51吃瓜

Il y a quatre ans, les champs de ma茂s de la p茅riph茅rie de Lusaka (Zambie) 茅taient fl茅tris et tout gris, compl猫tement irr茅cup茅rables, faute de pluie. Mais, en cette p茅riode de s茅cheresse grave, les champs de manioc de Melania Chipungu 茅taient rest茅s d鈥檜n vert vif, les plants se balan莽ant sous l鈥檈ffet du vent.

Paysan gambien avec un plant de manioc : cette culture suscite de plus en plus d鈥檌nt茅r锚t dans toute l鈥橝frique.

Photo: Alamy / Jack Sallivan

鈥淛e cultivais le ma茂s auparavant, mais les conditions 茅taient difficiles car je perdais ma r茅colte chaque fois que les pluies se faisaient rares. Mais depuis que je me consacre au manioc, je ne me pr茅occupe plus de la s茅cheresse鈥�, a expliqu茅 Mme Chipungu 脿 Afrique Renouveau. 鈥淟e manioc est plus facile 脿 cultiver. Il me suffit seulement d鈥檈nlever les mauvaises herbes - pas d鈥檈ngrais ni de longues heures de dur labeur. J鈥檃i plus de temps pour discuter avec d鈥檃utres femmes et faire ce que j鈥檃ime.鈥�

Le tubercule du manioc, qui ressemble 脿 une patate douce, est riche en glucides. Ses feuilles contiennent 脿 peu pr猫s la m锚me quantit茅 de prot茅ines que l鈥櫯搖f. Cette culture peut 锚tre transform茅e en amidon, en farine et en nourriture de b茅tail de qualit茅. Elle sert 茅galement 脿 la fabrication du papier et de la gomme. Impressionn茅es par les nombreux avantages qu鈥檕ffre le manioc, Mme Chipungu et une vingtaine d鈥檃utres femmes ont form茅 l鈥橝ssociation des femmes de Mitengo pour s鈥檈ntraider 脿 cultiver cette plante. Des experts du Minist猫re zambien de l鈥檃griculture leur ont dispens茅 une formation, explique Mme Chipungu, pr茅sidente de l鈥檃ssociation.

Enfin reconnu !

鈥淣ombreux sont les paysans africains qui ont pr茅f茅r茅 le ma茂s au manioc. Cependant, le manioc fait partie du r茅gime alimentaire d鈥檜n nombre croissant d鈥橝fricains鈥�, indique Richard Mkandawire, chef du programme agricole du Nouveau partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD). Face aux p茅nuries alimentaires chroniques, note-t-il, les gouvernements se tournent de plus en plus vers les cultures vivri猫res telles que le manioc, qui sont meilleur march茅, plus r茅sistantes et plus faciles 脿 cultiver.

Le NEPAD, un projet et cadre strat茅gique africain adopt茅 par les dirigeants africains en 2001 pour relancer le d茅veloppement sur le continent, encourage l鈥檃doption du manioc. Reconnaissant que les petits exploitants agricoles contribuent de fa莽on d茅cisive 脿 nourrir les familles pauvres, le NEPAD encourage les paysans 脿 cultiver le manioc dans le cadre d鈥檜ne strat茅gie globale visant 脿 assurer un approvisionnement alimentaire fiable.

Sans 锚tre aussi nutritif que le ma茂s, le manioc pousse bien sur des sols pauvres et avec de faibles pr茅cipitations, explique 脿 Afrique Renouveau Steve Haggblade, chercheur 脿 l鈥橴niversit茅 d鈥橢tat du Michigan (Etats-Unis).

鈥淟e manioc est la seule culture vivri猫re de base que les paysans puissent r茅colter au d茅but de la saison des pluies, p茅riode o霉 la faim fait le plus de ravages. Les r茅serves de ma茂s s鈥櫭﹑uisent g茅n茅ralement 脿 la fin de l鈥檃nn茅e, avant les nouvelles r茅coltes鈥�, indique M. Haggblade, qui est bas茅 en Zambie.

Le manioc est la culture id茅ale, dit-il, car 鈥渓ors d鈥檜ne ann茅e normale, un paysan ne peut obtenir qu鈥檈nviron 2 tonnes de ma茂s par hectare alors que le manioc fournit des quantit茅s trois fois sup茅rieures鈥�.

Am茅liorer la qualit茅

Afin d鈥檃ccro卯tre le nombre de producteurs de manioc, les dirigeants africains s鈥檈mploient, avec les chercheurs, 脿 fournir aux paysans des semences de qualit茅 et des informations concernant les meilleures m茅thodes de plantation et de culture du manioc. De concert avec l鈥橧nstitut international d鈥檃griculture tropicale (IITA), les responsables du NEPAD s鈥檃ttachent 脿 am茅liorer le manioc afin d鈥檈n accro卯tre le rendement et d鈥檃rriver 脿 ce qu鈥檌l parvienne plus rapidement 脿 maturit茅 et r茅siste mieux aux maladies. Bas茅 脿 Ibadan (Nigeria), l鈥橧nstitut a annonc茅 avoir mis au point une vari茅t茅 de manioc pouvant 锚tre r茅colt茅e au bout de 12 脿 24 mois, avec des rendements de plus de 40 tonnes par hectare.

Mme Chipungu a remarqu茅 la diff茅rence. 鈥淢es conditions de vie se sont am茅lior茅es depuis que j鈥檃i commenc茅 脿 cultiver le manioc. Les nouvelles vari茅t茅s am茅lior茅es 鈥� Tanganyika et Mwelu 鈥� arrivent 脿 maturit茅 en une ann茅e. Elles donnent de grosses tubercules saines qui r茅sistent mieux aux maladies que les anciennes vari茅t茅s鈥�, dit-elle.

Disposer d鈥檜ne culture fiable n鈥檈st qu鈥檜n d茅but. L鈥檜n des principaux objectifs du NEPAD est d鈥檃ider les paysans 脿 cultiver assez de manioc pour 锚tre en mesure 脿 la fois d鈥檈n vendre et de nourrir leur famille. Le Nig茅ria, premier producteur mondial de manioc selon l鈥橭rganisation des Nations Unies pour l鈥檃limentation et l鈥檃griculture (FAO), encourage ses paysans 脿 cultiver le manioc. Selon les estimations du Gouvernement nig茅rian, le manioc pourrait rapporter jusqu鈥櫭� 5 milliards de dollars, soit environ le tiers des recettes que le pays tire du p茅trole brut.

鈥淒e l鈥檃rgent en poche鈥�

Les femmes de l鈥檃ssociation de Mitengo esp猫rent exporter vers les pays voisins du manioc provenant de leurs parcelles de 8 脿 12 hectares. Pour y parvenir, elles ont besoin d鈥檃ide pour s鈥檃cheter des machines de transformation et de conditionnement, afin d鈥檕btenir des produits de qualit茅 susceptibles de soutenir la concurrence internationale. Un grand nombre de ces femmes doivent subvenir 脿 leurs propres besoins.

鈥淣ous disons aux femmes que, c茅libataire ou mari茅e, il faut se servir de ses mains pour survivre. Mon mari est d茅c茅d茅 et j鈥檃i huit enfants, je ne peux donc pas baisser les bras, dit Mme Chipungu. Depuis que je me consacre 脿 la culture du manioc, j鈥檃i de l鈥檃rgent en poche. Je peux acheter des semences de chou et de tomate et les cultiver pour nourrir ma famille. Davantage de femmes peuvent devenir ind茅pendantes si elles b茅n茅ficient d鈥檜n appui.鈥� Dans le cadre de cette campagne en faveur de la culture du manioc, des experts du NEPAD et de la FAO contribuent 脿 distribuer les vari茅t茅s am茅lior茅es de l鈥橧ITA dans plus d鈥檜ne douzaine de pays. Certes, le manioc n鈥檈st pas la panac茅e et ne rem茅diera pas 脿 toutes les p茅nuries alimentaires de l鈥橝frique ; mais si on leur en donne les moyens, les planteurs de manioc pourront nourrir les populations souffrant de la faim en Afrique.