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Le tourisme sud-africain garde le cap

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Le tourisme sud-africain garde le cap

La crise d¡¯eau historique dans la deuxi¨¨me plus grande ville du pays n¡¯¨¦loigne pas les touristes
Afrique Renouveau: 
Elephant about to cross the road in front of a game drive in Kruger National Park. Photo: South Africa Tourism
Photo: South Africa Tourism
Un ¨¦l¨¦phant s¡¯appr¨ºtant ¨¤ traverser une route lors d¡¯une visite du Parc national Kruger. Office du tourisme d¡¯Afrique du Sud. Photo: South Africa Tourism

Les r¨¦centes annonces selon lesquelles Le Cap, destination touristique pris¨¦e en Afrique du Sud, serait bient?t sans eau en raison d¡¯une s¨¦cheresse prolong¨¦e semblent n¡¯avoir eu aucun impact sur l¡¯industrie touristique florissante du pays.

Les services publics de l¡¯eau ont pourtant pr¨¦venu : Le Cap pourrait bient?t devenir la premi¨¨re grande ville au monde ¨¤ ne plus avoir d¡¯eau.

South African Tourism, l¡¯Office national du tourisme d¡¯Afrique du Sud, se veut optimiste, en estimant que la crise en eau actuelle pourrait aider le pays ¨¤ devenir un leader mondial de l¡¯¨¦cotourisme, en particulier pour l¡¯eau. ? ?

Alors que les habitants doivent s¡¯habituer aux rationnements dus ¨¤ la p¨¦nurie, en prenant des douches de deux minutes maximum et de rares bains, M. Sisa Ntshona, le directeur administratif de SA Tourism souligne que ? Le Cap et ses nombreux h?tels et attractions restent ouverts. La seule diff¨¦rence est que les gens doivent faire plus attention ¨¤ la mani¨¨re dont ils utilisent l¡¯eau, ce qui est de toute fa?on une nouvelle norme dans l¡¯industrie. ?

Selon M. Ntshona, les histoires de touristes annulant leur voyage au Cap ¨¤ cause de la p¨¦nurie d¡¯eau sont surtout anecdotiques, ¨¦tant donn¨¦ qu¡¯il n¡¯y a pas de donn¨¦es officielles en ce sens. ? Nous comprenons les pr¨¦occupations des voyageurs, nous esp¨¦rons que les craintes infond¨¦es s¡¯estompent?, dit-il.

Des craintes infond¨¦es ?

Le Cap est l¡¯un des leaders mondiaux du tourisme d¡¯affaires, selon les classements publi¨¦s par l¡¯Organisation mondiale du tourisme (OMT), organisme des Nations Unies qui d¨¦fend un tourisme responsable et durable.

D¡¯apr¨¨s Statistics South Africa, le service statistique public sud-africain, le Cap? est la principale destination touristique en Afrique . Pr¨¨s de 3,5 millions de visiteurs y sont entr¨¦s au cours du seul mois d¡¯ao?t 2017.

Le secteur du tourisme sud-africain g¨¦n¨¨re 716 000 emplois, soit 4,6% des emplois nationaux, selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme (CMVT), un forum mondial des professionnels du secteur. Si l¡¯on compte les emplois dans les secteurs affili¨¦s, ce nombre atteint 2,5 millions. Ce qui n¡¯emp¨ºche pas SA Tourism d¡¯esp¨¦rer que le secteur, qui attire les investissements ¨¦trangers tout en stimulant la cr¨¦ation de petites entreprises, g¨¦n¨¨re encore 225 000 emplois suppl¨¦mentaires d¡¯ici ¨¤ 2030.

En 2016, plus de 10 millions de touristes internationaux ont visit¨¦ l¡¯Afrique du Sud, rapportant quelque 402,2 milliards de rands (27,3 milliards de dollars). Si les chiffres de 2017 ne sont pas encore connus, l¡¯OMT pr¨¦dit une augmentation de 2,5%.

Un bel avenir

Le CMVT pr¨¦dit aussi une augmentation annuelle de 4,2% (soit 42,4 milliards de dollars) des recettes du tourisme en Afrique du Sud jusqu¡¯en 2027, ce qui semble r¨¦alisable ¨¤ M. Ntshona.
? Depuis un an, nous cherchons ¨¤ atteindre notre but strat¨¦gique de 5 millions de touristes de plus d¡¯ici ¨¤ 2021, quatre millions d¡¯¨¦trangers et un million de Sud-africains en voyages d¡¯affaires ou de vacances ?, se r¨¦jouit-il.

? C¡¯est un? projet consid¨¦rable qui nous oblige ¨¤ ¨¦laborer un l cadre permettant la r¨¦injection dans l¡¯¨¦conomie de davantage? de revenus du tourisme , tout en fournissant une plateforme de cr¨¦ation d¡¯emplois durables. ?

Outre son apport ¨¦conomique direct, le tourisme stimule la croissance ¨¦conomique g¨¦n¨¦rale ainsi que les programmes de r¨¦forme du gouvernement.

Broad-Based Black Economic Empowerment, un programme visant ¨¤ am¨¦liorer la participation des Africains noirs ¨¤ l¡¯¨¦conomie, et le National Development Plan 2030, un plan d¡¯action pour l¡¯¨¦radication de la pauvret¨¦ et la r¨¦duction des in¨¦galit¨¦s, font partie de ces grands projets de transformation. Tous deux ont pour but de r¨¦duire les in¨¦galit¨¦s profondes cr¨¦¨¦es par le r¨¦gime de l¡¯apartheid qui a pris fin il y a vingt ans.

? La majorit¨¦ des petites entreprises informelles ont ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦es par des Noirs, qui en tirent des profits n¨¦cessaires ¨¤ leur famille et ¨¤ eux-m¨ºmes et contribuent ¨¤ l¡¯assiette fiscale. Ces entreprises sont indispensables ¨¤ notre ¨¦conomie ?, explique M. Ntshona. ? Elles sont souvent moteurs de progr¨¨s, les entrepreneurs identifiant un besoin ou un manque, puis s¡¯investissant dans un secteur ¨¦conomique encore inexplor¨¦. ?

Cibler le Moyen-Orient

Si Le Cap demeure une destination touristique importante sur le march¨¦ am¨¦ricain et pour les voyageurs africains, SA Tourism s¡¯int¨¦resse aussi, comme l¡¯explique M. Ntshona ¨¤ Travel Weekly, aux visiteurs venus des zones riches du Moyen-Orient comme l¡¯Arabie saoudite.

En 2017, le Prince saoudien Sultan ben Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, pr¨¦sident de la Commission saoudienne du tourisme et du patrimoine national, s¡¯est rendu en Afrique du Sud pour ¨¦tudier, avec SA Tourism, les opportunit¨¦s de coop¨¦ration lucrative entre les deux pays.

Le Prince, qui a rencontr¨¦ le ministre du tourisme d¡¯alors, Tokozile Xasa, a soulign¨¦ la n¨¦cessit¨¦ de ? faciliter le tourisme entre nos r¨¦gions ...et mettre en commun nos ressources. ?

Sur le continent, l¡¯Afrique du Sud collabore avec l¡¯Organisation touristique de la r¨¦gion d¡¯Afrique australe (RETOSA) pour faire passer la part de l¡¯Afrique dans le tourisme mondial de 2 ¨¤ 5% au cours des dix prochaines ann¨¦es. RETOSA a ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦ par la Communaut¨¦ de d¨¦veloppement de l¡¯Afrique australe, un organisme r¨¦gional, pour d¨¦velopper la promotion du tourisme parmi ses quinze ¨¦tats membres.

? Nous esp¨¦rons y parvenir gr?ce ¨¤ des partenariats intelligents avec des acteurs priv¨¦s et RETOSA, ainsi qu¡¯en adoptant des approches innovantes et pragmatiques ?, indique M. Ntshona.

Faciliter l¡¯obtention des visas

Mais l¡¯industrie du tourisme en Afrique du Sud pr¨¦sente certains d¨¦fis. Le pays est actuellement en train d¡¯assouplir la proc¨¦dure d¡¯obtention de visa, critiqu¨¦e pour son co?t. A partir d¡¯octobre 2015, les originaux des actes de naissance ne seront requis que pour les demandes de visa des enfants venus de l¡¯¨¦tranger.

La criminalit¨¦ est aussi une source d¡¯inqui¨¦tude, selon un rapport de 2017 du Urban Safety Reference Group, qui travaille avec le R¨¦seau des villes d¡¯Afrique du Sud et le Programme inclusif de pr¨¦vention de la violence et des crimes. D¡¯apr¨¨s leur ¨¦tude, Le Cap ? affiche des niveaux de criminalit¨¦ inacceptables ¨¦tant donn¨¦ son taux de pauvret¨¦ le plus bas du pays (selon l¡¯Indice de d¨¦veloppement humain), ses in¨¦galit¨¦s de revenus les plus faibles et son taux de ch?mage chez les jeunes parmi les plus bas.?

Les agences de voyage restent n¨¦anmoins optimistes, estimant que l¡¯industrie poss¨¨de assez de r¨¦silience pour supporter de tels chocs et elles accueillent avec enthousiasme les initiatives visant ¨¤ exploiter les march¨¦s national et r¨¦gional.

Daniel Joaquim de Nobrega, directeur g¨¦n¨¦ral de TBA Corporate (anciennement connu sous le nom de XL Travel by Arrangement), une entreprise de voyage bas¨¦e ¨¤ Johannesbourg, indique qu¡¯il n¡¯y a actuellement ni hausse, ni d¨¦clin des voyages touristiques.

Il attribue cette stagnation au fait que les gens voyagent plus intelligemment. ? Ils font davantage de recherches et comparent entre un voyage dans leur pays et un voyage ¨¤ l¡¯¨¦tranger. ?

Si, d¡¯apr¨¨s lui, les voyages d¡¯affaires ont l¨¦g¨¨rement augment¨¦ en nombre, certaines entreprises pr¨¦f¨¨rent maintenant organiser leurs conf¨¦rences localement tout en limitant le nombre d¡¯employ¨¦s envoy¨¦s en d¨¦placement.

M. de Nobrega insiste sur la n¨¦cessit¨¦ de changer l¡¯image de l¡¯Afrique du Sud, qui ne peut plus ¨ºtre uniquement une destination pour safaris ; il aimerait que soient expos¨¦s davantage ? la diversit¨¦ et l¡¯¨¦clectisme de nos villes. ?

Les touristes venant en Afrique du Sud sont souvent pr¨ºts ¨¤ s¡¯arr¨ºter au Mozambique ou au Zimbabwe, dans le cadre de voyages organis¨¦s, explique M. de Nobrega, ajoutant que SA Tourism devrait continuer de promouvoir le caract¨¨re unique du? ? pays.

? Le tourisme est dans les g¨¨nes de ce pays ?, convient M. Ntshona.? ? ?

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