue historique, les liens entre l'Afrique et l'Asie ne sont pas nouveaux. Pendant des si猫cles il y eut d'importantes migrations et relations d'un c么t茅 脿 l'autre de l'oc茅an Indien. Les 茅changes commerciaux et autres relations 茅conomiques entre l'Afrique et l'Asie "existaient bien avant le colonialisme", a not茅 le Ministre namibien du commerce et de l'industrie, Jesaya Nyamu, au cours d'une visite au Viet Nam en mai 2003. "C'est l'assujettissement colonial du XIXe si猫cle qui a bris茅 cette relation harmonieuse."

Face au colonialisme, les questions politiques sont pass茅es au premier plan alors que les militants anticoloniaux des deux continents commenc猫rent 脿 entrer en contact les uns avec les autres dans les premi猫res d茅cennies du XXe si猫cle. Tout de suite apr猫s la Seconde Guerre mondiale, plusieurs pays d'Asie acquirent leur ind茅pendance politique. Par solidarit茅, ils se firent les chantres de la libert茅 en Afrique, la majorit茅 du continent 茅tant alors encore sous domination coloniale. C'est dans cet esprit que se tint la premi猫re conf茅rence afro-asiatique 脿 Bandung (Indon茅sie), en 1955.

Dans la perspective du cinquanti猫me anniversaire de cette conf茅rence, les Ministres des affaires 茅trang猫res de l'Indon茅sie et de l'Afrique du Sud, auxquels se sont associ茅s des repr茅sentants de 41 autres pays, se sont r茅unis 脿 nouveau 脿 Bandung deux mois avant la r茅union de la TICAD. Les participants ont not茅 que, bien que les deux r茅gions aient r茅alis茅 de nombreux progr猫s au fil des ann茅es, en particulier dans le domaine politique, elles continuent 脿 avoir en commun des probl猫mes insurmontables au niveau du d茅veloppement 茅conomique et social. "En d茅pit des possibilit茅s qu'offre la mondialisation, a conclu le communiqu茅 final, les pays d'Asie et d'Afrique continuent d'锚tre marginalis茅s."

Mod猫les 茅conomiques 脿 l'heure de la mondialisation

Le succ猫s relatif avec lequel certains pays d'Asie, en particulier les "tigres" d'Asie de l'Est en voie d'industrialisation, n茅gocient les subtilit茅s de la mondialisation captive depuis longtemps les dirigeants africains. Au cours des d茅bats des ann茅es 80 et 90 sur la politique 脿 mener dans le cadre des r茅formes d'ajustement structurel en Afrique, les ministres africains ont souvent soulign茅 l'importance du r么le que jouent sur le plan 茅conomique les gouvernements en Asie de l'Est. Ceci, 脿 la diff茅rence du "consensus de Washington" invoqu茅 par la Banque mondiale, le Fonds mon茅taire international et d'autres organismes donateurs qui exigeaient une vaste lib茅ralisation et une r茅duction du r么le de l'Etat.

Au milieu des ann茅es 90, certains des organismes donateurs commenc猫rent 脿 reconna卯tre que les politiques vigoureuses du secteur public avaient effectivement contribu茅 脿 la croissance 茅conomique "miracle" de l'Asie de l'Est. Ils commenc猫rent 茅galement 脿 admettre que la lib茅ralisation des march茅s avait ses limites et qu'il importait de renforcer les moyens de l'Etat en Afrique.

Lors de la conf茅rence de la TICAD, plusieurs participants africains ont indiqu茅 que s'ils souhaitaient renforcer leurs liens avec le continent asiatique, c'茅tait notamment 脿 cause du pouvoir d'attraction que le mod猫le de d茅veloppement asiatique exer莽ait sur eux. Gr芒ce 脿 la facult茅 qu'a l'Asie d'茅tablir des partenariats solides entre les secteurs public et priv茅, a not茅 le Ministre kenyan de la planification et du d茅veloppement national, Peter Anyang' Nyong'o, "les pays d'Asie ont pu faire d'immenses progr猫s dans le domaine du d茅veloppement".

"Etant donn茅 que nos deux continents, l'Afrique et l'Asie, sont confront茅s 脿 la mondialisation 脿 l'heure o霉 d'importantes pressions s'exercent en faveur de la lib茅ralisation, a ajout茅 M. Nyong'o, l'Afrique peut tirer bien des enseignements de ce qui s'est pass茅 en Asie."

Le Premier Ministre de l'Ethiopie, Meles Zenawi, a not茅 qu'脿 l'茅poque de la premi猫re conf茅rence de la TICAD qui s'est tenue en 1993, l'Afrique proc茅dait 脿 des r茅formes 茅conomiques et politiques conform茅ment aux directives du consensus de Washington. Cela dit, le processus de la TICAD a, depuis, "mis en place un nouveau mod猫le de d茅veloppement qui s'inspire de l'exp茅rience r茅ussie de nombreux pays d'Asie de l'Est dans le domaine du d茅veloppement et a ainsi contribu茅 脿 augmenter le nombre d'outils dont disposent les praticiens africains du d茅veloppement".

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"Amiti茅 Gabon-Chine": Le Pr茅sident de la Chine, Hu Jintao, s'est rendu en Afrique en f茅vrier.

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Photo : 漏AFP / Getty Images / Desirey Minkoh

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Le Ministre malaisien, M. Dompok, a d茅clar茅 dans une interview avec Afrique Relance que son pays visait 脿 partager concr猫tement ces connaissances. Les stages de formation technique 脿 l'intention des praticiens africains mettent 脿 profit la longue exp茅rience que la Malaisie a de la planification du d茅veloppement et, en particulier, la collaboration 茅troite qui peut exister entre les pouvoirs publics et le secteur priv茅, sans pour autant que "les besoins sociaux de la population" ne soient rel茅gu茅s au second plan.

Une aide "non assortie de conditions"

Apr猫s la visite au Gabon d茅but f茅vrier du Pr茅sident de la Chine, Hu Jintao, le Pr茅sident du Gabon, Omar Bongo, a mis l'accent sur l'une des autres raisons pour lesquelles les pays africains appr茅cient l'aide que leur fournit l'Asie. "Il me semble que l'aide que certains pays fournissent est une aide li茅e", a-t-il not茅, soulignant l'habitude qu'ont de nombreux organismes donateurs du Nord de subordonner leur aide 脿 l'achat de biens en provenance du pays donateur ou 脿 la mise en oeuvre de r茅formes pr茅cises. En revanche, a ajout茅 M. Bongo, "la coop茅ration avec la Chine se fait sans conditions, dans le respect mutuel et avec consid茅ration pour la diversit茅".

Toutefois, 脿 l'exception du Japon (voir encadr茅, page 22), la plupart des pays d'Asie jouent un r么le secondaire en ce qui concerne la fourniture d'aide 脿 l'Afrique, vu qu'ils font eux-m锚mes face 脿 de graves probl猫mes financiers. S'ils sont 脿 m锚me d'offrir une aide 茅trang猫re, ils en accordent la majeure partie 脿 d'autres pays d'Asie avec lesquels ils entretiennent des relations politiques et 茅conomiques plus strat茅giques.

Malgr茅 ces contraintes, le dynamisme de certaines 茅conomies asiatiques semble avoir eu pour cons茅quence une augmentation de leur aide. La R茅publique de Cor茅e, par exemple, a plus que doubl茅 le total de son aide 茅trang猫re entre 1995 et 2002 en la faisant passer de 116 millions de dollars 脿 279 millions. Sur ces 279 millions, la somme modique de 5 millions de dollars est all茅e 脿 l'Afrique subsaharienne qui, toutefois, avait re莽u 9 millions de dollars l'ann茅e pr茅c茅dente et l'Angola a figur茅 parmi les 10 pays b茅n茅ficiant de l'aide la plus importante qu'offre la Cor茅e.

On sait que la Chine offre une aide importante 脿 certains pays d'Afrique mais elle ne publie pas de donn茅es sur le montant de cette aide. Par ailleurs, la Chine a annul茅 1,3 milliard de dollars environ de la dette que lui devaient 31 pays d'Afrique.

En 2003, l'Inde a cr茅茅 un nouveau Fonds Inde-Afrique qui a pour objectif d'allouer jusqu'脿 200 millions de dollars de cr茅dits 脿 divers projets destin茅s 脿 favoriser l'int茅gration 茅conomique de l'Afrique dans le cadre du NEPAD.

Conseils pratiques

En g茅n茅ral, les pays d'Asie s'attachent 脿 offrir aux Africains des comp茅tences et un acc猫s aux technologies. Ceci peut se faire notamment par le biais de bourses d'茅tudes et de stages de formation sp茅cialis茅e permettant aux Africains d'茅tudier en Asie. Souvent, cela suppose 茅galement l'envoi d'experts asiatiques qui aident 脿 former des agriculteurs, des p锚cheurs, des petits entrepreneurs et d'autres producteurs et leur enseignent de nouvelles techniques pour qu'ils puissent am茅liorer leur productivit茅 et leur efficacit茅.

Il y a longtemps que l'Inde a montr茅 la voie dans ce domaine. En 1964, elle a mis en place un programme de coop茅ration technique et 茅conomique qui a form茅 plus de 10 000 Africains dans des 茅tablissements indiens dans des domaines tels que la mise en valeur des petites industries, l'agriculture, les nouvelles technologies de l'information, la gestion financi猫re, la diplomatie et la planification de l'emploi. Ces derni猫res ann茅es, ce programme a form茅 plus de 1 000 personnes par an, des Africains pour la plupart. Il a 茅galement assist茅 des projets en Afrique m锚me, notamment un centre de d茅veloppement de l'esprit d'entreprise au S茅n茅gal et un centre de d茅monstration de la technologie des plastiques en Namibie.

Apr猫s l'Afrique du Sud, c'est en Inde qu'il y a le plus de personnes dans le monde vivant avec le VIH/sida et, l'Inde ayant d茅j脿 une industrie pharmaceutique d茅velopp茅e, elle est devenue l'un des premiers fabricants dans le monde de m茅dicaments g茅n茅riques peu co没teux permettant de lutter contre la maladie. Les soci茅t茅s indiennes collaborent maintenant avec les entreprises pharmaceutiques sud-africaines afin de fournir des m茅dicaments antir茅troviraux 脿 bas prix.

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Le Ministre sud-africain des affaires 茅trang猫res, Nkosazana Dlamini-Zuma, avec son homologue indien, Yashwant Sinha : les deux pays collaborent afin d'茅largir l'acc猫s aux m茅dicaments contre le sida.

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Photo : 漏AFP / Getty Images / Raveendran

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La Chine, plus grand pays en d茅veloppement du monde, entretient depuis longtemps des liens multiples avec l'Afrique. Elle a notamment fourni 65听000 ouvriers contractuels chinois au fil des ans 脿 divers pays d'Afrique, comme cela a 茅t茅 le cas dans les ann茅es 70 quand il a fallu construire le chemin de fer qui relie la Tanzanie 脿 la Zambie. La Chine continue 脿 envoyer de la main-d'oeuvre en Afrique mais en accordant maintenant une plus grande importance aux capacit茅s intellectuelles. Alors qu'il se trouvait 脿 Addis-Abeba (Ethiopie), au milieu du mois de d茅cembre 2003, 脿 l'occasion d'un Forum sur la coop茅ration sino-africaine, le Premier Ministre chinois, Wen Jiabao, a annonc茅 que son gouvernement comptait faire passer 脿 10听000 le nombre d'Africains qu'il forme 脿 diverses professions -- au lieu de 7听000 comme c'茅tait le cas ces trois derni猫res ann茅es.

Par ailleurs, les institutions et entreprises publiques chinoises appuient des projets sur le terrain dans des douzaines de pays africains. En Tanzanie, par exemple, la China State Farm and Agribusiness Corporation a remis en 茅tat deux exploitations de sisal. "La terre est fertile mais il fallait, pour la cultiver, une technologie et des m茅thodes de gestion modernes, a expliqu茅 M. Han Xiangshan, le directeur des projets agricoles de la soci茅t茅 en Afrique. Nous avons une grande exp茅rience de la plantation et du traitement du sisal. . . et nous avons fait venir nos meilleurs techniciens." A pr茅sent ces exploitations de sisal sont consid茅r茅es comme 茅tant les mieux g茅r茅es de Tanzanie, et elles ont permis d'am茅liorer les revenus de centaines de r茅sidents locaux.

C'est en 1981 que la Malaisie a mis en place le Programme de coop茅ration technique malaisien. Il propose 脿 pr茅sent tous les ans plus de 90 stages dans des institutions malaisiennes. Entre le moment o霉 ce programme a d茅but茅 et le milieu de l'ann茅e 2003, quelque 2 000 participants venus de 46 pays d'Afrique y ont pris part. Selon M. Dompok, ces stages s'attachent principalement 脿 transf茅rer des connaissances techniques et 脿 am茅liorer les capacit茅s en mati猫re de gestion et de planification. Son pays a envoy茅 des experts dans la province principalement rurale du Nord de l'Afrique du Sud pour qu'ils contribuent au renforcement des programmes locaux de microcr茅dit, montrant ainsi, a-t-il indiqu茅, "comment on peut faire appel 脿 l'exp茅rience pour r茅soudre certains des probl猫mes". Il a ajout茅 que la Malaisie pourra, en contrepartie, tirer des enseignements des exp茅riences de l'Afrique.

Le Viet Nam poss猫de un dispositif d'aide "triangulaire" aux termes duquel il fournit environ 2听000 experts agricoles 脿 plusieurs pays d'Afrique, les frais 茅tant pris en charge par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Par ailleurs, le Viet Nam fournit des centaines d'autres experts techniques, des conseillers p茅dagogiques et des m茅decins 脿 une vingtaine de pays africains -- l'Alg茅rie et l'Angola figurant en t锚te.

Dans le but d'am茅liorer la coop茅ration avec l'Afrique, le gouvernement a organis茅 un forum de coop茅ration et de d茅veloppement Viet Nam-Afrique 脿 Hanoi en mai 2003. Au cours de ce forum, le Vice-ministre de l'agriculture Bui Ba Bong, a not茅 que les conseillers vietnamiens qui se rendent en Afrique ne se contentent pas d'y apporter une exp茅rience pratique adapt茅e aux probl猫mes de d茅veloppement de l'Afrique ; ils 茅tablissent aussi un bon rapport avec les populations rurales et font preuve "d'endurance face aux difficult茅s que pr茅sentent les conditions de vie et de travail".

Les possibilit茅s d'investissement

L'Asie s'int茅resse actuellement de plus en plus aux possibilit茅s d'investissement qui existent en Afrique, ce dont profite le continent. En raison de l'importance des taux de profit que les investisseurs 茅trangers peuvent r茅colter en Afrique -- ainsi que des am茅liorations qui ont 茅t茅 apport茅es aux codes d'investissement de l'Afrique, de la privatisation des entreprises d'Etat et de la lib茅ralisation de la gestion 茅conomique -- les investissements asiatiques ont commenc茅 脿 augmenter au d茅but des ann茅es 90.

Des soci茅t茅s 茅tablies en R茅publique de Cor茅e, par exemple, ont investi 214 millions de dollars dans diverses entreprises africaines entre 1992 et 1995, et les soci茅t茅s malaisiennes ont fait passer leurs investissements en Afrique de 3,2 millions de dollars en 1992 脿 30,3 millions en 1996. La crise financi猫re asiatique de 1997-98 a entra卯n茅 une interruption momentan茅e de certains flux d'investissement asiatiques en Afrique mais, comme plusieurs 茅conomies asiatiques dominantes n'ont pas tard茅 脿 se redresser, les investissements ont suivi.

Le g茅ant p茅trolier malaisien Petronas a maintenant des entreprises de production ou de prospection p茅troli猫res dans une douzaine de pays africains et, notamment, une participation de 35 % dans le consortium qui a commenc茅 脿 pomper du p茅trole l'ann茅e derni猫re dans le gisement p茅trolier de Doba dans le Sud du Tchad, apr猫s avoir construit un ol茅oduc de 1 000 kilom猫tres 脿 travers le Cameroun. Selon M. Dompok, Petronas exploite 茅galement 脿 l'heure actuelle quelque 1 600 stations-service en Afrique du Sud et au Botswana.

Les soci茅t茅s malaisiennes interviennent notamment dans les secteurs des t茅l茅communications au Ghana, en Guin茅e, au Malawi et en Afrique du Sud, dans la production d'huile de palme au Gabon, dans le secteur bancaire au Mozambique et dans le tourisme aux Seychelles. En 2001, une soci茅t茅 malaisienne s'est mise 脿 investir dans un grand complexe de textiles et de v锚tements dans une banlieue de Windhoek, capitale de la Namibie, et a commenc茅 脿 exporter des textiles vers le march茅 am茅ricain l'ann茅e suivante. Au fur et 脿 mesure que ce projet prend de l'ampleur -- les investissements devant 脿 terme atteindre 185 millions de dollars -- il pourrait cr茅er plusieurs milliers d'emplois dans la r茅gion.

Une d茅l茅gation importante d'hommes d'affaires chinois a particip茅 au forum sur la coop茅ration sino-africaine qui s'est tenu 脿 Addis-Abeba en d茅cembre 2003 et, 脿 cette occasion, 17 soci茅t茅s chinoises ont pass茅 avec leurs homologues africains des accords d'une valeur totale de 460 millions de dollars. Auparavant, plus de 600 entreprises chinoises avaient d茅j脿 des activit茅s industrielles, agricoles et commerciales dans 49 pays d'Afrique.

L'autre grande 茅conomie en d茅veloppement de l'Asie, l'Inde, a 茅galement beaucoup investi en Afrique. En 2002, les entreprises indiennes avaient investi un montant total de 330 millions de dollars dans 43 projets, en Egypte seulement. Les soci茅t茅s indiennes ont des participations dans des entreprises de produits chimiques au Maroc et en Tanzanie, dans une mine de cuivre en Zambie, dans des exploitations p茅troli猫res 脿 Maurice et 脿 Madagascar et dans les t茅l茅communications et les textiles au Malawi. En Ouganda, l'Inde est 脿 pr茅sent la troisi猫me source d'investissement 茅tranger direct (apr猫s le Royaume-Uni et le Kenya).

En 2003, l'entreprise publique indienne, Oil and Natural Gas Corporation, a fait de nouveaux investissements dans la prospection et la production de p茅trole au Soudan et a remport茅 des contrats de construction d'un ol茅oduc de 720 kilom猫tres et de modernisation d'une raffinerie de p茅trole. Les investissements faits cette ann茅e-l脿 au Soudan par l'entreprise se sont chiffr茅s 脿 1,6 milliard de dollars -- somme 茅norme pour un pays africain quel qu'il soit, 茅tant donn茅 que l'ensemble des investissements 茅trangers sur le continent tout entier n'avait atteint que 11 milliards de dollars l'ann茅e pr茅c茅dente.

Les regards se tournent vers les march茅s asiatiques

Pour les exportateurs africains, l'Asie est un 茅norme march茅 qu'ils commencent seulement 脿 exploiter. Les entreprises asiatiques, pour leur part, commencent 脿 茅tudier de mani猫re plus syst茅matique les moyens de vendre leurs produits en Afrique, en particulier dans les pays qui ont connu une forte croissance 茅conomique. Les relations commerciales entre les deux continents sont donc d茅termin茅es par un int茅r锚t mutuel.

Entre 1995 et 2001, le commerce total entre l'Afrique et les pays en d茅veloppement d'Asie a augment茅 de pr猫s de 50 %, passant de 20,9 milliards de dollars 脿 30,1 milliards. Au cours de cette p茅riode, les importations d'Asie aussi bien que les exportations en direction de ce continent ont augment茅. La crise financi猫re asiatique a entra卯n茅 une baisse des exportations africaines en Asie en 1998, 茅tant donn茅 que la demande avait pratiquement disparu dans plusieurs 茅conomies dominantes d'Asie. Mais les exportations africaines ont repris leur croissance l'ann茅e suivante. Elles sont en grande partie destin茅es aux deux plus grands march茅s d'Asie, l'Inde et surtout la Chine (). Pendant les neuf premiers mois de l'ann茅e 2003, le total des 茅changes commerciaux entre la Chine et l'Afrique a atteint 13,4 milliards de dollars, d茅passant ainsi le chiffre record de 12, 4 milliards enregistr茅 pour l'ensemble de l'ann茅e 2002.

Certains pays d'Asie moins importants sur le plan 茅conomique ont 茅galement vu leur commerce avec l'Afrique augmenter consid茅rablement. Le commerce de la Malaisie avec le continent a tripl茅, passant de 423 millions de dollars en 1993 脿 1,4 milliard en 2002. Celui du Viet Nam a d茅cupl茅 entre 1991 et 2002, passant de 15 millions de dollars seulement 脿 200 millions environ. Les 茅changes de la R茅publique de Cor茅e avec l'Afrique n'ont pratiquement pas 茅volu茅 mais sont rest茅s 茅lev茅s, se chiffrant en moyenne 脿 plus de 5,6 milliards de dollars par an entre 1995 et 2001.

Photo : 漏Das Fotoarchiv / Ron Gilling

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En tant que source d'importations pour l'Afrique, les pays d'Asie sont souvent en mesure d'offrir du mat茅riel industriel, des engrais et des biens de consommation 脿 des prix bien inf茅rieurs 脿 ceux que les partenaires commerciaux habituels de l'Afrique -- ceux du Nord -- lui proposent. L'Inde, par exemple, qui est l'une des cinq principales sources d'importations de la Tanzanie, vend surtout des m茅dicaments, des moyens de transport, des biens de consommation, des mat茅riaux de construction, des textiles et des produits sid茅rurgiques. A "Viet Nam Town", un quartier de Luanda, les Angolais peuvent facilement se procurer des motocyclettes, des produits en acier, des produits 茅lectroniques, des v锚tements, des mat茅riaux de construction et d'autres produits vietnamiens.

La comp茅titivit茅 des marchandises asiatiques pr茅sente toutefois aussi des inconv茅nients pour l'Afrique. Lorsque les march茅s africains sont inond茅s par des textiles ou du riz 脿 bas prix en provenance d'Asie, les producteurs locaux subissent souvent un pr茅judice car ils doivent vendre leurs propres produits 脿 prix r茅duit. Ils estiment que la lib茅ralisation du commerce les a soumis 脿 une concurrence 茅trang猫re d茅loyale et demandent instamment 脿 leurs gouvernements de pr茅lever des taxes plus 茅lev茅es sur ces importations afin de prot茅ger les producteurs africains.

Les exportateurs africains se plaignent aussi que certains pays d'Asie subventionnent leur production agricole et ont ainsi un avantage concurrentiel sur les march茅s mondiaux, ce qui est rarement le cas des Africains. De m锚me, ils critiquent le maintien des droits de douane et autres obstacles au commerce qui entravent la vente de marchandises africaines sur les march茅s asiatiques. Lors de la conf茅rence de la TICAD 脿 Tokyo, M. Nyong'o, Ministre kenyan de la planification, a not茅 que "pour que l'Afrique parvienne 脿 une croissance 茅conomique durable r茅elle, il faut accro卯tre l'acc猫s des produits africains aux march茅s du Japon et d'autres pays d'Asie".

Certains responsables asiatiques ont r茅agi favorablement 脿 ces propos. Lors du forum sino-africain qui s'est tenu en Ethiopie, le Premier Ministre chinois Wen Jiabao s'est engag茅 脿 "ouvrir davantage le march茅 chinois et 脿 accorder 脿 certaines marchandises des pays les moins avanc茅s d'Afrique un acc猫s au march茅 en franchise de droits". M. Dompok, le Ministre malaisien, a fait observer 脿听Afrique Relance听que les Africains demandaient simplement 脿 avoir un meilleur acc猫s aux march茅s. "C'est ainsi, a-t-il not茅, que l'on aidera le mieux les Africains 脿 茅couler leurs produits."

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Le Japon : une "passerelle" entre l'Asie et l'Afrique

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Avec son 茅conomie qui est la deuxi猫me du monde, le Japon exerce une influence importante sur la sc猫ne mondiale, notamment en 茅tant l'un des plus importants donateurs bilat茅raux pour les pays en d茅veloppement. Selon les chiffres publi茅s au d茅but de l'ann茅e 2004 par l'Organisation de coop茅ration et de d茅veloppement 茅conomiques, le Japon a fourni en 2002 pr猫s de 9,3 milliards de dollars d'aide publique au d茅veloppement (APD), soit plus que tout autre pays 脿 l'exception des Etats-Unis.

Le Japon ayant eu de tout temps des relations 茅troites avec les pays en d茅veloppement d'Asie, il leur accorde en g茅n茅ral pr猫s des deux tiers de son aide annuelle. En 2002, plus de 40 pays d'Afrique subsaharienne ont b茅n茅fici茅 de 8,7听% de l'APD bilat茅rale du Japon, soit 610 millions de dollars en tout. Ce chiffre, aussi bien en pourcentage qu'en valeur absolue, constituait une baisse par rapport au niveau d'aide japonaise accord茅e 脿 l'Afrique subsaharienne en 1998, ann茅e o霉 971 millions de dollars, soit 11,1 % de son aide bilat茅rale, ont 茅t茅 accord茅s 脿 cette r茅gion. Ces chiffres, toutefois, ne disent pas tout, le Japon offrant 茅galement aux institutions multilat茅rales de d茅veloppement une aide appr茅ciable dont une part importante est affect茅e 脿 des programmes et des projets africains, a indiqu茅 M. Shiro Nabeya, directeur pour l'Afrique de l'Agence japonaise de coop茅ration internationale (AJCI) lors d'une r茅union d'information organis茅e en octobre 2003 脿 Tokyo 脿 l'intention d'Afrique Relance听et d'autres organes d'information.

Le Japon continue d'锚tre d茅vou茅 脿 la cause de son partenariat avec l'Afrique a affirm茅 le Premier Ministre Junichiro Koizumi lors de la s茅ance d'ouverture de la Troisi猫me conf茅rence internationale de Tokyo sur le d茅veloppement de l'Afrique (TICAD III), le 29 septembre 2003. Il a indiqu茅 qu'au cours de la d茅cennie pr茅c茅dente, l'aide totale fournie par le Japon 脿 l'Afrique s'茅tait chiffr茅e 脿 12 milliards de dollars et que le gouvernement avait accueilli au Japon plus de 10听000 stagiaires de pays africains et envoy茅 quelque 7听000 experts japonais en Afrique pour assurer un appui aux projets et une formation technique. Les "trois composantes" de l'aide japonaise -- le d茅veloppement ax茅 sur la personne humaine, la r茅duction de la pauvret茅 gr芒ce 脿 la croissance 茅conomique et la consolidation de la paix -- correspondent aux priorit茅s du Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l'Afrique, a-t-il not茅.

Soulignant l'importance accord茅e par la TICAD 脿 l'茅tablissement de liens multiples entre de nombreux pays d'Afrique et d'Asie, le Premier Ministre M. Koizumi a indiqu茅 que le Japon pourrait jouer un r么le crucial. "Le Japon, a-t-il dit, esp猫re servir de passerelle entre l'Asie et l'Afrique. Nous aimerions, 脿 cette occasion, mettre 脿 profit l'exp茅rience et la vitalit茅 de l'Asie pour assurer au d茅veloppement africain dynamisme et diversit茅."

Non content de favoriser de nouveaux investissements et de nouvelles initiatives commerciales entre les deux continents, le Japon fournit 茅galement une APD par le biais de certains pays d'Asie pour les aider 脿 financer leurs propres programmes en Afrique dans le cadre d'une forme d'aide dite "triangulaire". La Tunisie, pays d'Afrique du Nord, b茅n茅ficie 茅galement de cette aide triangulaire japonaise qui sert 脿 financer les programmes de formation de la Tunisie dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest francophone.