Lorsque les 脡tats membres de l'Union africaine se sont r茅unis 脿 Abuja, au Nigeria, en avril 2001, ils se sont engag茅s 脿 allouer 15 % de leur budget gouvernemental 脿 la sant茅. Pourquoi ? Parce qu'il fallait davantage de ressources pour faire face aux d茅fis sanitaires urgents de l'茅poque, notamment le VIH et le sida, le paludisme et la tuberculose.
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Cet engagement est appel茅 "" et les gouvernements africains font r茅f茅rence 脿 cette d茅claration dans les objectifs et les documents politiques du secteur de la sant茅.
La d茅claration d'Abuja est devenue un appel 脿 la mobilisation de plus de ressources des caisses publiques pour le secteur de la sant茅.
Cela a-t-il march茅 ?
Oui et non. M锚me si de nombreux pays africains ont l茅g猫rement augment茅 leurs d茅penses de sant茅, seule une poign茅e de pays - pas autant que les doigts d'une main - ont atteint cet objectif au cours d'une ann茅e donn茅e. En 2018, seuls deux pays ont atteint l'objectif.
La grande question n'est pas de savoir "qui a atteint l'objectif", car la capacit茅 des pays africains 脿 atteindre l'objectif a vari茅 au fil du temps et, comme l'a dit un jour un sage, "15 % d'un 茅l茅phant, ce n'est pas la m锚me chose que 15 % d'un poulet".听
Il faut plut么t se demander "s'il y a eu une diff茅rence", "cela a-t-il entra卯n茅 de r茅els progr猫s dans les indicateurs de sant茅" et enfin "les gens sont-ils en meilleure sant茅 et plus prosp猫res ? Les r茅ponses 脿 ces questions sont plus nuanc茅es.
L'am茅lioration de la sant茅 est une entreprise co没teuse et de nombreux pays africains disposent d'une marge de man艙uvre budg茅taire limit茅e. Actuellement, les pays africains d茅pensent entre 8 et 129 dollars par habitant pour la sant茅, alors que les pays 脿 revenu 茅lev茅 d茅pensent plus de 4 000 dollars. Cette situation est due 脿 plusieurs facteurs, mais le plus important d'entre eux est la faiblesse du PIB et de l'efficacit茅 du recouvrement des imp么ts dans les pays africains, aggrav茅e par la faiblesse des cr茅dits budg茅taires allou茅s au secteur de la sant茅 en raison de priorit茅s concurrentes.
M锚me si l'Afrique a connu une meilleure croissance 茅conomique dans un pass茅 r茅cent que d'autres r茅gions, lorsque les pays africains s'enrichissent, les d茅penses publiques de sant茅 n'augmentent pas automatiquement. Entre 2001 et 2015, par exemple, les d茅penses publiques de sant茅, en proportion de l'ensemble des d茅penses, ont diminu茅 dans 21 pays africains. Cette situation risque de s'aggraver avec la pand茅mie de COVID-19.
L'aide au d茅veloppement dans le domaine de la sant茅 a 茅vinc茅 les ressources gouvernementales et cr茅茅 une d茅pendance 脿 l'茅gard des donateurs - ce qui complique la transition des pays dont le financement par les donateurs est en baisse et dont les plans pour compenser ce changement de ressources sont inad茅quats.
La faiblesse de l'ex茅cution budg茅taire et le gaspillage r茅duisent encore les ressources disponibles pour la sant茅. La faiblesse des d茅penses publiques est la plus pr茅judiciable aux citoyens et se traduit par des d茅penses 茅lev茅es et un syst猫me de sant茅 in茅quitable qui ne garantit l'acc猫s qu'脿 ceux qui sont en mesure de payer.
Il y a eu des d茅fis que nous devons relever maintenant. En r茅alit茅, il est moins important d'atteindre les objectifs de d茅penses que de veiller 脿 ce que les syst猫mes de sant茅 disposent de ressources suffisantes et 脿 ce que les ressources soient utilis茅es de mani猫re optimale. Une plus grande priorit茅 accord茅e au secteur de la sant茅 et une augmentation des d茅penses de sant茅 sont les approches les plus r茅alisables pour accro卯tre les ressources consacr茅es 脿 la sant茅.
Que devons-nous faire ?
Passer des objectifs de d茅penses 脿 la demande : "Quel niveau de ressources permet d'am茅liorer la sant茅 de la population et la couverture sanitaire universelle (CSU) ? "Les fonds sont-ils utilis茅s de mani猫re optimale pour faire progresser la sant茅 de la population" et "Y a-t-il des possibilit茅s d'am茅liorer l'efficacit茅 et de r茅duire les fuites ?
Les minist猫res de la sant茅 devraient plaider en faveur de ressources ad茅quates, avec des arguments forts et clairs pour investir dans la sant茅 en tant que secteur productif qui renforce le capital humain, r茅duit la pauvret茅 et les in茅galit茅s, prot猫ge la s茅curit茅 sanitaire contre les pand茅mies, am茅liore la productivit茅 de la main-d'艙uvre et fournit des emplois.
Nous devrions r茅duire les d茅penses consacr茅es 脿 des programmes publics inefficaces ou in茅quitables, tels que les subventions aux carburants qui profitent de mani猫re disproportionn茅e aux personnes ais茅es, qui peuvent 锚tre r茅affect茅es 脿 l'augmentation des recettes publiques et, 茅ventuellement, 脿 l'augmentation des allocations destin茅es aux secteurs de la sant茅 et du social.
Il existe des possibilit茅s de d茅velopper des partenariats de plaidoyer avec d'autres secteurs sociaux pour donner la priorit茅 脿 la s茅curit茅 alimentaire, 脿 l'eau, 脿 l'assainissement et 脿 l'茅ducation, qui ont un impact sur le bien-锚tre de la population et am茅liorent les indicateurs de d茅veloppement humain. Cela n茅cessite, entre autres, une compr茅hension de l'茅conomie politique et l'alignement des principales parties prenantes autour de ces objectifs communs.
Nous devons faire la preuve d'une utilisation efficace des ressources en mati猫re de sant茅. Alors que nous nous mobilisons pour obtenir davantage de ressources, "obtenir plus de sant茅 pour notre argent" devient une priorit茅. Nous entendons souvent des critiques sur la capacit茅 d'absorption du secteur de la sant茅, c'est-脿-dire sur la mani猫re dont les ressources de sant茅 sont d茅pens茅es et sur les r茅sultats qui peuvent 锚tre d茅montr茅s 脿 cet 茅gard.
Bien que l'augmentation des d茅penses de sant茅 soit g茅n茅ralement associ茅e 脿 de meilleurs r茅sultats en mati猫re de sant茅, en Afrique, les r茅sultats varient consid茅rablement - 脿 niveau de d茅penses 茅gal - en raison d'importantes inefficacit茅s du syst猫me. Les donn茅es disponibles sugg猫rent qu'il est possible d'am茅liorer consid茅rablement les d茅penses de sant茅 et, dans certains cas, de progresser vers la cr茅ation de centres de sant茅 universitaires dans le cadre des niveaux de d茅penses actuels.
Les strat茅gies visant 脿 faire un meilleur usage des ressources existantes comprennent l'am茅lioration de la rapidit茅 et du flux des ressources de sant茅, la r茅duction de la sous-utilisation du budget de la sant茅, l'incitation 脿 la productivit茅 et 脿 l'efficacit茅 des travailleurs de la sant茅 et la gestion proactive de l'achat de produits et de fournitures m茅dicales.
Les meilleures pratiques
Personne n'a toutes les r茅ponses, mais il y a des meilleures pratiques du continent dont on peut s'inspirer. L'Alg茅rie, le Botswana, le Lesotho, le Kenya, le Maroc, le S茅n茅gal et l'Afrique du Sud ont accru leur espace fiscal en am茅liorant leur capacit茅 de recouvrement des imp么ts.
Le Gabon, le Ghana et le Nigeria ont affect茅 des cr茅dits au secteur de la sant茅 脿 partir des recettes publiques.
La Tanzanie et l'Ouganda ont mis en 艙uvre des r茅formes pour am茅liorer les flux de ressources vers les 茅tablissements de sant茅 et ont 茅galement am茅lior茅 l'utilisation des ressources.
L'脡thiopie et le Rwanda ont atteint des niveaux 茅lev茅s de couverture de la population gr芒ce 脿 des syst猫mes de protection sociale qui garantissent l'acc猫s aux services de sant茅.
Alors, les objectifs de d茅penses sont-ils encore pertinents aujourd'hui ?
Oui, mais nous avons besoin de plus qu'un objectif. Les objectifs de d茅penses sont un moyen simple de promouvoir un programme d'action pour obtenir davantage de ressources. Lorsque les gouvernements prennent des d茅cisions difficiles sur la mani猫re d'utiliser leurs ressources, surtout maintenant avec les 茅normes chocs 茅conomiques cr茅茅s par COVID-19, nous avons besoin d'un plaidoyer pour maintenir les d茅penses et utiliser les fonds de mani猫re optimale.
Nous r茅agissons 脿 une crise sanitaire sans pr茅c茅dent et nous avons besoin de plus de ressources. Mais les investissements actuels doivent 锚tre utilis茅s 脿 bon escient, dans une perspective 脿 long terme de construction d'un syst猫me de sant茅 plus r茅silient, capable de r茅sister aux chocs ult茅rieurs.
Ainsi, nous pourrons sortir de la pand茅mie plus forts et mieux arm茅s pour faire face aux besoins actuels en mati猫re de sant茅 de la population et 脿 la prochaine crise 茅mergente.
Le Dr Nkechi Olalere est la directrice ex茅cutive du Strategic Purchasing Africa Resource Center (SPARC) qui donne aux pays les connaissances et les outils pratiques n茅cessaires pour faire de l'acc猫s 脿 des soins de sant茅 abordables et de qualit茅 une r茅alit茅 pour tous. 听Elle a travaill茅 auparavant avec la Clinton Health Access Initiative en Afrique de l'Est et de l'Ouest et a plus de 16 ans d'exp茅rience dans la mise en 艙uvre du financement de la sant茅.
Mme Agnes Gatome-Munyua est charg茅e de programme senior chez Results for Development. Elle est une professionnelle du financement de la sant茅 avec 14 ans d'exp茅rience professionnelle progressive 脿 la t锚te de la recherche sur les co没ts des soins de sant茅, la capacit茅 et la volont茅 de payer, l'analyse des politiques et les 茅tudes de march茅 pour l'assurance maladie au niveau national et r茅gional.
