51吃瓜

Emily Miyanda est mieux lotie que la plupart des agriculteurs de la Zambie, pays en proie 脿 la faim. Avec 6 hectares de terres irrigu茅es situ茅es 脿 seulement une douzaine de kilom猫tres de la capitale, Mme Miyanda cultive du ma茂s et des l茅gumes qu鈥檈lle vend sur le grand march茅 de Lusaka. Elle engage des voisins pour l鈥檃ider lors des plantations et des r茅coltes. Mais m锚me dans ces conditions, elle souffre du d茅calage entre le prix 茅lev茅 de ce qu鈥檌l lui faut acheter et le bas prix auquel se vendent ses produits sur le march茅.

A cause de pluies irr茅guli猫res, de l鈥櫭﹑uisement des sols et de plusieurs d茅cennies de sous-investissements et de d茅sint茅r锚t de la part des gouvernements et donateurs internationaux, la pauvret茅 de ces cultivateurs s鈥檈st souvent aggrav茅e 脿 mesure que l鈥檃griculture africaine 鈥� principal pilier 茅conomique de la r茅gion 鈥� passait 脿 l鈥檃rri猫re-plan. De l鈥檃vis d鈥檜n nombre croissant de gouvernements africains, d鈥檌nstitutions des Nations Unies et d鈥檕rganismes non gouvernementaux, si l鈥檕n ne s鈥檈fforce pas de toute urgence d鈥檃ccro卯tre les rendements agricoles, de mettre en place des syst猫mes de transport et de commercialisation et d鈥檃dopter des m茅thodes agricoles modernes et durables, le continent africain n鈥檃tteindra pas ses objectifs de d茅veloppement et la population rurale, majoritaire, n鈥檈ngrangera pas de r茅coltes suffisantes.

Une cultivatrice de coton au Burkina Faso avec de l鈥檈ngrais NPK : il faut r茅g茅n茅rer les sols africains vid茅s de leurs 茅l茅ments nutritifs.

Photo: Reuters / Katrina Manson

Projet de d茅veloppement

On ne soulignera jamais assez l鈥檌mportance de l鈥檃griculture pour l鈥檃venir 茅conomique de l鈥橝frique. Plus de 65听% des quelque 750 millions d鈥檋abitants de l鈥橝frique subsaharienne travaillent dans l鈥檃griculture, et le secteur est 脿 l鈥檕rigine de plus du quart du produit int茅rieur brut dans la plupart des pays. Les produits agricoles repr茅sentent environ 20听% des 茅changes commerciaux internationaux de l鈥橝frique et constituent l鈥檜ne des principales sources de mati猫res premi猫res pour l鈥檌ndustrie.

Conscients de cette importance, les partisans du plan de d茅veloppement du continent, le Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD), ont publi茅 en 2003 le Programme int茅gr茅 pour le d茅veloppement de l鈥檃griculture en Afrique (CAADP) (voir Afrique Relance de janvier 2004). Ses objectifs sont ambitieux 鈥� atteindre des taux de croissance de 6听% par an dans les zones rurales d鈥檌ci 脿 2015, int茅grer et dynamiser les march茅s agricoles r茅gionaux et nationaux, augmenter consid茅rablement les exportations agricoles, faire de l鈥橝frique un 鈥渁cteur strat茅gique鈥� 脿 l鈥櫭ヽhelle mondiale dans le domaine des sciences et technologies agricoles, adopter des techniques ad茅quates de gestion de l鈥檈nvironnement et des terres et r茅duire la pauvret茅 en milieu rural. Le plan comprend quatre domaines prioritaires 鈥� ou grands axes 鈥� d鈥檌nvestissement visant 脿 revitaliser l鈥櫭ヽonomie rurale :

• accro卯tre la superficie des terres agricoles irrigu茅es en Afrique et am茅liorer la gestion des terres et les techniques agricoles afin de pr茅server et d鈥檃m茅liorer la qualit茅 des sols
• investir dans les infrastructures rurales, notamment des routes et chemins de fer, des sites de stockage et de traitement, des march茅s, des syst猫mes de communication et des r茅seaux d鈥檃pprovisionnement fiables pour les agriculteurs
• faire de la production alimentaire une priorit茅 importante, pour combattre la faim et d茅velopper les exportations, et am茅liorer les interventions d鈥檜rgence en cas de catastrophe naturelle et de conflit
• renforcer la recherche et le d茅veloppement dans le domaine agricole en Afrique, notamment en ce qui concerne les m茅thodes technologiques et agricoles de pointe et faire b茅n茅ficier rapidement et v茅ritablement les agriculteurs, fournisseurs et acheteurs des progr猫s r茅alis茅s

Le CAADP met l鈥檃ccent sur la concertation r茅gionale dans les diff茅rentes zones climatiques du continent et doit 锚tre mis en 艙uvre par les organismes 茅conomiques r茅gionaux existants et les gouvernements. Le co没t total du programme pour la p茅riode allant de 2002 脿 2015 est estim茅 脿 251 milliards de dollars 鈥� soit environ 18 milliards de dollars par an. Bien qu鈥檌l soit pr茅vu de financer cette somme en partie en faisant appel 脿 des donateurs, les analystes observent que l鈥橝frique importe actuellement pour environ 19 milliards de produits agricoles par an ; une partie importante de ce co没t pourrait donc 脿 terme 锚tre prise en charge par les pays africains, 脿 mesure que ceux-ci r茅duiront leurs importations.

鈥榁id茅 de sa substance鈥�

Cependant, les obstacles 脿 surmonter sont aussi importants que les cons茅quences potentielles d鈥檜n 茅chec. D鈥檃pr猫s les estimations du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, plus de 30 millions d鈥橝fricains ont actuellement besoin d鈥檃ide alimentaire internationale. Des chercheurs de l鈥橴nion africaine ont signal茅 en janvier que la population augmentait plus rapidement que la production alimentaire du continent depuis 1993, ce qui explique la hausse de 20听% du nombre de personnes souffrant de la faim 鈥� de 176 millions 脿 210 millions. Les exportations commerciales ne se portent pas mieux, la part de l鈥橝frique dans les 茅changes commerciaux mondiaux ayant recul茅 dans neuf de ses dix principaux produits agricoles d鈥檈xportation.

La d茅t茅rioration continuelle des sols de l鈥橝frique constitue un obstacle important 脿 la hausse des rendements, observe M. Amit Roy, directeur du Centre international de d茅veloppement des engrais (IFDC), un institut am茅ricain oeuvrant en faveur des progr猫s de l鈥檃griculture dans les pays en d茅veloppement. 鈥淎ujourd鈥檋ui, les trois quarts des terres agricoles de l鈥橝frique 鈥� quelque 170 millions d鈥檋ectares 鈥� sont ab卯m茅s, a-t-il d茅clar茅 fin mars 脿 la presse 脿 New York. R茅sultat : le rendement c茅r茅alier stagne 脿 une tonne par hectare, alors que la moyenne mondiale est de 3 tonnes.鈥� Chaque hectare de culture absorbe 脿 chaque saison plus de 45 kilogrammes de nutriments et de min茅raux, a-t-il expliqu茅, ce qu鈥檕n appelle 鈥榣鈥檈xtraction de nutriments鈥�. Lorsque les agriculteurs cultivent les m锚mes champs, saison apr猫s saison, et ne peuvent se permettre de remplacer les 茅l茅ments nutritifs du sol absorb茅s par leurs cultures, le sol se vide en fait de sa substance.鈥�

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鈥淚l faut que l鈥橝frique r茅ussisse 脿 mieux appliquer les sciences et technologies aux probl猫mes agricoles et 脿 faire b茅n茅ficier les agriculteurs de ces progr猫s plus rapidement.鈥�
鈥� Amit Roy, Centre international de d茅veloppement des engrais

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Selon les estimations, ce sont 8 millions de tonnes d鈥櫭﹍茅ments nutritifs qui sont consomm茅es chaque ann茅e. Pour emp锚cher que les r茅coltes ne diminuent, il est donc essentiel de restaurer l鈥檃zote, le potassium, le phosphore et les autres min茅raux absorb茅s par les plantes. La solution consiste en partie 脿 adopter de meilleures pratiques agricoles, notamment en diversifiant les cultures, en am茅liorant les m茅thodes de pr茅servation des sols et en utilisant de meilleures semences et technologies. Mais pour entamer une v茅ritable 鈥渞茅volution鈥� de l鈥檃griculture africaine, a expliqu茅 M. Roy 脿 Afrique Renouveau, il faut avant tout employer davantage d鈥檈ngrais.

En Asie et en Am茅rique latine, les cultivateurs ont consid茅rablement am茅lior茅 leurs r茅coltes en augmentant la productivit茅 des terres existantes, alors qu鈥檈n Afrique on a cherch茅 脿 produire davantage en cultivant de plus grandes superficies. 鈥淭raditionnellement, les agriculteurs africains pratiquent la culture sur br没lis, rappelle M. Roy. Ils d茅frichent une zone en y mettant le feu, la cultivent pendant une saison ou deux, passent ensuite 脿 une autre parcelle et laissent la premi猫re en jach猫re."

On estime que 50 000 hectares de for锚ts et 60 000 hectares de savane disparaissent ainsi chaque ann茅e en Afrique, ce qui nuit gravement 脿 l鈥檈nvironnement et contribue au recul de la production agricole par habitant depuis 20 ans.

D鈥檃pr猫s le CAADP, les cultivateurs africains utilisent actuellement beaucoup moins d鈥檈ngrais que leurs homologues d鈥檃utres r茅gions du monde (voir graphique ci-dessus).

Dans une 茅tude 茅tablie 脿 l鈥檕ccasion du Sommet de l鈥檈ngrais africain, organis茅 du 9 au 13 juin par l鈥橴nion africaine pour attirer l鈥檃ttention sur la crise des sols africains, des chercheurs de l鈥橧FDC, Julio Henao et Carlos Baanante, ont not茅 que l鈥檜tilisation d鈥檈ngrais en Afrique n鈥檃tteint pas le dixi猫me de la moyenne mondiale, qui est de 100 kilogrammes. Cinq pays 鈥� l鈥櫭塼hiopie, le Kenya, l鈥橝frique du Sud, le Zimbabwe et le Nig茅ria 鈥� consomment 脿 eux seuls pr猫s des deux tiers de l鈥檈ngrais utilis茅 en Afrique, principalement dans les secteurs de l鈥檃griculture commerciale et des exportations. 鈥淟鈥檜tilisation n茅gligeable d鈥檈ngrais par les petits exploitants agricoles, affirment les chercheurs, a pour beaucoup contribu茅 au recul du rendement agricole par habitant dans la r茅gion, qui a exacerb茅 la faim et la sous-nutrition.鈥�

Co没ts 茅lev茅s, faible offre

En plus des co没ts de transport 茅lev茅s et de l鈥檃bsence de fournisseurs en r茅gion rurale, la forte d茅pendance 脿 l鈥櫭ゞard d鈥檈ngrais import茅s signifie que les exploitants agricoles africains paient de deux 脿 six fois le prix mondial moyen de l鈥檈ngrais 鈥� quand ils arrivent 脿 s鈥檈n procurer. D鈥檃pr猫s l鈥櫭﹖ude de l鈥橧FDC, il est plus co没teux de transporter un kilo d鈥檈ngrais d鈥檜n port africain jusqu鈥櫭� une ferme situ茅e 100 km 脿 l鈥檌nt茅rieur des terres que de l鈥檃cheminer d鈥檜ne usine am茅ricaine au port africain.

Pourtant, m锚me une l茅g猫re augmentation des quantit茅s d鈥檈ngrais utilis茅es 鈥� qu鈥檌l s鈥檃gisse d鈥檈ngrais 脿 base d鈥檃zote, de phosphore ou de potassium 鈥� peut avoir des effets spectaculaires. Il est ressorti d鈥檜ne 茅tude r茅alis茅e en 脡thiopie que l鈥檃jout sur chaque plant d鈥檈nviron une cuiller茅e d鈥檈ngrais chimique entra卯ne un accroissement exponentiel du rendement de millet. On consid猫re que cette technique de 鈥榤icrodosage鈥� est particuli猫rement adapt茅e aux petits exploitants agricoles africains.

Citant les risques que pr茅senterait pour les sols et les sources d鈥檈au de l鈥橝frique une utilisation trop intensive des engrais chimiques 鈥� comme cela a parfois 茅t茅 le cas pendant la 鈥榬茅volution verte鈥� de l鈥橝sie 鈥� les partisans de l鈥檃griculture durable en Afrique estiment que les exploitants agricoles devraient utiliser davantage de fumier animal, de compost et d鈥檃utres engrais organiques.

Malgr茅 leur importance, les engrais d鈥檕rigine organique ont cependant certaines limites que rappelle M. Roy. 鈥淟a qualit茅 du fumier animal d茅pend de la qualit茅 de l鈥檃limentation des animaux. Les sols 茅tant souvent gravement appauvris, le fourrage contient peu des nutriments dont ont besoin les r茅coltes.鈥� Les engrais organiques ne suffisent pas 鈥溍� r茅pondre aux graves probl猫mes de fertilit茅 des sols africains. Nous devons accro卯tre l鈥檜sage d鈥檈ngrais chimiques aussi bien qu鈥檕rganiques."

Le CAADP est du m锚me avis. Dans le cadre de la nouvelle approche int茅gr茅e de l鈥檃griculture africaine promue par le NEPAD, 鈥渓es engrais min茅raux et les substances organiques sont consid茅r茅s comme des compl茅ments plut么t que des substituts鈥�.

Accro卯tre la production locale d鈥檈ngrais constitue un moyen d鈥檈n faciliter la distribution 脿 des prix plus abordables. Bien que l鈥橝frique ne consomme qu鈥檈nviron 1听% de la production mondiale d鈥檈ngrais et en produise actuellement encore moins, il serait possible de fabriquer de l鈥檈ngrais 脿 des fins commerciales sur le continent. L鈥檃zote est l鈥檜ne des substances les plus courantes sur terre mais il faut beaucoup d鈥櫭﹏ergie pour la convertir en engrais. Du fait de ses vastes ressources de gaz, en grande partie inexploit茅es, l鈥橝frique de l鈥橭uest pourrait tout 脿 fait fabriquer de l鈥檈ngrais azot茅. L鈥橝frique dispose 茅galement de gisements importants de phosphore et exporte d茅j脿 cette substance min茅rale aux cultivateurs chinois et indiens. Si ces min茅raux pouvaient servir 脿 la production locale, l鈥橝frique n鈥檃urait plus qu鈥櫭� importer de l鈥檈ngrais potassique.

Mais les investissements n茅cessaires 脿 la production d鈥檈ngrais ne s鈥檈ffectueront que si la demande des exploitants agricoles augmente, affirme M. Roy. Or, pour convaincre ces derniers que l鈥檃chat d鈥檈ngrais est rentable, il faudra consid茅rablement am茅liorer les r茅seaux et l鈥檌nfrastructure de transport en milieu rural, d茅velopper le r茅seau de fournisseurs et de commercialisation et donner de meilleures garanties de rentabilit茅.

Pas de solution miracle

鈥淟鈥檈ngrais ne suffit cependant pas 脿 r茅soudre tous les probl猫mes agricoles de l鈥橝frique, admet M. Roy. L鈥檈ngrais ne sert 脿 rien s鈥檌l arrive trop tard ou si les cultures ne sont pas irrigu茅es ou si vous ne pouvez vendre votre r茅colte鈥�.

Du fait de l鈥檌rr茅gularit茅 des pluies dans de grandes parties de l鈥橝frique orientale et australe, il est 茅galement urgent d鈥檃ccro卯tre la superficie des terres irrigu茅es. En f茅vrier, le Directeur g茅n茅ral de l鈥橭rganisation des Nations Unies pour l鈥檃limentation et l鈥檃griculture, Jacques Diouf, a d茅clar茅 aux ministres africains de l鈥檃griculture r茅unis 脿 Bamako que seuls 4听% des terres arables sont irrigu茅s en Afrique subsaharienne, contre 38听% en Asie. Bien qu鈥檜ne grande partie de l鈥橝frique ait d鈥檃bondantes r茅serves d鈥檈au, 鈥渓a r茅gion utilise moins de 3听% de ses ressources en eau, le pourcentage le plus faible du monde en d茅veloppement鈥�, a-t-il indiqu茅. Les chercheurs du NEPAD estiment 脿 37 milliards de dollars les investissements initiaux n茅cessaires 脿 l鈥檌rrigation de 20 millions d鈥檋ectares suppl茅mentaires de terres agricoles, avec des frais d鈥檈xploitation en sus de 31 milliards de dollars d鈥檌ci 脿 2015.

En l鈥檃bsence de telles ressources, certaines initiatives locales novatrices sont prometteuses. 脌 Dowa (Malawi), Glyvyns Chinkhuntha a construit un syst猫me d鈥檌rrigation par gravit茅 pour sa ferme de 20 hectares, en n鈥檜tilisant que des houes et des pelles. En puisant l鈥檈au d鈥檜ne rivi猫re voisine, il a cr茅茅 un r茅seau de canaux d鈥檌rrigation pas plus larges que la lame d鈥檜ne houe. Cela montre qu鈥檌l existe des solutions locales aux probl猫mes agricoles de l鈥橝frique, a d茅clar茅 au journal am茅ricain Christian Science Monitor M. Chinkhuntha. 鈥淟鈥橝frique aurait largement de quoi manger, a-t-il ajout茅, si les exploitants agricoles pouvaient 锚tre mieux instruits et form茅s.

La reconstruction en milieu rural de r茅seaux d鈥檃pprovisionnement et de syst猫mes de commercialisation permettant aux agriculteurs de produire davantage constitue un autre d茅fi de taille. G茅r茅s par l鈥櫭塼at, les offices de commercialisation de produits agricoles remplissaient auparavant ce r么le en partie, en assurant la stabilit茅 des prix et en fournissant des services de cr茅dit et des semences et technologies am茅lior茅es aux agriculteurs locaux. Mais comme l鈥檕nt rappel茅 les chercheurs sud-africains Raj Patel et Alexa Delwiche, la plupart de ces offices ont 茅t茅 supprim茅s pendant les ann茅es 1980 et 1990 脿 la suite des politiques de privatisation du Fonds mon茅taire international et de la Banque mondiale. 鈥淎ujourd鈥檋ui, en plus d鈥櫭猼re directement expos茅s aux fluctuations des march茅s internationaux, les agriculteurs ne savent souvent pas quand les acheteurs du secteur priv茅 se manifesteront et sont donc contraints de vendre leurs produits 脿 bas prix au premier n茅gociant venu鈥�, ont-ils 茅crit en 2002 dans une 茅tude r茅alis茅e pour le compte de l鈥檕rganisation non gouvernementale am茅ricaine Food First. A cause des probl猫mes de transport et d鈥檃cheminement, les r茅gions 茅loign茅es ne sont souvent pas desservies par les acheteurs priv茅s, probl猫me auquel sont 茅galement confront茅s les fournisseurs d鈥檈ngrais, de semences et d鈥檃utres facteurs de production agricole.

M. Roy estime qu鈥檜ne solution 脿 long terme consiste 脿 faire davantage participer le secteur priv茅 aux activit茅s de commercialisation et d鈥檃pprovisionnement en milieu rural. Mais il reconna卯t toutefois qu鈥檈n raison du taux 茅lev茅 de pauvret茅 en zone rurale et du besoin de 鈥渂iens collectifs鈥� comme des routes et des march茅s, les gouvernements africains ont un r么le d茅cisif 脿 jouer en encourageant les investissements priv茅s.

En 1998, un programme pilote mis en place par le gouvernement et des institutions donatrices du Malawi a consist茅 脿 distribuer des petits 鈥渒its de d茅part鈥� d鈥檈ngrais et de semences am茅lior茅es 脿 quasiment tous les m茅nages des r茅gions rurales. Bien que le projet ait donn茅 de bons r茅sultats, il n鈥檃 pas pu 锚tre adopt茅 脿 grande 茅chelle en raison de son co没t 茅lev茅 et de son manque de viabilit茅. Au Kenya, explique M. Roy, les pouvoirs publics ont choisi de donner davantage de moyens au secteur priv茅 en investissant davantage dans l鈥檌nfrastructure, tandis que d鈥檃utres gouvernements ont tent茅 de r茅pondre aux besoins des agriculteurs en recourant 脿 la fois 脿 des subventions et 脿 des syst猫mes d鈥檌ncitation du secteur priv茅.

Enfin, ajoute M. Roy, 鈥渋l faut que l鈥橝frique r茅ussisse 脿 mieux appliquer les sciences et technologies aux probl猫mes agricoles et 脿 faire b茅n茅ficier les agriculteurs de ces progr猫s plus rapidement鈥�. A cet 茅gard 茅galement, certains projets sont prometteurs. En 1997, des chercheurs de l鈥橝ssociation pour le d茅veloppement de la riziculture en Afrique de l鈥橭uest ont mis au point des vari茅t茅s r茅sistantes qui associent les meilleures caract茅ristiques des riz africains et asiatiques (voir Afrique Renouveau, janvier 2004).

Des services de vulgarisation plus vastes et plus efficaces peuvent 茅galement donner de tr猫s bons r茅sultats en am茅liorant les techniques de gestion des terres et de l鈥檈au, en introduisant de nouvelles techniques (comme la rotation des cultures et la polyculture au sein d鈥檜ne m锚me exploitation) et en faisant b茅n茅ficier plus rapidement les agriculteurs des connaissances scientifiques et des nouvelles technologies.

鈥淟e cultivateur africain est souvent une cultivatrice, conclut M. Roy. Et c鈥檈st une bonne cultivatrice, capable de nourrir sa famille et le continent si on lui en donne les moyens.鈥�