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Transformer les déchets en trésors: La mission de Gadiaba Kodio pour recycler les déchets de l’Afrique

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Transformer les déchets en trésors: La mission de Gadiaba Kodio pour recycler les déchets de l’Afrique

L'artiste malien revisite les déchets urbains, mêlant art et militantisme pour provoquer une révolution éco-consciente
Afrique Renouveau: 
20 Novembre 2024
CINU Dakar
Gadiaba Kodio.

Au cœur des rues animées de Dakar, dans un humble atelier, une installation frappante capte l'attention de tous ceux qui y entrent : un mouton grignotant des déchets plastiques tandis qu’un autre gît sans vie à proximité.

Cette œuvre puissante de Gadiaba Kodio symbolise les conséquences désastreuses de la négligence environnementale—non seulement pour les animaux mais aussi pour les humains.

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« Nous qui sommes dans la grande capitale, on ne se rend pas compte de la problématique de ce plastique-là », explique Kodio.

Les moutons représentent le cycle de la pollution : les animaux ingèrent des déchets qui entrent ensuite dans la chaîne alimentaire humaine, affectant finalement notre santé.

En tant que fondateur de Chez Toi Design, une galerie et un laboratoire d’art dédiés au recyclage et à la création éco-responsable, Kodio est en mission pour transformer la façon dont l’Afrique perçoit les déchets.

Né dans un quartier modeste de Bamako, au Mali, il a grandi à côté d’une énorme décharge.

« En voyant cet ordure-là, des fois, moi, j’arrivais à trouver des petits trésors », se souvient-il.

En voyant cet ordure-là, des fois, moi, j’arrivais à trouver des petits trésors.

Avec des ressources limitées, il a commencé à fabriquer des jouets et des objets à partir de matériaux jetés.

« Comme ma famille ne m’offrait pas chaque fois des petites choses que les autres enfants avaient dans le quartier, du coup, ça me permettait des fois à trouver des choses pour les fabriquer pour moi-même », dit-il.

Cette ingéniosité précoce a suscité une passion de toute une vie pour la création et la préservation de l’environnement.

Chez Chez Toi Design, les objets du quotidien sont réinventés. De vieux frigos deviennent des armoires, des baignoires usées se transforment en fauteuils confortables, et des portes de micro-ondes mises au rebut sont transformées en miroirs élégants.

Brandissant une chaise fabriquée à partir d’un fût d’huile réutilisé, il note : « On a déjà tout. Ils ont déjà tout créé. L’idée de Chez Toi Design, justement, c’est de récupérer ce qui a déjà été créé avec des industries, de leur donner notre valeur absolue pour qu’on crée moins ».

Dans l’un de ses projets créatifs, il transforme de vieilles valises en poubelles. « Vous voyez la valise ? C’était pas comme ça, mais effectivement, toutes les valises nous amènent des déchets. Tu achètes du saucisson, tu l’emballes combien de fois ? Tu achètes du fromage, tu l’emballes combien de fois ? Tu achètes de nouvelles habits, tu l’emballes combien de fois ? », explique-t-il. Cette approche invite les gens à repenser le potentiel des objets du quotidien et à réduire les déchets.

La philosophie de Kodio est simple mais profonde. Il croit que la production continue de nouveaux articles est inutile et nuisible. « Je trouve que ce n’est pas la peine de créer de nouvelles choses, de nouveaux objets encore, parce qu’on a déjà tout dans le quotidien », dit-il. Son travail défie la culture consumériste et souligne le potentiel du recyclage pour résoudre les problèmes environnementaux.

L’Afrique fait face à un paradoxe. Bien qu’elle soit riche en ressources, le continent est aux prises avec les déchets—les siens et ceux importés d’autres pays. « Nous, on reçoit les poubelles des autres pays—les vieux frigos, les vieux télés, les vieilles voitures qui arrivent là, qui ont encore des déchets », déplore Kodio.

Ses préoccupations trouvent un écho à plus grande échelle. Lors du récent sommet COP29 à Bakou, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a abordé des questions similaires.

« Nous voyons qu’une énergie propre peut alimenter la prospérité et le développement durable du Caire au Cap », a-t-il déclaré. Le Secrétaire général a souligné la nécessité d’un changement fondamental, exhortant l’Afrique à « s’éloigner de la fourniture de matières premières et diversifier vos économies ».

L’éducation est au cœur de la vision de Kodio pour l’avenir. Il rêve d’ouvrir un centre de formation au Mali pour enseigner aux jeunes comment transformer les déchets en objets de valeur.

La formation aujourd’hui, c’est la clé de l’avenir. C’est la clé de lutter contre tous les problèmes climatiques qu’on a aujourd’hui

« La formation aujourd’hui, c’est la clé de l’avenir. C’est la clé de lutter contre tous les problèmes climatiques qu’on a aujourd’hui », affirme-t-il. En donnant aux jeunes les compétences et la conscience, il espère favoriser une culture de durabilité à travers le continent.

Son travail a déjà commencé à inspirer les autres. Il partage des histoires d’enfants qui, après avoir vu ses créations, commencent à fabriquer leurs propres inventions à partir de matériaux recyclés.

« Pour moi, ce n’est pas un petit geste », dit-il fièrement. « Et ce souvenir-là, il ne va jamais oublier l’enfant. Il va plutôt continuer à cogiter pour comment je peux faire vraiment une lampe, maintenant je dépasse une torche, j’arrive avec une lampe, et je dépasse une lampe, demain j’arrive avec un véhicule ».

Malgré l’admiration que son art reçoit, Kodio souligne que l’appréciation ne suffit pas. « Les gens sont là, ils apprécient. Mais l’idée, ce n’est pas qu’ils apprécient, c’est qu’ils arrivent à le faire chez eux », insiste-t-il. Son objectif est d’inspirer un changement concret, encourageant les individus à repenser les déchets et à voir le potentiel dans ce qui est souvent jeté.

Alors qu’il se tient à côté de l’installation des moutons, Kodio livre un rappel sobre : « Si on ne prend pas soin, c’est qu’on détruit toute la famille ». Son message est à la fois un avertissement et un appel à l’action—un témoignage de ce qui peut être accompli lorsque la créativité rencontre la conviction.


Cet article a été publié initialement par CINU Dakar.

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