Elle est de petite taille mais sa voix est 茅tonnamment forte et autoritaire. Quatorze jeunes m猫res 茅coutent Priscilla Chingulu, qui sait inspirer les foules. Pour un pays o霉 le probl猫me des grossesses chez les adolescentes est reconnu - et plus encore pendant la pand茅mie COVID-19 - ce groupe repr茅sente un petit mais important pas en avant.
Ils prennent des mesures urgentes pour redonner aux filles de Kilifi leur avenir.
En octobre de l'ann茅e derni猫re, le centre de sant茅 Mtwapa a aid茅 脿 l'accouchement et a apport茅 son soutien 脿 225 jeunes m猫res qui en 茅taient 脿 leur premi猫re grossesse. Plus de la moiti茅 d'entre elles avaient bien moins de 19 ans, selon Mme Chigulu.
Dans un environnement o霉 la plupart des familles consid猫rent le sexe comme un sujet tabou et o霉 la r茅putation et le statut de la famille sont primordiaux, les parents nient souvent que leurs enfants soient sexuellement actifs, explique Mme Kobags.
"Tout le monde travaille, personne n'a le temps, surtout pendant cette pand茅mie COVID-19, o霉 de nombreux parents ont du mal 脿 trouver un revenu stable. Dans certains cas, les parents exigent que leurs enfants gagnent de l'argent et ne demandent pas d'o霉 vient cet argent", explique-t-elle.
La d茅sinformation est encore aggrav茅e par le fait que les jeunes de Kilifi cherchent de plus en plus 脿 se faire guider par les m茅dias sociaux.
"De nos jours, les jeunes femmes se font conseiller par les ludo-茅ducateurs. Les m茅dias sociaux ont pris le relais de l'orientation traditionnelle", explique Yusuf Barry, qui dirige un groupe de jeunes lanc茅 au centre. "Il n'est pas 茅tonnant que le nombre de grossesses chez les adolescentes augmente avec un enseignant aussi m茅diocre".
Le manque d'orientation fait 茅galement courir aux jeunes femmes le risque d'autres situations pr茅caires.
Accepter sa s茅ropositivit茅
Jenna Kerubo* 茅tait en classe de quatri猫me au lyc茅e quand elle a appris qu'elle 茅tait s茅ropositive, alors qu'elle donnait du sang. Craignant la r茅action de ses parents, elle a commenc茅 une vie nomade, s'installant chez des petits amis ou des parents. Elle a v茅cu dans la crainte d'锚tre rejet茅e et a cach茅 sa s茅ropositivit茅.
Elle est tomb茅e enceinte de son petit ami et a fini par le lui dire.
"En fait, il 茅tait d'accord avec mon statut, mais 脿 partir de ce jour, il ne voulait plus partager la m锚me tasse avec moi et a achet茅 des assiettes s茅par茅es", raconte Mme Kerubo.
Le stress de cette situation a affect茅 sa volont茅 de manger, ce qui a eu un impact sur sa capacit茅 脿 maintenir son r茅gime de traitement antir茅troviral (ART). La m猫re de son petit ami a chass茅 Jenna et son b茅b茅 de deux semaines de sa maison. Elle n'avait nulle part o霉 aller. Depuis, la jeune m猫re a tent茅 de se suicider 脿 deux reprises.
Par le bouche 脿 oreille, elle a appris l'existence du programme "First-Time Young Mothers", o霉 elle a pu obtenir des informations et des conseils aupr猫s de membres du personnel et de b茅n茅voles.
"Ils 茅taient mes plus grands soutiens et le sont toujours", dit-elle.
Fransisca Adhiambo, mentor du programme, a 茅t茅 l'une des premi猫res 脿 prendre contact avec Jenna. "C'est encore difficile [pour elle] car elle cherche du travail mais elle est dans une meilleure situation qu'avant", dit-elle.
Soutien psychologique
La possibilit茅 de parler de leurs difficult茅s et de recevoir des conseils de soutien dans un environnement attentionn茅 fait une diff茅rence substantielle dans la vie de ces jeunes femmes.
"D'une certaine mani猫re, le soutien de la communaut茅 est plus important que le m茅dicament lui-m锚me", confirme Mme Adhiambo.
En 2020, une ann茅e extr锚mement difficile en raison de la pand茅mie, le personnel du centre de sant茅 Mtwapa a mis au monde 1 380 b茅b茅s en toute s茅curit茅, selon le Dr Samia Mahbrouk, directrice du centre.
"La plupart des femmes n'avaient jamais eu de plate-forme pour s'exprimer avant l'arriv茅e de ce centre, et les m猫res accouchaient [en pr茅sence] d'accoucheuses non qualifi茅es", explique le Dr Mahbrouk. 听
Le FNUAP, l'agence des Nations unies pour la sant茅 sexuelle et reproductive, fournit un soutien technique et financier au Centre international pour la sant茅 reproductive - Kenya (ICRHK) pour g茅rer le programme First-Time Young Mothers ainsi que le programme pour les travailleuses du sexe dans les centres d'accueil de Mtwapa et Kilifi.
Mme Chingulu utilise des accessoires pour faciliter sa d茅monstration sur le planning familial afin d'茅duquer les jeunes m猫res. Pendant qu'elle les range, les femmes discutent entre elles et avec leurs nouveaux amis qui travaillent au centre.
"C'est tellement gratifiant de voir ces filles s'ouvrir", dit-elle. "Certaines viennent ici timides et d茅prim茅es, et maintenant elles sont les premi猫res 脿 lever la main, les premi猫res 脿 parler. Je ne sais pas ce que nous ferions sans cet endroit".
* Nom a 茅t茅 modifi茅 pour prot茅ger la vie priv茅e.
