Le retard de l’Afrique subsaharienne
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Le retard de l’Afrique subsaharienne
Pays d’Afrique de l’Ouest sans accès à la mer et situé au sud du Sahara, le Burkina Faso fait régulièrement parler de lui depuis que des troubles politiques y ont éclaté en 2014. Si la paix y avait prévalu, le pays aurait peut-être eu le temps de se réjouir du fait qu’il comptaitÌý parmi les rares pays africains où la pauvreté a pu être réduite au cours des 15Ìý dernières années.Ìý
C’est la Gambie, étroite bande de terre glissée à l’intérieur du Sénégal, qui arrive en tête des pays où cette réduction a été conséquente, la pauvreté y ayant diminué dans son ensemble de 32%. L’Éthiopie, le Malawi, le Niger, le Swaziland et l’Ouganda s’en sortent aussi relativement bien, selon le Rapport d’évaluation (2015) du Groupe de réflexion sur le retard pris dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en Afrique.Ìý
Présenté fin septembre à New York, le rapport évalue les progrès réalisés en Afrique dans la mise en Å“uvre des OMD. Il met en exergue les bonnes pratiques et politiques qui favoriserontÌý la réalisation des nouveaux Objectifs de développement durable (ODD) au cours des 15Ìý prochaines années. Ìý
En dépit de ces progrès, l’Afrique subsaharienne est toutefois loin d’avoir réduit de moitié la proportion de la population vivant dans la pauvreté ou souffrant de la faim –Ìý réduction qui indiquerait que l’extrêmeÌý pauvreté et la faim sont en passe d’être éradiquées.ÌýÌýÌý Ìý
En 1990, un peu plus de cinq personnes sur dix (56,5% de la population) vivaient dans la pauvreté en Afrique. Vingt ans plus tard, on estime que cette proportion étaitÌý d’un peu plus de 48%, soit une baisse de 14%. Mais, pour parvenir à l’objectif fixé, il aurait fallu que ce chiffre tombe à Ìý 28,3% ou moins- soit, la moitié de ce qu’il était en 1990. Par ailleurs, dans cinq des 30 pays dont le rapport examine la situation, les niveaux de pauvreté ont augmenté. Ìý Ìý Ìý
Une croissance insuffisante
La majorité des progrès réalisés sur le continent peuvent être attribués à la croissance économique stable de la région et aux stratégies de réduction de la pauvreté mises en place. L’Éthiopie est un bon exemple de l’impact que peuvent avoir, sur la pauvreté, des politiques délibérées et concertées s’appuyant sur la croissance économique.Ìý Ìý
En 2011, le taux de pauvreté en Éthiopie était passé de 44% à 30% et ce en dix ans à peine, principalement grâce à une croissanceÌý agricole. Les autorités éthiopiennes ont créé l’Agence pour les transformations agricoles et ont engagéÌý des personnes hautement qualifiées, susceptibles de résoudre les problèmes entravant la modernisation du secteur agricole. Comme l’a expliqué à Afrique Renouveau Haddis Tadesse, le représentant en Éthiopie de la Fondation Bill & Melinda Gates, le pays « consacre chaque année 10 à 17% de son budget à l’agriculture.» Ìý
Si l’Afrique subsaharienne a connu, au cours des vingt dernières années, un développement économique remarquable qui a contribué à réduire la pauvreté, les niveaux de croissance n’ont pas été suffisants pour générer une transformation structurelle de son économie, comme n’ont cessé de l’affirmer les rapports d’évaluation périodiques sur la réalisation des OMD. Bien que le chômage soit demeuré au même niveau en 2012, autour de 7,5%, ce chiffre ne reflète pas, selon l’Organisation internationale du travail, le fait qu’une part importante de travailleurs (77%) ne détient qu’un emploi précaire ou ne survit qu’en pratiquant une agriculture de subsistance. Ìý Ìý Ìý Ìý
Si, dans une majorité de pays, de modestes progrès ont été constatés, la pauvreté s’est accrue au Kenya et au Nigéria de même qu’en République centrafricaine, en Mauritanie et en Zambie.Ìý
Le fait que le Nigéria et le Kenya, dont les économies sont relativement performantes, se retrouvent parmi les pays ayant obtenu les moins bons résultats en matière de réduction de la pauvreté, prouve bien que les enjeuxÌý auxquels sont confrontés nombre de pays africains sontÌý de taille. La croissance démographique, les prix instables des matières premières, les catastrophes naturelles, dont les sécheresses qui détruisent les récoltes et sont à l’origine de conflits persistants qui provoquent des déplacements de population massifs, figurent selon le rapport parmi les principales causes du retard pris parÌý l’Afrique.Ìý Ìý