51吃瓜

Lorsque, enfant, Inonge Mbikusita-Lewanika fut envoy茅e dans un pensionnat de jeunes filles zambien r茅put茅 pour son excellence acad茅mique et sportive, elle 茅tait loin de se douter qu鈥檈lle se pr茅parait ainsi 脿 une carri猫re de dirigeante. Contrairement 脿 beaucoup d鈥檃utres filles de son 芒ge, oblig茅es de partager leur temps entre leurs devoirs scolaires et leurs responsabilit茅s m茅nag猫res, elle avait tout le temps n茅cessaire pour se consacrer 脿 ses 茅tudes. Aujourd鈥檋ui, elle est ambassadrice de son pays aux 脡tats-Unis; elle a 茅t茅 d茅put茅e et est devenue en 2001 la premi猫re femme 脿 briguer la pr茅sidence de la Zambie.

C茅l茅bration de la Journ茅e internationale de la femme en C么te d鈥橧voire.

Photo: UN / Ky Chung

C鈥檈st comme si tout, dans son enfance, l鈥檃vait destin茅e 脿 sa situation actuelle, explique-t-elle. Ses parents 茅taient toujours disponibles et l鈥檕nt encourag茅e 脿 r茅aliser ses r锚ves. 鈥淣ous passions 茅norm茅ment de temps avec nos parents鈥�, dit Mme Lewanika, qui se trouvait 脿 New York en f茅vrier pour assister 脿 la cinquanti猫me session de la Commission de la condition de la femme. 鈥淣ous avons tous [gar莽ons et filles] 茅t茅 茅lev茅s dans des conditions favorables par nos parents, qui nous ont tous envoy茅s 脿 l鈥櫭ヽole."

Mme Lewanika compte 脿 son actif de nombreuses r茅alisations ; elle a notamment fait partie du groupe de femmes qui a amen茅 l鈥橴nion africaine 鈥� l鈥檕rganisation politique du continent 鈥� 脿 adopter en 2004 des r猫gles novatrices imposant une repr茅sentation 茅quilibr茅e des hommes et des femmes parmi les fonctionnaires de haut rang. Mme Lewanika a 茅galement plaid茅 pour l鈥檃doption en 2000 de la r茅solution 1325 du Conseil de s茅curit茅 de l鈥橭NU, qui pr茅conise une participation 茅gale des femmes 脿 la pr茅vention et au r猫glement des conflits ainsi qu鈥檃u maintien et 脿 la consolidation de la paix.

Elle fait toutefois figure d鈥檈xception. Seuls trois pays d鈥橝frique, (l鈥橝frique du Sud, le Mozambique et le Rwanda) ont atteint l鈥檕bjectif d鈥檃u moins 30听% de femmes au parlement, conform茅ment 脿 l鈥檕bjectif fix茅 par l鈥橭NU pour la repr茅sentation des femmes dans les organes de d茅cision. En 2004, seuls 12 autres pays du monde 茅taient parvenus 脿 ce niveau de repr茅sentation dans les parlements nationaux.

Des r么les multiples

Les femmes ont du mal 脿 parvenir 脿 des postes de haute responsabilit茅 et 脿 s鈥檡 maintenir 脿 cause des r么les qui leur sont depuis toujours d茅volus, nous a expliqu茅 Mme Lewanika. Si une femme veut 锚tre 脿 la fois parlementaire, 茅pouse et m猫re, cela lui est difficile sans l鈥檃ide de son mari.

Partout dans le monde, les femmes qui occupent des postes de direction se heurtent 脿 de nombreux obstacles et notamment 脿 l鈥檌d茅e r茅pandue mais souvent implicite selon laquelle la femme n鈥檈st pas l鈥櫭ゞale de l鈥檋omme, que ce soit au foyer, au travail ou au gouvernement. Les f茅ministes estiment qu鈥檌nd茅pendamment de leur race, leur origine sociale ou leur appartenance ethnique, les femmes sont constamment consid茅r茅es comme profanes en politique et que leur participation 脿 la vie publique est subordonn茅e 脿 leur r么le de m猫re.

De nombreuses cultures consid猫rent que c鈥檈st essentiellement aux femmes qu鈥檌ncombe la responsabilit茅 d鈥櫭﹍ever les enfants, les hommes n鈥櫭﹖ant pas cens茅s s鈥檃cquitter de travaux m茅nagers. Dans les pays o霉 ces convictions sont profond茅ment ancr茅es, les femmes qui ne se conforment pas aux normes doivent souvent exercer deux fonctions 脿 la fois. Celles qui ont une carri猫re doivent s鈥檕ccuper de leur foyer et de leur famille tout en s鈥檃cquittant parall猫lement de leurs obligations professionnelles. Elles sont donc souvent d茅savantag茅es par rapport 脿 leurs coll猫gues masculins.

脡lectrices lib茅riennes : les Africains sont nombreux 脿 constater que l鈥檃ccession des femmes 脿 des fonctions 茅lev茅es ne constitue qu鈥檜ne premi猫re 茅tape.

Photo: Reuters / Claire Soares

Les militants de l鈥櫭ゞalit茅 des sexes notent 茅galement que la pr茅sence des femmes 茅tant souvent consid茅r茅e comme incongrue dans les milieux professionnels, celles-ci sont plus s茅v猫rement jug茅es que les hommes qui occupent le m锚me 茅chelon qu鈥檈lles.

鈥淛鈥櫭﹖ais constamment observ茅e par tous mes coll猫gues鈥�, raconte Rosario Green, ancienne ambassadrice du Mexique aupr猫s de l鈥橭NU. 鈥淟es hommes qui occupaient des fonctions sup茅rieures 脿 la mienne m鈥檕bservaient pour voir si j鈥檃llais commettre une erreur et ceux qui occupaient des fonctions comparables 脿 la mienne m鈥檕bservaient pour voir si j鈥檃vais les m锚me capacit茅s qu鈥檈ux. Et, bien s没r mes chefs, qui 茅taient des hommes, passaient leur temps 脿 nous surveiller de pr猫s, moi et les autres femmes, parce qu鈥檌ls avaient peur qu鈥檕n leur reproche un jour d鈥檃voir commis une erreur en nous embauchant."

Pour se faire remarquer et parvenir 脿 des postes de responsabilit茅, les femmes doivent souvent 锚tre surqualifi茅es, dit Mme Lewanika. C鈥檈st une cons茅quence directe du fait que la soci茅t茅 les consid猫re comme inf茅rieures.

Des ambassadrices

Seul un nombre restreint de femmes sont ambassadrices 脿 Washington, dont Mme Lewanika. Sur 16 femmes ambassadrices aux Etats-Unis, huit sont africaines et, ajoute-t-elle, ce n鈥檈st pas un hasard si sept d鈥檈ntre elles repr茅sentent des pays d鈥橝frique australe. En 1997 les 脡tats Membres de la Communaut茅 de d茅veloppement de l鈥橝frique australe (CDAA) ont adopt茅 une d茅claration sur les femmes et le d茅veloppement qui imposait 脿 chaque pays de parvenir 脿 une repr茅sentation f茅minine d鈥檃u moins 30听% dans les postes 脿 responsabilit茅 d鈥檌ci 脿 2005. Bien que seuls trois pays aient atteint l鈥檕bjectif fix茅 par la CDAA, 20听% en moyenne des d茅put茅s de la r茅gion sont des femmes. Seuls les pays scandinaves font mieux avec une moyenne de 38听% de femmes.

Depuis la premi猫re Conf茅rence mondiale sur les femmes qui s鈥檈st tenue en 1975, le mouvement des femmes a accompli d鈥檌mportants progr猫s sur la voie d鈥檜ne repr茅sentation 脿 part enti猫re des femmes dans tous les secteurs de la soci茅t茅. En f茅vrier 2006, des militants et des d茅cideurs se sont r茅unis 脿 New York, 脿 l鈥檕ccasion de la cinquanti猫me session de la Commission de la condition de la femme, afin de faire le bilan des progr猫s r茅alis茅s. Cr茅茅e en 1946 par le Conseil 茅conomique et social (l鈥檜n des cinq grands organes de l鈥橭NU), la commission est charg茅e de d茅fendre les int茅r锚ts des femmes.

Lorsque la Commission a 茅t茅 cr茅茅e, les femmes n鈥檃vaient le droit de vote que dans 30 des 51 脡tats Membres fondateurs de l鈥橭NU. A pr茅sent, partout dans le monde, les femmes ont acquis le droit d鈥櫭﹍ire et, dans la majorit茅 des pays, celui d鈥櫭猼re 茅lues.

Un tournant important

鈥淟es progr猫s ont 茅t茅 lents et in茅gaux, indique la Vice-pr茅sidente de la Commission de la condition de la femme Adekunbi Abibat Sonaike, du Nig茅ria, en notant que l鈥檕bjectif de l鈥橭NU 鈥� 30听% de femmes aux postes de d茅cision 鈥� n鈥檃 pas encore 茅t茅 atteint dans un grand nombre de pays africains. Selon elle, la pauvret茅 est l鈥檜n des principaux obstacles auxquels se heurtent les Africaines et le continent 鈥渞este 脿 la tra卯ne des autres r茅gions pour ce qui est de la lutte contre la pauvret茅, les femmes en 茅tant les principales victimes鈥�.

La Commission 茅conomique pour l鈥橝frique (CEA) se range 脿 cet avis, tout en faisant observer que dans les pays pauvres, les femmes sont souvent tenues 脿 l鈥櫭ヽart de la vie politique parce qu鈥檈lles ne disposent pas des moyens financiers n茅cessaires pour se lancer dans la politique. Un grand nombre d鈥橝fricaines n鈥檕nt pas suffisamment acc猫s aux ressources telles que la terre, l鈥檈au, l鈥櫭﹏ergie, les cr茅dits, les moyens de communication, l鈥櫭ヾucation et la formation, la sant茅 et un salaire acceptable. Le nombre de personnes vivant dans la pauvret茅 extr锚me (avec moins d鈥檜n dollar des 脡tats-Unis par jour) est pass茅 de 217 millions en 1990 脿 290 millions en 2000, note la CEA, et la majorit茅 d鈥檈ntre elles sont des femmes et des filles.

La Quatri猫me Conf茅rence mondiale sur les femmes qui s鈥檈st tenue 脿 Beijing en 1995 a constitu茅 un tournant critique dans la lutte en faveur de l鈥櫭ゞalit茅 des sexes. Pour la premi猫re fois dans l鈥檋istoire, les gouvernements sont convenus 脿 l鈥櫭ヽhelon international de prendre des engagements concrets afin de faciliter l鈥檃ccession des femmes 脿 des postes de direction. A Beijing, les gouvernements ont d茅clar茅 d鈥檜n commun accord que pour 茅liminer la pauvret茅 et parvenir au d茅veloppement durable, 鈥渋l faut que les hommes et les femmes participent pleinement et sur un pied d鈥櫭ゞalit茅 脿 la formulation des politiques et des strat茅gies macro茅conomiques et sociales鈥�. Ils ont fix茅 脿 30听% le taux de participation des femmes 脿 des postes de d茅cision 脿 l鈥櫭ヽhelon international. On estime que ce pourcentage cr茅era une 鈥渕asse critique鈥� de femmes 鈥� un niveau minimum de repr茅sentation qui permettra aux femmes de jouer un r么le d茅terminant dans l鈥櫭﹍aboration des politiques.

A Beijing, les gouvernements ont 茅galement d茅cid茅 d鈥櫭﹖udier 鈥渓es effets des modes de scrutin sur la repr茅sentation politique des femmes鈥� et de proposer des r茅formes en vue d鈥檃m茅liorer leur repr茅sentation. Les m茅canismes de suivi de la condition f茅minine indiquent que c鈥檈st dans les pays qui ont proc茅d茅 脿 des r茅formes 茅lectorales que les progr猫s ont 茅t茅 les plus marqu茅s. Les 15 pays qui en 2004 comptaient au moins 30听% de femmes au parlement ont tous pris des dispositions 茅lectorales pour accro卯tre le pouvoir d鈥檃ction des femmes.

Ils ont notamment adopt茅 des mesures de discrimination positive pr茅voyant des quotas de femmes dans les partis politiques et les parlements nationaux. Un grand nombre de pays o霉 des progr猫s ont 茅t茅 r茅alis茅s ont 茅galement utilis茅 la repr茅sentation proportionnelle comme mode de scrutin. Avec cette formule, chaque parti politique se voit attribuer un certain nombre de si猫ges selon le nombre de voix qu鈥檌l a recueillies, 脿 la diff茅rence des syst猫mes dans lesquels le parti victorieux remporte tous les si猫ges. Les petits partis pouvant plus facilement gagner des si猫ges dans le cadre de ce syst猫me, ils prennent plus souvent le 鈥渞isque鈥� de pr茅senter des candidates. En outre, certains de ces pays ont promulgu茅 des lois qui accordent des subventions aux femmes pour les aider 脿 se pr茅senter aux 茅lections.

L鈥橝frique du Sud et le Mozambique ont un syst猫me de quotas volontaires, afin qu鈥檜n certain pourcentage de femmes soient choisies pour pr茅senter leur candidature 脿 des postes politiques. Le Rwanda a un syst猫me de quotas constitutionnels qui pr茅voit des objectifs 脿 atteindre pour tous les partis politiques.

Postes de direction

Malgr茅 les d茅fis 脿 relever, les femmes sont de plus en plus nombreuses 脿 percer le 鈥減lafond de verre鈥�. Celles d鈥檈ntre elles qui occupent des postes de direction attribuent leur r茅ussite 脿 leur niveau d鈥櫭ヾucation et aux possibilit茅s d鈥檈mploi qui leur sont offertes, 脿 l鈥檈ncouragement qu鈥檈lles re莽oivent de la part d鈥檋ommes et de femmes, 脿 l鈥檃ppui de leur famille, de leurs employeurs, superviseurs, professeurs et coll猫gues ainsi qu鈥櫭� l鈥檌ntervention r茅ussie des militants de l鈥櫭ゞalit茅 des sexes.

La proportion de femmes parlementaires dans le monde est pass茅e de 11,7听% en 1995 脿 15,6听% en 2004. En Afrique australe, o霉 le pourcentage de femmes parlementaires (17,9听%) est beaucoup plus 茅lev茅 que dans le reste de l鈥橝frique (11听% en moyenne), trois pays ont choisi des femmes pour assumer la vice-pr茅sidence du Parlement au cours de la derni猫re d茅cennie. Par ailleurs, le Mozambique a nomm茅 une femme au poste de premier ministre et le Zimbabwe et l鈥橝frique du Sud ont nomm茅 des femmes 脿 la vice-pr茅sidence.

Ellen Johnson-Sirleaf, Pr茅sidente du Lib茅ria et premi猫re femme 茅lue chef d鈥櫭塼at en Afrique.

Photo: UN / Evan Schneider

En janvier, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, ancienne 茅conomiste 脿 la Banque mondiale et fonctionnaire 脿 l鈥橭NU, a pr锚t茅 serment au Lib茅ria. C鈥檈st la premi猫re Africaine 脿 acc茅der 脿 la magistrature supr锚me. On estime que Mme Johnson-Sirleaf a 茅t茅 茅lue car elle paraissait plus qualifi茅e que ses rivaux de sexe masculin.

M锚me si certaines femmes finissent par acc茅der 脿 des postes importants, il n鈥檈n est pas moins n茅cessaire de cr茅er des conditions qui leur permettent de v茅ritablement changer les choses, note Mme Pumla Mncayi, la directrice de Gender Advocacy Programme, un groupe de pression sud-africain. 鈥淚l est certain que de tout temps les femmes ont occup茅 des postes de subordonn茅es sans pouvoir ni port茅e r茅els.鈥� A propos de Phumzile Gloria Mlambo-Ngcuka, la premi猫re femme vice-pr茅sidente de l鈥橝frique du Sud, Mme Mncayi ajoute : 鈥淥n peut se demander si elle a vraiment le pouvoir d鈥檃m茅liorer la vie des Sud-africaines."

Selon Mme Mncayi, il est temps que des pays comme l鈥橝frique du Sud ne se contentent pas de chiffres et fassent plut么t campagne en faveur de la r茅forme des institutions d鈥櫭塼at afin de permettre une participation r茅elle des femmes.

Les femmes ayant toujours eu moins de possibilit茅s que les hommes de parvenir 脿 des postes de responsabilit茅, elles sont souvent intimid茅es par le syst猫me politique et h茅sitent 脿 participer au processus politique, estime Mme Mncayi. Il faut donc mettre en place des programmes express茅ment con莽us pour assurer la formation des femmes qui font leur entr茅e dans les cercles du pouvoir.

Accro卯tre la participation

Certaines des femmes politiques africaines sont par ailleurs confront茅es 脿 des syst猫mes politiques qui encouragent le client茅lisme et obligent les politiciens 脿 rendre des comptes 脿 la hi茅rarchie du parti plut么t qu鈥櫭� leurs 茅lecteurs 鈥� il est ainsi plus difficile pour les responsables 茅lus d鈥櫭﹍aborer des politiques.

Dans un rapport command茅 par le Bureau du conseiller sp茅cial de l鈥橭NU sur l鈥橝frique, Shireen Hassim et Sheila Meintjes notent que la repr茅sentation proportionnelle, mode de scrutin g茅n茅ralement consid茅r茅 comme favorisant les femmes, a des cons茅quences n茅gatives dont on parle peu et permet aux 鈥減artis politiques d鈥檈xercer un contr么le sur les femmes鈥�.

Les 茅tudes men茅es en Ouganda, l鈥檜n des premiers pays d鈥橝frique 脿 adopter des quotas f茅minins, indiquent que la participation des femmes a eu des effets mitig茅s et que lorsque les femmes parlementaires doivent s鈥檃ligner sur la politique du parti au pouvoir, elles sont souvent dans l鈥檌ncapacit茅 d鈥檃ppuyer les dispositions l茅gislatives que les mouvements de femmes voient d鈥檜n bon oeil. L鈥橝frique du Sud et le Mozambique ont fait 茅tat de pr茅occupations semblables, notent Mmes Hassim et Meintjes. Le probl猫me qui se pose aux femmes parlementaires est de concilier leur d茅vouement au parti et l鈥檕bligation, dont elles sont nombreuses 脿 se sentir investies, de faire adopter des politiques favorables aux femmes.

L鈥橝frique du Sud et le Mozambique ont des nombres records de femmes au parlement en raison des mesures de discrimination positive qu鈥檌ls ont adopt茅es. Toutefois, tout comme leurs homologues masculins, celles-ci sont 茅lues pour repr茅senter leur parti et non pas n茅cessairement pour d茅fendre les int茅r锚ts des femmes. 鈥淟e probl猫me est donc de savoir comment d茅finir les int茅r锚ts des femmes sans les assimiler aux int茅r锚ts et 脿 l鈥檌dentit茅 de leur parti鈥�, 茅crivent Mmes Hassim et Meintjes.

Au Zimbabwe voisin, 茅crivent Mmes Catherine Makoni et Tsitsi Matekaire, le lobby des femmes ne savait pas trop s鈥檌l fallait ou non se r茅jouir de la nomination l鈥檃n dernier de la premi猫re vice-pr茅sidente du pays, Joyce Mujuru. D鈥檃ucuns ont estim茅 que sa nomination n鈥櫭﹖ait qu鈥檜ne 鈥渕anoeuvre politique鈥�, notent-elles dans une 茅tude r茅alis茅e 脿 l鈥檌ntention de l鈥橭rganisation des femmes pour l鈥檈nvironnement et le d茅veloppement (WEDO), groupe de pression f茅minin international. 鈥淎 ce stade de notre histoire, [nommer une femme] semblait commode."

Elles notent par ailleurs que Mme Mujuru a 茅t茅 nomm茅e au sein d鈥檜n gouvernement qui a promulgu茅 des lois intol茅rantes des divergences d鈥檕pinions. Les femmes qui ont manifest茅 contre la d茅gradation des conditions de vie dans ce pays d鈥橝frique australe ont 茅t茅 arr锚t茅es par centaines.

R茅ussite des pays sortant d鈥檜n conflit

Selon Mme Doris Mpomou, chercheuse travaillant 脿 New York pour WEDO, bien que les conflits arm茅s aient 茅t茅 tr猫s d茅stabilisateurs en Afrique, ils ont aussi paradoxalement pour effet de 鈥減ermettre aux femmes de modifier les relations entre les sexes et d鈥檃cc茅der 脿 des postes de direction鈥�.

Ces 10 derni猫res ann茅es, plus du tiers des conflits arm茅s dans le monde ont eu lieu en Afrique. Ils ont laiss茅 dans leur sillage plus de 6 millions de r茅fugi茅s et 20 millions de personnes d茅plac茅es. Les guerres ont d茅truit les infrastructures, retard茅 le d茅veloppement et expos茅 les femmes en particulier au risque de viol et autres abus.

Mais les conflits ont aussi donn茅 aux femmes la possibilit茅 de transformer leur vie et de red茅finir leur r么le. Les conflits engendrent souvent d鈥檌mportants changements d茅mographiques, les hommes partant 脿 la guerre et mourant au combat. Bien que l鈥櫭﹒uilibre des forces politiques et sociales ne s鈥檈n trouve pas automatiquement modifi茅, les femmes peuvent tirer certains avantages de leur sup茅riorit茅 num茅rique. Apr猫s le g茅nocide qu鈥檃 connu le Rwanda en 1994, le pays comptait 60听% de femmes. Les femmes ont donc assum茅 des r么les qui de tout temps avaient 茅t茅 l鈥檃panage des hommes, notamment en politique, dans l鈥檃griculture et l鈥櫭ヽonomie structur茅e. A l鈥檋eure actuelle, c鈥檈st au Rwanda que le pourcentage de femmes parlementaires est le plus 茅lev茅.

S鈥檌l est vrai que le Rwanda est un cas extr锚me, dans d鈥檃utres pays africains en proie 脿 des conflits, des migrations massives se sont produites vers les villes pour 茅chapper aux combats dans les zones rurales. Les femmes ont donc d没 devenir chef de famille et assumer d鈥檃utres r么les traditionnellement r茅serv茅s aux hommes.

Dans certains conflits, tels que la guerre d鈥檌nd茅pendance qui a oppos茅 l鈥橢rythr茅e 脿 l鈥橢thiopie et les guerres de lib茅ration de l鈥橝frique du Sud et du Zimbabwe, les femmes ont combattu aux c么t茅s des hommes, affirmant ainsi leur 茅galit茅 avec ces derniers et disposant d鈥檜n plus grand pouvoir de n茅gociation apr猫s les conflits. Une fois les guerres termin茅es, les femmes se sont senties en droit de revendiquer des postes au gouvernement, comme cela a 茅t茅 le cas en Afrique du Sud.

Au fil du temps, les Zimbabw茅ennes ont commenc茅 脿 perdre certains des acquis qu鈥檈lles avaient obtenus apr猫s la fin du conflit arm茅. Toutefois, elles se sont ensuite de nouveau mobilis茅es 脿 la suite de la Conf茅rence de Beijing. L鈥檈xemple du Zimbabwe montre qu鈥檌l n鈥檈st pas n茅cessaire pour les mouvements de femmes de compter uniquement sur un appui national mais qu鈥檌ls peuvent aussi tirer parti de l鈥檃ide que leur offre la communaut茅 internationale.

Le Fonds de d茅veloppement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) fait beaucoup pour promouvoir la participation des femmes aux processus de paix et former les femmes 脿 des postes de direction dans de nombreux pays d鈥橝frique, dont le Rwanda, la Sierra Leone et la R茅publique d茅mocratique du Congo (RDC).

Des organisations ind茅pendantes comme International Alert, organisation cr茅茅e en 1985 et dont le si猫ge est 脿 Londres, jouent 茅galement un r么le important. Cette organisation collabore avec les r茅seaux f茅minins et a facilit茅 la participation des femmes aux processus de paix du Lib茅ria et de la RDC. Les militants estiment qu鈥檌l faut 茅tudier plus en profondeur comment les acquis obtenus par les femmes en p茅riode de guerre ou de transition ont tendance 脿 reculer une fois la paix revenue, afin de trouver les moyens de rem茅dier 脿 ce probl猫me.

Enfin, les militants esp猫rent qu鈥檜n jour les politiciens des deux sexes formuleront des politiques renfor莽ant les moyens d鈥檃ction des femmes aussi bien que des hommes. Il faut, en fin de compte, que les postes 脿 responsabilit茅 soient confi茅s 脿 鈥渄es hommes et des femmes soucieux de l鈥櫭ゞalit茅 des sexes, dit Mme Lewanika. Nous nous effor莽ons d鈥檌nstaurer un partenariat productif entre les hommes et les femmes鈥�.