51吃瓜

Seuls un chemin de terre et le violent conflit civil que conna卯t le Burundi s茅parent les femmes hutues de Busoro, pr猫s de Bujumbura, la capitale, de leurs voisines tutsies du village de Musaga. Pendant des ann茅es, cela a suffi 脿 cr茅er un foss茅 infranchissable, alors que les combats faisaient rage autour d'elles avec plus ou moins d'intensit茅. Avec le temps, le bruit des coups de feu r茅sonnant 脿 travers les vertes collines est devenu presque banal et l'absence des hommes, partis 脿 la guerre ou en qu锚te d'emploi, a fini par sembler normale. Ce sont les hurlements des bless茅s qui 茅taient le plus difficiles 脿 supporter -- et la peur qui subsistait bien apr猫s que les canons s'茅taient tus et que les cris avaient cess茅.

Puis un jour tout cela est devenu impossible 脿 supporter. Alors que les incendies caus茅s par la derni猫re bataille n'茅taient pas encore 茅teints, les femmes de Musaga ont r茅uni tous les v锚tements et tous les aliments qu'elles ont pu trouver pour les offrir aux victimes de Busoro. Elles se sont ensuite dirig茅es vers l'antenne locale du gouvernement, o霉 elles se sont ralli茅es 脿 leurs soeurs de Busoro pour exiger qu'il soit mis fin aux massacres. Les femmes tutsies ont pris les femmes hutues par la main et ensemble elles ont chant茅 : "Donnez-nous la paix. Donnez-nous la paix maintenant !" Elles ont chant茅 ensemble pendant des heures avant de reprendre s茅par茅ment la route dangereuse qui les menait chez elles. Et bien que la guerre se soit poursuivie, quelque chose d'important avait chang茅. La route qui les avait auparavant divis茅es les unissait 脿 pr茅sent, et par l'interm茅diaire de leur groupe local de promotion de la paix, Twishakira amahoro ("nous voulons la paix"), les femmes de ces villages se sont employ茅es 脿 maintenir la force de ce lien.

Ce n'est l脿 qu'un des nombreux exemples de l'action men茅e par les femmes africaines au niveau local -- souvent spontan茅ment -- afin d'aider les victimes de la guerre et de parvenir 脿 la paix, en d茅passant les lignes de d茅marcation que cr茅ent les champs de bataille. Il s'agit l脿 d'une paix que l'on r茅tablit au niveau du village, l脿 o霉 se livrent les conflits de plus en plus souvent internes de l'Afrique et c'est souvent la premi猫re 茅tape vers la r茅conciliation de communaut茅s bris茅es par la haine et la d茅vastation qu'engendre la guerre.

Mais les contributions des femmes pacifistes en Afrique, de la Somalie 脿 l'Afrique du Sud, sont pass茅es presque totalement inaper莽ues. Comme elles ne sont pas prises au s茅rieux par les gouvernements ni par les mouvements rebelles, qui consid猫rent que la guerre et la paix sont affaires d'homme, et qu'elles sont souvent rel茅gu茅es dans le r么le de "victime" par des diplomates et des organisations humanitaires bien intentionn茅s, les femmes ont d没 livrer leur propre combat pour qu'on leur accorde une place 脿 la table des n茅gociations de paix. "Les femmes ont jou茅 un r么le de premier plan pour faire avancer la cause de la paix", a d茅clar茅 l'an dernier au Conseil de s茅curit茅 de l'ONU Noeleen Heyzer, Directrice g茅n茅rale du Fonds de d茅veloppement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). "Mais leurs efforts n'ont 茅t茅 ni reconnus ni appuy茅s ni r茅compens茅s."

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Noeleen Heyzer, directrice g茅n茅rale d'UNIFEM : "Les femmes ont jou茅 un r么le de premier plan pour faire avancer la cause de la paix. Mais leurs efforts n'ont 茅t茅 ni reconnus ni appuy茅s ni r茅compens茅s."

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Photo: 漏Michael Fleshman

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Ces efforts ont consid茅rablement b茅n茅fici茅 de l'adoption par le Conseil de s茅curit茅, le 31 octobre 2000, de la r茅solution 1325, dans laquelle le Conseil reconna卯t officiellement la vuln茅rabilit茅 particuli猫re des femmes en temps de guerre et demande "qu'elles participent sur un pied d'茅galit茅" 脿 tous les efforts visant 脿 r茅tablir la paix (voir听"M. Annan pr茅conise d'augmenter le nombre de femmes participant 脿 des op茅rations de paix de l'ONU"). Deux ans jour pour jour apr猫s l'adoption de la r茅solution, l'ancienne Ministre des finances du Lib茅ria, Ellen Johnson Sirleaf et l'ancienne Ministre de la d茅fense de la Finlande, Elisabeth Rehn, ont qualifi茅 la r茅solution 1325 de "cadre politique d茅cisif" pour les femmes qui oeuvrent en faveur de la paix et de la s茅curit茅. "M锚me dans les endroits les plus improbables, les femmes s'organisent en s'appuyant sur la r茅solution 1325", ont-elles poursuivi. "L'action men茅e depuis longtemps en faveur de la paix par les femmes a 茅t茅 l茅gitim茅e par cette r茅solution."

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*听Progr猫s des femmes du monde 2002, Vol. 1, Les femmes, la guerre, la paix. Evaluation ind茅pendante d'experts r茅alis茅e听par Elisabeth Rehn et Ellen Johnson Sirleaf. Ce document peut 锚tre obtenu en ligne 脿 : Vous pouvez vous en procurer des copies papier en en faisant la demande par courrier 茅lectronique uniquement au Fonds de d茅veloppement des Nations Unies pour la femme 脿 : <unifem@undp.org>.

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Mais si la r茅solution 1325 a renforc茅 les revendications des femmes africaines pacifistes, elle n'a pas pour autant supprim茅 les obstacles politiques, culturels et 茅conomiques consid茅rables auxquels se heurtent les femmes lorsqu'il s'agit de participer pleinement 脿 la vie de leur pays que ce soit en tant qu'artisanes de la paix ou que citoyennes. Les exp茅riences qu'ont v茅cues r茅cemment les femmes de la R茅publique d茅mocratique du Congo (RDC) et du Lib茅ria, de la Sierra Leone et de la Guin茅e -- pays qui font partie de l'Union du fleuve Mano (UFM) -- montrent bien les obstacles auxquels les femmes continuent de se heurter lorsqu'elles cherchent 脿 se faire entendre, ainsi que la fa莽on dont elles s'organisent pour y faire face.

Les Congolaises ont saisi l'occasion

Malgr茅 les efforts r茅solus d茅ploy茅s par les femmes de la RDC afin de participer aux initiatives diplomatiques visant 脿 mettre fin au conflit qui ravage le pays, elles ont 茅t茅 presque totalement exclues des n茅gociations qui ont d茅bouch茅 sur l'accord de paix de Lusaka de 1999 et des pourparlers portant sur la mise en oeuvre de cet accord. Ce n'est qu'脿 la fin du mois de janvier 2002, alors que les pourparlers devaient d茅buter 脿 Sun City (Afrique du Sud), que le Gouvernement congolais et les rebelles ont accept茅, 脿 la demande de l'ONU et du m茅diateur du processus de paix, Sir Ketumile Masire, ancien Pr茅sident du Botswana, d'augmenter le nombre de femmes faisant partie de leurs d茅l茅gations. Il s'agissait l脿 pour les femmes d'une concession tr猫s restreinte mais elles ont d茅cid茅 d'en tirer pleinement parti.

Les femmes marchent pour la paix 脿 Kinshasa (R茅publique d茅mocratique du Congo).

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Photo: 漏UNIFEM

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Le 15 f茅vrier, des femmes venues des quatre coins de la RDC, et notamment des repr茅sentantes des parties en guerre, du Gouvernement et de la soci茅t茅 civile, se sont r茅unies 脿 Nairobi sous les auspices de l'UNIFEM et d'une organisation non gouvernementale ayant son si猫ge 脿 Gen猫ve, Femmes Africa Solidarit茅 (FAS) afin d'茅tablir une position commune avant les n茅gociations du "dialogue intercongolais". "Nous savions qu'il nous fallait nous unir pour que les hommes 茅coutent ce que nous avions 脿 dire", a expliqu茅 脿听Afrique Relance听Mme Aningina Bibiane, militante congolaise pour la paix. En quatre ans de combats, "beaucoup de meurtres et de viols ont 茅t茅 commis et il y a eu aussi d'autres violations des droits de l'homme parmi les civils et en particulier les femmes et les enfants. Les femmes sont les principales victimes et c'est pourquoi nous devions prendre position."

Au cours des quatre jours de d茅bats, les femmes ont compris que, malgr茅 leurs divergences de vues parfois marqu茅es, elles partageaient le m锚me d茅sir fondamental de paix, soutenaient fermement l'accord de Lusaka et, surtout, 茅taient toutes autant d茅termin茅es 脿 supprimer, apr猫s la guerre, les obstacles constitutionnels et l茅gislatifs 脿 l'茅galit茅 des femmes. Le 19 f茅vrier, sur les conseils d'une "sage" africaine respect茅e, l'ancienne Pr茅sidente du Lib茅ria, Ruth Perry, les d茅l茅gu茅es ont publi茅 une d茅claration et un programme d'action communs demandant un cessez-le-feu imm茅diat, la prise en compte des femmes et de leurs pr茅occupations dans tous les aspects du processus de paix ainsi que l'adoption, dans tout r猫glement final, d'un quota de 30 % de femmes 脿 tous les niveaux du gouvernement. Les femmes ont 茅galement annonc茅 脿 Sun City qu'un groupe f茅minin pancongolais allait 锚tre form茅 pour appuyer le processus de paix et faire campagne pour la pleine participation des femmes.

Mais, 茅tant donn茅 que sur les 340 d茅l茅gu茅s pr茅sents lors des pourparlers officiels, 40 seulement 茅taient des femmes, le premier obstacle que les femmes ont eu 脿 surmonter a 茅t茅 de trouver des moyens d'accro卯tre leur influence. L'importance num茅rique compte, a expliqu茅 Mme Bineta Diop, pr茅sidente de FAS et secr茅taire g茅n茅rale du Comit茅 des femmes africaines pour la paix et le d茅veloppement, organisme panafricain 茅tabli par l'Organisation de l'unit茅 africaine (maintenant Union africaine) et la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique. Si les femmes ne sont pas pr茅sentes en nombre suffisant autour de la table de n茅gociations, "elles sont tout au plus un jouet au sein des structures mises en place par les hommes. Si une femme se retrouve seule au milieu de 30 hommes qui ont d'autres priorit茅s, comment cette femme peut-elle obtenir des r茅sultats ?" De plus, a-t-elle not茅, le simple fait qu'une femme soit pr茅sente ne garantit pas qu'elle repr茅sentera les int茅r锚ts des femmes en g茅n茅ral. "Mais lorsqu'on a affaire 脿 un groupe de femmes on les voit agir diff茅remment -- ensemble. On voit aussi les hommes agir diff茅remment parce qu'ils ne dominent plus le d茅bat."

Des "soeurs" et des "m猫res"

Afin donc de renforcer le groupe de travail, 33 femmes suppl茅mentaires, dont Mmes Diop, Perry et Bibiane et d'autres repr茅sentantes de la soci茅t茅 civile congolaise, se sont associ茅es au groupe en tant que conseill猫res. Bien qu'on ne leur ait pas permis de participer aux discussions officielles, a not茅 Mme Bibiane, les conseill猫res ont jou茅 un r么le important en aidant les d茅l茅gu茅es et en repr茅sentant les simples citoyens de leur pays. "Notre strat茅gie a consist茅 脿 faire appel au pouvoir de la presse pour faire pression sur les parties et informer le peuple congolais de ce qui se passait. Nous avons pr茅par茅 des documents techniques et des m茅morandums pour que les d茅l茅gu茅es s'en servent lors des r茅unions et nous avons rencontr茅 les chefs des d茅l茅gations pour essayer de prendre part 脿 la prise de d茅cisions."

La pr茅sence de membres du groupe de travail lors des d茅lib茅rations a permis aux femmes de suivre de pr猫s les progr猫s et d'adapter leur strat茅gie de fa莽on 脿 sortir des impasses et 脿 tenir compte des faits nouveaux. Lorsque les n茅gociations ont failli 锚tre annul茅es en raison de diff茅rends importants, se souvient Mme Diop, les femmes ont menac茅 de d茅noncer les parties au conflit, une fois de retour dans leur pays. "Elles ont dit aux hommes que si elles rentraient chez elles sans que la paix ait 茅t茅 obtenue, les gens les frapperaient", a-t-elle dit en riant. "Les hommes savaient que les femmes 茅taient en contact avec la population locale." Elles ont 茅galement fait en sorte que les hommes sachent qu'elles les observaient. Alors que les n茅gociateurs entraient dans la salle de conf茅rence chaque matin, ils 茅taient salu茅s par des groupes de femmes qui les appelaient par leurs noms et leur distribuaient la "pens茅e du jour" -- une feuille photocopi茅e sur laquelle figurait un proverbe congolais ou un slogan adapt茅 aux questions en cours de discussion. Les formules allaient de g茅n茅ralit茅s inoffensives comme "J'aime le Congo" 脿 des exigences de progr猫s sur des points bien pr茅cis, mais servaient toutes 脿 rappeler ce que la population attendait.

En g茅n茅ral, le groupe de travail a cherch茅 脿 茅viter toute confrontation avec les hommes -- d茅cision tactique impos茅e par sa taille modeste et par le fait qu'il avait un statut officieux et ponctuel. Si l'on voulait que le groupe de travail influence le processus, il fallait 茅tablir et maintenir de bonnes relations avec les hommes, or ceux-ci n'appr茅ciaient pas ce qui semblait remettre en cause les r么les traditionnels des hommes et des femmes et n'avaient consenti qu'脿 contrecoeur 脿 un accroissement modeste du nombre de femmes d茅l茅gu茅es.

"Au d茅but, les hommes 茅taient hostiles, a reconnu Mme Bibiane, parce qu'un groupe de femmes faisait irruption dans ce qui 茅tait "leur" espace 脿 eux. Mais la mani猫re dont nous les avons abord茅s leur a permis de se sentir en s茅curit茅. Dans la culture africaine, la femme repr茅sente la m猫re. La femme repr茅sente aussi l'茅pouse et la soeur. Si votre m猫re ou votre soeur vous adresse la parole, vous devez 茅couter ... Nous n'avons pas diabolis茅 les hommes ; nous n'avons pas non plus cherch茅 脿 prendre leur place."

Tradition et culture

Les femmes ont trouv茅 des moyens ing茅nieux de renforcer leur influence en s'aidant des traditions et de la culture. Le 8 mars, Journ茅e internationale de la femme, le groupe a 茅t茅 invit茅 脿 prendre la parole devant une assembl茅e pl茅ni猫re. Au lieu de faire un discours, les femmes ont mis en sc猫ne une pi猫ce qui d茅crivait les souffrances des femmes et des enfants en p茅riode de guerre et elles ont termin茅 en lan莽ant un fervent appel en faveur de la paix. La repr茅sentation a fait son effet a dit Mme Diop, pr茅cis茅ment parce qu'elle a pr茅sent茅 les femmes dans des r么les bien connus. "M锚me les rebelles les plus endurcis ont vers茅 des larmes et demand茅 : 'Comment les femmes peuvent-elles nous voir ainsi ? Les femmes souffrent-elles vraiment autant que cela ?'" Les hommes ont ainsi compris que les femmes n'avaient pas de motivations politiques, a-t-elle not茅, mais qu'elles exprimaient plut么t le d茅sir g茅n茅ral de paix manifest茅 par le public.

Toutefois, les parties pr茅sentes 脿 Sun City n'ont pu finalement parvenir 脿 un accord final bien que des progr猫s aient 茅t茅 r茅alis茅s sur un grand nombre de points. Alors que la r茅union prenait fin, le groupe de travail des femmes a bloqu茅 la sortie et annonc茅 aux journalistes que les d茅l茅gu茅s devraient rester dans la salle de r茅union jusqu'脿 ce qu'on parvienne 脿 un accord de paix. Ce geste de r茅sistance n'a 茅t茅 que de courte dur茅e mais il a montr茅 que les femmes 茅taient pr锚tes 脿 avoir recours 脿 des m茅thodes plus 茅nergiques et 脿 sortir de leurs r么les traditionnels quand la situation l'exigeait.

"Une fois que les femmes sont arriv茅es [脿 Sun City] la nature du dialogue a chang茅", a expliqu茅 脿听Afrique Relance听Mme Heyzer. "Elles ont r茅ussi 脿 plusieurs reprises 脿 sortir de l'impasse alors que [les hommes] n'y arrivaient pas." L'appui de l'ONU et de la communaut茅 internationale, a-t-elle expliqu茅, a 茅t茅 indispensable 脿 leur r茅ussite. "L'UNIFEM a servi d'interm茅diaire. Si nous n'茅tions pas intervenus [le groupe de travail des femmes] n'aurait pas pu se mat茅rialiser." L'UNIFEM a pris en charge les frais de voyage et de logement du groupe de femmes et s'est assur茅 que toutes les parties aux pourparlers connaissaient bien les dispositions de la r茅solution 1325. "Apr猫s cela, nous avons fait le n茅cessaire pour 锚tre s没rs que les femmes 茅taient bien pr锚tes."

"Nous manquions de ressources "

Ce n'est que le 17 d茅cembre qu'un accord global de partage du pouvoir a 茅t茅 conclu entre les parties congolaises. Toutefois, en raison de la grave p茅nurie de fonds et de l'opposition persistante 脿 la participation des femmes, celles-ci n'ont 茅t茅 que 10 脿 pouvoir assister aux r茅unions de suivi organis茅es en Afrique du Sud en novembre et en d茅cembre. Bien que les membres du groupe aient 茅t茅 choisis en raison de leur connaissance des questions 脿 l'examen, leur r么le a 茅t茅 largement symbolique -- il s'est limit茅 脿 des r茅unions priv茅es avec les chefs des d茅l茅gations et 脿 des pri猫res en public pour la paix. "Le probl猫me a 茅t茅 que nous n'avions pas assez de ressources", a expliqu茅 Mme Bibiane. "Bien que l'UNIFEM et le Programme des Nations Unies pour le d茅veloppement aient 茅t茅 en mesure de nous aider, [apr猫s Sun City] nous n'avions pas les ressources n茅cessaires pour nous r茅unir et d茅cider d'une strat茅gie."

Lors d'une r茅union de suivi, a-t-elle not茅, les d茅l茅gations ne comptaient que quatre femmes au milieu de 80 hommes, bien que l'UNIFEM ait 茅t茅 en mesure d'offrir une formation et un appui aux femmes oeuvrant en faveur de la paix dans leur pays.

L'Initiative du fleuve Mano

Les femmes qui militent pour la paix au Lib茅ria et en Sierra Leone, pays en difficult茅 situ茅s dans la r茅gion du bassin du fleuve Mano, ont aussi eu du mal 脿 faire entendre leurs voix. Au moins depuis le d茅but de la guerre civile du Lib茅ria en 1989, les femmes lib茅riennes se sont organis茅es pour venir en aide aux victimes et appuyer les initiatives nationales et r茅gionales de paix. En 1994, plusieurs organisations f茅minines religieuses et de d茅veloppement ont cr茅茅 le Mouvement pour la paix des femmes de la Sierra Leone, organis茅 des manifestations contre le conflit civil qui allait en s'intensifiant dans le pays et fait campagne pour les droits de la femme. Fait remarquable, l'une des personnes qui dirigeaient leur mouvement, Mme Perry, a 茅t茅 nomm茅e 脿 la t锚te du Gouvernement transitoire du Lib茅ria en 1996.

En 2000, explique Mme Mary Brownell, militante lib茅rienne pacifiste de longue date, des femmes de ces deux pays se sont r茅unies 脿 Abuja (Nig茅ria) sur l'invitation de la Communaut茅 茅conomique des 脡tats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et, de concert avec leurs homologues guin茅ennes, ont cr茅茅 un mouvement f茅minin r茅gional en faveur de la paix, le R茅seau des femmes de l'Union du fleuve Mano pour la paix (MARWOPNET).

Ces pays sont "si intimement li茅s, a not茅 Mme Brownell, qu'une fois qu'il n'y a plus la paix au Lib茅ria, la paix cesse en Sierra Leone. Lorsqu'il y a des combats en Guin茅e il y a, par voie de cons茅quence, des combats au Lib茅ria. C'est pourquoi, en tant que femmes, nous devions 锚tre en contact".

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Le seul moyen de permettre aux femmes africaines de jouer un r么le 脿 part enti猫re dans l'obtention de la paix est de soutenir leur lutte pour une pleine participation 脿 la vie politique, 茅conomique et sociale.

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Le r茅seau a pris de l'essor tr猫s rapidement et adress茅 aux rebelles tr猫s redout茅s du Revolutionary United Front (RUF) en Sierra Leone un appel des femmes en faveur de la paix. Il est 茅galement intervenu lors d'un sommet des chefs d'Etat de l'UFM dans la semaine qui a suivi sa cr茅ation. L'organisation a 茅galement engag茅 une campagne de recrutement afin d'augmenter la composition et l'efficacit茅 des organismes nationaux qui lui sont rattach茅s. Gr芒ce 脿 leurs efforts, les femmes ont obtenu le statut de d茅l茅gu茅es au 24e sommet de la CEDEAO en d茅cembre de la m锚me ann茅e et elles ont indiqu茅 aux dirigeants 脿 quel point il 茅tait important de soutenir les programmes de r茅tablissement de la paix mis sur pied par les femmes. Mais c'est l'initiative prise par le MARWOPNET de servir de m茅diateur dans le conflit de plus en plus intense qui opposait le Lib茅ria 脿 la Guin茅e en 2001 qui a montr茅 ce que pouvaient obtenir les femmes gr芒ce 脿 leurs efforts en faveur de la paix en Afrique. Cette initiative a 茅galement mis en lumi猫re les limites de leur action, due 脿 l'insuffisance de leurs ressources et aussi au fait que les femmes aient 茅t茅 tenues 脿 l'茅cart du processus officiel de paix.

A cette 茅poque, les relations entre les pays de l'UFM 茅taient extr锚mement tendues. Le Pr茅sident du Lib茅ria, Charles Taylor, avait expuls茅 les Ambassadeurs de la Sierra Leone et de la Guin茅e. Cette mesure avait 茅t茅 prise alors que le Lib茅ria 茅tait accus茅 d'aider les rebelles du RUF en Sierra Leone et la Guin茅e de soutenir les rebelles lib茅riens hostiles 脿 M. Taylor le long de la fronti猫re entre les deux pays -- all茅gation ni茅e haut et fort par le Pr茅sident de la Guin茅e, Lansana Cont茅.

Malgr茅 les efforts diplomatiques entrepris sans d茅lai par la CEDEAO et ce qui 茅tait alors l'Organisation de l'unit茅 africaine, l'acrimonie qui s'茅tait install茅e emp锚chait d'organiser un sommet pr茅sidentiel. "Une haine et une animosit茅 consid茅rables 茅taient apparues entre les trois pr茅sidents, a expliqu茅 脿听Afrique RelanceMme Brownell, surtout entre le Pr茅sident Taylor et le Pr茅sident Cont茅. Le Pr茅sident Cont茅 disait qu'il ne s'assi茅rait jamais aux c么t茅s de Charles Taylor."

Face 脿 cette situation, le MARWOPNET a envoy茅 une d茅l茅gation de femmes occupant des postes de premier plan, dont Mmes Brownell et Perry, dans les trois pays pour qu'elles exhortent les chefs d'Etat brouill茅s 脿 se r茅unir sans d茅lai. Lorsqu'on a fait savoir 脿 M. Taylor que la d茅l茅gation attendait de le voir, il aurait dit, 茅tonn茅 : "Vous voulez dire que des dirigeantes de Guin茅e sont ici 脿 Monrovia ? Et aussi des femmes de la Sierra Leone ? Comment les femmes lib茅riennes ont-elles r茅ussi 脿 les faire venir ici听?" Il a accept茅 de rencontrer le groupe et il a ajout茅 : "elles sont tr猫s courageuses."

La "clef" de la paix

Lors de cette rencontre et d'autres avec M. Cont茅 et avec le Pr茅sident de la Sierra Leone, Ahmad Tejan Kabbah, le MARWOPNET a d茅cid茅 de tirer le meilleur parti de la marge de manoeuvre politique restreinte accord茅e aux femmes. Les dirigeants, a expliqu茅 Mme Brownell, "savent qu'il leur faut 茅couter les femmes parce que les femmes ne veulent pas de la guerre. Ils savent aussi que nous ne leur demandons rien d'autre que la paix". Apr猫s avoir 茅cout茅 ce que les femmes avaient 脿 dire, M. Taylor a accept茅 de rappeler les Ambassadeurs de la Guin茅e et de la Sierra Leone et de participer 脿 un sommet r茅gional sur la paix. "Les femmes qui font partie du r茅seau de l'Union du fleuve Mano sont respect茅es par la population", a affirm茅 Mme Brownell. "Si bien que lorsque nous prenons une initiative, je crois que les dirigeants nous respectent."

Les femmes se sont ensuite rendues 脿 Conakry pour s'entretenir avec le Pr茅sident Cont茅. Tout comme elle l'avait fait avec M. Taylor, la d茅l茅gation du MARWOPNET a mis l'accent sur les souffrances humaines caus茅es par la guerre et sur la n茅cessit茅 imp茅rieuse de paix. Mais, comme M. Cont茅 continuait 脿 s'opposer r茅solument 脿 tout entretien direct avec le dirigeant lib茅rien, un changement de tactique s'imposait. L'une des notables du groupe, Mme Brownell, a 茅t茅 脿 l'origine de ce changement. Elle a dit 脿 M Cont茅 : "Il faut qu'une rencontre entre hommes ait lieu entre vous et le Pr茅sident Taylor pour que vous aplanissiez les diff茅rences entre vous, et nous, les femmes, tenons 脿 锚tre pr茅sentes. Nous vous enfermerons 脿 clef dans cette pi猫ce jusqu'脿 ce que vous reveniez 脿 la raison, et je ne l芒cherai pas la clef."

Lorsque ses propos ont 茅t茅 traduits en fran莽ais 脿 M. Cont茅, il y a eu un long silence. "Puis, il s'est mis 脿 rire, se souvient-elle. Il n'arrivait pas 脿 y croire ! Finalement il a cess茅 de rire et il a dit : 'quel homme pourrait me parler ainsi, 脿 votre avis ? Seule une femme pourrait me dire une chose pareille sans avoir 脿 en subir les cons茅quences.'" Finalement, M. Cont茅 a accept茅 d'assister au sommet et il a reconnu que c'茅tait gr芒ce aux femmes qu'il avait chang茅 d'avis. "Bien des gens ont essay茅 de me convaincre de rencontrer le Pr茅sident Taylor", a-t-il dit alors que la d茅l茅gation partait. "Votre d茅termination et votre appel m'ont convaincu."

Cet exploit diplomatique a 茅t茅 crucial pour le MARWOPNET -- car depuis des mois des m茅diateurs r茅gionaux et internationaux avaient essay茅 en vain d'y parvenir. Mais lorsque les trois pr茅sidents se sont rencontr茅s au Maroc en mars 2002, le MARWOPNET 茅tait absent -- victime de marginalisation politique et d'une grave insuffisance de fonds. "On ne nous a inform茅es que le jeudi que tout le monde allait partir pour Rabat le samedi", a expliqu茅 Mme Brownell. "Comme nous n'avons pas d'argent, nous n'avons rien pu faire." Mais le plus grand probl猫me, a-t-elle not茅, est "la mentalit茅 masculine qui veut que les femmes ne soient pas cens茅es jouer un r么le dans ce genre d'affaire. Les hommes n'h茅sitent pas 脿 vous rencontrer et 脿 vous dire qu'ils appr茅cient vos efforts et 脿 vous promettre toute la coop茅ration n茅cessaire. Mais, dans les faits, ce n'est pas ce que l'on observe. Ils veulent nous rel茅guer dans le r么le de simples observatrices et c'est ce que nous ne pouvons pas accepter."

Les perspectives d'avenir

Dans l'imm茅diat, estiment Mmes Rehn et Johnson Sirleaf, il faudrait mettre en place des m茅canismes tels que des fonds d'affectation sp茅ciale et exiger la parit茅 des sexes dans les processus officiels de paix tout en assurant une formation accrue et des programmes de renforcement des capacit茅s, de fa莽on 脿 ce que les femmes soient suffisamment nombreuses 脿 prendre place 脿 la table des n茅gociations.

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Mme Ellen Johnson Sirleaf : "Les femmes se pr茅occupent davantage des 锚tres humains. Elles s'occupent chez elles du foyer et de leur famille." Cette exp茅rience "donne aux femmes une sensibilit茅, un sens pratique, qui leur permettent de b芒tir la paix."

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Photo: 漏Michael Fleshman

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Mais le seul moyen de permettre aux femmes africaines de participer 脿 part enti猫re 脿 l'obtention de la paix, concluent-elles, est de soutenir la lutte qu'elles m猫nent pour prendre part sans restriction 脿 la vie politique, 茅conomique et sociale de la nation. Face 脿 la discrimination tenace que subissent les femmes, il faudrait, affirment-elles, appuyer des mesures controvers茅es visant 脿 augmenter les possibilit茅s qui s'offrent aux femmes, en instaurant notamment des quotas de femmes au parlement et dans l'administration, ce qui serait la "premi猫re 茅tape sur la voie de l'茅galit茅 entre les sexes". Mais de telles mesures "ne peuvent pas remplacer les strat茅gies 脿 long terme destin茅es 脿 rem茅dier aux obstacles socio茅conomiques" qui emp锚chent l'int茅gration politique et 茅conomique des femmes.

Investir en faveur des femmes

L'enseignement essentiel que l'on peut tirer des efforts d茅ploy茅s jusqu'脿 pr茅sent par les femmes oeuvrant en faveur de la paix, explique Mme Heyzer, est qu'il faut investir bien plus en faveur des femmes sur le plan politique et financier. "L'UNIFEM appuie ces initiatives mais ... nous ne sommes qu'un modeste fonds destin茅 aux femmes." Les femmes africaines peuvent 锚tre doublement d茅favoris茅es, poursuit-elle, parce que "certains conflits font l'objet d'une plus grande attention internationale que d'autres et suscitent, pour cette raison, des mobilisations de fonds plus importantes."

Cet investissement pourrait s'av茅rer extr锚mement rentable, affirme-t-elle. "Tant qu'on ne forcera pas les hommes 脿 changer, ils continueront 脿 avoir une mentalit茅 militaire." Quand les femmes sont pr茅sentes autour de la table des n茅gociations, dit-elle, "les artisans de la paix ne voient plus la s茅curit茅 d'un point de vue strictement militaire, mais en termes de s茅curit茅 humaine -- et notamment du point de vue de l'茅ducation, des soins de sant茅 et du d茅veloppement 茅conomique. Il faut prendre en compte ces 茅l茅ments dans les n茅gociations si l'on veut parvenir 脿 une paix r茅elle."

Pour les femmes africaines, poursuit Mme Heyzer, lorsqu'un conflit prend fin et qu'il faut d'urgence reconstruire le pays, des possibilit茅s de changement peuvent appara卯tre. "Un grand nombre de pays sortant d'un conflit se rendent compte qu'ils ne peuvent pas se passer des femmes", note-t-elle. "En fin de compte, beaucoup de femmes sont pr锚tes 脿 se d茅faire de leurs r么les traditionnels afin de b芒tir un avenir s没r."

La r茅solution 1325 a contribu茅 脿 ouvrir des perspectives d'avenir, conclut Mme Heyzer, en reconnaissant les souffrances qu'endurent les femmes en temps de guerre et la mani猫re dont elles contribuent 脿 la paix. Mais sur la route sem茅e d'emb没ches qui va de Busoro et Musaga, villages marqu茅s par la guerre, 脿 une place de partenaire 脿 part enti猫re 脿 la table de conf茅rence, les femmes oeuvrant en faveur de la paix en Afrique -- et dans le monde entier -- ont encore beaucoup de chemin 脿 parcourir.

[Encadre 1]

Les femmes sont-elles de meilleures artisanes de la paix ?

Les femmes ont-elles un temp茅rament plus pacifique que les hommes -- ce qui ferait d'elles de meilleures artisanes de la paix ? Pas forc茅ment, nous ont dit trois experts, mais les r么les que la soci茅t茅 impose 脿 chaque sexe et les diff茅rents v茅cus qui en r茅sultent peuvent renforcer l'efficacit茅 des femmes 脿 la table des n茅gociations. Une des grandes diff茅rences entre les hommes et les femmes, explique Mme Bineta Diop, pr茅sidente de l'organisation non gouvernementale Femme Africa Solidarit茅, tient au fait que, si les hommes ont l'habitude de disposer d'une certaine autorit茅, les femmes sont, par la force des choses, plus aptes 脿 se montrer conciliantes et 脿 chercher des consensus. "Dans notre soci茅t茅, en Afrique, on voit les femmes collaborer en mati猫re de sant茅, d'茅ducation et d'alimentation. Ce sont elles qui s'occupent de la communaut茅 et elles am猫nent 脿 la table [de n茅gociation de la paix] les valeurs que sont la solidarit茅 et le fait d'锚tre 脿 l'茅coute. Elles r茅ussissent 脿 convaincre les hommes de leurs opinions sur ces questions."

Mme Ellen Johnson Sirleaf, coauteur de l'茅valuation ind茅pendante r茅alis茅e par des experts sur les femmes, la guerre et la paix pour l'UNIFEM, a not茅 que, si les hommes recherchent le pouvoir politique afin de gouverner, les femmes sont g茅n茅ralement tenues 脿 l'茅cart des cercles du pouvoir et voient le pouvoir comme le moyen de parvenir 脿 d'autres fins et non comme une fin en soi. "Les femmes se pr茅occupent davantage des 锚tres humains. Elles sont m猫res. Elles grandissent avec des enfants. Elles s'occupent chez elles du foyer et de leur famille." Cette exp茅rience, a-t-elle expliqu茅, "donne aux femmes une sensibilit茅, un sens pratique, qui leur permettent de b芒tir la paix."

Ce n'est pas que les femmes ne veuillent pas participer pleinement 脿 la vie politique, a ajout茅 la directrice g茅n茅rale de l'UNIFEM, Noeleen Heyzer. "Elles veulent y participer ! Les femmes veulent le pouvoir autant que les hommes. Mais quel pouvoir ? Elles ont tellement de difficult茅s 脿 s'occuper de leurs familles et 脿 茅lever leurs enfants qu'elles veulent un meilleur moyen de le faire, un moyen plus s没r, ce qui est impossible si elles ne disposent pas de ressources et ne jouissent pas d'une certaine autorit茅 et d'un certain pouvoir."

[Encadre 2]

Les femmes de Casamance marchent pour la paix

Depuis vingt ans, la Casamance, r茅gion situ茅e au sud du S茅n茅gal, est en proie 脿 la guerre, les forces du gouvernement essayant de ma卯triser une insurrection arm茅e tenace. On compte de plus en plus de partisans de la paix parmi les simples citoyens de Casamance, et les femmes ont jou茅 un r么le de premier plan dans l'organisation de r茅unions, de rassemblements et de marches 脿 Ziguinchor et dans d'autres villes afin d'obtenir du gouvernement ainsi que du Mouvement rebelle des forces d茅mocratiques de Casamance (MFDC) qu'ils engagent de v茅ritables pourparlers de paix.

Le 27 octobre, 3 000 femmes environ ont d茅fil茅 脿 Ziguinchor. Elles se sont arr锚t茅es devant les bureaux du gouverneur r茅gional et ceux des principaux dirigeants du MFDC et leur ont fait promettre encore une fois d'oeuvrer en faveur d'un r猫glement global de paix. Un grand nombre de ces femmes 茅taient des "gardiennes" des for锚ts sacr茅es de Casamance, o霉 les conflits sociaux ont de tout temps 茅t茅 r茅gl茅s selon la coutume locale. Extr锚mement respect茅es dans les communaut茅s rurales et organis茅es en une association qui a pour nom Kabonk茅tor ("r茅conciliation", dans la langue locale, le joola), ces gardiennes ont par la suite voyag茅 dans toute la Casamance pour aider 脿 mobiliser la population en faveur du mouvement de paix. "Nous ne voulons pas continuer 脿 perdre nos enfants", a expliqu茅 Mme Marguerite Coly.